Une initative de
Marie de Nazareth

Miracle au château de Césarée Panéade

mercredi 14 février 29
Césarée Panéade

Vision de Maria Valtorta

       345.1 Le repas terminé, Jésus sort avec les Douze, les disciples et le vieux maître de maison. Ils reviennent à la “ Grande Source ”, mais ne s’y arrêtent pas et continuent leur chemin en prenant toujours la direction du nord.

       La voie qu’ils ont prise a beau monter un peu, elle est néanmoins pratique car c’est une vraie route que peuvent suivre les chars et les chevaux. Tout en haut, au sommet d’une montagne, se dresse un château massif ou une forteresse, qui étonne à cause de sa forme singulière. On dirait deux constructions établies avec une différence de niveau de quelques mètres l’une par rapport à l’autre, de sorte que celle qui est le plus en arrière et la mieux fortifiée est surélevée par rapport à l’autre, la surplombe et la défend. Un haut et large mur, dominé par des tours massives de forme carrée, relie les deux constructions qui pourtant forment un ensemble unique car elles sont entourées d’une enceinte unique avec des pierres en saillie, verticales ou un peu obliques à la base pour donner un meilleur appui au poids du bastion. Je ne vois pas le côté ouest, mais les deux côtés nord et sud tombent à pic en ne faisant qu’un avec la montagne, qui est isolée et descend à la verticale de ces deux côtés. Et je crois qu’il en est de même à l’ouest.

       Le vieux Benjamin, poussé par la fierté de tout habitant envers sa cité, fait valoir le château du Tétrarque qui, en plus d’être un château, sert de défense à la ville, et il en énumère la beauté et la puissance, la solidité, la commodité des citernes et des bassins, des espaces libres, le large champ de vision, sa situation, etc.

       « Les Romains eux-mêmes disent qu’il est beau. Et ils s’y connaissent !… » termine le vieillard. Et il ajoute : « Je connais l’intendant et je peux entrer. Je vais vous faire voir le plus vaste et le plus beau panorama de Palestine. »

       Jésus écoute avec bienveillance. Les autres sourient un peu, eux qui ont vu tant de panoramas… mais le vieillard est si bon qu’ils n’ont pas envie de le froisser et ils l’approuvent de vouloir montrer de belles choses à Jésus.

       345.2 Ils arrivent au sommet. La vue est vraiment belle, même de la petite place qui se trouve devant le portail de fer qui sert d’accès. Mais le vieillard dit :

       « Venez, venez !… Dedans, c’est plus beau. Nous allons monter sur la partie la plus haute de la citadelle. Vous allez voir… »

       Ils pénètrent dans l’entrée sombre creusée dans la muraille large de plusieurs mètres, jusqu’à une cour où les attendent l’intendant et sa famille. Les deux amis se saluent et le vieillard explique le but de sa visite.

       « Le Rabbi d’Israël ? Dommage que Philippe soit absent. Il désirait le voir, car sa renommée était parvenue jusqu’à lui. Il aime les vrais rabbis car ce sont les seuls qui aient défendu son droit, et aussi pour faire la nique à Antipas qui ne les aime pas. Venez, venez !… »

       L’homme a d’abord lorgné Jésus, puis il a pensé bien faire de l’honorer en lui faisant une inclination digne d’un roi.

       Ils traversent une nouvelle entrée, et parviennent dans une deuxième cour ; une nouvelle porte de fer donne accès à une troisième cour au-delà de laquelle se trouve un fossé profond et la muraille garnie de tours de la citadelle. Des visages curieux d’hommes d’armes et d’ordonnances se font voir de tous côtés. Ils pénètrent dans la citadelle puis, par un escalier, ils montent sur le bastion et de là à une tour. Seuls Jésus, l’intendant, Benjamin et les Douze entrent dans la tour. Davantage serait impossible, car ils sont déjà serrés comme des sardines. Les autres restent sur le bastion.

       Mais quelle vue quand Jésus et ceux qui l’accompagnent sortent sur la petite terrasse qui couronne la tour et penchent tous la tête du haut du parapet de pierre ! En se penchant sur l’abîme qui se trouve sur ce côté ouest, le plus élevé du fort, on voit Césarée tout entière qui s’étend au pied de ce mont. Et on la voit bien, car elle-même n’est pas en plaine, mais sur des pentes douces. Au-delà de Césarée, s’étend toute la plaine fertile qui précède le lac Mérom. On dirait une petite mer d’un vert tendre avec des facettes d’eaux claires turquoise qui brillent sur l’étendue verte comme des lambeaux du ciel serein. Et puis des collines plaisantes, mises comme des colliers vert émeraude foncé striés par l’argent des oliviers répandus çà et là aux abords de la plaine. Il y a aussi les panaches aériens des arbres en fleurs ou bien des massifs d’arbustes multicolores… Mais si l’on regarde vers le nord et l’est, voici le mont Liban puissant, le mont Hermon qui brille au soleil avec ses neiges perlées et les monts de l’Iturée ; et la vallée du Jourdain, enserrée dans le berceau qui se forme entre les collines de la mer de Tibériade et les monts de la Gaulanitide, apparaît dans un raccourci hardi, puis se perd dans un lointain de rêve.

       « Que c’est beau ! Que c’est beau ! Quelle splendeur ! » s’exclame Jésus en admirant. Il semble bénir ou embrasser ces lieux merveilleux avec ses bras qui s’ouvrent et son visage souriant. Et il répond aux apôtres qui lui demandent telle ou telle explication, en indiquant les endroits où ils sont passés, ou bien les régions et les directions où elles se trouvent.

       « Mais je ne vois pas le Jourdain, dit Barthélemy.

       – Tu ne le vois pas, mais il est là, dans cette vaste étendue entre deux chaînes de montagnes. Le fleuve se trouve juste après celle de l’ouest. Nous descendrons par là car la Pérée et la Décapole attendent encore l’Evangélisateur. »

       345.3 Subitement, il se retourne, semblant interroger l’air à cause d’une longue plainte étouffée qui frappe ses oreilles, et ce n’est pas la première fois. Il regarde l’intendant comme pour lui demander ce qui arrive.

       « C’est l’une des femmes du château, une épouse. Elle est sur le point d’avoir un enfant. Le premier et le dernier, car son époux est mort aux calendes de Casleu. Je ne sais même pas s’il va vivre, car depuis que cette femme est veuve, elle ne fait que fondre en larmes. Ce n’est plus qu’une ombre. Tu entends ? Elle n’a même plus la force de crier… Certainement… Veuve à dix-sept ans… et ils s’aimaient beaucoup. Sa belle-mère et ma femme lui disent : “ Dans ton fils, tu retrouveras Tobie. ” Mais ce sont des mots… »

       Ils descendent de la tour et font le tour des bastions, en admirant toujours l’endroit et le panorama. Puis l’intendant tient absolument à offrir des boissons et des fruits aux visiteurs et ils entrent dans une vaste pièce sur le devant du fort, où les serviteurs apportent ce qui est commandé.

       La lamentation est plus déchirante et plus proche, et l’intendant s’excuse aussi parce que cela retient sa femme loin du Maître. Mais un hurlement encore plus pénible que la lamentation d’avant lui succède et font rester en l’air les mains qui portaient les fruits ou les coupes à la bouche.

       « Je vais voir ce qui est arrivé » dit l’intendant. Et il sort pendant que la cacophonie des cris et des pleurs parvient encore plus puissante par la porte entrouverte.

       L’intendant revient :

       345.4 « Son enfant est mort à peine né… Quel drame ! Elle essaie de le ranimer avec les forces qui lui restent… Mais il ne respire plus. Il est noir !… »

       Et il ajoute en hochant la tête :

       « Pauvre Dorca !

       – Apporte-moi le bébé.

       – Mais il est mort, Seigneur !

       – Apporte-moi l’enfant, te dis-je, comme il est. Et dis à sa mère d’avoir foi. »

       L’intendant s’éloigne puis revient :

       « Elle refuse. Elle dit qu’elle ne le donnera à personne. Elle semble folle. Elle dit que nous faisons cela pour le lui prendre.

       – Conduis-moi sur le seuil de sa chambre pour qu’elle me voie.

       – Mais…

       – Laisse-moi faire ! Je me purifierai après, si jamais… »

       Ils parcourent rapidement un couloir sombre jusqu’à une porte fermée. Jésus l’ouvre lui-même en restant sur le seuil, en face du lit sur lequel une jeune femme diaphane serre sur son cœur un petit être qui ne donne pas signe de vie.

       « Paix à toi, Dorca. Regarde-moi. Ne pleure pas. Je suis le Sauveur. Donne-moi ton bébé… »

       Ce qu’il y a dans la voix de Jésus, je l’ignore. Ce que je sais, c’est que la femme désespérée, qui, de prime abord, avait férocement serré le nouveau-né sur son cœur, le regarde et son œil, qui était tourmenté et fou, s’ouvre à une lumière douloureuse, mais pleine d’espoir. Elle remet le petit être, enveloppé dans des linges fins, à la femme de l’intendant… et reste là, les mains tendues, la vie, la foi dans ses yeux dilatés, sourde aux prières de sa belle-mère qui voudrait qu’elle s’étende.

       345.5 Jésus prend le petit paquet de chair à demi refroidie et les linges, il tient le bébé tout droit par les aisselles, et appuie sa bouche sur les lèvres entrouvertes en se tenant penché car la petite tête pend en arrière. Il souffle fortement dans la gorge inerte… Il reste un instant les lèvres appuyées sur la petite bouche, puis il s’écarte… et un pépiement d’oiseau tremble dans l’air immobile… un second plus fort… un troisième… et enfin, dans un vagissement triomphale, le nouveau-né essaie de remuer sa petite tête en agitant ses menottes, ses pieds, tandis que se colore son petit crâne sans cheveux, sa frimousse minuscule… et le cri de la mère lui répond :

       « Mon fils ! Mon amour ! La descendance de mon Tobie ! Sur mon cœur ! Sur le cœur de maman… que je meure heureuse… dit-elle dans un murmure qui s’éteint dans un baiser et une réaction d’abandon bien compréhensible.

       – Elle meurt ! Crient les femmes.

       – Non. Elle entre dans un repos bien mérité. Quand elle va se réveiller, dites-lui d’appeler l’enfant : Jésaï-Tobie. Je la reverrai au Temple le jour de sa purification. Adieu. Que la paix soit avec vous. »

       Il referme lentement la porte et se tourne pour revenir là où il était, vers ses disciples. Mais ils sont tous là, en groupe ému qui a vu et qui le regarde avec admiration.

       Ils reviennent ensemble dans la cour et saluent l’intendant abasourdi qui ne cesse de répéter :

       « Comme le Tétrarque va regretter de n’avoir pas été ici ! »

       Sur ce, ils reprennent leur descente pour retourner en ville.

       Jésus pose la main sur l’épaule du vieux Benjamin en lui disant :

       « Je te remercie pour ce que tu nous as fait voir et pour avoir été la source d’un miracle »…

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