Une initative de
Marie de Nazareth

La femme adultère

jeudi 20 septembre 29
Jérusalem

Dans les évangiles : Jn 8,1-11

Jean 8,1-11

Quant à Jésus, il s’en alla au mont des Oliviers. Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner.

Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? » Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser.

Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre. Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu. Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »

Vision de Maria Valtorta

       494.1 Je vois l’intérieur de l’enceinte du Temple, c’est-à-dire l’une des si nombreuses cours entourées de portiques. Jésus parle à la foule qui l’entoure, bien enveloppé dans le manteau qui couvre son vêtement. Celui-ci n’est pas blanc mais rouge foncé (c’est, semble-t-il, une lourde étoffe de laine).

       Je pense que c’est l’hiver, car tous les gens sont emmitouflés. Il doit faire froid car, au lieu de rester immobiles, ils marchent vivement comme pour se réchauffer. Le vent remue les manteaux et soulève la poussière des cours.

       Le groupe qui se presse autour de Jésus — c’est le seul à rester à sa place alors que tous les autres vont et viennent autour de tel ou tel maître — s’ouvre pour laisser passer un détachement de scribes et de pharisiens gesticulants et plus que jamais fielleux. Tout en eux lance du venin : leurs regards, leur visage, leur bouche. Quelles vipères ! Plutôt qu’ils ne la conduisent, ils traînent une femme d’environ trente ans, échevelée, les vêtements en désordre, et en larmes comme une personne que l’on a maltraitée. Ils la jettent aux pieds de Jésus comme un tas de chiffons ou une dépouille morte. Et elle reste là, recroquevillée sur elle-même, le visage appuyé sur ses deux bras, qui la cachent et lui font un coussin entre son visage et le sol.

       « Maître, cette femme a été prise en flagrant délit d’adultère. Son mari l’aimait, et ne la laissait manquer de rien. C’était la reine de sa maison. Or elle l’a trahi, car c’est une pécheresse, une vicieuse, une ingrate, une profanatrice. Elle est adultère et, comme telle, doit être lapidée. C’est ce que dit Moïse. Dans sa Loi, il ordonne que de telles femmes soient lapidées comme des bêtes immondes. Et elles sont immondes, car elles trahissent la foi conjugale ainsi que l’homme qui les aime et prend soin d’elles ; elles sont comme une terre jamais rassasiée, toujours assoiffée de luxure. Elles sont pires que des courtisanes car, sans la morsure du besoin, elles se donnent pour assouvir leur impudicité. Elles sont corrompues. Elles sont contaminatrices. Elles doivent être condamnées à mort. Moïse l’a dit. Et toi, Maître, qu’en penses-tu ? »

       494.2 Jésus avait interrompu son discours à l’arrivée tumultueuse des pharisiens, il avait promené un regard pénétrant sur la meute haineuse, puis avait tourné les yeux sur la femme avilie, jetée à ses pieds. Mais il ne dit mot. Il s’est penché, tout en restant assis et, d’un doigt, il écrit sur les pierres du portique que la poussière soulevée par le vent recouvre d’une couche épaisse. Eux parlent, et lui écrit.

       « Maître, c’est à toi que nous parlons. Ecoute-nous. Réponds-nous. Tu n’as pas compris ? Cette femme a été prise en flagrant délit d’adultère. Dans sa maison, dans le lit de son mari. Elle l’a souillé par sa passion. »

       Jésus écrit.

       « Mais c’est un abruti, cet homme ! Vous ne voyez pas qu’il ne comprend rien et qu’il trace des signes sur la poussière comme un pauvre fou ?

       – Maître, pour ton bon renom, parle. Que ta sagesse réponde à nos questions. Nous te le répétons : cette femme ne manquait de rien. Elle avait vêtements, nourriture, amour. Or elle a trahi. »

       Jésus écrit.

       « Elle a menti à l’homme qui avait confiance en elle. De sa bouche menteuse, elle l’a salué, elle l’a accompagné jusqu’à la porte en souriant, puis elle a ouvert la porte secrète et a fait entrer son amant. Et pendant que son mari était absent et travaillait pour elle, elle s’est vautrée dans sa luxure comme une bête immonde.

       – Maître, plus encore que la couche nuptiale, elle a profané la Loi. C’est une rebelle, une sacrilège, une blasphématrice. »

       Jésus écrit. Du pied, il efface et écrit plus loin, en tournant lentement sur lui-même pour trouver de la place. On dirait un enfant qui s’amuse. Mais ce qu’il écrit, ce ne sont pas des mots pour rire. Il a écrit successivement : “ Usurier ”, “ Faussaire ”, “ Fils irrespectueux ”, “ Fornicateur ”, “ Assassin ”, “ Profanateur de la Loi ”, “ Voleur ”, “ Luxurieux ”, “ Usurpateur ”, “ Mari et père indigne ”, “ Blasphémateur ”, “ Rebelle à Dieu ”, “ Adultère ”. Il écrit et écrit encore pendant qu’interviennent de nouveaux accusateurs.

       « Mais enfin, Maître ! Rends ton jugement ! Cette femme doit être jugée. Elle ne peut de son poids contaminer la terre. Son souffle est un poison qui trouble les cœurs. »

       494.3 Jésus se lève. Mon Dieu, quel visage ! Ses yeux sont des éclairs qui foudroient les accusateurs. Il semble encore plus grand, tant il redresse la tête. On dirait un roi sur son trône, tant il est sévère et solennel. Son manteau est tombé d’une épaule et forme une légère traîne derrière lui, mais il ne s’en soucie pas.

       Le visage fermé et sans la moindre trace de sourire sur les lèvres ni dans les yeux, il darde son regard sur la foule, qui recule comme devant deux lames acérées. Il les fixe un par un, en semblant fouiller en eux avec une intensité qui fait peur. Ceux qu’il dévisage ainsi cherchent à reculer dans la foule et s’y perdre ; ainsi le cercle s’élargit et s’effrite, comme miné par quelque force cachée.

       Finalement, il parle :

       « Que celui d’entre vous qui est sans péché lance à la femme la première pierre. »

       Sa voix est un tonnerre qu’accompagnent des regards encore plus fulgurants. Jésus a croisé les bras et reste sans bouger, droit comme un juge qui attend. Son regard ne laisse pas en paix : il fouille, pénètre, accuse.

       C’est d’abord un homme qui s’éloigne, tête basse, puis deux, puis cinq, puis toute l’assistance, par groupes. Non seulement les scribes et les pharisiens, mais aussi ceux qui se tenaient auparavant autour de Jésus et d’autres, qui s’étaient approchés pour entendre le jugement et la condamnation et qui, les uns comme les autres, s’étaient unis pour insulter la coupable et réclamer sa lapidation.

       Jésus reste seul avec Pierre et Jean. Je ne vois pas les autres apôtres.

       Pendant la fuite des accusateurs, Jésus s’est remis à écrire : “ Pharisiens ”, “ Vipères ”, “ Tombeaux de pourriture ”, “ Menteurs ”, “ Traîtres ”, “ Ennemis de Dieu ”, “ Insulteurs de son Verbe ”…

       494.4 Une fois la cour tout entière vidée, un grand silence s’établit. Il ne reste plus que le bruissement du vent et le murmure d’une fontaine dans un coin. Alors Jésus lève la tête et regarde. Son visage s’est apaisé. Il est attristé, mais n’est plus irrité. Il jette un coup d’œil à Pierre qui s’est légèrement éloigné pour s’appuyer à une colonne et à Jean qui, presque derrière Jésus, le regarde avec amour. Jésus esquisse un sourire à la vue de Pierre et ce sourire s’élargit quand ses yeux se tournent vers Jean : ce sont deux sourires différents.

       Puis il regarde la femme encore prostrée à ses pieds et en larmes. Il l’observe. Il se lève, rajuste son manteau comme s’il allait se mettre en route. Il fait signe aux deux apôtres de se diriger vers la sortie.

       Resté seul, il appelle la femme.

       « Femme, écoute-moi. Regarde-moi. »

       Il répète son ordre, car elle n’ose lever la tête.

       « Femme, nous sommes seuls. Regarde-moi. »

       La malheureuse lève un visage sur lequel les larmes et la poussière forment un masque avilissant.

       « Femme, où sont tes accusateurs ? »

       Jésus parle doucement, avec un sérieux plein de pitié. Son visage et son corps s’inclinent légèrement vers la terre, vers cette misère, et ses yeux sont pleins d’une expression indulgente et rénovatrice.

       « Personne ne t’a condamnée ? »

       La femme, entre deux sanglots, répond :

       « Personne, Maître.

       – Moi non plus, je ne vais pas te condamner. Va, et ne pèche plus. Rentre chez toi, et sache te faire pardonner, par Dieu et par l’offensé. N’abuse pas de la bonté du Seigneur. Va. »

       Il l’aide à se relever en la prenant par la main, mais il ne la bénit pas et ne lui donne pas la paix. Il la regarde s’éloigner, tête basse et légèrement chancelante sous le poids de sa honte, puis, quand elle a disparu, il s’éloigne à son tour avec les deux disciples.

Enseignement de Jésus

       494.5 Jésus dit :

       « Ce qui me blessait, c’était le manque de charité et de sincérité des accusateurs. Non que l’accusation fût mensongère. La femme était réellement coupable. Mais ils manquaient de sincérité en se scandalisant d’une faute qu’eux-mêmes avaient commise mille fois et que seules une ruse plus habile et une plus grande chance avaient permis de garder cachée. La femme, à son premier péché, avait été moins rusée et moins chanceuse. Mais aucun de ses accusateurs et de ses accusatrices — car, même si elles n’élevaient pas la voix, les femmes aussi l’accusaient au fond de leur cœur — n’était exempt de faute.

       Est adultère celui qui passe à l’acte comme celui qui aspire à l’acte et le désire de toutes ses forces. La luxure existe aussi bien chez celui qui souhaite pécher que chez le pécheur. Il ne suffit pas d’éviter le mal, il faut aussi ne pas désirer le commettre.

       Rappelle-toi, Maria, la première parole de ton Maître, quand il t’a appelée du bord du précipice où tu te trouvais : “ Il ne suffit pas d’éviter de commettre le mal. Il faut aussi ne pas désirer le faire. ”

       Celui qui caresse des pensées voluptueuses et provoque des impressions luxurieuses, par des lectures, des spectacles recherchés exprès et par des habitudes malsaines, est aussi impur que celui qui commet la faute matériellement. J’ose même dire qu’il est plus coupable, car il va par la pensée contre la nature et pas seulement contre la morale. Je ne parle pas non plus de ceux qui passent à de véritables actes contre nature. Leur seule excuse est une maladie organique ou psychique. Celui qui n’a pas cette excuse est de dix degrés inférieur à la bête la plus dégoûtante.

       Pour condamner avec justice, il faudrait être exempt de faute. Je vous renvoie aux dictées antérieures où je parle des conditions essentielles pour être juge. Le cœur des pharisiens et des scribes ne m’était pas inconnu, ni celui des personnes qui s’étaient unies à eux pour se déchaîner contre la coupable. Péchant contre Dieu et contre le prochain, ils étaient coupables de fautes contre le culte, contre leurs parents, contre leur prochain, et surtout contre leurs épouses. Si, par un miracle, j’avais ordonné à leur sang d’écrire sur leur front leur péché, c’est de loin l’accusation d’adultère de fait ou de désir qui aurait dominé.

       494.6 J’ai dit : “ C’est ce qui vient du cœur qui souille l’homme. ” Or, à part mon cœur, il n’y avait personne parmi les juges qui eût le cœur sans souillure.

       Non seulement ils n’étaient pas sincères, mais ils n’avaient aucune charité. Pas même le fait de lui ressembler dans la soif du désir de volupté ne les y portait. C’était moi qui faisais preuve de charité envers la femme avilie, moi, le seul qui aurait dû éprouver du dégoût devant elle. Mais rappelez-vous bien ceci : “ Meilleur on est, plus on éprouve de la pitié pour les coupables. ” On n’a pas d’indulgence pour la faute elle-même, cela non. Mais on a de la compassion pour les faibles qui n’ont pas su résister à la faute.

       Ah ! l’homme ! Plus qu’un roseau fragile et un délicat liseron, il est facilement dominé par la tentation et porté à s’accrocher là où il espère trouver du réconfort.

       Car bien souvent la faute arrive, surtout chez le sexe le plus faible, à cause de cette recherche de réconfort. C’est pourquoi je dis que l’homme qui manque d’affection pour sa femme, et même pour sa fille, est quatre-vingt-dix fois sur cent responsable de leur faute et il en répondra pour elles. Aussi bien une sotte affection — qui n’est qu’un stupide esclavage d’un homme pour une femme ou d’un père pour sa fille —, que l’absence d’affection ou, pis encore, une faute de la propre passion qui porte un mari à d’autres amours et des parents à des soucis étrangers à leurs enfants, sont des foyers d’adultères et de prostitution, et comme tels sont condamnés par moi. Vous êtes des êtres doués de raison et guidés par une loi divine et une loi morale. Donc se rabaisser à une vie de sauvages ou de brutes devrait horrifier votre grand orgueil. Mais l’orgueil, qui dans ce cas serait même utile, vous le mettez dans bien d’autres satisfactions.

       494.7 J’ai regardé Pierre et Jean d’une manière différente, car j’ai voulu dire au premier, un homme adulte : “ Pierre, toi aussi, ne manque pas de charité et de sincérité ”, et en tant que mon futur Pontife : “ Rappelle-toi cette heure et, à l’avenir, juge comme ton Maître  ” ; alors qu’au second, un jeune à l’âme encore d’enfant, je laissais entendre : “ Tu pourrais juger, mais tu ne juges pas, car tu as le même cœur que moi. Merci, mon bien-aimé, d’être tellement mien que tu es un second moi-même. ”

       Et j’ai éloigné ces deux apôtres avant d’appeler la femme, pour ne pas augmenter son humiliation par la présence de deux témoins. Apprenez-le, hommes sans pitié : si coupable que soit quelqu’un, il faut toujours le traiter avec respect et charité, ne pas se réjouir de son abaissement, ne pas s’acharner contre lui, pas même par des regards de curiosité. Pitié, pitié pour celui qui tombe !

       A la coupable, j’indique la voie à suivre pour se racheter : rentrer chez elle, demander humblement pardon et l’obtenir par une vie droite. Ne plus céder à la chair. Ne pas abuser de la bonté divine et de la bonté humaine pour ne pas payer plus durement que la première fois sa double ou multiple faute. Dieu pardonne, parce qu’il est la Bonté même. Mais, bien que j’aie demandé à l’homme de pardonner à son frère soixante-dix fois sept fois, il ne sait pas le faire deux fois.

       Je ne lui ai pas donné la paix ni la bénédiction parce qu’elle n’avait pas en elle ce complet détachement de son péché qui est requis pour être pardonné. Dans sa chair, et malheureusement dans son cœur, elle n’avait pas la nausée du péché. Marie de Magdala, après avoir goûté la saveur de mon Verbe, avait eu le dégoût du péché et elle était venue à moi avec la volonté totale d’être une autre. Mais cette femme flottait encore entre les voix de la chair et celles de l’esprit. Et, dans le trouble du moment, elle n’avait pas encore pu mettre la cognée à la souche de la chair et l’abattre pour repartir mutilée du poids de son avidité vers le Royaume de Dieu, amputée de ce qui était pour elle la ruine, mais pourvue de ce qui est le salut.

       Tu veux savoir si, par la suite, elle s’est sauvée ? Ce n’est pas pour tous que j’ai été Sauveur. Pour tous, j’ai voulu l’être, mais je ne l’ai pas été, car tous n’ont pas eu la volonté d’être sauvés. Et cela a été une des flèches les plus pénétrantes de mon agonie à Gethsémani.

       Quant à toi, Maria de Marie, va en paix et désire éviter tout péché, même les bagatelles. Sous le manteau de Marie, il n’y a que pureté. Sache t’en souvenir. »

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