Une initative de
Marie de Nazareth

Prophétie devant un village détruit

mardi 16 octobre 29
entre Rama et Emmaüs

Vision de Maria Valtorta

       512.1 J’ignore où Jésus se trouve, mais c’est certainement dans les montagnes et à un endroit abandonné après avoir été détruit, soit par quelque cataclysme, soit par des opérations de guerre. Je suppose qu’il s’agit plutôt de ces dernières, car les décombres des maisons montrent même des traces de flammes, dans les voûtes protégées de l’eau et encore visibles dans l’entrelacement des ronces, lierres et autres plantes grimpantes ou parasites qui ont poussé un peu partout. Les larges feuilles peluchées d’une plante dont je ne connais pas le nom — mais que j’ai déjà vue en Italie — recouvrent entièrement une ruine qui ressemble à une petite montagne escarpée. Plus loin, un mur resté debout tout seul pour contempler les vestiges de la maison écroulée, est envahi par des câpriers et des pariétaires. Du parapet ajouré de ce qui était une terrasse, pendent les branches d’une clématite qui ondulent au vent comme une chevelure dénouée. Une autre maison dont l’intérieur est écroulé, mais dont les murs extérieurs sont encore debout, ressemble à un énorme vase qui, au lieu de fleurs, contient des arbres qui ont poussé spontanément là où se trouvaient primitivement les pièces. Une autre, restée en partie debout avec des marches , ressemble à un autel préparé pour quelque cérémonie et tout orné de verdure. En haut de cette ruine, un peuplier, grêle et droit comme une lame, paraît demander au ciel la raison d’un tel malheur. Et d’une maison à l’autre, d’un tas de décombres à l’autre, des arbres fruitiers obstinés et dégénérés, devenus sauvages, dominés par le reste de la végétation ou la dominant, nés de fruits tombés, tordus ou droits, rampants, sortis du trou d’un mur, d’un puits asséché, font penser à un bois enchanté. Des oiseaux et des pigeons, sortant des crevasses des ruines, se jettent avidement sur les alentours où autrefois il y avait certainement des champs cultivés et où maintenant se trouve tout un enchevêtrement de vesces dures, desséchées par le soleil, qui ouvrent leurs cosses pour laisser tomber leurs semences de zizanie et d’ivraie qui pousseront au printemps. Les pigeons chassent avec de féroces coups d’aile les oiseaux plus petits qui cherchent quelque grain de mil ou de chanvre sorti de je ne sais quelle semence lointaine, qui au cours des années s’est perpétuée dans les champs incultes par ensemencement spontané. Les oiseaux, spécialement les moineaux bagarreurs, qui se vengent en arrachant les maigres épis d’un mil misérable pour les emporter vers leurs nids, s’envolent péniblement, tout courbés sous le poids et l’embarras de la panicule.

       512.2 Jésus n’est pas seulement accompagné des apôtres, mais aussi d’un bon groupe de disciples, dont Cléophas et Hermas d’Emmaüs, les fils du vieux chef de synagogue Cléophas, ainsi que d’Etienne. Il y a également des hommes et des femmes, dont ont peut imaginer qu’ils sont venus de quelque village pour inviter Jésus à venir chez eux, ou bien qu’ils l’ont suivi, après son passage dans leur village. En traversant ce champ de ruines, Jésus s’arrête souvent pour regarder, et définitivement quand, d’un endroit plus élevé, il peut dominer ce labyrinthe de décombres et de végétation où la vie n’est représentée que par des pigeons, certainement autrefois doux et apprivoisés, mais aujourd’hui redevenus sauvages et féroces. Les bras croisés, la tête légèrement inclinée, il contemple, et plus il regarde, plus il devient pâle et triste.

       « Pourquoi restes-tu ici, Maître ? Il est visible que cet endroit t’afflige. Ne t’arrête pas à observer. Je me repens de t’avoir fait passer par ici, mais le chemin était plus court, dit Cléophas d’Emmaüs.

       – Je ne vois pas ce que vous voyez !

       – Et quoi d’autre, Seigneur ? Peut-être revois-tu l’événement passé ? Certes, ce fut effrayant. C’est la manière de faire de Rome… dit l’autre habitant d’Emmaüs.

       – Et cela devrait faire réfléchir. 512.3 Regardez tous : il y avait ici une ville, pas bien grande, mais belle. Il y avait plus de demeures seigneuriales que d’humbles maisons. Et ils appartenaient à des riches, ces lieux qui aujourd’hui sont des bois sauvages, ils appartenaient à des riches, ces champs stériles couverts de ronces, d’ivraie, d’orties… Il y avait alors de beaux vergers et des champs couverts de moissons. Les maisons étaient belles à cette époque, avec des jardins pleins de fleurs, des puits et des fontaines où se baignaient les pigeons et où jouaient les enfants. Les habitants de cet endroit étaient heureux, et ce bonheur ne les a pas rendus justes. Ils ont oublié le Seigneur et ses paroles… Et voilà !

       Plus de maisons, plus de fleurs, plus de fontaines, ni de moissons, ni de fruits. Il ne reste que les pigeons, et pas heureux comme autrefois. Au lieu du grain blond et du cumin dont ils étaient jadis friands et gavés, ils se battent maintenant pour avoir un peu de vesce rêche et d’ivraie amère. Et c’est fête s’ils trouvent un épi d’orge qui a poussé parmi les décombres !…

       Et, en regardant, je ne vois même plus les pigeons…

       Mais des multitudes de visages… dont beaucoup ne sont pas encore nés… Je vois des ruines et des ruines, des ronces et des vignes sauvages, et des vesces sauvages qui couvrent les terres de la Patrie… Et tout cela parce que l’on n’a pas voulu accueillir le Seigneur… J’entends les pleurs de petits enfants épuisés, plus malheureux que ces oiseaux auxquels Dieu pourvoit encore par un minimum de secours pour leur garder la vie, alors que ces petits seront privés de tout secours, victimes du châtiment général, languissants sur le sein desséché de leur mère, mourant de privations et de douleurs et d’une épouvante sans nom. Et j’entends les lamentations des mères pour leurs enfants morts de faim sur leurs seins. Et les plaintes des épouses qui ont perdu leur époux, des vierges capturées pour servir aux plaisirs des vainqueurs, des hommes envoyés en captivité après avoir connu toutes les hontes de la guerre, et des vieillards qui ont assez vécu pour voir accomplie la prophétie de Daniel.

       Et j’entends la voix infatigable d’Isaïe dans le souffle de ce vent parmi les ruines, dans la plainte des pigeons au milieu des décombres : “ C’est avec des mots barbares, en une langue étrangère que le Seigneur parlera à ce peuple auquel il avait dit : ‘ C’est ici mon repos. Restaurez celui qui est fatigué ; c’est mon soulagement. ’ ”

       Mais ils n’ont pas voulu écouter. Non, ils ne l’ont pas voulu, et le Seigneur n’a pas pu trouver de repos dans son peuple. Celui qui est fatigué, qui s’est épuisé à parcourir ses contrées pour enseigner, guérir, convertir, réconforter, ne trouve pas de repos, mais la persécution. Au lieu du soulagement, pièges et trahison. Le Fils ne fait qu’un avec le Père.

       Et si la Vérité vous a enseigné qu’une simple coupe d’eau offerte à un homme aura sa récompense — car tout acte de miséricorde accordé à un frère est fait à Dieu lui-même —, quel châtiment attendra ceux qui retiennent même la pierre du sentier qui pourrait servir d’oreiller à la tête du Fils de l’homme, et la source de la montagne qui coule par la bonté du Créateur, et le fruit oublié sur la branche, laissé de côté parce que pourri ou vert, l’épi disputé aux pigeons, et qui ont déjà préparé le lacet pour étrangler l’air dans la gorge, et avec l’air, la vie ?

       512.4 Ah ! malheureux Israël qui as perdu en toi la justice, ainsi que la miséricorde de Dieu !

       Voici, voici de nouveau la voix d’Isaïe dans la brise du soir, plus effrayante que le cri de l’oiseau de mort, presque aussi redoutable que la voix qui résonna au Jardin terrestre pour la condamnation des deux coupables. Ah que c’est terrible ! cette voix du prophète n'est plus unie à la promesse d’un pardon, comme à cette époque. Non, il n’est pas de pardon pour ceux qui méprisent Dieu, pour ceux qui disent : “ Nous avons fait alliance avec la mort, nous avons conclu un pacte avec l’enfer. Les fléaux, quand ils viendront, ne tomberont pas sur nous, car nous avons mis notre espérance dans le Mensonge et nous serons protégés par lui, qui est puissant. ” Voici, voici Isaïe qui répète ce qu’il a entendu du Seigneur : “ Voici que pour le fondement de Sion, je placerai une pierre angulaire, choisie avec soin, précieuse… Je pèserai le jugement et mesurerai la justice, et la grêle détruira l’espérance dans le Mensonge. Les eaux bouleverseront les abris : votre alliance avec la Mort sera détruite et votre pacte avec l’enfer n’existera plus. Quand la tempête du fléau passera, elle vous bouleversera, chaque fois elle vous bouleversera, à toute heure, et il n’y aura que les châtiments pour vous faire comprendre la leçon. ”

       Malheureux Israël ! Comme ces champs où ne persistent que la vesce aride et l’ivraie amère, et où il n’y a plus de grain, voici ce qu’il en sera d’Israël… Alors la terre qui n’a pas voulu de Dieu ne produira pas de pain pour ses enfants. Ces derniers — qui n’ont pas voulu accueillir Celui qui était fatigué — frappés, devenus sauvages, comme des galériens à la rame, s’en iront, esclaves de ceux qu’ils considéraient avec mépris comme des êtres inférieurs. Vraiment, Dieu battra ce peuple orgueilleux sous le poids de sa justice et l’anéantira sous le brisoir de son jugement…

       Voilà ce que je vois dans ces ruines. Des ruines ! Des ruines ! Au septentrion, au midi, à l’orient et à l’occident, et surtout au centre, dans le cœur, où la ville coupable sera changée en une fosse putride… »

       Des larmes coulent lentement le long du visage pâle de Jésus qui lève son manteau pour se cacher le visage, ne laissant découverts que ses yeux dilatés par sa douloureuse vision.

       Puis il se remet en route, tandis que ses compagnons, glacés d’épouvante, hésitent à parler…

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