Une initative de
Marie de Nazareth

Eloge de Marziam

lundi 23 juillet 29
vers Tarichée

Vision de Maria Valtorta

       444.1 « Où as-tu laissé les barques, Simon, à ton arrivée à Nazareth ? » demande Jésus.

       Ils se dirigent vers le nord-est, en direction du mont Thabor, tournant le dos à la plaine d’Esdrelon.

       « Je les ai renvoyées pour la pêche, Maître. Mais j’ai demandé qu’elles se trouvent à Tarichée tous les trois jours… Je ne savais pas combien de temps j’allais rester avec toi.

       – Très bien. Qui d’entre vous veut aller avertir ma Mère et Marie, femme d’Alphée, de nous rejoindre à Tibériade ? Le rendez-vous est à la maison de Joseph.

       – Maître… nous le souhaiterions tous : il vaut mieux que tu désignes toi-même celui qui s’y rendra.

       – Alors Matthieu, Philippe, André et Jacques, fils de Zébédée. Que les autres viennent avec moi à Tarichée. Vous expliquerez aux femmes le motif du retard, et vous leur demanderez de fermer la maison et de venir. Nous resterons ensemble pendant toute une lune. Allez. Voici la bifurcation, et que la paix soit avec vous. »

       Il embrasse les quatre hommes qui se séparent et reprend la route avec les autres.

       Mais après quelques pas, il s’arrête et remarque que Marziam, la tête penchée, marche un peu en arrière. Quand le jeune homme le rejoint, il lui met la main sous le menton pour le forcer à lever la tête. Deux traces de larmes se voient sur son visage un peu brun.

       « Toi aussi, tu aimerais aller à Nazareth ?

       – Oui, Maître… Mais fais ce que tu veux.

       – Je veux que tu trouves quelque réconfort, mon fils… Va, cours les rattraper. Ma Mère te consolera. »

       Il l’embrasse et le laisse partir. Marziam se met à courir pour rejoindre rapidement les quatre autres.

       444.2 « C’est encore un enfant, observe Pierre.

       – Et il souffre beaucoup… Il me disait hier soir, quand je l’ai trouvé en larmes dans un coin de la maison : “ C’est comme si mon père et ma mère étaient morts hier… La mort de mon vieux grand-père m’a rouvert le cœur ”, confie Jean.

       – Pauvre enfant !… Mais cela a été une bonne chose qu’il soit présent à cette mort… remarque Simon le Zélote.

       – Il s’était tellement bercé de l’idée de pouvoir aider le vieux Jonas !… » dit Pierre. « Porphyrée m’a raconté qu’il faisait des sacrifices de toutes sortes pour mettre de l’argent de côté. Il a travaillé dans les champs, il a fait des fagots pour les fours, il a pêché, il s’est privé de fromage et de miel pour en vendre… Il avait ce clou dans le cœur et il voulait avoir son grand-père avec lui… Hélas !

       – C’est un homme qui tient ses résolutions. Il ne recule pas devant le sacrifice et le travail. Ce sont de bonnes qualités, dit Barthélemy.

       – Oui, c’est un bon fils et ce sera l’un des meilleurs disciples. Voyez avec quelle maîtrise il se gouverne, même dans les moments les plus troublés… Son cœur affligé désirait Marie, mais il n’a pas demandé à y aller. Il a si bien compris ce qu’est la force dans la prière, qu’il surpasse beaucoup d’adultes, dit Jésus.

       – Crois-tu qu’il fasse des sacrifices dans un but fixé d’avance ? demande Thomas.

       – J’en suis certain.

       – C’est vrai » assure Jacques, fils d’Alphée. « Hier, il a donné ses fruits à un vieil homme en lui disant : “ Prie pour le père de mon père que j’ai perdu depuis peu. ” Je lui ai fait cette observation : “ Il est en paix, Marziam. Ne crois-tu pas valide l’absolution de Jésus ? ” Il m’a répondu : “ Je la crois valide, mais, quand j’offre des suffrages, je pense aux âmes pour lesquelles personne ne prie et je dis : s’il n’en est plus besoin pour mon père, que ces sacrifices aillent à ceux à qui personne ne pense. ” J’en ai été édifié !

       – Oui » affirme Pierre. « Hier il est venu à moi et m’a jeté les bras autour du cou — car c’est encore un enfant — et il m’a dit : “ Désormais, tu es vraiment pour moi un père… et je te rends ce que ta bonté m’avait fait économiser. Cet argent ne servira plus à mon vieux grand-père… tandis que Porphyrée et toi, vous faites tant pour moi… ” J’avais du mal à ne pas pleurer ! Je lui ai répondu : “ Non, mon fils. Nous ferons avec cet argent des aumônes pour des gens âgés dans la misère ou pour des orphelins pauvres, et Dieu les emploiera pour accroître la paix du pauvre vieillard. ” Marziam m’a alors fait deux baisers si forts que… voilà… je n’ai pu retenir mes larmes. Et comme il t’est reconnaissant, Barthélemy, d’avoir réglé les dépenses ! Il me confiait : “ Pour moi, l’honneur rendu à mon grand-père n’a pas de prix. Je vais demander à Barthélemy de me prendre pour serviteur. ”

       – Ah ! pauvre enfant ! Pas même pour une heure ! Il sert le Seigneur et il nous édifie tous. J’ai honoré un juste. Cela m’a été possible, car mon nom est connu, et il m’était facile de trouver quelqu’un qui me fasse une avance d’argent. De Bethsaïde, je m’occuperai du remboursement de cette petite dette, insignifiante au fond, répond Barthélemy.

       – Oui, c’est peu d’argent, puisque les habitants de Jezréel se sont montrés généreux ; mais ton amour pour un condisciple n’a rien d’insignifiant, car tout acte d’amour a une grande valeur »,

       dit Jésus avant de poursuivre : 444.3 « Vous êtes en train de vous former à cet amour du prochain, qui est la seconde partie du précepte fondamental de la Loi de Dieu, mais qui, en vérité, était bien tombé en désuétude en Israël. Les nombreuses règles, les minuties qui ont succédé à la Loi du Sinaï, droite et complète dans sa brièveté, ont défiguré la première partie du précepte clé en le réduisant à une foule de rites extérieurs auxquels il manque ce qui leur donne valeur, nerf et vérité : c’est-à-dire qu’il manque aux formes du culte extérieur l’adhésion active de l’intérieur, avec les œuvres qu’elle accomplit, avec les tentations qu’elle repousse.

       Quelle valeur peut avoir aux yeux de Dieu l’exhibition d’un culte quand, à l’intérieur, le cœur n’aime pas Dieu, ne s’anéantit pas dans un respectueux amour pour Dieu, quand il ne le loue pas, et ne l’admire pas en aimant les beautés qu’il a faites, et pour commencer l’homme qui est le chef-d’œuvre de la Création terrestre ?

       Vous voyez où en est arrivée l’erreur en Israël ? D’avoir en un premier temps fait d’un précepte unique deux préceptes et, par la suite, avec la décadence des esprits, d’avoir dissocié nettement le second du premier comme si c’était une branche inutile.

       Or c’était loin d’être une branche inutile, il n’y en avait même pas deux. C’était un tronc unique qui, dès la base, s’était orné des vertus particulières des deux amours. Regardez ce gros figuier qui a poussé au sommet du coteau. Il est né spontanément, et presque dès la racine, c’est-à-dire au sortir du sol, il s’est divisé en deux arbres tellement unis que leurs deux écorces se sont soudées. Mais chaque arbre a produit sa propre frondaison des deux côtés, d’une manière tellement bizarre que l’on a donné le nom de “ Maison du figuier jumeau ” à ce petit village situé sur la colline. Eh bien, si maintenant on voulait séparer les deux troncs — qui en fait n’en sont qu’un —, il faudrait employer la hache ou la scie. Mais que ferait-on ? On ferait mourir l’arbre, ou si l’on était assez adroit pour faire passer la hache ou la scie de façon à ne blesser qu’un seul des deux troncs, on en sauverait un, mais l’autre serait inexorablement condamné à mourir et celui qui resterait, bien qu’encore en vie, serait chétif et probablement s’étiolerait sans plus donner de fruit, ou bien peu.

       La même chose est arrivée en Israël. Ils ont voulu diviser, séparer les deux parties soudées au point de ne faire qu’un. Ils ont voulu retoucher ce qui était parfait — car toute œuvre, toute pensée, toute parole de Dieu est parfaite. En effet, si Dieu sur le Sinaï a donné pour commandement d’aimer le Dieu très saint et son prochain en un unique précepte, il est clair qu’il n’y a pas deux préceptes que l’on puisse pratiquer indépendamment l’un de l’autre, mais qu’ils ne font qu’un.

       Comme je ne me lasse jamais de vous former à cette sublime vertu, la plus grande de toutes, celle qui s’élève avec l’âme au Ciel — car elle est la seule qui y subsiste —, j’insiste sur cette vertu ; c’est l’âme de toute la vie spirituelle, qui perd la vie si elle perd la charité, car alors c’est Dieu qu’elle perd.

       444.4 Comprenez-moi bien. Supposez que deux riches époux viennent un jour frapper à votre porte et demander l’hospitalité pour toute leur vie. Pourriez-vous dire : “ Nous acceptons l’époux, mais nous ne voulons pas de l’épouse ” sans vous entendre répondre par l’époux : “ C’est impossible, car je ne puis me séparer de la chair de ma chair. Si vous ne voulez pas l’accueillir, moi non plus, je ne peux pas m’arrêter chez vous, et je m’en vais avec tous les trésors auxquels je vous aurais fait participer ” ?

       Dieu ne fait qu’un avec l’Amour, qui est vraiment l’esprit de son Esprit, et même plus intimement encore que deux époux qui s’aiment intensément. L’Amour, c’est Dieu lui-même. Ce n’est que l’aspect le plus manifeste de Dieu, celui qui le met davantage en lumière. Entre tous ses attributs, il est l’attribut roi et l’attribut premier, car tous les autres en découlent. Qu’est la Puissance, sinon l’amour en œuvre ? Qu’est la Sagesse, sinon l’amour qui enseigne ? Qu’est la Miséricorde, sinon l’amour qui pardonne ? Qu’est la Justice, sinon l’amour qui gouverne ? Et je pourrais continuer ainsi pour tous les innombrables attributs de Dieu.

       Maintenant, d’après ce que je dis, pouvez-vous penser que celui qui ne possède pas l’amour possède Dieu ? Non. Pouvez-vous penser qu’il puisse accueillir Dieu et pas l’amour ? L’amour est unique, il embrasse le Créateur et les créatures : on ne peut avoir une seule moitié — celle que l’on donne au Créateur —, sans avoir l’autre moitié : celle que l’on donne à son prochain.

       Dieu est dans les créatures. Il y est avec son signe ineffaçable, avec ses droits de Père, d’Epoux, de Roi. L’âme est son trône, le corps est son temple. Par conséquent, celui qui n’aime pas son frère et le méprise, méprise, afflige, méconnaît le Maître de maison de son frère, le Roi, le Père, l’Epoux de son frère. En outre, il est naturel que ce grand Etre qui est Tout et qui est présent dans un frère, dans tous les frères, s'approprie l’offense faite à l’être plus petit, à la partie du Tout, autrement dit à chaque homme en particulier. C’est pour cela que je vous ai enseigné les œuvres corporelles et spirituelles de miséricorde, c’est pour cela que je vous ai appris à ne pas scandaliser vos frères, à ne pas juger, à ne pas mépriser, à ne pas repousser vos frères, qu’ils soient bons ou non, croyants ou païens, amis ou ennemis, riches ou pauvres.

       444.5 Quand sur une couche s’accomplit une conception, c’est toujours par le même acte, qu’il s’agisse d’un lit d’or ou de la litière d’une étable. Et la créature qui grandit dans un sein royal n’est pas différente de celle qui se développe dans le sein d’une mendiante. La conception, la formation d’un nouvel être est la même partout sur la terre, quelle que soit la religion des habitants. Toutes les créatures naissent comme Abel et Caïn sont nés du sein d’Eve.

       Et à cette égalité de conception, formation et manière de naître des enfants d’un homme et d’une femme sur la terre, correspond une autre égalité dans le Ciel : la création d’une âme à infuser dans l’embryon pour qu’il soit celui d’un homme et non d’un animal. L’âme l’accompagnera de sa création à sa mort, et survivra en attendant la résurrection générale pour s’unir alors de nouveau au corps ressuscité et obtenir avec lui sa récompense ou son châtiment, selon les actions accomplies pendant la vie terrestre.

       Car ne vous imaginez pas que l’Amour puisse être injuste. Ne pensez pas que doivent rester éternellement sans récompense tous ceux qui n’auront pas appartenu à Israël ou au Christ, même en pratiquant la vertu dans la religion qu’ils suivent, avec la conviction que c’est la vraie. Après la fin du monde, il ne survivra pas d’autre vertu que l’amour, c’est-à-dire l’union avec le Créateur de toutes les personnes qui auront vécu avec justice. Il n’y aura pas plusieurs cieux : un pour Israël, un pour les chrétiens, un pour les catholiques, un pour les païens. Il n’y aura qu’un seul Ciel, et de même une seule récompense : Dieu, le Créateur qui se réunit à ses créatures qui auront vécu dans la justice ; en raison de la beauté des âmes et des corps des saints, il s’admirera lui-même en eux, avec sa joie de Père et de Dieu. Il y aura un seul Seigneur, pas un Seigneur pour Israël, un pour le catholicisme, un pour chacune des autres religions.

       444.6 Je vous révèle là une grande vérité. Souvenez-vous-en. Transmettez-la à vos successeurs. N’attendez pas toujours que l’Esprit Saint éclaire à nouveau les vérités, après des années ou des siècles d’obscurité. Ecoutez.

       Vous direz peut-être : “ Mais alors quelle justice y a-t-il à appartenir à la religion sainte si, à la fin du monde, nous sommes traités de la même manière que les païens ? ” Je vous réponds : la même justice qu’il y a — et c’est la vraie justice —, pour ceux qui, bien qu’appartenant à la religion sainte, ne seront pas bienheureux parce qu’ils n’auront pas vécu en saints. Un païen vertueux, pour la seule raison qu’il aura pratiqué une vertu authentique, convaincu que sa religion était bonne, obtiendra le Ciel à la fin. Mais quand ? A la fin du monde, quand il ne subsistera que deux des quatre séjours des morts : le Paradis et l’enfer. Car la Justice, à ce moment-là, ne pourra que conserver et donner les deux royaumes éternels à ceux qui auront choisi les bons fruits de l’arbre du libre arbitre, ou voulu les fruits mauvais.

       Mais quelle attente avant qu’un païen vertueux arrive à cette récompense ! Vous n’y pensez pas ? Et cette attente — spécialement à partir du moment où la Rédemption se sera produite avec tous les prodiges consécutifs et où l’Evangile sera annoncé au monde — sera la purification des âmes qui auront vécu en justes dans d’autres religions, mais n’auront pas pu entrer dans la vraie foi bien qu’ils aient connu son existence et aient eu la preuve de sa réalité. Ils resteront dans les limbes pendant des siècles et des siècles, jusqu’à la fin du monde. Pour ceux qui auront cru au vrai Dieu et n’auront pas su être héroïquement saints, ce sera le long purgatoire ; et pour certains, il pourra se terminer à la fin du monde.

       Mais après l’expiation et l’attente, les bons, quelle que soit leur provenance, seront tous à la droite de Dieu ; les mauvais, quelle que soit leur provenance, à la gauche, puis dans l’enfer horrible, alors que le Sauveur entrera avec les bons dans le Royaume éternel.

       444.7 – Seigneur, pardonne-moi si je ne te comprends pas. Ce que tu dis est très obscur… au moins pour moi… Tu dis toujours que tu es le Sauveur et que tu rachèteras ceux qui croient en toi. Alors comment peuvent être sauvés ceux qui ne croient pas, soit parce que, ayant vécu avant toi, ils ne t’ont pas connu, soit parce qu’ils n’ont pas entendu parler de toi — le monde est si grand… — ? demande Barthélemy.

       – Je te l’ai dit : grâce à leur vie de justes, à leurs œuvres bonnes, à leur foi qu’ils croient vraie.

       – Pourtant, ils n’ont pas eu recours au Sauveur…

       – Mais le Sauveur souffrira pour eux aussi. Tu n’imagines pas, Barthélemy, quelle étendue de valeur auront mes mérites d’Homme-Dieu.

       – Mon Seigneur, ils sont toujours inférieurs à ceux de Dieu, à ceux que tu as par conséquent depuis toujours.

       – Ta réponse est à la fois juste et fausse. Les mérites de Dieu sont infinis, dis-tu. Tout est infini en Dieu. Mais Dieu n’a pas de mérites, en ce sens qu’il n’a pas mérité : il a des attributs, des vertus qui lui sont propres. Il est Celui qui est : la Perfection, l’Infini, le Tout-Puissant. Mais pour mériter, il faut accomplir, avec effort, quelque chose qui soit au-dessus de notre nature. Ce n’est pas un mérite de se nourrir, par exemple. Mais manger avec parcimonie peut le devenir, en faisant de vrais sacrifices pour donner aux pauvres ce que nous épargnons. Ce n’est pas un mérite de rester silencieux, mais cela le devient quand on se tait pour ne pas répliquer à une offense, et ainsi de suite.

       Tu comprends maintenant que Dieu n’a pas besoin de se forcer, puisqu’il est parfait, infini. Mais l’Homme-Dieu peut se forcer lui-même en humiliant son infinie nature divine jusqu’aux limites humaines, en triomphant de la nature humaine, qui en lui n’est pas absente ou métaphorique mais réelle, avec tous ses sens et ses sentiments, avec ses possibilités de souffrance et de mort, avec sa volonté libre.

       Personne n’aime la mort, surtout si elle est douloureuse, prématurée et non méritée. Personne ne l’aime, et pourtant tout homme doit mourir. Aussi devrait-on regarder la mort avec le même calme que lorsqu’on voit finir tout ce qui vit. Eh bien, je force mon humanité à aimer la mort. Mieux, j’ai choisi la vie pour pouvoir connaître la mort, pour l’humanité. Car, en qualité d’Homme-Dieu, j’acquiers ces mérites qu’en restant Dieu je ne pouvais acquérir. Et avec eux, qui sont infinis, sous la forme où je les acquiers, en raison de la nature divine unie à l’humaine, en raison des vertus de charité et d’obéissance par lesquelles je me suis mis en condition de les mériter, en raison de la force, de la justice, de la tempérance, de la prudence, de toutes les vertus que j’ai mises dans mon cœur pour qu’il soit bien accueilli de Dieu, mon Père, j’aurai une puissance infinie non seulement comme Dieu, mais comme Homme qui s’immole pour tous, c’est-à-dire qui atteint l’extrême limite de l’amour. C’est du sacrifice que provient le mérite. Plus grand est le sacrifice, plus grand est le mérite. A sacrifice complet, mérite complet. A sacrifice parfait, mérite parfait. Et il peut servir selon la sainte volonté de la victime, à laquelle le Père dit : “ Qu’il en soit comme tu veux ! ” parce qu’elle l’a aimé sans mesure et qu’elle a aimé son prochain sans mesure.

       Voici, c’est moi qui vous l’affirme. Le plus pauvre des hommes peut être le plus riche et faire du bien à une quantité innombrable de frères s’il sait aimer jusqu’au sacrifice. Je vous le dis : même si vous n’avez plus une bouchée de pain, une coupe d’eau, un lambeau de vêtement, vous pouvez toujours faire du bien. Comment ? En priant et en souffrant pour vos frères. Faire du bien à qui ? A tous. De quelle façon ? De mille manières, toutes saintes, car si vous savez aimer, vous saurez comme Dieu agir, enseigner, pardonner, gouverner, et comme l’Homme-Dieu racheter.

       444.8 – Seigneur, donne-nous cette charité ! soupire Jean.

       – Dieu vous la donne, puisqu’il se donne à vous. Mais il vous revient de l’accueillir et de la pratiquer de plus en plus parfaitement. Aucun événement, qu’il soit matériel ou spirituel, ne doit être séparé pour vous de la charité. Que tout soit fait avec charité et pour la charité. Sanctifiez vos actes, vos journées, mettez du sel dans vos oraisons, de la lumière dans vos actes. La lumière, la saveur, la sanctification, c’est la charité. Sans elle, les rites sont sans valeur, les prières vaines et les offrandes fausses. En vérité, je vous dis que le sourire par lequel un pauvre vous salue comme frères a plus de prix qu’un sac de pièces de monnaie qu’on peut jeter à vos pieds, dans le seul but d’être remarqué. Sachez aimer, et Dieu sera toujours avec vous.

       – Enseigne-nous à aimer ainsi, Seigneur.

       – Cela fait deux ans que je vous l’enseigne. Imitez-moi : vous serez dans la charité et la charité sera en vous. Sur vous sera le sceau, le chrême, la couronne qui vous feront reconnaître pour des ministres du Dieu-Charité. Maintenant, reposons-nous à cet endroit ombragé : l’herbe y est haute et épaisse, et les arbres adoucissent la chaleur. Nous reprendrons notre marche dans la soirée… »

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