Une initative de
Marie de Nazareth

Marie a choisi la meilleure part

dimanche 25 mars 29
Béthanie
Cathédrale melkite d'Haifa

Dans les évangiles : Lc 10,38-42

Luc 10,38-42

Chemin faisant, Jésus entra dans un village. Une femme nommée Marthe le reçut.Elle avait une sœur appelée Marie qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Quant à Marthe, elle était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider. » Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. »

Vision de Maria Valtorta

       377.1 Je comprends immédiatement que c’est encore le personnage de Marie-Madeleine qui est central, car c’est elle que je vois en premier, portant un simple vêtement de couleur lilas comme la fleur de mauve. Aucun ornement précieux. Ses cheveux, simplement rassemblés en tresses sur la nuque, la font paraître plus jeune qu’à l’époque où elle était un vrai chef-d’œuvre de toilette. Disparus le regard effronté du temps de la “ pécheresse ”, l’air humilié du moment où elle écoutait la parabole de la brebis perdue, et le visage honteux et mouillé de larmes, du soir dans la salle du pharisien… elle a maintenant un regard paisible, redevenu limpide comme celui d’un enfant, sur un sourire plein de paix.

       Marie, appuyée contre un arbre à la limite de la propriété de Béthanie, regarde le chemin. Et attend. Puis elle pousse un cri de joie, se tourne vers la maison et appelle très fort pour qu’on l’entende. Elle crie de sa voix splendide veloutée et passionnée, unique : “ Il arrive !… Marthe, ils avaient raison, le Rabbi est ici ! ” et elle court ouvrir le lourd portail qui grince, sans même laisser aux serviteurs le temps de le faire ; et elle sort sur la route, les bras tendus comme un enfant qui s’élance vers sa maman et, dans un transport de joie affectueuse, elle s’écrie : “ O mon Rabbouni ! ” — je note “ Rabbouni ” parce que je vois que c’est l’orthographe de l’Evangile. Mais chaque fois que j’ai entendu Marie-Madeleine l’appeler, j’ai eu l’impression qu’elle disait “ Rabbomi ”, avec un m et non un n —, et elle se prosterne dans la poussière de la route pour baiser les pieds de Jésus.

       « Paix à toi, Marie. Je viens me reposer sous ton toit.

       – O mon Maître ! » répète Marie en levant son visage avec une expression de respect et d’amour qui exprime quantité de choses… : tout à la fois remerciement, bénédiction, joie, invitation à entrer, et allégresse parce qu’il entre…

       Jésus lui a posé la main sur la tête et il semble encore l’absoudre.

       377.2 Marie se lève et, à côté de Jésus, elle entre dans l’enceinte de la propriété. Pendant ce temps, les serviteurs et Marthe sont accourus, les serviteurs avec des amphores et des coupes, Marthe avec son seul amour. Mais il est si grand !

       Les apôtres, qui ont chaud, boivent les rafraîchissements apportés par les serviteurs. Ils voudraient les offrir tout d’abord à Jésus, mais Marthe les a devancés. Elle a pris une coupe de lait et l’a offerte à Jésus. Elle doit savoir que c’est ce qu’il préfère.

       Quand les disciples se sont désaltérés, Jésus leur dit :

       « Allez prévenir les fidèles. Ce soir, je leur parlerai. »

       A peine sortis du jardin, les apôtres s’égaillent dans diverses directions.

       Jésus marche entre Marthe et Marie.

       « Viens, Maître » dit Marthe. « En attendant Lazare, restaure-toi et prends quelque repos. »

       Pendant qu’ils pénètrent dans une pièce fraîche qui donne sur le portique ombragé, Marie, qui s’était éloignée rapidement, revient avec un broc d’eau, suivie d’un serviteur qui porte un bassin. Mais c’est Marie qui veut laver les pieds de Jésus. Elle délace ses sandales poussiéreuses et les donne à un serviteur pour qu’il les rapporte nettoyées, ainsi que son manteau pour qu’il en secoue la poussière. Puis elle plonge les pieds de Jésus dans l’eau, que des aromates rendent légèrement rosée, les essuie, les embrasse. Ensuite elle change l’eau et en apporte de la propre pour les mains. Pendant qu’elle attend le serviteur avec les sandales, accroupie sur le tapis aux pieds de Jésus, elle les caresse, et avant de lui remettre ses sandales, elle les embrasse encore en disant :

       « Pieds saints qui avez tant marché pour me chercher ! »

       Marthe, dont l’amour est plus pratique, pense à ce qui est humainement utile :

       « Maître, qui viendra en plus de tes disciples ? »

       Jésus répond :

       « Je ne sais pas encore exactement, mais tu peux préparer pour cinq autres, en plus des apôtres. »

       Marthe s’en va.

       377.3 Jésus sort dans le jardin ombragé et frais. Il porte simplement son habit bleu foncé. Son manteau, replié avec soin par Marie, est resté sur un banc de la pièce. Marie sort avec Jésus.

       Ils cheminent par des allées bien entretenues, entre des parterres de fleurs, jusqu’à un vivier qui a l’air d’un miroir tombé dans la verdure. L’eau, très limpide, est à peine remuée çà et là par le frétillement de quelque poisson ou la pluie très fine du jet d’eau qui est au centre. Des sièges sont disposés près de la large vasque, qui ressemble à un petit lac d’où partent des petits canaux d’irrigation. Je crois même que l’un d’eux alimente le vivier et que les autres, plus petits, servent à l’écoulement pour l’irrigation.

       Jésus s’assied sur un siège placé exactement sur le rebord de la vasque. Marie s’assied à ses pieds dans l’herbe verte et bien entretenue. Au début, ils ne parlent pas. Jésus savoure visiblement le silence et le repos dans la fraîcheur du jardin. Marie se délecte à le regarder.

       Jésus joue avec l’eau transparente de la vasque. Il y plonge les doigts, il la peigne en la séparant en petits sillages, puis il laisse la main se plonger tout entière dans sa fraîcheur cristalline.

       « Comme cette eau limpide est belle ! dit-il.

       – Maître, elle te plaît tellement ? dit Marie.

       – Oui, Marie, parce qu’elle est si pure. Regarde : pas une trace de boue. C’est de l’eau, mais elle est si claire qu’il semble qu’il n’y ait rien, comme si elle n’était pas élément mais esprit. Nous pourrions lire sur le fond les paroles qu’échangent les petits poissons…

       – Comme on lit au fond des âmes pures, n’est-ce pas, Maître ? »

       A ces mots, Marie soupire avec un regret caché.

       377.4 Jésus remarque le soupir qu’elle étouffe et il lit le regret que voile un sourire. Il guérit aussitôt la peine de Marie.

       « Où y a-t-il des âmes pures, Marie ? Il est plus facile à une montagne de se déplacer qu’à une créature de savoir se garder des trois impuretés. Trop de tentations s’agitent et fermentent autour d’un adulte. Et il ne peut toujours empêcher qu’elles pénètrent en lui. Seuls les enfants ont l’âme angélique, l’âme préservée par leur innocence des connaissances qui peuvent se changer en fange. C’est pour cela que je les aime tant. Je vois en eux un reflet de la Pureté infinie. Ce sont les seuls qui portent avec eux ce souvenir du Ciel.

       Ma Mère est la femme à l’âme d’enfant. Plus encore, elle est la Femme à l’âme angélique, telle Eve sortie des mains du Père. Imagines-tu, Marie, ce qu’a dû être le premier lys fleuri dans le jardin terrestre ? Ceux qui conduisent à cette eau sont bien beaux, eux aussi. Mais le premier sorti des mains du Créateur ! Etait-ce une fleur ou un diamant ? Etaient-ce des pétales ou des feuilles d’argent très pur ? Eh bien ! ma Mère est plus pure que ce premier lys qui a parfumé les vents. Et son parfum de Vierge inviolée emplit le Ciel et la terre, et c’est derrière elle que marcheront les hommes bons dans les siècles des siècles.

       Le Paradis est lumière, parfum et harmonie. Mais si le Père ne s’y délectait pas dans la contemplation de la Toute-Belle qui fait de la terre un Paradis, si le paradis devait à l’avenir ne pas posséder le Lys vivant au sein duquel se trouvent les trois pistils de feu de la divine Trinité, la lumière du Paradis, son parfum, son harmonie et sa joie seraient amoindris de moitié. La pureté de ma Mère sera le joyau du Paradis.

       Mais le Paradis est sans limites ! Que dirais-tu d’un roi qui n’aurait qu’une seule pierre précieuse dans son trésor ? Même si c’était le bijou par excellence ?

       Quand j’aurai ouvert les portes du Royaume des Cieux… — ne soupire pas, Marie, c’est pour cela que je suis venu — beaucoup d’âmes de justes et de petits enfants entreront, formant une troupe candide derrière la pourpre du Rédempteur. Mais ce sera encore peu pour peupler les Cieux de joyaux et former les citoyens de la Jérusalem éternelle. Et ensuite… lorsque la Doctrine de vérité et de sanctification sera connue des hommes, lorsque ma mort leur aura rendu la grâce, comment les adultes pourraient-ils conquérir les Cieux, si la pauvre vie humaine est une fange continuelle qui rend impur ? Mon Paradis appartiendra-t-il donc aux seuls enfants ? Oh, non ! le Royaume est aussi ouvert aux adultes, mais il leur faut savoir devenir comme des enfants. Comme des tout-petits… Voilà la pureté.

       Tu vois cette eau ? Elle paraît si limpide, mais observe : il suffit qu’avec un jonc j’en remue le fond pour qu’elle se trouble. Des détritus et de la boue affleurent. Son cristal devient jaunâtre et personne n’en boirait plus. Mais si j’enlève le jonc, la paix revient et l’eau reprend peu à peu sa clarté et sa beauté. Le jonc, c’est le péché. Il en est ainsi des âmes. Le repentir, sois-en sûre, est ce qui purifie les âmes… »

       377.5 Marthe survient, tout essoufflée :

       « Tu es encore ici, Marie ? Et moi qui me fais tant de soucis !… L’heure avance. Les invités seront bientôt arrivés, et il y a tant à faire ! Les servantes sont occupées au pain, les serviteurs découpent et font cuire les viandes. Moi, je prépare les nappes, les tables et les boissons. Mais il y a encore les fruits à cueillir et l’eau de menthe et de miel à préparer… »

       Marie écoute d’une oreille les lamentations de sa sœur. Avec un sourire bienheureux, elle continue à regarder Jésus sans bouger de place.

       Marthe réclame l’aide de Jésus :

       « Maître, tu vois comme j’ai chaud. Te paraît-il juste que je sois seule à faire les préparatifs ? Dis-lui, toi, de m’aider ! »

       Marthe est vraiment énervée.

       Jésus la regarde avec un sourire à la fois doux et légèrement ironique, ou plutôt taquin. Marthe s’offense un peu :

       « Je parle sérieusement, Maître. Rends-toi compte comme elle est oisive pendant que je travaille. Et elle reste ici à ne rien faire… »

       Jésus prend un air plus sérieux :

       « Ce n’est pas de l’oisiveté, Marthe : c’est de l’amour. L’oisiveté, c’était avant. Et tu as tant pleuré à cause de cette oisiveté indigne. Tes larmes ont rendu encore plus efficaces mes efforts pour la ramener à moi et la rendre à ton honnête affection. Voudrais-tu lui disputer l’amour qu’elle a pour son Sauveur ? Préférerais-tu donc qu’elle soit loin d’ici pour ne pas te voir travailler, mais aussi loin de moi ? Marthe, Marthe ! Dois-je donc te dire qu’elle (et Jésus met la main sur la tête de Marie), revenue de si loin, t’a surpassée en amour ? Dois-je donc dire qu’elle, qui ne savait pas une seule parole de bien, est maintenant savante dans la science de l’amour ? Laisse-la à sa paix ! Elle a été si malade ! C’est maintenant une convalescente qui revient à la santé en buvant les boissons qui la fortifient. Elle a été tellement tourmentée… Désormais sortie du cauchemar, elle regarde autour d’elle et en elle, elle se voit renouvelée et elle découvre un monde nouveau. Laisse-la dans cette sécurité. C’est avec ce qui est “ renouvelé ” en elle qu’elle doit oublier le passé et conquérir l’éternité… Elle ne sera pas seulement conquise par le travail, mais aussi par l’adoration. Celui qui aura donné un pain à l’apôtre et au prophète obtiendra une récompense, mais celui qui aura oublié même de se nourrir pour m’aimer en obtiendra une double, parce qu’il aura eu l’esprit plus grand que la chair, un esprit qui aura crié plus fort que les besoins humains, même licites. Tu te préoccupes de trop de choses, Marthe. Pour elle, une seule compte. Mais c’est celle qui suffit à son âme et surtout à son Seigneur, qui est aussi le tien. Laisse tomber ce qui est superflu. Imite ta sœur. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera jamais enlevée. Quand toutes les vertus seront dépassées, parce qu’elles ne seront plus nécessaires aux citoyens du Royaume, la seule qui restera sera la charité. Elle seule demeurera toujours, telle une souveraine. Marie l’a choisie, elle l’a prise comme écu et comme bourdon. Ainsi armée, comme sur des ailes d’anges, elle arrivera dans mon Ciel. »

       377.6 Marthe, mortifiée, baisse la tête et s’en va.

       « Ma sœur t’aime beaucoup et se donne du mal pour te faire honneur… dit Marie pour la justifier.

       – Je le sais et elle en sera récompensée. Mais elle a besoin d’être purifiée, comme l’a fait cette eau, de sa façon de penser trop humaine. Regarde comme l’eau est redevenue limpide pendant que nous parlions. Marthe se purifiera grâce aux paroles que je lui ai dites. Toi… toi, par la sincérité de ton repentir…

       – Non, par ton pardon, Maître. Mon repentir ne suffisait pas pour laver mon grand péché…

       – Il suffisait et il suffira pour toutes tes sœurs qui t’imiteront. Pour tous les pauvres malades spirituellement. Le repentir sincère est un filtre qui purifie ; l’amour ensuite est la substance qui préserve de toute nouvelle souillure. Voilà la raison pour laquelle ceux que la vie a rendus adultes et pécheurs pourront redevenir innocents comme des enfants et entrer comme eux dans mon Royaume. Rentrons maintenant à la maison. Que Marthe ne reste pas trop dans sa douleur. Apportons-lui notre sourire d’Ami et de sœur. »

       377.7 Jésus dit :

       « Il n’est pas besoin de commentaire. La parabole de l’eau en est un pour l’action du repentir dans les cœurs.

       Tu as ainsi le cycle complet de Marie-Madeleine. De la mort à la Vie. C’est la plus grande ressuscitée de mon Evangile. Elle est ressuscitée de sept morts. Elle est revenue à la Vie. Tu l’as vue comme une plante à fleur relever de la fange la tige de sa nouvelle fleur toujours plus haut, puis s’épanouir pour moi, répandre ses parfums pour moi, mourir pour moi. Tu l’as vue pécheresse, puis assoiffée s’approchant de la Source, puis repentie, puis pardonnée, puis aimante, puis penchée avec pitié sur le corps inerte de son Seigneur, puis servante de ma Mère, qu’elle aime parce que c’est ma Mère, enfin pénitente sur le seuil de son Paradis.

       Ames qui craignez, apprenez, en lisant la vie de Marie de Magdala, à ne pas avoir peur de moi.

       Ames qui aimez, apprenez d’elle à aimer avec une séraphique ardeur.

       Ames qui avez erré, apprenez d’elle la science qui prépare au Ciel.

       Je vous bénis toutes pour vous aider à vous élever.

       Va en paix. »

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