Une initative de
Marie de Nazareth

Instructions aux apôtres pour les temps futurs

jeudi 15 mars 29
Jérusalem

Vision de Maria Valtorta

       369.1 Sur la route du retour vers la maison de Jeanne, Pierre marche avec le Maître et les deux fils d’Alphée, un peu isolés au milieu des gens qui se pressent sur les routes et séparent l’un de l’autre les nombreux hommes de la petite troupe qui suit Jésus. Pierre demande :

       « Voilà, Seigneur : maintenant que nous pouvons parler entre nous, explique-moi une chose à laquelle je pense depuis hier.

       – Oui, Simon. Dis-moi de quoi il s’agit, et je te répondrai.

       – Depuis hier, je pense à la grande grâce que tu as accordée à Jean, à Antigonée. Elle est immense, tu sais ? Une faveur unique, pour lui seul ! Et pourtant, Syntica aussi en est bien digne… Et enfin, il y a tellement de braves gens qui… mériteraient de te voir… et qui te voient seulement quand tu es à côté d’eux. Nous, par exemple, comme nous aurions été consolés quand tu nous as envoyés par le monde ! Et nous nous sommes parfois trouvés à des moments où un seul mot de toi nous aurait tirés de l’incertitude… Mais tu ne viens jamais à nous… Pourquoi cette différence ?

       – Pour conclure, mon Simon, tu es un peu jaloux ?

       – Oh, non ! Mais… enfin, je voudrais savoir trois choses : pourquoi à Jean d’En-Dor ; si c’est seulement pour lui ; et s’il ne peut pas arriver qu’un jour cela se produise aussi pour nous, pour moi, par exemple, de te voir miraculeusement et d’apprendre de toi comment me conduire.

       – Je vais te répondre : à Jean, parce que c’est un esprit qui a beaucoup de volonté, mais qui, à cause de ses aventures passées, a des faiblesses, plus physiques qu’autre chose, qui pourraient ruiner l’édifice qu’il a construit par sa montée vers Dieu. 369.2 Tu comprends, mon ami ? Quand le passé a été si longtemps sur nous comme une croûte qui a pénétré jusque dans les profondeurs, non seulement il a gravé des marques ineffaçables, mais il laisse en tout homme des tendances indélébiles. Regarde par exemple cette petite maison construite sur la montagne. Les eaux du sol, celles qui descendent de la montagne pendant les pluies, l’ont lentement infiltrée. Maintenant, il y a un chaud soleil, cela va durer des mois. Mais les moisissures qui ont pénétré la chaux resteront toujours comme des taches de lèpre. La maison a été abandonnée parce qu’on l’a déclarée lépreuse. En d’autres temps plus sévères, la maison aurait été totalement démolie, selon la Loi. Pourquoi ce désastre est-il arrivé à cette pauvre demeure ? Parce que ses propriétaires n’ont pas prévu de creuser des petits fossés tout autour pour empêcher les eaux de stagner à la base, et dévier loin du côté adossé à la montagne les eaux qui en descendent. Maintenant, non seulement le bâtiment est en mauvais état, mais il est miné par l’humidité. Si quelqu’un de bien décidé pensait à faire ces travaux et remettait la maison en état, en décapant les murs et en remplaçant les briques pourries par des neuves, elle pourrait encore servir. Néanmoins, elle présenterait toujours des faiblesses telles que, dans un tremblement de terre, elle serait la première à s’écrouler. Jean a été pénétré pendant des années par les poisons malfaisants du monde. Il a mis toute sa volonté à en dégager son âme redevenue vivante, mais dans la base cachée dans la partie inférieure, il est resté des faiblesses… L’esprit est fort, mais la chair est faible, et la chair déchaîne aussi des tempêtes quand ses excitations se joignent aux éléments du monde, capables de secouer le moi. Jean… Quel tourbillonnement des souvenirs d’autrefois a provoqué ce qui est arrivé ! Moi, je viens en aide à sa résistance, à sa purification, à sa victoire sur cette résurgence du passé. J’apporte, comme je le peux, quelque réconfort à sa trop grande souffrance. Jean le mérite, et il est juste d’aider une volonté sainte à l’assaut de laquelle se lance toute la perversité du monde. 369.3 Es-tu convaincu ?

       – Oui, Maître. C’est… à lui seul que tu te manifestes ? »

       Jésus regarde en souriant Pierre, qui l’examine par en dessous et ressemble à un enfant qui observe le visage de son père. Il répond :

       « Pas à lui seul. A d’autres aussi, qui sont au loin pour construire leur sainteté au milieu des difficultés et dans la solitude.

       – Qui est-ce ?

       – Tu n’as pas besoin de le savoir. »

       Jacques, fils d’Alphée, demande :

       « Et nous, par exemple, quand nous serons seuls, et qui sait à quel point tourmentés par le monde ? Tu ne nous aideras pas par ta présence ?

       – Vous aurez le Paraclet et ses lumières.

       – C’est bien… Mais moi… je ne le connais pas… et… je pense que je n’arriverai jamais à le comprendre. Toi, au contraire… Je dirai : “ Oh ! voici le Maître ! ” et je te demanderai quoi faire, avec la certitude que c’est toi…» dit Pierre. Et il achève : « Le Paraclet ! Trop élevé pour le pauvre pêcheur que je suis ! Qui sait comment sa parole est difficile à saisir et comme il est… léger : un souffle qui passe… Qui le remarque ? Moi, j’ai besoin qu’on me secoue, qu’on crie, pour que ma caboche s’éveille et puisse comprendre. Mais toi, si tu m’apparais, je te vois, et alors… Promets-moi, et même promets-nous que tu nous apparaîtras, à nous aussi. Mais comme ça, hein ? En chair et en os, pour qu’on te voie bien et qu’on t’entende bien.

       – Et si je viens pour vous faire des reproches ?

       – Peu importe ! Mais, au moins – n’est-ce pas, vous deux ? – nous saurons ce qu’il faut faire ! »

       Les deux fils d’Alphée sont du même avis.

       « Eh bien ! je vous le promets. Quoique, soyez-en sûr, le Paraclet saura se faire comprendre de vos âmes. Mais je viendrai vous dire : “ Jacques, fais ceci ou cela. Simon-Pierre, ce n’est pas bien d’agir ainsi. Jude, fortifie-toi pour être prêt à ceci ou à cela. ”

       – D’accord ! Maintenant, je suis plus tranquille. Et viens souvent, s’il te plaît ! Car je serai comme un pauvre enfant perdu… qui ne sait que pleurer et… faire n’importe quoi… »

       Pierre en pleurerait presque dès maintenant…

       369.4 Jude demande :

       « Ne pourrais-tu pas le faire pour tous dès maintenant ? Je veux dire : pour ceux qui doutent, pour les coupables, pour les renégats. Peut-être un miracle…

       – Non, mon frère. Le miracle fait beaucoup de bien, le miracle de cette espèce spécialement, quand il est accompli au temps et au lieu voulus à des personnes qui ne sont pas coupables par malice. Accordé à des personnes qui le sont, il accroît leur culpabilité car il augmente leur orgueil. Ils prennent le don de Dieu pour une faiblesse de Dieu qui les supplie, eux les orgueilleux, de lui permettre de les aimer. Ils prennent ce don de Dieu pour le fruit de leurs grands mérites. Ils se disent : “ Dieu s’humilie devant moi, parce que je suis saint. ” C’est alors leur ruine complète. La ruine d’un Marc, fils de Josias, par exemple, et d’autres avec lui… Malheur, malheur à qui prend cette voie satanique. Le don de Dieu se change en lui en poison de Satan. C’est l’épreuve la plus grande et la plus assurée du degré d’élévation et de volonté sainte chez une créature, que d’être gratifiée de dons extraordinaires. Très souvent, cette personne en est enivrée humainement et, de spirituelle, elle devient tout humanité, puis elle descend et devient démoniaque.

       – Dans ce cas, pourquoi Dieu les accorde-t-il ? Il vaudrait mieux ne pas le faire !

       – Simon, fils de Jonas, pour t’apprendre à marcher, ta mère t’a-t-elle toujours tenu dans les langes et dans ses bras ?

       – Non. Elle me mettait par terre et me laissait les jambes libres.

       – Mais tu es tombé ?

       – Oh ! un nombre infini de fois ! D’autant plus que j’étais très… Enfin, tout petit, j’avais la prétention d’agir par moi-même et de tout bien faire.

       – Et maintenant, tu ne tombes plus ?

       – Il ne manquerait plus que ça ! Maintenant, je sais qu’il est dangereux de grimper sur le dossier d’un siège, que prétendre se servir des gouttières pour descendre du toit par le plus court chemin, c’est une erreur, que vouloir voler depuis le figuier jusqu’à l’intérieur de la maison, comme si on était un oiseau, c’est de la folie. Mais quand j’étais petit, je l’ignorais. Et si je ne me suis pas tué, c’est vraiment un mystère. Cependant, j’ai appris tout doucement à bien me servir de mes jambes et aussi de ma tête.

       – Alors Dieu a bien fait de te donner des jambes et une tête, et ta mère de te laisser apprendre à tes dépens ?

       – Bien sûr !

       – C’est ce que Dieu fait avec les âmes. Il leur accorde des dons et, tel une mère, il avertit et enseigne. Mais ensuite chacun doit déterminer par lui-même comment il s’en servira.

       – Et s’il est idiot ?

       – Dieu n’accorde pas de dons aux idiots. Eux, il les aime parce qu’ils sont malheureux, mais il ne leur donne pas ce dont ils ne comprendraient pas l’usage.

       – Mais s’il leur en accordait et qu’ils s’en servaient mal ?

       – Dieu les traiterait d’après ce qu’ils sont : des incapables et donc des irresponsables. Il ne les jugerait pas.

       – Et si quelqu’un, qui était intelligent quand il les a reçus, devient ensuite imbécile ou fou ?

       – Si c’est par maladie, il n’est pas coupable de ne pas employer le don qu’il a eu.

       – Mais… un de nous, par exemple ? Marc, fils de Josias… ou… ou un autre, voilà ? !

       – Ah ! dans ce cas, mieux vaudrait pour lui n’être pas né ! Mais c’est ainsi que se fait la séparation entre les bons et les mauvais… Opération pénible, mais juste.

       369.5 – Mais que dites-vous de beau ? Il n’y a rien pour nous ? demandent les autres apôtres qui, étant donné la largeur de la route, ont pu rejoindre Jésus.

       – Nous parlions de beaucoup de choses. Jésus m’a dit une parabole sur la lèpre des maisons. Je vous la raconterai plus tard, répond Pierre.

       – Quelle superstition, cependant ! » déclare Judas sur un ton doctoral. « Vraiment digne de cette époque-là. Les murs n’attrapent pas la lèpre. Les anciens, ces abrutis, prêtaient aux vêtements et aux murs des propriétés qui appartiennent aux animaux. Ce sont là des contes ridicules et qui nous rendent nous-mêmes ridicules.

       – Tu as tort, Judas. Sous une figure imagée qui s’imposait pour les esprits de ce temps-là, on poursuivait un grand but qui répondait à de saintes prévoyances. Il en est de même de beaucoup d’autres préceptes de l’ancien Israël, des préceptes qui assuraient la santé du peuple. Conserver un peuple en bonne santé est le devoir des législateurs, c’est honorer Dieu et le servir, car le peuple est constitué de créatures de Dieu. Il ne faut donc pas le négliger, alors qu’on ne néglige pas les animaux et les plantes. Les maisons dites lépreuses n’ont pas, il est vrai, la maladie charnelle de la lèpre. Mais elles ont des défauts de construction et de situation qui les rendent malsaines et qui se manifestent par les taches qu’on appelle “ lèpre des murs ”. A la longue, elles deviennent insalubres pour l’homme et, en outre, dangereuses à cause des risques d’écroulement. C’est donc avec raison que la Loi a imposé des prescriptions et ordonne l’abandon et leur réfection ou même leur démolition si, après leur reconstruction, elles reprennent leur mauvais aspect.

       – Mais qu’est-ce que cela fait, un peu d’humidité ? On l’assèche avec des brasiers.

       – Et si le moisi ne se voit pas à l’extérieur, la décrépitude augmente. L’humidité se développe dans les profondeurs et érode les murs et, un beau jour, la maison s’écroule et ensevelit ceux qui s’y trouvent. Judas, Judas ! Il vaut mieux avoir une surveillance exagérée qu’être imprudent !

       – Moi, je ne suis pas une maison !

       – Tu es celle de ton âme. Ne permets pas que le mal s’infiltre dans ta maison et qu’elle s’effrite… Veille à la sauvegarde de ton âme. Veillez tous.

       – Je le ferai, Maître. Mais dis-moi franchement si tu es impressionné par les paroles de ma mère. Cette femme est malade, elle voit des ombres. Je dois la faire soigner. Guéris-la, Maître.

       – Moi, je la réconforterai. Mais toi seul peux la guérir en calmant son inquiétude.

       – Inquiétude sans fondement, tu peux en être sûr, Seigneur !

       – Cela vaut mieux ainsi, Judas. Cela vaut mieux. Mais toi, cherche à la supprimer par une conduite toujours plus juste. Et si cette inquiétude est apparue, il y a sûrement une raison. Effaces-en même le souvenir, et ta mère et moi te bénirons.

       369.6 – Maître, tu crains que je sois d’accord avec Marc, fils de Josias ?

       – Je ne crains rien.

       – Tant mieux ! Car je cherchais justement à le convaincre. Et je crois que c’était mon devoir. Personne ne le fait. J’ai du zèle pour les âmes, moi !

       – Veille à ce que cela ne te fasse pas de mal ! dit Pierre avec bonhomie.

       – Que veux-tu dire ? dit Judas sur un ton agressif.

       – Rien de plus que ceci : pour toucher ce qui brûle, il faut prendre un isolant.

       – Et quoi, dans notre cas ?

       – Quoi ? Une grande sainteté.

       – Et moi, je ne l’ai pas, n’est-ce pas ?

       – Ni toi, ni moi, ni aucun de nous. Donc… nous pourrions nous brûler et en rester marqués.

       – Et alors, qui s’occupera des âmes ?

       – Le Maître, pour l’instant. Après, ce sera nous, quand, selon sa promesse, nous aurons les moyens pour le faire.

       – Mais moi, je veux le faire avant. Il n’est jamais trop tôt pour travailler pour le Seigneur.

       – Je crois que tu as raison. Mais je pense que le premier travail pour le Seigneur, c’est sur nous qu’il faut le faire. Aller prêcher la sainteté aux autres, avant de nous la prêcher à nous-mêmes…

       – Tu es égoïste !

       – Pas du tout.

       – Si.

       – Non. »

       La dispute commence. Jésus s’interpose :

       « Pierre a raison en grande partie. Toi aussi, tu as un peu raison. Car la prédication doit s’appuyer sur des faits. Il faut donc se sanctifier pour pouvoir dire : “ Faites ce que je dis, parce que c’est juste. ” Et cela confirme ce que dit Pierre. D’un autre côté, le travail sur les autres âmes nous sert à former la nôtre, car il nous oblige à nous rendre meilleurs pour ne pas entendre des observations de ceux que nous voulons convertir. Mais nous voici à la maison de Jeanne… Entrons nous réjouir de l’amour d’être parmi des ouvriers du Seigneur et prêcher les temps futurs par les faits. »

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