Une initative de
Marie de Nazareth

Pensées de gloire et de martyre

jeudi 7 juin 29
Césarée

Vision de Maria Valtorta

       424.1 Du sommet des dernières hauteurs, que l’on ne peut appeler des collines tant leur altitude est faible, une large étendue de la côte de la Méditerranée apparaît, limitée au nord par le promontoire du Mont Carmel, dégagée au sud jusqu’aux distances extrêmes que peut atteindre la vue humaine. C’est une côte paisible, presque droite, dont l’arrière-pays est une plaine fertile à peine rompue par de très légères ondulations. On voit les villes maritimes, dont les maisons blanches sont prises entre la verdure de l’intérieur et le bleu éclatant d’une mer tranquille, sereine, qui reflète le pur azur du ciel.

       Césarée est située un peu au nord de l’endroit où se trouvent les apôtres avec Jésus et certains disciples rencontrés peut-être dans les villages traversés le soir ou à l’aube — car, on n’en est encore qu’aux premières heures du jour, l’aube et même l’aurore sont maintenant passées —. Qu’ils sont beaux, ces matins d’été où, après le rose de l’aurore, le ciel bleuit, où la fraîcheur emplit l’air limpide et les campagnes, où aucune voile n’apparaît sur la mer, ces heures virginales du jour où s’ouvrent les fleurs nouvelles, où la rosée s’évaporant aux premiers rayons du soleil exhale les senteurs des herbes, en confiant fraîcheur et parfum à la respiration légère de la brise matinale, qui remue légèrement les feuilles sur les tiges et ride à peine la surface plane de la mer !

       La ville s’étend le long de la rive, belle comme tout endroit où se manifeste la civilisation raffinée des romains. Des thermes et des palais de marbre étalent leur blancheur comme des blocs de neige congelée dans les quartiers les plus proches de la mer, gardés par une haute tour, blanche elle aussi et de forme carrée, près du port. Peut-être s’agit-il d’un camp ou d’un observatoire. Puis, voici les maisons plus modestes de la périphérie, de style hébraïque, et partout la verdure des tonnelles, des jardins suspendus élevés plus ou moins fastueusement sur les terrasses au-dessus des maisons, et les arbres qui se dressent partout.

       Les apôtres, qui font halte à l’ombre de platanes plantés presque sur la crête des collines, sont dans l’admiration.

       « On respire mieux à la vue de cette immensité ! s’exclame Philippe.

       – Et il me semble déjà sentir toute la fraîcheur de ces belles eaux bleues, dit Pierre.

       – C’est bien vrai ! Après tant de poussière, de cailloux, de ronces… regarde cette limpidité ! Cette fraîcheur ! Cette paix ! La mer donne toujours la paix…, souligne Jacques, fils d’Alphée.

       – Crois-tu ! Excepté lorsque… lorsqu’elle vous gifle et qu’elle vous fait tourner, vous et le bateau, comme des toupies dans la main des marins…, lui répond Matthieu qui se souvient probablement de son mal de mer.

       424.2 – Maître… je pense… je pense à ce que chantaient nos psalmistes, au livre de Job, aux paroles des livres sapientiaux, où est célébrée la puissance de Dieu. Et, je ne sais pourquoi, cette vue fait naître en moi la pensée que nous serons ainsi élevés à une beauté parfaite sur une pureté azurée et lumineuse, si nous sommes justes jusqu’à la fin, dans le grand rassemblement, lors de ton triomphe éternel, celui que tu nous décris et qui sera la fin du Mal… Et il me semble voir cette immensité céleste peuplée des corps lumineux des ressuscités et toi, plus resplendissant que mille soleils, au milieu des bienheureux, où il n’y aura plus ni souffrances, ni larmes, ni insultes, ni dénigrements comme ceux d’hier soir… mais la paix, et encore la paix… Mais quand le Mal aura-t-il fini de nuire ? Peut-être émoussera-t-il ses flèches contre ton sacrifice ? Est-ce qu’il sera convaincu de sa défaite ? dit Jean, d’abord souriant, puis angoissé.

       – Jamais. Il croira toujours triompher malgré les démentis que les justes lui apporteront. Et mon sacrifice n’émoussera pas ses flèches. Mais l’heure finale viendra où le Mal sera vaincu et, dans une beauté plus infinie que celle que ton esprit entrevoyait, les élus formeront l’unique Peuple, éternel, saint, le vrai Peuple du vrai Dieu.

       – Et nous en ferons tous partie ? demandent les apôtres.

       – Oui.

       – Et nous ? demande le groupe, déjà nombreux, des disciples.

       – Vous aussi, vous y serez tous.

       – Tous ceux qui sont présents ou bien tous les disciples ? Nous sommes nombreux désormais, malgré ceux qui se sont séparés.

       – Et vous le serez de plus en plus. Mais tous ne resteront pas fidèles jusqu’à la fin. Néanmoins, beaucoup seront avec moi au Paradis. Certains obtiendront leur récompense après avoir expié, d’autres aussitôt après leur mort, mais la récompense sera telle que, tout comme le souvenir de la terre et de ses souffrances s’effacera, vous oublierez le purgatoire avec ses nostalgies pénitentielles d’amour.

       424.3 – Maître, tu nous as dit que nous subirons des persécutions et des martyres. Nous pourrions être pris et tués sans avoir le temps de nous repentir, ou bien, par faiblesse, ne pas nous résigner à une mort sanglante… Et dans ce cas ? demande Nicolaï d’Antioche, qui est parmi les disciples.

       – Ne crois pas cela. A cause de votre faiblesse d’hommes, vous ne pourriez en effet subir le martyre avec résignation. Mais aux grands esprits qui doivent rendre témoignage au Seigneur, le Seigneur accorde une aide surnaturelle…

       – Quelle aide ? L’insensibilité, peut-être ?

       – Non, Nicolaï. L’amour parfait. Ils arriveront à un amour si total que les tourments de la torture, ceux des accusations, de la séparation des parents, de la vie, de tout, cesseront d’être chose déprimante, mais, au contraire, tout se changera en tremplin pour s’élever vers le Ciel, pour l’accueillir, le voir et par conséquent tendre leurs bras et leur cœur aux tortures, pour aller là où déjà sera leur cœur : au Ciel.

       – A quelqu’un qui meurt ainsi, il sera beaucoup pardonné, dit un disciple âgé dont je ne connais pas le nom.

       – Ce n’est pas beaucoup, Papias, mais tout qui lui sera pardonné, car l’amour est absolution, le sacrifice est absolution, et la confession héroïque de la foi est absolution. Tu vois par conséquent que les martyrs auront une triple purification.

       – Oh ! alors… Moi, j’ai beaucoup péché, Maître, et j’ai suivi ces hommes pour trouver le pardon. Hier, tu me l’as offert et, pour ce motif, tu as été insulté par des gens qui ne pardonnent pas et sont coupables. Je crois que ton pardon est valide mais, à cause de mes longues années de fautes, accorde-moi le martyre qui absout.

       – Tu me demandes beaucoup, homme !

       – Jamais autant que ce que je dois donner pour obtenir la béatitude que Jean, fils de Zébédée, a décrite et que tu as confirmée. Je t’en supplie, Seigneur, fais que je meure pour toi, pour ta doctrine…

       – Tu me demandes beaucoup, homme ! La vie de l’homme est dans les mains de mon Père…

       – Mais toute prière de toi est accueillie, comme est accueilli tout jugement qui vient de toi. Demande à l’Eternel ce pardon pour moi… »

       L’homme est agenouillé aux pieds de Jésus, qui le regarde dans les yeux et lui dit :

       « Ne te semble-t-il pas que c’est un martyre de vivre lorsque le monde a perdu tout attrait et que le cœur aspire au Ciel, et cela pour enseigner aux autres l’amour et connaître les déceptions du Maître, mais persévérer sans lassitude pour gagner des âmes au Maître ? Fais toujours la volonté de Dieu, même si la tienne te paraît plus héroïque, et tu seras saint…

       424.4 Mais voici nos compagnons qui viennent avec les provisions. Mettons-nous en route pour arriver à la ville avant les heures torrides. »

       Et il prend la tête pour descendre par la pente douce, qui atteint vite la plaine, coupée par le blanc ruban de la route qui mène à Césarée Maritime.

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