Une initative de
Marie de Nazareth

La parabole du juge et de la veuve

mercredi 10 octobre 29
Jérusalem
James Tissot

Dans les évangiles : Lc 18,1-8

Luc 18,1-8

Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager : « Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes. Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : “Rends-moi justice contre mon adversaire.” Longtemps il refusa ; puis il se dit : “Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte personne, comme cette veuve commence à m’ennuyer, je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.” » Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice ! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice. Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

Vision de Maria Valtorta

       505.1 De nouveau, Jésus se trouve à Jérusalem, une Jérusalem hivernale, grise et venteuse. Marziam est encore avec Jésus ainsi qu’Isaac. Ils se dirigent, tout en parlant, vers le Temple.

       Avec les Douze se trouvent Joseph et Nicodème, qui discutent avec Simon le Zélote plus qu’avec les autres, et avec Thomas. Mais ensuite, ils se séparent et passent à l’avant pour saluer Jésus sans s’arrêter.

       « Ils ne veulent pas faire remarquer leur amitié avec le Maître. C’est dangereux ! siffle Judas à l’oreille d’André.

       – Je crois qu’ils agissent ainsi par une juste appréciation, pas par lâcheté, dit André pour les défendre.

       – Du reste, ils ne sont pas disciples et ils peuvent le faire. Ils ne l’ont jamais été, ajoute Simon le Zélote.

       – Non ? Il me semblait…

       – Lazare non plus n’est pas disciple, ni…

       – Mais si tu exclus tout le monde, qui reste-t-il ?

       – Qui ? Ceux qui ont la mission de disciples.

       – Et eux, alors, que sont-ils ?

       – Des amis, pas plus que des amis. Est-ce que, par hasard, ils quittent leurs maisons et leurs affaires pour suivre Jésus ?

       – Non. Mais ils l’écoutent avec plaisir, ils lui apportent leur aide et…

       – S’il ne s’agissait que de cela ! Même les païens le font, dans ce cas. Tu vois que, chez Nikê, nous en avons trouvé qui avaient pensé à lui. Et ces femmes ne sont certainement pas des disciples.

       – Ne t’énerve pas! Je disais cela seulement pour parler. Tiens-tu tellement à ce que tes amis ne soient pas disciples ? Tu devrais vouloir le contraire, me semble-t-il.

       – Je ne m’énerve pas, et je ne veux rien, pas même que tu leur fasses du mal en disant qu’ils sont ses disciples.

       – Mais à qui veux-tu que je le dise ? Je suis toujours avec vous… »

       Simon le Zélote le regarde si sévèrement que le sourire se fige sur les lèvres de Judas. Il lui semble opportun de changer de sujet de conversation, et il demande :

       « Que voulaient aujourd’hui ces deux hommes, qui discutaient ainsi avec vous ?

       – Ils ont trouvé une maison pour Nikê, du côté des jardins, près de la Porte. Joseph connaissait le propriétaire, et il savait qu’il la vendrait à un prix avantageux. Nous le ferons savoir à Nikê.

       – Quel désir de jeter l’argent par les fenêtres !

       – Il lui appartient. Elle peut en faire ce qu’elle veut. Elle souhaite rester près du Maître. Elle obéit en cela à la volonté de son époux, et à son cœur.

       – Il n’y a que ma mère qui soit au loin… soupire Jacques, fils d’Alphée.

       – Et la mienne, dit l’autre Jacques.

       – Mais pour peu de temps. As-tu entendu ce qu’a dit Jésus à Isaac comme à Jean et Matthias ? “ Quand vous reviendrez à la nouvelle lune de Scebat, venez avec les femmes disciples, en plus de ma Mère. ”

       – J’ignore pourquoi il refuse que Marziam revienne avec elles. Il lui a dit : “ Tu viendras quand je t’appellerai. ”

       – Peut-être pour que Porphyrée ne reste pas sans aide… Si personne ne pêche, là-bas on ne mange pas. Si nous n’y allons pas, Marziam doit s’en charger. Le figuier, le rucher, quelques oliviers et deux brebis ne suffisent évidemment pas à entretenir une femme, à la vêtir, à la nourrir…, remarque André.

       505.2 Jésus, arrêté contre le mur d’enceinte du Temple, les regarde venir. Il est en compagnie de Pierre, de Marziam et de Jude. Des pauvres se lèvent de leurs grabats de pierre, placés sur le chemin qui mène au Temple — celui qui va de Sion vers le mont Moriah, non celui qui va de l’Ophel au Temple — et ils se dirigent vers Jésus en se lamentant pour lui demander une obole. Aucun ne demande la guérison. Jésus ordonne à Judas de leur donner de l’argent, puis il entre dans le Temple.

       Il n’y a pas foule. Après la grande affluence des fêtes, les pèlerins sont rares. Seuls ceux qui sont obligés de venir à Jérusalem pour quelque affaire importante, ou ceux qui habitent dans la ville elle-même, montent au Temple. Aussi les cours et les portiques, sans être déserts, sont-ils beaucoup moins fréquentés et semblent plus vastes, et aussi plus sacrés parce que moins bruyants. Même les changeurs, et les marchands de colombes et d’autres animaux, sont moins nombreux, adossés aux murs du côté du soleil, un soleil blafard qui se fraie un chemin à travers les nuages gris.

       Après avoir prié dans la Cour des Juifs, Jésus revient sur ses pas et s’adosse à une colonne pour observer… tout en étant lui-même observé.

       505.3 Il voit revenir, certainement de la Cour des Hébreux, un homme et une femme qui, sans pleurer ouvertement, montrent un visage plus douloureux que des larmes. L’homme essaie de réconforter sa femme, mais on voit que lui aussi est très affligé.

       Jésus se détache de la colonne et va à leur rencontre.

       « De quoi souffrez-vous ? » demande-t-il avec pitié.

       L’homme le regarde, étonné de cet intérêt qui, peut-être, lui semble indélicat. Mais le regard de Jésus est si doux qu’il en est désarmé. Pourtant, avant de parler de sa douleur, il demande :

       « Comment donc un rabbi s’intéresse-t-il aux souffrances d’un simple fidèle ?

       – Parce que le rabbi est ton frère, ô homme, ton frère dans le Seigneur, et il t’aime comme le commandement le requiert.

       – Ton frère ! Je suis un pauvre cultivateur de la plaine de Saron, vers Dora. Toi, tu es un rabbi.

       – La souffrance concerne les rabbis comme tout le monde. Je sais ce qu’elle est, et je voudrais te consoler. »

       La femme écarte un instant son voile pour regarder Jésus et murmure à son mari :

       « Dis-le-lui. Peut-être pourra-t-il nous aider…

       505.4 – Rabbi, nous avions une fille… nous l’avons, pour le moment, nous l’avons encore… Et nous l’avons mariée honorablement à un jeune homme, qu’un ami commun nous… garantissait devoir être un bon mari. Ils sont mariés depuis six ans et ils ont eu deux enfants de leur mariage. Deux… car après l’amour a cessé… au point que maintenant… l’époux veut le divorce. Notre fille pleure et se consume, et c’est pour cela que nous t’avons dit que nous l’avions encore : car d’ici peu, elle mourra de chagrin. Nous avons tout tenté pour convaincre l’homme, et nous avons tant prié le Très-Haut… Mais aucun des deux ne nous a écoutés… Nous sommes venus ici en pèlerinage pour cela, et nous y sommes restés toute une lune. Tous les jours au Temple, moi à ma place, elle à la sienne… Ce matin, un serviteur de ma fille est venu nous apprendre que l’époux s’est rendu à Césarée pour lui envoyer de là le libelle de divorce. Voilà la réponse à nos prières…

       – Ne parle pas ainsi, Jacques » supplie sa femme à voix basse, avant de poursuivre : « Le Rabbi nous maudira comme blasphémateurs… et Dieu nous punira. C’est notre peine, elle vient de Dieu… Et s’il nous a frappés, c’est signe que nous l’avons mérité, achève-t-elle dans un sanglot.

       – Non, femme. Moi, je ne vous maudis pas, et Dieu ne vous punira pas. Je vous le déclare, ce n’est pas Dieu qui est la source de cette souffrance, mais l’homme. Dieu la permet pour vous éprouver et pour éprouver le mari de votre fille. Ne perdez pas la foi, et le Seigneur vous exaucera.

       – C’est trop tard. Désormais notre fille est répudiée et déshonorée, et elle va mourir… dit l’homme.

       – Il n’est jamais trop tard pour le Très-Haut. En un instant et en raison de la persévérance d’une prière, il peut changer le cours des événements. De la coupe aux lèvres, il y a encore du temps pour que la mort insinue son poignard et pour empêcher de boire celui qui approchait la coupe de ses lèvres, et cela par l’intervention de Dieu. Je vous le dis. Retournez aux places où vous priez, et persévérez aujourd’hui, demain et après-demain encore : si vous savez avoir foi, vous verrez le miracle.

       – Rabbi, tu veux nous réconforter… mais en ce moment… Ce n’est plus possible, et tu le sais, d’annuler le libelle une fois qu’il a été remis à la femme répudiée, insiste l’homme.

       – Aie foi, te dis-je. Il est vrai qu’on ne peut l’annuler. Mais sais-tu si ta fille l’a reçu ?

       – De Dora à Césarée, le chemin n’est pas bien long. Pendant que le serviteur arrivait ici, Jacob est certainement revenu à la maison et il a chassé Marie.

       – Le trajet n’est pas long, mais es-tu certain qu’il l’ait accompli ? Une volonté supérieure à celle de l’homme ne peut-elle avoir arrêté un homme si Josué, avec l’aide de Dieu, a arrêté le soleil ? Votre prière persévérante et confiante, faite dans une bonne intention, n’est-elle pas un désir saint opposé à la volonté mauvaise de l’homme ? Et, puisque vous demandez quelque chose de bon à votre Père, ne vous aidera-t-il pas pour arrêter la marche d’un fou ? Ne vous aura-t-il pas déjà aidés ? Et même si l’homme s’obstinait encore à avancer, le pourrait-il, si vous vous obstinez à demander au Père une chose juste ? Je vous le dis : allez et priez aujourd’hui, demain et après-demain, et vous verrez le miracle.

       – Oh ! allons-y, Jacques ! Le Rabbi sait. S’il dit de prier, c’est signe qu’il sait que la chose est juste. Aie foi, mon époux. Je sens une grande paix, une forte espérance qui se lève là où j’éprouvais tant de douleur. Que Dieu te récompense, Rabbi, toi qui es bon, et qu’il t’écoute. Prie pour nous, toi aussi. Viens, Jacques, viens. »

       Elle réussit à convaincre son mari, qui la suit après avoir adressé à Jésus la salutation habituelle des Hébreux : « Que la paix soit avec toi », à laquelle Jésus répond par la même formule.

       « Pourquoi ne leur as-tu pas révélé qui tu es ? Ils auraient prié avec plus de paix » disent les apôtres.

       Et Philippe ajoute :

       « Je vais le leur dire. »

       Mais Jésus le retient :

       « Je ne veux pas. Ils auraient en effet prié avec paix, mais avec moins de valeur, avec moins de mérite. Ainsi, leur foi est parfaite et sera récompensée.

       – Réellement ?

       – Voulez-vous que je mente en trompant deux malheureux ? »

       505.5 Il regarde la foule qui s’est rassemblée, une centaine de personnes, et reprend :

       « Ecoutez cette parabole qui vous apprendra la valeur de la prière constante.

       Vous savez ce que dit le Deutéronome au sujet des juges et des magistrats. Ils doivent être justes et miséricordieux en écoutant avec impartialité ceux qui ont recours à eux, en essayant toujours de juger, comme si le cas qui se présente à eux était leur cas personnel, sans tenir compte des cadeaux ou des menaces, sans égards pour les amis coupables et sans dureté envers ceux qui sont en mauvais termes avec les amis du juge. Mais si les paroles de la Loi sont justes, les hommes ne le sont pas autant et ils ne savent pas obéir à la Loi. On voit ainsi que la justice humaine est souvent imparfaite, car rares sont les juges qui savent se garder purs de toute corruption, miséricordieux et patients envers les pauvres comme envers les riches, envers les veuves et les orphelins, comme ils le sont envers les plus aisés et influents.

       Il y avait dans une ville un juge très indigne de sa charge, qu’il avait obtenue au moyen d’une parenté puissante. Il jugeait de façon très partiale, car il était toujours porté à donner raison aux riches et aux puissants ou aux personnes que ceux-ci lui recommandaient, ou bien à ceux qui l’achetaient en lui offrant de grands cadeaux. Il ne craignait pas Dieu et se riait des plaintes des pauvres et des faibles, parce qu’ils étaient seuls et privés de puissants défenseurs. Quand il ne voulait pas écouter quelqu’un qui avait des raisons évidentes de l’emporter sur un riche et auquel il ne pouvait donner tort d’aucune manière, il le faisait chasser de sa présence en le menaçant de le jeter en prison. Et la plupart subissaient ses violences en se retirant, vaincus et résignés à leur défaite, avant même le début du procès.

       Mais dans cette ville, il y avait aussi une veuve chargée d’enfants. Elle devait recevoir une forte somme d’un homme puissant pour des travaux exécutés par son défunt mari pour lui. Poussée par le besoin et par l’amour maternel, elle avait essayé de se faire remettre par le riche la somme qui lui aurait permis de rassasier ses enfants et de les vêtir pour le prochain hiver. Mais lorsque toutes les pressions et les supplications qu’elle lui adressait se furent révélées vaines, elle eut recours au juge.

       Ce juge était un ami du riche, qui lui avait dit : “ Si tu me donnes raison, le tiers de la somme est pour toi. ” Aussi fut-il sourd aux paroles de la veuve qui le suppliait : “ Rends-moi justice contre mon adversaire. Tu vois que j’en ai besoin. Tout le monde peut te dire que j’ai droit à cette somme. ” Il alla jusqu’à la faire chasser par ses commis.

       Mais la femme revient une, deux, dix fois, le matin, à sexte, à none, le soir, inlassablement. Et elle le poursuivait de ses cris sur la route : “ Rends-moi justice. Mes enfants ont faim et froid. Je n’ai pas d’argent pour acheter de la farine et des vêtements. ” Elle se faisait trouver sur le seuil de la maison du juge quand il y revenait pour s’asseoir à table avec ses enfants. Et le cri de la veuve : “ Rends-moi justice contre mon adversaire, car mes enfants et moi, nous avons faim et froid ” pénétrait jusqu’à l’intérieur de la maison, dans la salle à manger, dans la chambre à coucher pendant la nuit, insistant comme le cri d’une huppe : “ Fais-moi justice, si tu ne veux pas que Dieu te frappe ! Fais-moi justice ! Rappelle-toi que la veuve et les orphelins sont sacrés pour Dieu, et malheur à celui qui les piétine ! Rends-moi justice, si tu ne veux pas subir un jour ce que nous souffrons. Notre faim, notre froid, tu les trouveras dans l’autre vie si tu ne nous rends pas justice ! Malheureux homme que tu es ! ”

       Le juge ne craignait ni Dieu ni son prochain. Mais à force d’être harcelé, de se voir devenu objet de risée de la part de toute la ville à cause des persécutions de la veuve, et même objet de blâme, il en eut assez. Aussi un jour, il se dit : “ Je ne crains ni Dieu ni les menaces de la femme, ni ce qu’en pensent les habitants ; cependant, pour en finir avec tant d’ennuis, je donnerai audience à la veuve et lui ferai justice, en obligeant le riche à payer. Il me suffit qu’elle ne me poursuive plus et ne soit plus sans cesse à hurler autour de moi. ” Et, ayant appelé son riche ami, il lui annonça : “ Mon ami, il ne m’est plus possible de te satisfaire. Fais ton devoir et paie, car je ne supporte plus d’être harcelé à cause de toi. J’ai parlé. ” Et le riche dut débourser la somme conformément à la justice.

       505.6 Voici la parabole. Maintenant, à vous de l’appliquer.

       Vous avez entendu les paroles d’un homme inique : “ Pour en finir avec tant d’ennuis, je donnerai audience à la femme. ” Or c’était un homme inique. Mais Dieu, le Père très bon, pourrait-il être inférieur au juge mauvais ? Ne rendra-t-il pas justice à ses enfants qui savent l’invoquer jour et nuit ? Et leur fera-t-il attendre cette grâce tellement longtemps que, d’accablement, leur âme cesse de prier ? Je vous le dis : il leur rendra promptement justice pour que leur âme ne perde pas la foi. Mais il faut aussi savoir prier sans se lasser après les premières prières, et savoir demander à bon escient. Et encore se confier à Dieu en disant : “ Pourtant, que soit fait ce que ta Sagesse voit pour nous de plus utile. ”

       Ayez foi. Sachez prier avec foi dans la prière et avec foi en Dieu votre Père. Et lui vous rendra justice contre ceux qui vous oppriment, qu’il s’agisse d’hommes ou de démons, de maladies ou d’autres malheurs. La prière persévérante ouvre le Ciel, et la foi sauve l’âme, quelle que soit la façon dont la prière est écoutée et exaucée. Allons ! »

       Jésus se dirige vers la sortie. Il est presque hors de l’enceinte quand, levant la tête pour observer le peu de gens qui le suivent et les nombreux indifférents ou hostiles qui le regardent de loin, il s’écrie tristement :

       « Mais quand le Fils de l’homme reviendra, trouvera-t-il encore la foi sur la terre ? »

       Et, avec un soupir, il s’enveloppe plus étroitement dans son manteau pour s’acheminer à grands pas vers le faubourg d’Ophel.

Observation

De la coupe aux lèvres

Des paysans venus prier au Temple confient à Jésus leur désespoir, car leur fille est en instance de divorce. Jésus les réconforte et leur assure que par leurs prières ils obtiendront le miracle : « Il n’est jamais trop tard pour le Très-Haut. En un instant et en raison de la persévérance d’une prière, il peut changer le cours des événements. De la coupe aux lèvres, il y a encore du temps pour que la mort insinue son poignard et pour empêcher de boire celui qui approchait la coupe de ses lèvres, et cela par l’intervention de Dieu » (EMV 505.4). Quelques jours plus tard, à Béthanie, Jésus rappelle aux apôtres qu’il « n’est jamais trop tard pour essayer et espérer de sauver une âme ». Et Il ajoute : « Entre la coupe et les lèvres, dit le proverbe, il y a toujours place pour la mort. Moi, je dis au contraire : entre la fin de l’agonie et la mort, il est toujours temps d’obtenir le pardon, pour soi-même ou ceux pour qui nous le demandons » (EMV 519.2). Jésus donne ainsi une nouvelle dimension à ce proverbe bien connu alors des grecs et des romains.

Ce proverbe, traduit du grec en latin par Horace (multa cadunt inter calicem supremaque labra ) et par Caton (Multum interest inter os et offam) est aussi évoqué par Ovide et par Pline. L’original nous est essentiellement connu par un passage d’Aristote cité par Apollodore de Rhodes : Ancée, roi de Samos, quoique fort âgé, faisait planter des vignes, et se montrait très exigeant envers ses esclaves. L’un d’eux lui dit : « Pourquoi tant nous presser. Seigneur ? Vous ne boirez sans doute jamais du vin que cette vigne pourra produire ». Le roi vécut encore assez longtemps pour assister à la récolte du raisin et résolut de donner une leçon à l’impertinent. S’étant fait remplir une coupe de vin nouveau, il dit à l’esclave : « Ose me soutenir à présent que je ne boirai pas de ce vin » « Eh ! Seigneur, réplique l’esclave, je n’assurerai pas que vous en boirez ; il y a loin de la coupe aux lèvres ». A peine achevait-il ces mots qu’on vint annoncer au roi qu’un sanglier ravageait sa vigne. Ancée, furieux, se lève, prend ses armes et va à la rencontre de la bête. Celle-ci lui déchire le ventre d’un coup de boutoir et l’infortuné prince expire sur place.

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