Une initative de
Marie de Nazareth

La lettre et l’esprit de la Loi

samedi 9 juin 29
plaine d'Esdrelon

Vision de Maria Valtorta

       430.1 Je vois Jésus, vêtu de blanc, son manteau bleu foncé rejeté sur les épaules, marcher sur un petit chemin boisé. D’un côté comme de l’autre s’élèvent des arbres et des arbustes ; des layons coupent les verts taillis. Mais ce ne doit pas être un endroit désert et éloigné des habitations, car pas mal de monde le fréquente. On dirait que ce chemin relie deux villages voisins en traversant les propriétés agricoles des habitants. C’est une région de plaines, mais on voit au loin des montagnes. Je ne sais pas quel est cet endroit.

       Jésus, qui parlait avec ses disciples, s’arrête et écoute en regardant tout autour de lui, puis il prend un sentier en forêt et se dirige vers un taillis de buissons et d’arbustes. Il se penche, cherche, trouve : dans l’herbe, il y a un nid. Je me demande si c’est la tempête qui l’a fait tomber, comme le laissent supposer le sol humide et les branches qui gouttent encore comme après un orage, ou bien s’il a été enlevé par quelqu’un, puis laissé sur place pour éviter d’être surpris, la couvée en mains. Je l’ignore. Je vois seulement un petit nid de brins de paille entrelacés, garni de feuilles sèches, de duvet et de laine, dans lequel s’agitent en piaillant cinq petits oiseaux de quelques jours, rouges, sans plumes, laids avec leurs becs grands ouverts et leurs yeux exorbités. En haut, sur un arbre, les parents poussent des cris désespérés.

       Jésus ramasse soigneusement le nid. Il le tient dans le creux de la main et il cherche des yeux le lieu où il se trouvait ou, à défaut, un endroit où le mettre en sécurité. Il découvre un entrelacement de tiges de ronces si bien disposé qu’il semble former un panier, et si bien enfoncé dans le buisson que le nid y sera en sûreté. Jésus confie le nid à Pierre, et il est étonnant de voir cet homme trapu le tenir dans ses mains courtes et calleuses. Sans s’occuper des épines qui lui griffent les bras, il retrousse ses manches longues et larges et travaille à rendre plus creux et plus abrité l’entrelacement des ronces. Cela fait, il reprend le nid, le place au milieu et le fixe avec de longues herbes cylindriques qui ressemblent à des joncs très fins.

       Le nid est en sûreté. Jésus s’écarte et sourit. Puis il se fait donner un morceau de pain par un disciple qui porte un sac en bandoulière, et il en émiette un peu par terre, sur une grosse roche.

       Maintenant, Jésus est content. Il se tourne pour revenir sur la route, tandis que les oiseaux se précipitent avec des piaillements de joie sur le nid maintenant sauvé.

       430.2 Un petit groupe d’hommes est arrêté au bord du chemin. Jésus se trouve face à eux et les regarde. Le sourire disparaît de son visage qui devient très sévère, je dirais même sombre, alors qu’il était tellement plein de pitié quand il ramassait le nid et si heureux quand il l’a vu en place.

       Il s’arrête, sans cesser d’observer ses témoins imprévus. Il semble scruter leur cœur et leurs pensées secrètes. Il ne peut passer outre, parce que le petit groupe lui barre la voie, mais il se tait.

       Pierre, lui, ne reste pas muet.

       « Laissez passer le Maître, dit-il.

       – Tais-toi, Nazaréen » répond un homme du groupe. « Comment ton Maître s’est-il permis d’entrer dans mon bois et d’y accomplir un travail manuel un jour de sabbat ? »

       Jésus le fixe avec une expression étrange. C’est et ce n’est pas un sourire. En tous cas, ce n’est pas un sourire d’approbation. Pierre s’apprête à répliquer, mais Jésus prend la parole :

       « Qui es-tu ?

       – Le maître de ce lieu : Yokhanan ben Zacchaï.

       – Illustre scribe. Et que me reproches-tu ?

       – D’avoir violé le sabbat.

       430.3 – Yokhanan ben Zacchaï, connais-tu le Deutéronome ?

       – C’est à moi que tu demandes cela ? A moi, qui suis un vrai rabbi d’Israël ?

       – Je sais ce que tu veux me dire : que moi, n’étant pas scribe, mais un pauvre Galiléen, je ne puis être “ rabbi ”. Mais je te demande une nouvelle fois : “ Connais-tu le Deutéronome ? ”

       – Mieux que toi, certainement.

       – A la lettre… certainement, si c’est ce que tu veux dire. Mais connais-tu son véritable sens ?

       – Ce qui est écrit, est écrit. Il n’y a qu’un sens.

       – Il n’y a qu’un sens, c’est vrai. Et c’est un sens d’amour, ou de miséricorde si tu ne veux pas l’appeler amour, ou même, si cela te choque de lui donner ce nom, de simple humanité.

       Le Deutéronome dit : “ Si tu vois s’égarer la brebis ou le bœuf de ton frère, même s’il n’est pas près de toi, tu ne passeras pas outre, mais tu le lui reconduiras, ou tu le lui garderas jusqu’à ce qu’il vienne le reprendre. ” Il dit aussi : “ Si tu vois tomber l’âne ou le bœuf de ton frère, ne feins pas de ne pas l’avoir vu, mais aide-le à le relever. ” Il dit encore : “ Si tu trouves par terre ou sur un arbre un nid, avec la mère en train de couver ses petits ou les œufs, tu ne prendras pas la mère (car elle est consacrée à la procréation), mais seulement les petits. ”

       J’ai vu par terre un nid, et une mère qui pleurait sur lui. J’en ai eu pitié, parce que c’était une mère et je lui ai rendu ses petits. Je n’ai pas cru avoir violé le sabbat pour avoir consolé une mère. On ne doit pas laisser s’égarer la brebis d’un frère, et la Loi ne dit pas que ce soit une faute de relever un âne le jour du sabbat. Elle dit seulement qu’il faut faire preuve de miséricorde envers son frère et d’humanité envers l’âne, qui est une créature de Dieu. J’ai pensé que Dieu avait créé cette mère pour qu’elle procrée et qu’elle avait obéi au commandement de Dieu ; donc l’empêcher d’élever ses petits, c’était faire obstacle à son obéissance à un commandement divin.

       Mais cela, tu ne le comprends pas. Toi et les tiens, vous considérez la lettre et non l’esprit. Vous ne pensez pas que vous violez deux et même trois fois le sabbat, en rabaissant la Parole divine à la petitesse de la mentalité humaine, en faisant obstacle à un ordre de Dieu, en manquant de miséricorde envers votre prochain. Pour blesser par un reproche, vous n’estimez pas qu’il est mal de parler sans qu’il en soit besoin. Cela, qui est pourtant un travail et qui n’est ni utile, ni nécessaire, ni bon, ne vous paraît pas violer le sabbat.

       430.4 Yokhanan ben Zacchaï, écoute-moi. Aujourd’hui, tu n’as pas pitié d’une fauvette à tête noire et, au nom de pratiques pharisaïques, tu la ferais mourir de douleur, tout comme ses petits laissés à la portée de l’aspic et de l’homme pervers. Demain, de la même manière, tu n’auras pas pitié d’une mère, et tu la feras mourir de douleur en faisant périr sa descendance, sous prétexte qu’il est bon qu’il en soit ainsi par respect pour ta loi — pour la tienne, pas pour celle de Dieu, pour celle que, toi et tes semblables, vous vous êtes faite pour opprimer les faibles et triompher, vous, les forts. Mais tu vois ? Les faibles trouvent toujours un sauveur, alors que les orgueilleux, ceux qui sont forts selon la loi du monde, seront broyés par le poids même de leur loi pesante.

       Adieu, Yokhanan ben Zacchaï. Souviens-toi de cette heure et veille à ne pas violer un autre sabbat par complaisance envers un crime accompli. »

       Et Jésus jette  un regard foudroyant sur le vieil homme enflammé de colère, en le dévisageant de haut en bas, car le scribe est un petit homme replet et Jésus, en comparaison, est élancé comme un palmier. Il passe à côté de lui, en foulant l’herbe car le scribe ne s’écarte pas.

Enseignement de Jésus

       430.5 Jésus dit :

       « J’ai voulu relever ton esprit par une vision vraie, encore qu’elle ne soit pas offerte à la contemplation dans les Evangiles.

       Voici quel est son enseignement pour toi : j’ai une immense pitié pour les oiseaux sans nid, même si, au lieu de s’appeler fauvettes, ils ont pour nom Marie ou Jean. Et je m’occupe de leur redonner un nid, quand un événement les en a privés.

       Et en voici l’enseignement pour tout le monde : trop de personnes connaissent uniquement les mots de la Loi — bien qu’elles soient nombreuse, alors que toutes devraient les connaître — mais elles ne les vivent pas. Voilà l’erreur.

       Le Deutéronome prescrivait des lois d’humanité, car alors les hommes avaient une spiritualité puérile, ils étaient grossiers, à demi-sauvages. Il fallait les conduire par la main sur les sentiers fleuris de la pitié, du respect, de l’amour envers le frère qui perd un animal, envers l’animal qui tombe, envers l’oiseau qui couve, pour leur enseigner à atteindre une pitié, un respect, un amour plus élevés.

       Mais quand je suis venu, j’ai perfectionné les règles mosaïques et j’ai ouvert des horizons plus vastes. La lettre n’est plus “ tout ”. C’est l’esprit qui est devenu “ tout ”. Au-delà d’un petit acte humain envers un nid et ses occupants, il faut voir la réponse que signifie mon geste : m’incliner, moi, le Fils du Créateur, devant l’œuvre du Créateur. Même cette couvée est son œuvre.

       Ah ! heureux ceux qui en toute chose savent voir Dieu et le servir avec un esprit d’amour respectueux ! Et malheur à ceux qui, semblables au serpent, ne savent pas lever la tête de leur boue et qui, ne pouvant faire monter un chant de louange à Dieu qui se manifeste dans les œuvres de leurs frères, les mordent par excès du poison qui les étouffe. Ils sont trop nombreux à torturer les meilleurs en disant, pour justifier leur perversité, qu’il est bon de le faire par respect pour la loi — pour leur loi, qui n’est pas celle de Dieu. Si Dieu ne peut empêcher leurs œuvres mauvaises, il sait aussi venger ses “ petits ”.

       Que cela aille à qui ce doit être donné.

       Que ma paix soit sur toi et veille sur toi. »

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