Une initative de
Marie de Nazareth

Une parabole sur la sagesse véritable et un avertissement à Israël

jeudi 18 octobre 29
Emmaüs

Vision de Maria Valtorta

       513.1 La place d’Emmaüs est noire de monde, bondée. Au centre de la place, Jésus a du mal à bouger, tant il est entouré, oppressé par les gens qui l’assiègent. Il se trouve entre le fils du chef de la synagogue et un autre disciple ; autour de lui, dans l’intention hypothétique de le protéger, se pressent les apôtres et les disciples, et entre les uns et les autres, habiles à s’insinuer partout, comme des lézards à travers une haie épaisse, il y a des enfants et encore des enfants.

       Qu’elle est merveilleuse, cette attirance que Jésus exerçait sur les petits ! Il était impossible de trouver un lieu, connu ou inconnu, où il ne soit pas aussitôt entouré d’enfants, heureux de s’attacher à ses vêtements, plus heureux encore quand il les effleurait de la main en une légère caresse toute affectueuse, même si pendant ce temps, il s’adressait sévèrement aux adultes ; et extrêmement heureux quand il s’asseyait sur un siège, sur un muret, une pierre, un tronc abattu, ou à même sur l’herbe : comme il était à leur niveau, ils pouvaient l’embrasser, appuyer leur tête sur ses épaules, sur ses genoux, se glisser sous son manteau pour se trouver entourés de ses bras, tels des poussins qui ont trouvé la plus affectueuse et la plus protectrice des défenses. Et toujours Jésus les défend contre la suffisance des adultes, honteux de leur familiarité pour lui qui, faute de s’exercer pour tant de motifs sérieux, veulent faire du zèle en éloignant du Maître les petits enfants…

       Maintenant encore, sa phrase habituelle se fait entendre pour protéger ses jeunes amis :

       « Laissez-les donc faire ! Ils ne me fatiguent pas ! Ce ne sont pas les enfants qui m’ennuient et me peinent ! »

       Jésus se penche sur eux, avec un sourire épanoui qui le rajeunit en le faisant ressembler à un frère aîné, complice bienveillant de quelque jeu innocent, et il murmure :

       « Soyez gentils, silencieux, bien sages, afin qu’ils ne vous renvoient pas et que nous restions encore ensemble.

       – Et tu nous racontes une belle parabole ? demande le plus… audacieux.

       – Oui, rien que pour vous. Ensuite je parlerai à vos parents. Ecoutez tous : ce qui sert aux petits sert aussi aux adultes.

       513.2 Un jour, un homme s’entendit appeler par un grand roi qui lui dit :

       “ J’ai appris que tu mérites une récompense, car tu es savant, et tu diriges bien ta ville par ton travail et par ta sagesse. Eh bien ! je ne vais pas te donner quelque objet, mais je vais t’amener dans la salle de mes trésors ; tu choisiras ce que tu voudras, et je te l’offrirai. De cette façon, je pourrai voir en plus si tu mérites tout le bien qu’on dit de toi. ”

       En même temps, le roi, qui s’était approché de la terrasse qui entourait sa cour, jeta un regard sur la place devant le palais royal et il vit passer un gamin pauvrement vêtu, certainement d’une famille misérable, peut-être un orphelin et un mendiant. Il s’adressa alors à ses serviteurs pour leur dire :

       “ Allez chercher cet enfant et amenez-le-moi. ”

       Les serviteurs obéirent et revinrent avec le petit garçon, tout tremblant de se trouver en présence du roi. Malgré les prières des courtisans, qui lui ordonnaient : “ Incline-toi, salue et dis : ‘ Honneur et gloire à toi, mon roi. Je plie le genou devant toi, roi puissant que la terre reconnaît comme l’homme le plus grand qui soit ’ ”, le petit ne voulait pas s’incliner et répéter ces mots ; les courtisans, furieux, le secouaient rudement et disaient :

       “ O roi, ce gamin grossier et crasseux ne doit pas rester là. Permets-nous de le chasser d’ici et de le jeter dans la rue. Si tu désires avoir à côté de toi un enfant et si tu es las des nôtres, nous irons en chercher un chez les riches de la ville, et nous te l’amènerons. Mais pas ce lourdaud qui ne sait même pas saluer !… ”

       L’homme riche et sage, qui venait de plonger jusqu’à terre en cent courbettes, profondes comme s’il s’était trouvé devant un autel, ajouta :

       “ Ceux qui te suivent ont raison. Pour la majesté de ta couronne, tu dois empêcher qu’on refuse à ta personne sacrée l’hommage qui lui est dû. ”

       Et il se prosternait jusqu’à baiser les pieds du roi.

       Mais le roi insista :

       “ Non, je veux cet enfant-ci. Mieux : je veux le mener lui aussi dans la salle de mes trésors afin qu’il choisisse ce qu’il veut, et je le lui donnerai. Ne me serait-il pas permis, parce que je suis roi, de rendre heureux un pauvre enfant ? N’est-il pas mon sujet comme vous tous ? A-t-il le tort d’être malheureux ? Non, vive Dieu, je veux lui faire plaisir au moins une fois ! Viens, mon enfant, et n’aie pas peur de moi. ”

       Il lui donna la main, que le petit prit simplement en la baisant spontanément. Le roi sourit. Et entre deux rangs de dignitaires inclinés en signe d’hommage, sur des tapis de pourpre à fleurs d’or, il se dirigea vers la pièce des trésors, avec à sa droite l’homme riche et sage et à sa gauche l’enfant ignorant et pauvre. Et son manteau royal contrastait grandement avec le misérable vêtement tout déchiré et les pieds nus du pauvre petit…

       Ils entrèrent dans la salle des trésors dont deux grands de la Cour avaient ouvert la porte. C’était une haute pièce ronde, sans fenêtres. Mais la lumière tombait d’un plafond qui n’était qu’une énorme plaque de mica : cela formait une lumière douce qui faisait pourtant briller les clous d’or des coffres-forts et les rubans pourpres des nombreux rouleaux placés sur des pupitres élevés et ornés. Des rouleaux somptueux, avec des baguettes précieuses, des fermoirs et le titre ornés de pierres resplendissantes, des œuvres rares que seul un roi pouvait posséder. Puis, à l’abandon, sur un pupitre sévère, sombre, peu élevé, un petit rouleau enroulé sur une petite baguette de bois blanc, attaché avec un fil grossier, poussiéreux comme quelque chose sans intérêt.

       Le roi montra les murs :

       “ Voilà, ici se trouvent tous les trésors de la terre, et d’autres plus grands encore, car il y a toutes les œuvres du génie humain, sans oublier celles qui viennent de sources surnaturelles. Allez, prenez ce que vous voulez. ”

       Il se plaça au milieu de la pièce, les bras croisés, pour observer.

       L’homme riche et sage se dirigea d’abord vers les coffres-forts et il en souleva les couvercles avec une hâte de plus en plus fébrile. De l’or en barres, de l’or en bijoux, de l’argent, des perles, des saphirs, des rubis, des émeraudes, des opales… brillaient de tous les coffres-forts. C’étaient des cris d’admiration à chaque ouverture… Puis il se dirigea vers les pupitres, et à la lecture des titres des rouleaux, de nouveaux cris d’admiration sortaient de ses lèvres. Enfin, l’homme, enthousiasmé, se tourna vers le roi :

       “ Mais tu as un trésor sans pareil et les pierres ont autant de valeur que les rouleaux et vice versa ! Et je peux vraiment choisir librement ? ”

       “ Je l’ai dit : comme si tout t’appartenait. ”

       L’homme se jeta le visage contre le sol :

       “ Je t’adore, ô grand roi ! ”

       Il se leva, courut d’abord vers les coffres, puis vers les pupitres, en prenant des uns et des autres ce qu’il voyait de meilleur.

       Le roi sourit une première fois dans sa barbe en voyant la fièvre avec laquelle l’homme courait d’un coffre-fort à un autre, et une seconde fois quand il le vit se jeter à terre pour l’adorer, et il sourit pour la troisième fois en voyant avec quelle cupidité, quelle adresse et quelle préférence il choisissait les pierres précieuses et les livres ; il se tourna vers l’enfant qui était resté à côté de lui pour lui dire :

       “ Et toi, tu ne vas pas choisir les belles pierres et les rouleaux de valeur ? ”

       L’enfant secoua la tête pour dire non.

       “ Pourquoi donc ? ”

       “ Pour ce qui est des rouleaux, je ne sais pas lire, quant aux pierres… je n’en connais pas la valeur. A mes yeux, ce sont de beaux cailloux, rien de plus. ”

       “ Mais elles te rendraient riche… ”

       “ Je n’ai plus de père, ni de mère, ni de frère. A quoi cela me servirait d’aller dans mon refuge avec un trésor sur moi ? ”

       “ Mais avec cela, tu pourrais t’acheter une maison… ”.

       “ J’y habiterais toujours seul. ”

       “ Des vêtements. ”

       “ J’aurais toujours froid puisqu’il me manque l’amour de mes parents. ”

       “ De la nourriture. ”

       “ Je ne pourrais me rassasier des baisers de maman, ni les acheter à aucun prix. ”

       “ Des maîtres, et apprendre à lire… ”

       “ Cela me plairait davantage. Mais, ensuite, que lire ? ”

       “ Les œuvres des poètes, des philosophes, des sages et les paroles anciennes et les histoires des peuples. ”

       “ Choses inutiles, vaines ou passées… Cela ne vaut pas la peine. ”

       “ Quel enfant stupide ! ” s’écria l’homme qui avait maintenant les bras chargés de rouleaux, et la ceinture et la tunique sur la poitrine gonflées de pierres précieuses.

       Le roi sourit encore dans sa barbe. Il prit l’enfant dans ses bras, et l’amena devant les coffres-forts. Plongeant la main dans les perles, les rubis, les topazes, les améthystes, il les faisait tomber en une pluie scintillante et le poussait à en prendre.

       “ Non, ô roi, je n’en veux pas. Je voudrais autre chose… ”

       Le roi l’amena aux pupitres et lui lut des strophes des poètes, des histoires de héros, des descriptions de pays.

       “ Oh ! lire, c’est plus beau. Mais ce n’est pas cela que je souhaiterais… ”

       “ Alors quoi ? Parle et je te le donnerai, mon enfant. ”

       “ Je ne crois pas, ô roi, que tu le puisses malgré ta puissance. Ce n’est pas une chose d’ici-bas… ”

       “ Ah ! tu veux des œuvres qui ne sont pas de la terre ! Voilà, alors : ici ce sont des œuvres dictées par Dieu à ses serviteurs ; écoute… ”

       Et il lut des pages inspirées.

       “ C’est beaucoup plus beau, mais pour les comprendre, il faut d’abord connaître le langage de Dieu. Il n’y a pas un livre qui l’enseigne et qui fait comprendre ce qu’est Dieu ? ”

       Le roi eut un mouvement de stupeur et cessa de rire, mais il serra l’enfant contre son cœur.

       Avec un rire moqueur, l’homme sage ironisa :

       “ Même les plus savants ne savent pas qui est Dieu et toi, un enfant ignorant, tu veux le savoir ? Si tu espères devenir riche comme cela !… ”

       Le roi le regarda avec sévérité tandis que le garçonnet répondait :

       “ Je ne cherche pas la richesse, je cherche l’amour, et il m’a été dit un jour que Dieu est Amour. ”

       Le roi l’amena près du pupitre sévère sur lequel se trouvait le petit rouleau poussiéreux attaché avec une cordelette. Il le prit, le déroula et en lut les premières lignes :

       “ Que celui qui est petit vienne à moi et moi, Dieu, je lui enseignerai la science de l’amour. Elle se trouve dans ce livre, et moi… ”

       “ Oh ! c’est cela que je veux ! Je connaîtrai Dieu et, en le possédant, j’aurai tout. Donne-moi ce rouleau, ô roi, et je serai heureux. ”

       “ Mais il est sans valeur pécuniaire ! Cet enfant est vraiment débile ! Il ne sait pas lire, et il prend un livre ! Il n’est pas sage, et ne veut pas s’instruire. Il est dans la misère, et ne prend pas de trésors. ”

       “ Je m’efforcerai de posséder l’amour, et ce livre me l’enseignera. Sois béni, ô roi, de me donner de quoi ne plus me sentir orphelin et pauvre ! ”

       “ Au moins adore-le, comme moi je l’ai fait, si tu crois que par son aide tu es devenu si heureux ! ”

       “ Moi, je n’adore pas l’homme, mais Dieu qui l’a rendu si bon. ”

       “ Cet enfant est le vrai sage de mon royaume, ô homme qui ne mérite pas le nom de sage. L’orgueil et l’avidité t’ont rendu ivre au point d’adorer la créature au lieu du Créateur, et cela parce que la créature te donnait des pierres et des œuvres humaines. Et tu n’as pas réfléchi que tu as les pierres précieuses, et que moi je les ai eues, parce que Dieu les a créées, et que tu as les rouleaux rares où se trouve la pensée de l’homme, parce que Dieu a donné à l’homme l’intelligence. Ce petit qui a faim et froid, qui est seul, qui a été frappé par mille souffrances, qui serait excusé et excusable s’il devenait ivre devant les richesses, voilà qu’il sait avec justice rendre grâces à Dieu pour avoir donné la bonté à mon cœur, et qu’il ne cherche que l’unique chose nécessaire : aimer Dieu, connaître l’amour pour posséder les vraies richesses, ici-bas et dans l’au-delà. Homme, je t’ai promis de te donner ce que tu choisirais. Une parole de roi est sacrée. Emporte donc tes pierres et tes rouleaux : cailloux multicolores et… paille de la pensée humaine. Et vis dans la peur des voleurs et des mites : les premiers, ennemis des bijoux ; les secondes, des parchemins. Eblouis-toi avec les fausses lueurs de ces balivernes, et éprouve le dégoût de la saveur douceâtre de la science humaine, qui n’est que fumet et ne nourrit pas. Va ! Cet enfant va rester auprès de moi, et ensemble nous nous efforcerons de lire le livre qui est amour, c’est-à-dire Dieu. Et nous n’aurons pas les lueurs futiles des froides pierres précieuses, ni la saveur douceâtre de paille des œuvres du savoir humain. Mais les feux de l’Esprit éternel nous donneront depuis ici l’extase du Paradis et nous posséderons la sagesse, plus fortifiante que le vin, plus nourrissante que le miel. Viens, mon enfant, à qui la Sagesse a montré son visage pour que tu la désires comme une épouse véritable. ”

       Et, après avoir chassé l’homme, il prit l’enfant chez lui et l’instruisit dans la divine sagesse pour qu’il devienne un juste, et sur la terre un roi digne de l’onction sacrée, puis, après la vie, un citoyen du Royaume de Dieu.

       Voilà la parabole promise aux petits et proposée aux adultes.

       513.3 Vous rappelez-vous Baruch ? Il dit : “ Pourquoi, Israël, es-tu dans une terre ennemie, vieillissant en terre étrangère, te souillant avec les morts et compté au nombre de ceux qui vont au shéol ? ” Et il répond : “ C’est que tu as abandonné la source de la sagesse. Si tu avais marché dans la voie de Dieu, tu habiterais dans la paix pour toujours. ”

       Ecoutez, vous qui vous plaignez trop souvent d’être en exil, bien que vous habitiez dans votre patrie, tant la patrie n’est plus à nous, mais à celui qui nous domine ; vous vous lamentez, et vous ne savez pas que c’est une goutte d’eau par rapport à ce qui vous attend à l’avenir, par rapport à la coupe enivrante que l’on donne aux condamnés et qui, vous le savez, est plus amère que toute autre boisson.

       Le peuple de Dieu souffre parce qu’il a abandonné la sagesse. Comment pouvez-vous posséder la prudence, la force, l’intelligence, comment pouvez-vous seulement savoir où elles se trouvent, pour connaître ensuite ce qui est de moindre importance, si vous ne vous abreuvez plus aux sources de la sagesse ?

       Son Royaume n’est pas de cette terre, mais la miséricorde de Dieu en accorde la source. Elle est en Dieu. Elle est Dieu lui-même. Mais Dieu ouvre son sein pour qu’elle descende vers vous. Israël possède, ou a possédé — et croit encore posséder, avec le sot orgueil des prodigues qui ont tout perdu, mais s’imaginent encore être riches et exigent l’obéissance due à leur rang, alors qu’ils n’attirent que compassion ou raillerie — richesses, conquêtes, honneurs, mais a-t-il l’unique trésor ? Non. Et il perd même le reste, car celui qui perd la sagesse perd la possibilité d’être grand. D’erreur en erreur, l’homme qui ne possède pas la sagesse tombe. Or Israël connaît beaucoup de choses, trop même, mais il ne connaît plus la sagesse.

       513.4 Baruch dit avec raison : “ Les jeunes gens de ce peuple ont vu la lumière et ont habité sur la terre, mais ils n’ont pas connu la voie de la connaissance, ils n’ont pas compris ses sentiers ; leurs enfants non plus ne l’ont pas accueillie, et elle s’en est allée loin d’eux. ”

       Loin d’eux ! Les enfants ne l’ont pas accueillie ! Quelles paroles prophétiques !

       Moi, je suis la Sagesse qui vous parle, or les trois quarts d’Israël ne m’accueillent pas. Et la Sagesse s’éloigne et s’éloignera davantage pour les laisser seuls… Que feront alors les hommes qui se prenaient pour des géants, et se croyaient capables de forcer le Seigneur à les aider, à les servir ? Des géants utiles à Dieu pour fonder son Royaume ? Non ! Je le dis avec Baruch : “ Pour fonder le vrai Royaume de Dieu, Dieu ne choisira pas ces orgueilleux, il les laissera périr dans leur sottise ”, loin de ses voies. Car, pour monter au Ciel par l’esprit et comprendre les leçons de la Sagesse, il faut un esprit humble, obéissant et surtout entièrement amour, puisque la Sagesse parle son langage — autrement dit, le langage de l’amour, puisqu’elle est l’Amour —. Pour connaître ses voies, il faut un regard limpide et humble, dégagé de la triple concupiscence. Pour posséder la sagesse, il faut l’acheter avec de la monnaie vivante : les vertus.

       Cela, Israël ne l’avait pas et je suis venu pour expliquer la sagesse, pour vous conduire vers son chemin, pour semer dans votre cœur les vertus. Car je connais tout et je sais tout, et je suis venu l’enseigner à Jacob mon serviteur, à Israël mon bien-aimé. Je suis venu sur la terre pour converser avec les hommes, moi qui suis la Parole du Père, pour prendre par la main les enfants de l’homme, moi qui suis Fils de Dieu et de l’homme, moi, le Chemin de la Vie. Je suis venu pour vous introduire dans la salle des trésors éternels, moi, à qui tout a été remis par le Père. Je suis venu, moi, l’Amant éternel, pour prendre mon Epouse, l’humanité, que je veux élever sur mon trône et dans ma chambre nuptiale afin qu’elle soit avec moi dans le Ciel, et pour l’introduire dans le cellier des vins afin qu’elle s’enivre de la vraie vigne de laquelle les sarments tirent la vie.

       Mais Israël est une épouse paresseuse et elle ne se lève pas de son lit pour ouvrir à Celui qui est venu. Et l’Epoux s’en va. Il passera, il est sur le point de passer. Plus tard, Israël le cherchera en vain, mais il trouvera, non pas la miséricordieuse charité de son Sauveur, mais les chars de guerre de ceux qui la domineront, et il sera écrasé, perdant son orgueil et sa vie après avoir voulu écraser jusqu’à la miséricordieuse volonté de Dieu.

       513.5 Oh ! Israël, Israël, qui perds la vraie vie pour conserver une mensongère illusion de puissance ! Oh ! Israël qui crois te sauver et veux te sauver par des voies qui ne sont pas celles de la sagesse, et qui te perds en te vendant au mensonge et au crime, Israël naufragé qui ne t’attaches pas à la solide amarre que l’on te jette pour te sauver, mais aux restes de ton passé brisé, tandis que la tempête te porte ailleurs, au large, sur une mer effrayante et sans lumière. Israël, à quoi te sert-il de sauver ta vie ou de présumer que tu la sauves pour une heure, un an, dix ans, deux, trois fois dix ans, au prix d’un crime et pour périr ensuite éternellement ? Que sont la vie, la gloire, la puissance ? Une goutte malpropre, à la surface d’une lessive utilisée par les lavandières, irisée, non parce qu’elle est faite de pierres précieuses, mais en raison de la graisse malpropre qui, avec le salpêtre, se gonfle en boules vides destinées à éclater sans qu’il en reste rien, hormis un cercle sur l’eau sale des sueurs humaines. Une seule chose est nécessaire, ô Israël : posséder la sagesse, au prix même de la vie. En effet la vie n’est pas ce qu’il y a de plus précieux, et il vaut mieux perdre cent vies que de perdre son âme. »

       Jésus achève au milieu d’un silence plein d’admiration. Il cherche à se dégager et à s’en aller… Mais les enfants réclament un baiser et les adultes sa bénédiction. Ce n’est qu’ensuite, en prenant congé de Cléophas et d’Hermas d’Emmaüs, qu’il peut s’éloigner.

Observation

Jésus évoque la boisson des légionnaires

Durant l’automne de la troisième année de vie publique, Jésus met en garde les habitants d’Emmaüs qui supportent mal la domination romaine. « Écoutez, vous qui trop souvent vous plaignez d'être en exil, tout en étant dans la patrie, tant la patrie n'est plus à nous, mais à celui qui nous domine ; vous vous en plaignez et vous ne savez pas que par rapport à ce qui vous attend dans l'avenir, c'est une goutte de posca par rapport à la coupe enivrante que l'on donne aux condamnés et qui, vous le savez, est plus amère que toute autre boisson » (EMV 513.3). L’allusion à cette boisson romaine n’évoque sans doute plus grand-chose de nos jours. Mais pour l’auditoire de Jésus, elle était éloquente…

Dans l'Antiquité romaine, la posca était un vin coupé d’eau et de vinaigre et parfois additionné de jaune d'œuf et de coriandre. Ce breuvage bon marché, réputé rafraîchissant, était la boisson par excellence des légionnaires, du peuple et des esclaves. C’était par ailleurs une solution efficace pour épurer l’eau et prévenir ainsi les maladies qui auraient été désastreuses pour les légions romaines. Chaque jour le soldat recevait sa ration de vinaigre pour fabriquer sa dose de posca.

Retrouver dans le récit de Maria Valtorta ce terme aujourd’hui méconnu, est certainement à mettre au crédit de l’authenticité de ses visions.

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