Une initative de
Marie de Nazareth

Dialogue entre Jésus et Marie

samedi 7 juillet 29
Nazareth

Vision de Maria Valtorta

       437.1 J’ignore si c’est le soir du même sabbat. Je vois Jésus et Marie, assis sur un banc de pierre contre la maison, près de la porte de la salle à manger d’où provient la légère clarté d’une lampe à huile placée près de la porte. Cette lueur palpite à l’air avec des hauts et des bas comme si elle était animée par un mouvement de respiration. Unique lumière dans la nuit sans lune, elle sort dans le jardin, éclaire une petite bande de terrain devant la porte, puis meurt sur le premier rosier du parterre. Mais cela suffit pour éclairer les deux profils de Jésus et de Marie, unis dans un colloque intime dans la paisible nuit qu’embaument les jasmins et d’autres fleurs d’été.

       Ils parlent de leur parenté… de Joseph, fils d’Alphée, toujours têtu, de Simon, pas très courageux pour professer sa foi, dominé comme il l’est par son frère aîné, qui est autoritaire et obstiné dans ses idées comme l’était leur père. C’est une grande douleur pour Marie, qui voudrait que tous ses neveux soient disciples de son Jésus…

       Jésus la réconforte et, pour excuser son cousin, met en valeur sa forte foi juive :

       « C’est un obstacle, tu sais… Un véritable obstacle. Car toutes les formules et les préceptes gênent l’acceptation de l’idée messianique dans sa vérité. 437.2 Il est plus facile de convertir un païen, pourvu que son âme ne soit pas complètement corrompue. Le païen réfléchit et il voit la grande différence qu’il y a entre son Olympe et mon Royaume. Mais Israël — et surtout ses membres les plus cultivés —, a du mal à suivre la pensée nouvelle !

       – Pourtant, c’est toujours la même pensée !

       – Oui. C’est toujours le Décalogue, ce sont toujours les prophéties. Mais l’homme les a dénaturés et, des sphères surnaturelles où ils se trouvaient, il les a amenés au niveau de la terre, dans le climat du monde ; son humanité a tout manipulé et tout altéré… Le Messie est le Roi spirituel de ce grand Royaume qui s’appelle Royaume d’Israël, parce que le Messie naît de la race d’Israël, mais qu’il est plus juste de nommer Royaume du Christ, parce que le Christ centralise ce qu’il y a et ce qu’il y a eu de meilleur en Israël, et l’élève à sa perfection de Dieu-Homme.

       Le Messie, pour eux, ne peut être un homme doux, pauvre, qui n'aspire ni au pouvoir ni à la richesse, qui obéit à ceux qui nous dominent par suite d’un châtiment divin, car l’obéissance est sainteté quand elle se soumet à la grande Loi. A cause de cela, on peut dire que leur foi travaille contre la vraie foi. 437.3 Ces gens entêtés et convaincus d’être justes sont si nombreux… dans toute classe… et même dans ma parenté et chez les apôtres. Sois sûre, Mère, que leur étroitesse d’esprit quand il s’agit de croire à ma Passion vient de là. C’est l’origine de leur erreur d’appréciation… et aussi de leur répugnance obstinée envers les païens et les idolâtres, car ils devraient regarder non pas l’homme, mais son âme, cette âme qui a une seule origine et à laquelle Dieu voudrait donner un seul destin : le Ciel. Pense à Barthélemy : c’est un bon exemple. Il est très bon, sage, prêt à tout pour me rendre honneur et me réconforter… Mais devant — je ne dis pas une Aglaé ni une Syntica, qui est déjà une fleur en comparaison de la pauvre Aglaé que seule la pénitence fait fleurir hors de la boue —, mais même devant une fillette, une pauvre enfant dont le sort provoque la pitié et dont la pudeur instinctive attire l’admiration, son dégoût pour les païens ne disparaît pas, et même mon exemple ne le convainc pas, ni mon affirmation que c’est pour tous que je suis venu.

       – Tu as raison. Ce sont précisément Barthélemy et Judas qui résistent le plus, eux qui sont les plus instruits. Pour être plus exact, disons de Barthélemy qu’il est érudit, car je ne sais au juste à quelle classe Judas peut se rattacher, mais on peut dire qu’il est imbu, saturé de l’air du Temple. Pourtant… Barthélemy est bon et sa résistance est encore excusable. Judas… non. Tu as entendu ce qu’a dit Matthieu, qui est allé exprès à Tibériade… Or Matthieu connaît la vie, cette vie-là surtout… Et Jacques, fils de Zébédée, a observé avec justesse : “ Mais qui procure tant d’argent à Judas ? ” Car cette vie coûte cher… Pauvre Marie, femme de Simon ! »

       Jésus fait un geste qui signifie : “ C’est ainsi… ”, et il soupire. Puis il dit :

       437.4 « As-tu entendu ? Les Romaines sont à Tibériade… Valéria ne m’a rien fait savoir au sujet d’Auréa. Mais je dois être informé avant de reprendre mon chemin. Je veux t’avoir avec moi à Capharnaüm quelque temps, Maman… Puis tu reviendras ici. Moi, j’irai vers la frontière de la Syro-Phénicie, puis je reviendrai te saluer, avant de descendre en Judée, la brebis obstinée d’Israël…

       – Mon Fils, je partirai demain soir… Je prendrai avec moi Marie, femme d’Alphée. Auréa ira chez Simon, fils d’Alphée, parce qu’on ne se priverait pas de critiques si elle restait ici avec vous plusieurs jours… Le monde est ainsi fait… Et moi je me mettrai en chemin… Je ferai une première étape à Cana, puis j’en partirai à l’aube pour m’arrêter chez la mère de Salomé, femme de Simon. Au crépuscule, je reprendrai la route et nous arriverons à Tibériade pendant qu’il fera encore jour. J’irai chez le disciple Joseph, car je veux me rendre personnellement chez Valéria, et si j’allais chez Jeanne, elle voudrait s’en charger elle-même… Non, moi qui suis la Mère du Sauveur, je serai à ses yeux différente de son amie, disciple du Sauveur… et Valéria ne me dira pas non. Ne crains rien, mon Fils !

       – Je ne crains rien, mais cela me désole que tu te fatigues.

       – Pour sauver une âme, qu’est-ce que parcourir une vingtaine de milles à la belle saison ?

       – Ce sera aussi une fatigue morale. Demander… être humiliée peut-être…

       – C’est peu de chose et cela passe. Mais une âme reste !

       – Tu seras comme une hirondelle égarée dans cette ville corrompue qu’est Tibériade … Prends Simon avec toi.

       – Non, mon Fils, Nous deux seules, deux pauvres femmes… Mais deux mères et deux disciples, et donc deux grandes forces morales… J’aurai vite fait. Laisse-moi y aller… Bénis-moi seulement.

       – Oui, Maman, de tout mon cœur de Fils, et avec toute ma puissance de Dieu. Va, et que les anges t’accompagnent tout au long du chemin.

       – Merci, Jésus. 437.5 Alors, rentrons. Je devrai me lever à l’aube pour préparer ce qu’il faut pour le départ et pour ceux qui restent. Dis la prière, mon Fils… »

       Jésus se lève, Marie en fait autant, et ensemble ils récitent le Notre Père…

       Puis ils rentrent dans la maison et ferment la porte… La lumière disparaît et on n’entend plus aucune voix humaine. Il ne reste que la brise dans les feuillages et le léger clapotis du filet d’eau dans le bassin…

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