Une initative de
Marie de Nazareth

Eloge du lys des vallées, symbole de Marie

lundi 7 mai 29
vers Jérusalem

Vision de Maria Valtorta

       412.1 Le groupe des apôtres a tourné le dos à la plaine, et c’est par des voies accidentées, par monts et par vaux, qu’il se dirige vers Jérusalem. Pour abréger leur chemin, ils ont délaissé les routes principales, pour prendre des raccourcis peu fréquentés, fatigants, mais très rapides.

       En ce moment, ils se trouvent au fond d’une verte vallée où abondent ruisseaux et végétation. Devant la profusion des fleurs parfumées, Jude souligne qu’il est très juste d’appeler le muguet “ lys des vallées ” et d’en louer la beauté fragile et pourtant résistante et si délicatement parfumée.

       « Ce sont des lys à l’envers. Ils sont tournés vers le bas et non vers le haut, observe Thomas.

       – Et qu’ils sont petits ! Nous avons des fleurs plus pimpantes. Je ne sais pourquoi on en a fait un tel éloge… » dit Judas en lançant le pied avec mépris dans une touffe de muguets en fleurs.

       – Non ! Pourquoi fais-tu cela ? Ils sont si gracieux ! » intervient André pour défendre les pauvres plantes. Et il se penche pour ramasser les tiges brisées.

       – On dirait du foin, rien de plus. Plus belle est la fleur de l’agave, si majestueuse, si puissante, digne de fleurir pour Dieu et de magnifier Dieu.

       – Moi, je vois davantage Dieu dans ces minuscules calices… Regarde donc cette grâce ! Ils sont dentelés, parfaitement concaves… Ils semblent être en albâtre, en cire vierge, et travaillés par des mains extrêmement petites, alors que c’est l’Immense qui les a faits ! Ah ! la puissance de Dieu… »

       Cette contemplation des fleurs et cette méditation sur la Perfection créatrice mettent André presque en extase.

       « Tu as l’air d’une femmelette aux nerfs malades ! décoche Judas avec un rire mauvais.

       – Non » dit Thomas. « Je suis orfèvre, donc je m’y entends, moi aussi, et je trouve que ces fleurs sont une perfection. Il est bien plus difficile de les reproduire en métal que de faire une agave. Car, sache-le bien, mon ami, c’est l’infiniment petit qui révèle le talent de l’artiste. Donne-moi une fleur, André… Et toi, dont l’œil bovin n’admire que le grandiose, viens ici et observe. Quel artiste pouvait donc former ces coupes si légères, si parfaites, les orner de ces topazes minuscules là au fond, et les raccorder au pied par cette tige de filigrane ainsi courbée, si aérienne… ? c’est une merveille !

       – Ah ! que de poètes se sont levés parmi nous ! Toi aussi, Thomas…

       – Je ne suis pas un imbécile, ni une femmelette, tu sais, mais un artiste, un artiste sensible et je m’en vante. 412.2 Maître, est-ce que ces fleurs te plaisent ? »

       Thomas interpelle le Maître qui a tout entendu, sans mot dire.

       « Toute la création me plaît, mais ces fleurs sont parmi mes préférées…

       – Pourquoi ? » disent plusieurs.

       En même temps, Judas demande :

       « Même les vipères te plaisent ? »

       Il rit.

       « Même elles. Elles sont utiles…

       – A quoi ? demandent plusieurs.

       – Parce qu’elles mordent. Ha ! Ha ! Ha ! lance Judas avec un rire blessant.

       – Alors, elles devraient te plaire énormément ! » réplique Jude, dont le sous-entendu très explicite arrête net le rire de Judas.

       Ce sont maintenant les autres qui rient de ce coup bien porté. Jésus, lui, ne sourit pas. Au contraire, il est pâle et triste. Il regarde ses apôtres, et spécialement les deux antagonistes qui se toisent, l’un avec colère, l’autre avec sévérité.

       Il s’adresse à tous pour répondre à Judas en particulier.

       « Si Dieu les a faites, c’est qu’elles sont utiles. Il n’y a rien de totalement nuisible dans la création. Seul le mal est nettement et uniquement nuisible, et malheur à ceux qui se laissent mordre par lui. Une de ses conséquences est l’incapacité à distinguer le bien du mal, la déviation de la raison et de la conscience, pervertie vers ce qui n’est pas bon, ainsi que la cécité spirituelle par laquelle, Judas, fils de Simon, on ne voit plus resplendir la puissance de Dieu dans les choses, même les plus petites. Elle est inscrite dans cette fleur par sa beauté, son parfum, sa forme si différente de toute autre fleur, par cette goutte de rosée : suspendue au cil cireux du minuscule pétale, elle tremble, resplendit, et semble être une larme de reconnaissance pour le Créateur qui a tout fait — et bien fait —, de telle sorte que tout soit utile et varié. Mais il est dit que tout était beau pour nos premiers parents, jusqu’au moment où ils contractèrent la cataracte du péché… Et tout leur parlait de Dieu, jusqu’à ce que soit instillé sur les choses, ou plutôt dans leurs yeux, le liquide qui a déformé leur capacité de voir Dieu… Même actuellement, Dieu se révèle d’autant plus que l’esprit règne davantage dans une créature…

       – Salomon a chanté les merveilles de Dieu, et David de même… or leur esprit ne régnait sûrement pas ! Maître, cette fois, je te prends en défaut. »

       Barthélemy sort de ses gonds :

       « Impudent que tu es ! Comment oses-tu dire cela ?

       – Laisse-le parler… Je n’en tiens pas compte. Ce sont des paroles que le vent emporte et dont les herbes et les arbres ne se scandalisent pas. Nous, les seuls qui les entendions, nous savons leur donner le poids qu’elles méritent, n’est-ce pas ? Et nous ne nous en souvenons plus. Les jeunes sont souvent irréfléchis, Barthélemy. Fais preuve de compassion à leur égard… 412.3 Mais l’un de vous m’a demandé pourquoi je préférais le lys des vallées… Voici ce que je réponds : “ En raison de son humilité. ” Tout en lui parle d’humilité… Les endroits qu’il aime… l’attitude de la fleur… Elle me fait penser à ma Mère… Cette fleur… Si petite ! Et pourtant, sentez quelle odeur exhale une seule fleur. Tout autour, l’air en est parfumé… Ma Mère aussi, humble, réservée, inconnue, ne demandait qu’à rester inconnue… Pourtant, son odeur de sainteté fut si forte qu’elle m’a aspiré du Ciel…

       – Tu vois un symbole de ta Mère en cette fleur ?

       – Oui, Thomas.

       – Et tu penses que nos anciens, en louant le muguet, en avaient le pressentiment ? demande Jacques, fils d’Alphée.

       – A cette époque, ils l’ont aussi comparée à d’autres plantes et à d’autres fleurs : à la rose, à l’olivier, et aux plus gentils animaux : aux tourterelles, aux colombes…, intervient Judas, presque avec colère.

       – Chacun disait d’elle ce qu’il voyait de plus beau dans la création. Elle est réellement la Toute-Belle de la création. Mais je l’appellerais Lys de la vallée et Olivier pacifique, si je devais célébrer ses louanges. »

       Jésus se rassérène et s’illumine en pensant à sa Mère, et il s’éloigne pour s’isoler…

       412.4 La marche continue, malgré la chaleur du milieu du jour, car le fond du vallon présente une succession d’arbres qui abritent du soleil.

       Après un moment, Pierre hâte le pas et rejoint le Maître. Il l’appelle doucement :

       « Mon Maître !

       – Mon Pierre !

       – Est-ce que je te dérange si je viens avec toi ?

       – Non, mon ami. Que veux-tu me dire de si urgent qui te pousse à venir près de ton Maître ?

       – Une question… Maître, je suis un homme curieux…

       – Eh bien ? »

       Jésus regarde son apôtre en souriant.

       « J’aime savoir tant de choses…

       – C’est un défaut, mon Pierre.

       – Je sais… mais je crois que, cette fois, ce n’est pas un défaut. Si je voulais savoir des choses qu’il ne faut pas, des friponneries pour pouvoir critiquer celui qui les a faites, alors c’en serait un. Mais tu vois que je ne t’ai pas demandé si Judas était pour quelque chose dans l’appel à Béther, et pourquoi…

       – Mais tu en avais très envie…

       – Oui. C’est vrai. Mais n’est-ce pas un mérite plus grand ?

       – Bien sûr, de même que c’est un grand mérite de se maîtriser soi-même. Cela révèle, en celui qui le fait, une bonne, une sérieuse évolution spirituelle, une intelligence et une assimilation vraiment actives des enseignements du Maître.

       – Oui, hein ? Et tu en es content ?

       – Pierre ! Tu me le demandes ? J’en suis très heureux.

       – Vraiment ? Oh ! mon Maître ! Mais alors ton pauvre Simon est celui qui te réjouit tellement ?

       – Oui. Mais ne le savais-tu pas déjà ?

       – Je n’osais y croire, mais en te voyant si heureux hier, je t’ai fait questionner. Car je pensais que ce pouvait aussi être Judas qui devenait meilleur… bien que je n’en aie pas de preuves… Mais je peux y voir mal. Jean m’a rapporté que tu lui as confié que tu es heureux car quelqu’un devient saint… Puis, il y a un instant, tu me dis être content de moi car je m’améliore. Maintenant je sais. Celui qui te réjouit, celui qui te rend joyeux, c’est moi, le pauvre Simon… 412.5 Pourtant, je voudrais maintenant que mes sacrifices fassent changer Judas. Je ne suis pas jaloux. Je voudrais que tous soient parfaits pour te rendre parfaitement heureux. Est-ce que j’y parviendrai ?

       – Aie confiance, Simon, aie confiance et persévère.

       – Je le ferai ! Oui, je le ferai. Pour toi… et aussi pour lui. Parce que ce n’est sûrement pas réjouissant d’être toujours comme ça. Au fond… il pourrait presque être mon fils… Hum ! Vraiment, je préfère servir de père à Marziam ! Mais… je lui servirai de père en travaillant à lui donner une âme digne de toi.

       – Et de toi, Simon. »

       Et Jésus se penche et dépose un baiser sur ses cheveux.

       Le bonheur de Pierre est à son comble… Après un moment, il demande :

       « Tu ne me dis rien d’autre ? Il n’y a rien d’autre de bon ? Quelque fleur parmi les épines que tu trouves partout ?

       – Si. Un ami de Joseph vient à la Lumière.

       – Vraiment ? Un membre du Sanhédrin ?

       – Oui, mais il ne faut pas en parler. On doit prier, souffrir pour lui. Tu ne me demandes pas qui c’est ? Tu n’es pas curieux ? »

       – Oh que si ! Mais je ne te pose aucune question, en guise de sacrifice pour cet inconnu. »

       – Béni sois-tu, Simon ! Aujourd’hui, tu me rends vraiment heureux. Continue ainsi et je t’aimerai de plus en plus, et Dieu t’aimera de plus en plus. Maintenant, arrêtons-nous pour attendre les autres… »

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