Une initative de
Marie de Nazareth

Comment aider les repentis

dimanche 6 mai 29
Plaine de Saron

Vision de Maria Valtorta

       411.1 C’est une campagne blonde de moissons que Jésus traverse avec ses disciples. Il fait très chaud, bien que l’on soit aux premières heures de la journée. Les moissonneurs fauchent les sillons bien garnis, en créant des vides dans l’or des blés. Les faux brillent un instant au soleil, disparaissent dans les épis pour réapparaître brièvement de l’autre côté, et les javelles ploient et se couchent comme si elles étaient lasses d’être restées debout pendant des mois sur la terre brûlée par le soleil. Des femmes suivent, liant les gerbes derrière les faucheurs. Dans la campagne, les gens sont partout occupés à ce travail. La récolte a été très bonne, et les moissonneurs s’en réjouissent.

       Lorsque le groupe des apôtres passe sur le chemin et que les travailleurs en sont proches, plusieurs suspendent un instant leur besogne. Ils s’appuient à leur faux, essuient leur sueur et regardent, de même que les femmes qui lient les gerbes. Dans leurs vêtements clairs, la tête couverte d’un linge blanc, elles ressemblent à des fleurs qui émergent de la terre dépouillée des blés, coquelicots, bleuets et marguerites. Les hommes, en tuniques courtes, soit beiges soit jaunâtres, attirent moins le regard. Ils n’ont de clair que le linge lié par une ficelle sur la tête et qui retombe sur le cou et les joues. Dans cette blancheur, les visages bronzés par le soleil paraissent encore plus noirs.

       Quand Jésus se rend compte qu’on l’observe, il passe en saluant :

       « Que la paix et la bénédiction de Dieu soient avec vous. »

       Et les autres répondent :

       « Que la bénédiction de Dieu revienne sur toi », ou bien plus simplement : « Qu’elle soit aussi avec toi. »

       Certains, plus loquaces, intéressent Jésus aux moissons :

       « C’est une bonne année. Regarde ces épis grenus et comme ils sont serrés dans les sillons. On fatigue à les couper, mais c’est le pain !…

       – Soyez-en reconnaissants au Seigneur. Et vous savez que ce n’est pas en paroles, mais en actes, que l’on doit montrer sa reconnaissance. Soyez miséricordieux avec cette récolte en pensant que le Tout-Puissant a été miséricordieux en donnant ses rosées et son soleil à vos champs pour que vous en retiriez beaucoup de grain. Rappelez-vous le précepte du Deutéronome. En récoltant les biens que Dieu vous offre, pensez à ceux qui n’ont rien, et laissez-leur un peu des vôtres. C’est un saint mensonge que celui qui est un acte de charité envers votre prochain et que Dieu voit. Mieux vaut en laisser que de tout ramasser avec avidité. Dieu bénit les personnes généreuses. Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir parce que cela oblige Dieu, qui est juste, à récompenser plus largement celui qui a eu pitié. »

       Jésus passe et répète ses conseils d’amour.

       411.2 La chaleur du soleil se fait plus pesante. Les moissonneurs cessent le travail. Ceux qui habitent dans les environs rentrent chez eux, les autres se mettent à l’ombre des arbres et, là, se reposent, mangent, sommeillent.

       Jésus aussi s’abrite dans un bosquet très touffu à l’intérieur de la campagne et, assis sur l’herbe, après avoir prié et offert la nourriture frugale de pain, de fromage et d’olives, il distribue les parts et mange en parlant avec les disciples. Il y a de l’ombre, de la fraîcheur et un grand silence, le silence des heures ensoleillées de l’été, un silence qui invite à s’assoupir. Et, en effet, la plupart somnolent après le repas.

       Mais pas Jésus. Il se repose, les épaules appuyées à un arbre, tout en s’intéressant à l’activité des insectes sur les fleurs. A un certain moment, il fait signe à Jean, à Judas et à l’un des plus âgés, qu’il appelle Barthélemy, et quand il les a autour de lui, il dit :

       « Admirez donc quel travail ce petit insecte est en train de faire ! Voyez : cela fait un certain temps que je le surveille. Il veut enlever à ce calice si petit le nectar qui en remplit le fond et, comme il ne peut y arriver, regardez : il allonge d’abord l’une de ses petites pattes, puis l’autre, la plonge dans le suc et s’en nourrit. Au bout d’un moment, il l’a vidé. Voyez quelle merveille est la Providence de Dieu ! N’ignorant pas que, sans certains organes, l’insecte, créé pour être une chrysolite volante au-dessus de la verdure des prés, n’aurait pu se nourrir, elle a muni ses pattes de ces poils minuscules. Vous les distinguez ? Toi, Barthélemy ? Non ? Regarde. Je vais le prendre et te le montrer à contre-jour. »

       Délicatement, il prend le scarabée qui semble d’or brun, et le renverse sur sa main. Le scarabée fait le mort et tous les trois examinent ses petites pattes. Puis il les bouge pour s’enfuir. Naturellement, il n’y arrive pas, mais Jésus l’aide et le remet à l’endroit. La bestiole avance sur la paume et va jusqu’au bout des doigts, se penche, ouvre ses ailes, mais elle est méfiante.

       « Elle ne sait pas que je ne veux que le bien de tout être. Elle n’a que son petit instinct, parfait si on le compare à sa nature, suffisant pour tout ce dont elle a besoin, mais bien inférieur à la pensée humaine. C’est pourquoi l’insecte n’est pas responsable s’il fait de mauvaises actions, au contraire de l’homme. L’homme possède en lui-même une lumière de l’intelligence supérieure et cela d’autant plus qu’il sera mieux instruit des choses de Dieu. Il sera donc responsable de ses actes.

       411.3 – Dans ce cas, Maître, dit Barthélemy, nous que tu instruis, nous avons une grande responsabilité ?

       – Bien sûr. Et à l’avenir, elle le sera encore davantage, quand le Sacrifice sera accompli et que la Rédemption sera venue, et avec elle la grâce qui est force et lumière. Et après elle, viendra Celui qui affermira votre volonté. Celui, ensuite, qui ne voudra pas, sera très responsable.

       – Alors, bien peu se sauveront !

       – Pourquoi, Barthélemy ?

       – Parce que l’homme est si faible !

       – Mais s’il combat sa faiblesse par sa confiance en moi, il devient fort. Croyez-vous que je ne comprends pas vos luttes et que je ne compatis pas à vos faiblesses ? Vous voyez ? Satan est comme cette araignée qui est en train de tendre son piège, de cette petite branche à cette tige. Il est si fin et si traître ! Regardez comme resplendit ce fil. On dirait de l’argent d’un filigrane impalpable. Il sera invisible pendant la nuit, mais demain, dès l’aube, il sera couvert de joyaux splendides, et les mouches imprudentes, qui tournent de nuit à la recherche de nourritures plus ou moins propres, tomberont dedans, tout comme les légers papillons attirés par ce qui brille… »

       Les autres apôtres se sont approchés, et écoutent cet enseignement tiré du règne végétal et du règne animal.

       « …Eh bien, mon amour fait, à l’égard de Satan, ce que fait maintenant ma main : il détruit la toile. Regardez comment l’araignée fuit et se cache. Elle a peur du plus fort. Satan aussi en a peur. Or le plus fort, c’est l’Amour.

       411.4 – Ne vaudrait-il pas mieux détruire l’araignée ? dit Pierre, dont les conclusions sont très pratiques.

       – Si, mais cette araignée fait son devoir. Il est vrai qu’elle tue les pauvres petits papillons si beaux, mais elle extermine aussi un grand nombre de mouches sales qui transportent des germes d’infection et de contamination des malades aux personnes en bonne santé, des morts aux vivants.

       – Mais dans notre cas, que fait l’araignée ?

       – Que fait-elle, Simon ? (il est lui aussi âgé, et c’est lui qui se plaignait de ses rhumatismes). Elle agit comme la bonne volonté en vous. Elle détruit les tiédeurs, les apathies, les vaines présomptions. Elle vous oblige à rester vigilants. Qu’est-ce qui vous rend dignes de récompense ? La lutte et la victoire. Pouvez-vous vaincre sans combattre ? La présence de Satan oblige à une vigilance continuelle. L’Amour, ensuite, qui vous aime, fait que cette présence n’est pas forcément nocive. Si vous restez auprès de l’Amour, Satan aura beau vous tenter, il devient incapable de vraiment vous nuire.

       – Toujours ?

       – Toujours, dans les grandes et les petites occasions. Prenons comme exemple une petite ruse : il te recommande inutilement de prendre soin de ta santé. C’est un conseil subtil pour chercher à t’enlever à moi. L’Amour te tient étroitement, Simon, et tes douleurs perdent leur importance même à tes yeux.

       – Oh ! Seigneur, tu sais cela ?

       – Oui. Mais ne t’en accable pas. Allons, allons ! L’Amour te donnera tant de courage qu’il est maintenant le premier à sourire de ton humanité qui tremble à cause de ses rhumatismes… »

       Jésus rit de la confusion du disciple, et il le serre contre lui pour le consoler. Même en riant, il est plein de dignité. Les autres rient eux aussi.

       411.5 « Qui vient aider cette pauvre femme ? dit Jésus en montrant une petite vieille qui, bravant la canicule, glane dans les sillons fauchés.

       – Moi, dit Jean, et avec lui Thomas et Jacques.

       Mais Pierre tire Jean par la manche et l’entraîne un peu de côté :

       « Demande au Maître ce qui le rend tellement heureux. Je lui ai posé la question, mais il m’a seulement répondu : “ Mon bonheur est de voir une âme rechercher la lumière. ” Mais si c’est toi qui l’interroges… à toi, il dit tout. »

       Jean est pris entre la retenue et le désir de savoir et de satisfaire Pierre. Il rejoint lentement Jésus, qui est déjà dans le champ en train de glaner. A la vue de tous ces jeunes, la petite vieille fait un geste de désolation et se fatigue à s’activer.

       « Femme ! Femme ! » crie Jésus. « Je glane pour toi. Ne reste pas au soleil, mère. Nous allons te donner un coup de main. »

       Interdite par tant de bonté, elle le regarde fixement, puis obéit. Mince silhouette, courbée et un peu tremblante, elle se dirige le long du filet d’ombre du talus qui limite le champ. Jésus marche rapidement en ramassant des épis. Jean le suit de près, Thomas et Jacques sont plus loin.

       « Maître, dit Jean, haletant, comment trouves-tu tant d’épis ? Moi, j’en trouve si peu dans le sillon voisin ! »

       Jésus sourit sans rien dire. Je ne pourrais le jurer, mais il me semble que les épis fauchés et non récoltés se lèvent là où les yeux divins se posent. Jésus ramasse et sourit. Il a une vraie gerbe d’épis dans les bras.

       « Tiens, Jean, prends la mienne. Ainsi, tu en as une quantité toi aussi, et la petite mère va être heureuse.

       – Mais, Maître… Tu fais un miracle ? Il n’est pas possible que tu en trouves tant !

       – Chut ! C’est pour la petite mère… en pensant à la mienne et à la tienne. Regarde cette vieille femme ! Le bon Dieu, qui rassasie l’oiseau à peine né, veut remplir le minuscule grenier de cette pauvre grand-mère. Cela lui fera du pain pour les mois qui lui restent encore. Elle ne verra pas la prochaine moisson. Mais je ne veux pas qu’elle ait faim pendant son dernier hiver. Maintenant, tu vas entendre ses exclamations. Prépare-toi, Jean, à en avoir les oreilles rebattues, comme moi, je m’apprête à être baigné de larmes et de baisers…

       – Que tu es gai, Jésus, depuis quelques jours ! Pourquoi ?

       – C’est toi qui veux le savoir ou quelqu’un qui t’envoie ? »

       Jean, déjà rouge sous l’effort, devient cramoisi.

       Jésus comprend :

       « Dis à celui qui t’envoie qu’un de mes frères est malade et attend sa guérison. Sa volonté de guérir me remplit de joie.

       – Qui est-ce, Maître ?

       – Un de tes frères. Quelqu’un que Jésus aime. Un pécheur.

       – Alors, ce n’est pas l’un de nous.

       – Jean, crois-tu que parmi vous il n’y a pas de péché ? Crois-tu que vous seuls me donnez de la joie ?

       – Non, Maître. Je sais que nous aussi, nous sommes pécheurs, et que tu veux sauver tous les hommes.

       – Et alors ? Je t’ai dit : “ Ne cherche pas à savoir ” quand il s’agissait de découvrir le mal. Je te le répète maintenant qu’il s’agit d’une aurore de bien… 411.6 Paix à toi, mère ! Voici nos épis. Mes compagnons vont apporter les leurs.

       – Que Dieu te bénisse, mon fils. Comment donc en as-tu trouvé autant ? Il est vrai que je n’y vois guère, mais ce sont deux gerbes bien grosses… »

       La vieille les palpe, de sa main tremblante, elle les caresse, elle veut les soulever… Mais elle ne le peut.

       «  Nous allons t’aider. Où est ta maison ?

       – C’est celle-là. »

       Elle montre une petite habitation au-delà des champs.

       « Tu es seule, n’est-ce pas ?

       – Oui. Comment le sais-tu ? Et toi, qui es-tu ?

       – Je suis un homme qui a une mère.

       – Et lui, c’est ton frère ?

       – C’est mon ami. »

       Par derrière Jésus, l’ami fait de grands signes à la femme, mais elle a les pupilles voilées et elle ne les voit pas ; elle est d’ailleurs trop occupée à regarder Jésus… Son cœur de vieille mère est tout ému.

       «  Tu es en nage, mon fils. Viens ici, à l’abri de cet arbre. Assieds-toi. Regarde comme tu transpires ! Essuie-toi avec mon voile. Il est usé, mais propre. Prends, prends, mon fils.

       – Merci, mère.

       – Tu es si bon ! Bénie soit ta mère. Indique-moi ton nom et le sien, ainsi je les dirai à Dieu pour qu’il vous bénisse.

       – Marie et Jésus.

       – Marie et Jésus… Marie et Jésus… Attends… Un jour, j’ai beaucoup pleuré… Le fils de mon fils a été tué en défendant son bébé et cela a fait mourir mon garçon de chagrin… On racontait que cet innocent fut massacré parce qu’on recherchait un certain Jésus… Maintenant, je suis au seuil de la mort, et voilà que ce nom revient…

       – A cette époque, tu as pleuré à cause de ce nom, mère. Que maintenant il te donne la bénédiction…

       – C’est toi, ce Jésus !… Révèle-le à une femme qui va mourir et qui a vécu sans maudire, parce qu’on lui appris que sa douleur servait à sauver le Messie pour Israël. »

       Jean redouble ses gestes. Jésus garde le silence.

       « Ah ! dis-le-moi. Est-ce toi qui me bénirais à la fin de ma vie ? Au nom de Dieu, parle.

       – C’est moi.

       – Ah ! »

       La petite vieille se prosterne jusqu’à terre.

       « Mon Sauveur ! J’ai vécu dans cette attente et je n’espérais pas te rencontrer. Est-ce que je verrai ton triomphe ?

       – Non, mère. Comme Moïse, tu mourras sans connaître ce jour. Mais je te donne à l’avance la paix de Dieu. Je suis la Paix, je suis la Route, je suis la Vie. Toi qui es mère et grand-mère de justes, tu me verras dans un autre triomphe qui sera éternel, et c’est moi qui t’ouvrirai les portes, à toi, à ton fils, à ton petit-fils et à son bébé. Cet enfant qui est mort pour moi est sacré pour le Seigneur ! Ne pleure pas, mère…

       – Et moi, je t’ai touché ! Et toi, tu as glané pour moi les épis ! Oh ! Comment ai-je mérité cet honneur ? !

       – Grâce à ta sainte résignation. 411.7 Mère, allons chez toi. Et que ce grain te donne du pain pour l’âme plus que pour le corps. Je suis le vrai Pain descendu du Ciel pour rassasier la faim de tous les cœurs. Quant à vous (Thomas et Jacques les ont rejoints avec leurs javelles), prenez ces gerbes. Et allons-y. »

       Ils partent tous les trois avec leur chargement d’épis. Jésus les suit avec la petite grand-mère qui pleure et murmure des prières. Ils arrivent à la maisonnette : elle consiste en deux petites pièces, un four minuscule, un figuier, un peu de vigne. Propreté et pauvreté règnent.

       «  C’est ton asile ?

       – Oui. Bénis-le, Seigneur !

       – Appelle-moi : mon fils. Et prie pour que ma Mère trouve quelque réconfort dans sa douleur, toi qui sais ce qu’est la souffrance d’une maman. Adieu. Je te bénis au nom du Dieu vrai. »

       Et Jésus lève la main et bénit la petite demeure ; puis il se penche, embrasse la petite vieille, la serre contre son cœur et dépose un baiser sur sa tête couverte de quelques cheveux blancs. Elle pleure et effleure de ses lèvres les mains de Jésus, le vénère, l’aime… La douleur me submerge. Pourquoi est-ce que je pense à ma mère, qui a eu peur de toi, Jésus, quand elle t’a vu… ? Pourquoi avoir peur de toi, Jésus ?

       411.8 Jésus dit :

       […]

       L’autre “ pourquoi ” que tu as dans le cœur, est le suivant : tu te demandes toujours si je savais que Judas ne se serait pas sauvé malgré son effort vers le salut.

       Je le savais, oui.

       Dans ce cas, pourquoi étais-je heureux ?

       Parce que ce seul désir présent, tel une fleur dans la lande du cœur de Judas, permettait à mon Père de voir avec bienveillance mon disciple que j’aimais et que je n’aurais pas pu sauver. Le regard de Dieu sur un cœur ! Que pourrais-je vouloir, sinon que le Père vous regarde tous et avec amour ?

       Et je devais être heureux pour donner à ce malheureux jusqu’à ce moyen de se relever : l’aiguillon de ma joie de le voir revenir à moi.

       Un jour, après ma mort, Jean a su cette vérité et il l’a partagée avec Pierre, Jacques, André et les autres : j’en avais en effet donné l’ordre à mon disciple préféré, à qui aucun secret de mon cœur n’est resté inconnu. Il l’a sue et partagée pour que tous aient une règle de conduite pour la direction des disciples et des fidèles.

       Lorsque, après une chute, une âme vient trouver un ministre de Dieu et avoue sa faute envers un ami, un enfant, son époux ou son frère, en disant : “ Garde-moi avec toi, je ne veux plus pécher pour ne pas faire de la peine à Dieu ni à toi ”, on ne doit pas, à cette âme désireuse de nous rendre heureux, lui refuser — entre autres joies —, la satisfaction de lui faire voir notre bohneur. Le soin des cœurs demande un tact infini. Moi qui suis la Sagesse, j’en ai fait preuve, bien que je sache que, dans le cas de Judas, c’était inutile, pour enseigner à tous l’art de racheter, d’aider celui qui se repent.

       Et maintenant, je te dis, comme à Simon le Cananéen : “ Courage ! ”, et je te serre contre moi, pour te faire sentir qu’il y a quelqu’un qui t’aime.

       De ces mains descendent les punitions, mais aussi les caresses, et de mes lèvres, des paroles sévères, mais aussi, plus nombreuses et dites avec plus de joie, des félicitations.

       Va en paix, Maria. Tu n’as pas peiné ton Jésus : que cela soit ton réconfort. »

Observation

Quand Jésus donnait la Péa à une pauvre vieille

Durant les moissons de sa troisième année de vie publique, Jésus, aidé par Jean, Jacques et Thomas glane au profit d’une pauvre vieille qui, « à la vue de tous ces jeunes, fait un geste de désolation ». Jésus la rassure et s’active.

« “Maître” dit Jean haletant “comment trouves-tu tant d'épis ? Moi, dans le sillon voisin, j'en trouve si peu.  Jésus sourit sans rien dire. Je ne pourrais le jurer, mais il me semble que les épis fauchés et non récoltés se lèvent là où les yeux divins se posent. Jésus ramasse et sourit. Il a une vraie gerbe d'épis dans les bras. “Tiens, Jean, prends la mienne. Ainsi tu en as une quantité toi aussi, et la petite mère va être heureuse.” “Mais, Maître… Tu fais un miracle ? Il n'est pas possible que tu en trouves tant !” “Chut ! C'est pour la petite mère… » (MV 411.5).

Leon Augustin Lhermitte - Les Glaneurs 1887

Ce miracle n’est pas évoqué dans les évangiles, mais s’inscrit parfaitement dans la tradition juive : le Talmud (Traité sur la Péa) ordonne en effet de laisser aux pauvres une part de chaque récolte, et de leur réserver au moins 1/60e des champs non moissonné. La Péa appartenait au premier pauvre qui en prenait possession, et lorsque plusieurs pauvres venaient glaner un champ, la règle fixait que chacun pouvait prendre sa part à sa guise.

On comprend ainsi pourquoi la petite vieille s’est d’abord désolée en voyant arriver Jésus et ses compagnons...

Que vous propose Jésus aujourd’hui ?
Pour le savoir inscrivez vous à la Newsletter Jésus Aujourd’hui