Une initative de
Marie de Nazareth

Le dîner dans la maison de Nazareth

dimanche 17 décembre 28
Nazareth

Vision de Maria Valtorta

       314.1 C’est le soir : une nouvelle soirée d’adieux pour la petite maison de Nazareth et ses habitants, un autre dîner durant lequel la peine rend les personnes taciturnes et la nourriture insipide pour les bouches.

       Jésus est assis à table avec Jean et Syntica, Pierre, Jean, Simon et Matthieu. Les autres n’ont pas pu y prendre place. Elle est si petite, la table de Nazareth ! Tout juste faite pour une petite famille de justes où l’on peut tout au plus faire asseoir le pèlerin et l’affligé pour les restaurer, par l’amour plus que par la nourriture ! Au maximum, ce soir-là, Marziam aurait pu s’asseoir, car c’est un enfant, très menu, qui prend peu de place…

       Mais Marziam, très sérieux et silencieux, mange dans un coin, assis sur un petit banc aux pieds de Porphyrée que la Vierge a installée sur le siège du métier à tisser et qui, douce et silencieuse, mange la nourriture qu’on lui a donnée, en portant un regard de pitié sur les deux disciples qui vont bientôt partir et qui essaient d’avaler leurs bouchées en gardant la tête basse pour cacher leur visage brûlé par les larmes. Les autres, c’est-à-dire les deux fils d’Alphée, André et Jacques, fils de Zébédée, se sont installés dans la cuisine près d’une sorte de huche, mais on les voit par la porte ouverte.

       314.2 La Vierge Marie et Marie, femme d’Alphée, vont et viennent en servant les uns et les autres, maternelles, angoissées, tristes. Et si la Vierge caresse ceux qu’elle approche de son sourire, si douloureux ce soir-là, Marie, femme d’Alphée, moins réservée et plus familière, joint au sourire l’acte et la parole en y ajoutant un baiser ou une caresse selon le bénéficiaire, encourageant l’un ou l’autre à prendre les aliments les plus appropriés à sa condition physique et en vue du voyage. Je crois que, par une pitié affectueuse pour Jean d’En-Dor qui est épuisé et qui en ces jours d’attente est encore plus amaigri, elle se donnerait elle-même à manger tant elle s’efforce de le persuader de prendre ceci ou cela en en vantant la saveur et les propriétés salutaires. Mais en dépit de toutes ses… séductions, les mets restent presque intacts dans l’assiette de Jean, et Marie, femme d’Alphée, s’en afflige comme une mère qui voit son bébé repousser son sein.

       « Mais tu ne peux partir comme ça, mon fils ! » s’écrie-t-elle.

       Dans son cœur maternel, elle ne réfléchit pas que Jean est à peu près du même âge qu’elle et que le mot de “ fils ” ne convient guère. Mais elle ne voit en lui qu’une personne qui souffre, si bien qu’elle ne trouve que ce terme pour le consoler…

       « Voyager l’estomac vide, sur ce char cahotant dans le froid humide de la nuit, cela te fera mal. Et puis… qui sait comment vous mangerez durant cet horrible et long voyage !… Miséricorde éternelle ! En mer, pendant tant de milles ! Moi, je mourrais de peur ! Et le long des côtes phéniciennes, et puis !… ce sera encore pire ! Et le patron du bateau sera sûrement un Philistin ou un Phénicien ou un étranger de quelque autre nation d’enfer… et il n’aura pas pitié… Allez, pendant que tu es encore près d’une mère qui t’aime bien !… Mange : rien qu’un petit morceau de cet excellent poisson. Au moins pour faire plaisir à Simon-Pierre qui l’a pêché à Bethsaïde avec tant d’amour et qui aujourd’hui m’a montré comment le préparer, pour toi et pour Jésus, pour bien vous restaurer.

       314.3 Cela ne te convient pas ?… Alors… oh, cela, tu vas le manger ! »

       Elle court à la cuisine et en rapporte un plat de bouillie fumante. Je ne sais pas ce dont il s’agit… C’est certainement une sorte de farine ou bien de grains cuits dans du lait jusqu’à en devenir de la bouillie :

       « Regarde, je t’ai fait cela parce je me souviens qu’un jour tu en as parlé comme d’un doux souvenir de ta petite enfance… C’est bon et ça fait du bien. Allons, un petit peu… »

       Jean se laisse servir quelques cuillerées de ce plat dans son assiette et essaie de l’avaler, mais des larmes coulent pour mêler leur sel à la nourriture tandis qu’il baisse encore plus la tête.

       Les autres font grand honneur à ce qui doit être pour eux un délice. Leurs visages se sont éclairés à sa vue et Marziam s’est levé… mais ensuite, il a éprouvé le besoin de demander à la Vierge Marie :

       « Est-ce que je peux en manger ? Il y a encore cinq jours avant la fin de mon vœu…

       – Oui, mon enfant, tu peux en manger » dit Marie avec une caresse.

       Mais l’enfant est encore hésitant et Marie, pour calmer les scrupules du petit disciple, interpelle son Fils :

       « Jésus, Marziam demande s’il peut manger de l’orge mondé… à cause du miel qui en fait un plat sucré, tu sais…

       – Oui, oui, Marziam. Ce soir, je te dispense de ton sacrifice à condition que Jean mange lui aussi son orge au miel. Tu vois comme l’enfant le désire ? Aide-le donc à cette récompense. »

       Et Jésus, qui a Jean auprès de lui, lui prend la main et la lui tient pendant que Jean s’efforce, par obéissance, de finir son assiette.

       314.4 Marie, femme d’Alphée, est plus satisfaite. Elle revient à l’assaut avec un beau plat de poires cuites au four toutes fumantes. Elle rentre du jardin avec son plateau et elle dit :

       « Il pleut. Cela commence. Quel malheur !

       – Mais non ! Cela vaut mieux, au contraire ! Comme ça, il n’y aura personne sur les routes. Quand on part, les salutations font toujours mal… Il vaut mieux filer avec le vent dans les voiles et sans trouver des bas-fonds ou des écueils qui imposent des arrêts et une marche lente. Et les curieux sont justement des bas-fonds et des écueils…, dit Pierre qui voit en tout événement les voiles et la navigation.

       – Merci, Marie. Mais je ne mangerai rien d’autre, déclare Jean en cherchant à repousser les fruits.

       – Ah ! Ça non ! C’est Marie qui les a cuites. Veux-tu mépriser la nourriture qu’elle a préparée ? Regarde comme elle les a bien cuisinées ! Avec leurs épices dans le petit trou… et leur beurre dessous… Ce doit être un dessert de roi, un sirop. Elle s’est rougie, elle aussi, au feu du four pour les dorer à point. Et elles sont bonnes pour la gorge, pour la toux… Elles réchauffent et guérissent. Marie, dis-lui, toi, comme elles réussissaient bien à mon Alphée quand il était malade. Mais il voulait qu’elles soient faites par toi. Eh oui ! C’est que tes mains sont saintes et donnent la santé ! Bénis sont les plats que tu prépares ! Mon Alphée était plus tranquille après avoir mangé ces poires… sa respiration était plus douce. Mon pauvre mari !… »

       Marie saisit l’occasion de ce souvenir pour pouvoir enfin pleurer, et sortir pour ce faire. Je fais peut-être une supposition injuste, mais je crois que, sans la pitié qu’elle éprouve pour les deux disciples en partance, le “ pauvre Alphée ” n’aurait pas eu une seule larme de son épouse ce soir-là… Marie, femme d’Alphée, était tout éplorée pour Jean et Syntica, et pour Jésus, Jacques et Jude qui s’en vont, au point qu’elle a laissé libre cours à ses larmes pour ne pas étouffer.

       314.5 La Vierge Marie lui succède alors, en mettant sa main sur l’épaule de Syntica, placée en face de Jésus, entre Simon et Matthieu.

       « Allons, mangez. Voulez-vous donc vous en aller en me laissant aussi dans l’angoisse que vous êtes partis presque à jeun ?

       – Moi, j’ai mangé, Mère » dit Syntica en levant un visage fatigué et marqué par les larmes qu’elle a versées depuis plusieurs jours. Puis elle incline son visage sur l’épaule où se trouve la main de Marie, et frotte sa joue sur la petite main pour en être caressée. De l’autre main, Marie caresse ses cheveux et attire à elle la tête de Syntica, qui maintenant appuie son visage sur le sein de la Vierge.

       « Mange, Jean, cela te fera réellement du bien. Tu as besoin de ne pas prendre froid. Toi, Simon-Pierre, tu veilleras à lui donner du lait chaud avec du miel tous les soirs ou, au moins, de l’eau bien chaude au miel. Souviens-t’en.

       – J’y veillerai moi aussi, Mère. Sois tranquille, dit Syntica.

       – Effectivement, j’en suis sûre. Mais tu le feras lorsque tu seras installée à Antioche. Pour le moment, c’est Simon-Pierre qui s’en occupera. Et rappelle-toi, Simon, de lui donner beaucoup d’huile d’olive. C’est pour cela que je t’ai remis ce flacon. Attention à ne pas le casser. Et si tu vois que sa respiration est plus difficile, fais comme je t’ai dit avec l’autre vase de baume. Prends-en suffisamment pour lui couvrir la poitrine, les épaules et les reins, et réchauffe-le jusqu’à pouvoir le toucher sans te brûler, puis oins-le et couvre-le aussitôt de ces bandes de laine que je t’ai données. J’ai tout préparé exprès. Quant à toi, Syntica, souviens-toi de sa composition, pour en refaire. Tu pourras toujours trouver des lys, du camphre et des dictames, de la résine et des œillets avec des lauriers, de l’armoise et le reste. J’ai entendu dire que Lazare a là-bas, à Antigonée, des jardins d’essences.

       – Et splendides, d’ailleurs » dit Simon le Zélote, qui les a vus.

       Et il ajoute :

       « Moi, je ne conseille rien, mais je dis que cet endroit devrait être salutaire à Jean aussi bien pour l’esprit que pour la chair, plus encore qu’Antioche. Il est abrité des vents, l’air y est léger, car il vient des bois de résineux situés sur les pentes d’une petite colline qui protège des vents de la mer, mais permet cependant aux sels de mer bienfaisants de se répandre jusque là : c’est un endroit paisible, silencieux, et pourtant gai grâce aux myriades de fleurs et d’oiseaux qui y vivent en paix… Enfin, vous verrez vous-mêmes ce qui vous convient le mieux. 314.6 Syntica est si judicieuse ! En ces choses-là, il vaut mieux s’en remettre aux femmes, n’est-ce pas ?

       – En effet, je confie mon Jean précisément au bon sens et au bon cœur de Syntica, répond Jésus.

       – Et moi aussi » dit Jean d’En-Dor. « Moi… moi… moi, je n’ai plus aucune énergie… et… je ne serai jamais plus utile à rien…

       – Jean, ne parle pas ainsi ! Quand l’automne dépouille les arbres, il n’est pas dit qu’ils soient inertes. Au contraire, ils travaillent avec une énergie cachée à préparer le triomphe de leur prochaine fructification. Pour toi, c’est la même chose. Tu es maintenant dépouillé par le vent froid de cette douleur. Mais en réalité, au plus profond de toi-même, tu travailles déjà pour tes nouveaux ministères. Ta peine elle-même te poussera à l’action. Pour ma part, j’en suis certaine. Alors tu seras toujours celui qui m’aidera, moi, pauvre femme qui ai encore tant à apprendre pour devenir quelque chose de Jésus.

       – Ah ! Que veux-tu donc que je sois désormais ? Je n’ai plus rien à faire… Je suis fini !

       – Non, ce n’est pas bien de dire cela ! Seul celui qui meurt peut dire : “ Je suis un homme fini. ” Pas les autres. Tu crois que tu n’as plus rien à faire ? Il te reste encore ce que tu m’as confié un jour : accomplir le sacrifice. Et comment, sinon par la souffrance ? Jean, il est prétentieux de te citer les sages, à toi le pédagogue, mais je te rappelle Gorgias de Léontine. Il enseignait qu’on n’expie, en cette vie ou en l’autre, que par les douleurs et les souffrances. Et je te rappelle encore notre grand Socrate : “ Désobéir à celui qui nous est supérieur, qu’il soit dieu ou homme, est mal et honteux. ” Or, s’il était juste de le faire pour obéir à une injuste sentence prononcée par des hommes injustes, que sera-ce s’il s’agit d’un ordre donné par l’Homme très saint et par notre Dieu ? Il est grand d’obéir, seulement parce que c’est obéir. C’est donc un immense mérite que d’obéir à un ordre saint, que moi je juge comme une grande miséricorde et sur lequel tu dois avoir le même jugement que moi. Tu ne cesses de dire que ta vie arrive à son terme et que tu ne crois pas encore avoir remboursé tes dettes envers la Justice. Alors pourquoi ne prends-tu pas cette grande douleur comme un moyen d’arriver à annuler ces dettes, et ce dans le court laps de temps qui te reste encore ? Une grande douleur pour avoir une grande paix ! Crois-moi, cela vaut la peine d’en souffrir. L’unique but qui soit important dans la vie, c’est d’arriver à la mort après avoir conquis la vertu.

       – Tu me redonnes du courage, Syntica… Fais-le toujours.

       – Je le ferai. Je te le promets ici. Mais de ton côté, aide-moi, en homme et en chrétien. »

       314.7 Le repas est fini. Marie ramasse les poires qui restent et les met dans un pot pour les donner à André, qui sort et revient en disant :

       « Il pleut toujours plus. Je suis d’avis qu’il vaut mieux…

       – Oui. Attendre, c’est toujours prolonger l’agonie. Je vais tout de suite préparer la bête. Et vous aussi, venez avec les coffres et tout le reste. Toi aussi, Porphyrée. Vite ! Tu es si patiente que l’âne a été conquis et qu’il se laisse habiller (c’est le mot qu’il emploie) sans entêtement. Après, c’est André, qui te ressemble, qui s’en chargera. Allons, en route tout le monde ! »

       Et Pierre les pousse tous hors de la pièce et de la cuisine à l’exception de Marie, Jésus, Jean d’En-Dor et Syntica.

       « Maître ! O Maître, aide-moi ! C’est l’heure de… me sentir fendre le cœur ! Oui, elle est venue ! Ah ! Pourquoi, bon Jésus, ne m’as-tu pas fait mourir ici, dès que j’ai connu le déchirement de ma condamnation et fait l’effort de l’accepter ? »

       Tout angoissé, Jean d’En-Dor s’abat sur la poitrine de Jésus en pleurant. Marie et Syntica essaient de le calmer et Marie, bien que toujours si réservée, le détache de Jésus en l’embrassant et en l’appelant « mon fils chéri, mon fils préféré »…

       314.8 Au même moment, Syntica s’agenouille aux pieds de Jésus en disant :

       « Bénis-moi, consacre-moi pour que je sois fortifiée. Seigneur, Sauveur et Roi, ici, en présence de ta Mère, je jure et je promets de suivre ton enseignement et de te servir jusqu’à mon dernier soupir. Je jure et je promets de me vouer à ta doctrine et à ceux qui te suivent, par amour pour toi, Maître et Sauveur. Je jure et je promets que ma vie n’aura pas d’autre but, et que tout ce qu’est le monde et la chair est pour moi définitivement mort, alors qu’avec l’aide de Dieu et des prières de ta Mère, j’espère vaincre le démon pour qu’il ne m’induise pas en erreur et qu’à l’heure de ton Jugement je ne sois pas condamnée. Je jure et je promets que les séductions et les menaces ne me feront pas plier et que je m’en souviendrai, à moins que Dieu n’en dispose autrement. Mais j’espère en lui et je crois en sa bonté, ce qui me donne la certitude qu’il ne me laissera pas à la merci de forces obscures plus fortes que les miennes. Consacre ta servante, Seigneur, pour qu’elle soit défendue contre les embûches de l’ennemi, quel qu’il soit. »

       Jésus lui pose les mains sur la tête, les paumes ouvertes comme le font aussi les prêtres, et prie sur elle. Marie conduit Jean d’En-Dor auprès de Syntica et le fait s’agenouiller en disant :

       « Lui aussi, mon Fils, afin qu’il te serve dans la sainteté et la paix. »

       Et Jésus réitère son geste sur la tête inclinée du pauvre Jean. Puis il le relève et fait lever Syntica, en mettant leurs mains dans les mains de Marie et en disant :

       « Et que ce soit elle, la dernière qui vous caresse ici. »

       A ces mots, il sort rapidement pour aller je ne sais où.

       « Mère, adieu ! Je n’oublierai jamais ces journées, gémit Jean.

       – Moi non plus, je ne t’oublierai pas, mon fils chéri.

       – Moi aussi, Mère… Adieu. Permets-moi de t’embrasser encore. Oh ! Après tant d’années, je m’étais rassasiée de baisers maternels ! Maintenant, c’est fini… »

       Syntica pleure dans les bras de Marie, qui l’embrasse. Jean sanglote sans retenue. Marie l’étreint lui aussi. Maintenant, elle les a tous les deux dans les bras, en vraie Mère des chrétiens, et elle effleure de ses lèvres très pures la joue rugueuse de Jean d’un baiser pudique, mais plein d’affection. Avec ce baiser, les larmes de la Vierge restent sur la joue émaciée…

       314.9 Pierre entre :

       « C’est prêt. En route ! »

       Mais il n’ajoute rien, tant il est ému. Marziam, qui suit son père comme son ombre, s’attache au cou de Syntica et l’embrasse, puis il étreint Jean et lui donne des baisers, des baisers… Mais il pleure lui aussi.

       Ils sortent, Marie tenant Syntica par la main et Marziam la main de Jean.

       « Nos manteaux…, dit en pleurant Syntica, sur le point de rentrer.

       – Ils sont ici, ils sont ici. Vite, prenez… » dit Pierre, rudement pour ne pas s’émouvoir, mais, derrière les deux disciples qui s’enveloppent de leurs manteaux, il essuie ses larmes du revers de la main…

       Là-bas, au-delà de la haie, la lumière brinquebalante du petit char fait une tache jaune dans l’air obscur… La pluie grésille dans les feuillages des oliviers, clapote sur le bassin plein d’eau… Un pigeon, éveillé par la lumière des lampes que les apôtres tiennent à l’abri de leur manteau, tout bas pour éclairer les sentiers pleins de flaques d’eau, roucoule lamentablement…

       Jésus se trouve déjà à côté du char, sur lequel on a tendu une couverture en guise de capote.

       « Allons, allons ! Il pleut beaucoup ! » dit Pierre pour qu’ils se dépêchent.

       Et pendant que Jacques, fils de Zébédée, remplace Porphyrée à la bride, lui, sans façons, soulève de terre Syntica et la pose sur le char et, avec encore plus de promptitude, il saisit Jean d’En-Dor et le met dessus ; puis il monte à son tour, et donne immédiatement au pauvre âne un coup de fouet si énergique que celui-ci se précipite en avant, bousculant presque Jacques. Et Pierre insiste jusqu’à ce qu’ils se trouvent sur la vraie route, à une bonne distance des maisons… Un dernier cri d’adieu suit ceux qui partent et qui pleurent sans retenue…

       Pierre arrête ensuite sa monture hors de Nazareth, et attend Jésus et les autres qui ne tardent pas à les rejoindre en marchant rapidement sous la pluie battante.

       Ils prennent une route à travers les jardins pour arriver de nouveau au nord de la ville, sans la traverser. Mais Nazareth, plongée dans l’obscurité, dort sous l’eau glacée de la nuit d’hiver… et je crois que le bruit des sabots de l’âne, peu perceptible sur le terrain détrempé, en terre battue, n’est pas même entendu par des veilleurs éventuels…

       La troupe avance dans le plus grand silence. Seuls les sanglots des deux disciples se font entendre, mêlés au crépitement de la pluie sur le feuillage des oliviers.

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