Une initative de
Marie de Nazareth

Jésus rend visite à Jean-Baptiste près de Hennon

vendredi 7 janvier 28
vers Nazareth
Jean-Baptiste (Lorenzo Ferri, d'après les descriptions de Maria Valtorta)

Vision de Maria Valtorta

       148.1 Le clair de lune est si net que les moindres détails du sol sont visibles ; les champs de blé en herbe ressemblent à des tapis de peluche vert argenté striés par les rubans sombres des sentiers et gardés par les arbres, tout blancs du côté de la lune, tout noirs à l’opposé.

       Jésus marche d’un pas sûr, tout seul. Il suit très rapidement son chemin jusqu’à ce qu’il trouve un cours d’eau qui descend en gargouillant vers la plaine en direction nord-est. Il le remonte jusqu’à un endroit solitaire près d’une pente boisée. Il tourne encore, grimpe un sentier et arrive à un abri naturel sur le flanc de la colline.

       Il entre et se penche sur un homme étendu qu’on distingue à peine sous la clarté de la lune qui éclaire le sentier, mais ne pénètre pas dans la grotte. Il l’appelle :

       « Jean ! »

       L’homme se réveille et s’assied, encore tout ensommeillé. Mais il comprend vite qui est celui qui l’appelle et se lève vivement, pour ensuite se prosterner à terre en disant :

       « Comment se fait-il que mon Seigneur soit venu jusqu’à moi ?

       – Pour réjouir ton cœur et le mien. Tu as désiré me voir, Jean. Me voici. Lève-toi. Sortons au clair de lune et asseyons-nous, pour parler, sur ce rocher près de la grotte. »

       Jean obéit, se lève et sort. Mais une fois Jésus assis, il s’agenouille en face du Christ dans sa peau de brebis qui couvre mal son corps très amaigri, renvoie en arrière ses cheveux longs et en désordre, qui lui retombent sur les yeux, pour mieux voir le Fils de Dieu.

       Cela fait un très grand contraste : d’un côté Jésus, pâle et blond, aux cheveux soyeux et bien peignés, avec une barbe courte au bas du visage. De l’autre, Jean n’est qu’un buisson de poils très noirs d’où émergent seulement deux yeux enfoncés, que je qualifierais de fiévreux tant ils brillent de leur couleur noir de jais.

       148.2 « Je suis venu te dire merci. Tu as accompli et tu accomplis, avec toute la perfection de la grâce qui est en toi, ta mission d’être mon Précurseur. Mon ami bien aimé, quand l’heure viendra, tu entreras au Ciel à mes côtés, car tu auras tout mérité de Dieu. Mais, en attendant, tu seras déjà dans la paix du Seigneur.

       – j’entrerai dans la paix très bientôt. Mon Maître et mon Dieu, bénis ton serviteur pour le fortifier dans sa dernière épreuve. Je n’ignore pas qu’elle est désormais très proche et que je dois encore donner un témoignage : celui du sang. Tu sais encore mieux que moi que mon heure va arriver. Ta venue, c’est la miséricordieuse bonté de ton cœur de Dieu qui l’a voulue pour fortifier le dernier martyr d’Israël et le premier martyr des temps nouveaux. Mais dis-moi seulement : devrai-je attendre longtemps ta venue ?

       – Non, Jean, pas beaucoup plus qu’il ne s’est écoulé de temps de ta naissance à la mienne.

       – Que le Très-Haut en soit béni. Jésus… puis-je t’appeler ainsi ?

       – Tu le peux, en raison des liens du sang et de ta sainteté. Ce nom, que prononcent même les pécheurs, peut être dit par le saint d’Israël. Pour eux il est salut, pour toi il se fait douceur. Que veux-tu de Jésus, ton Maître et ton cousin ?

       – Je vais mourir. Mais comme un père se préoccupe de ses enfants, je me préoccupe de mes disciples. Mes disciples… Tu es Maître et tu sais combien vif est en nous l’amour que nous leur portons. L’unique peine de ma mort, c’est la crainte qu’ils ne se perdent comme des brebis sans berger. Recueille-les. Je te rends les trois qui sont à toi et qui furent pour moi de parfaits disciples, en t’attendant, toi. La Sagesse est réellement présente en eux, en particulier chez Matthias. J’en ai d’autres, et ils viendront à toi. Mais ceux-ci, permets que je te les confie personnellement. Ce sont les trois qui me sont les plus chers.

       – Ils me sont chers, à moi aussi. Pars tranquille, Jean. Ils ne périront pas. Ni ceux-ci, ni les autres qui sont tes vrais disciples. Je recueille ton héritage et je veillerai sur lui comme sur le trésor le plus cher qui me vient de mon parfait ami et du serviteur du Seigneur. »

       148.3 Jean se prosterne jusqu’à terre et, chose qui paraît impossible chez un personnage si austère, il pleure, secoué par de forts sanglots de joie spirituelle.

       Jésus lui pose la main sur la tête :

       « Tes pleurs, qui sont joie et humilité, font écho à un chant lointain au son duquel ton petit cœur a tressailli d’allégresse. Ce chant et ces pleurs forment le même hymne de louange à l’Eternel qui “ a fait de grandes choses, lui qui est puissant chez les âmes humbles ”. Ma Mère, elle aussi, va de nouveau entonner le cantique qu’elle a chanté alors. Mais ensuite, elle aussi obtiendra la plus grande gloire, comme pour toi : après le martyre. Je t’apporte aussi son salut, ses souhaits les meilleurs et son réconfort. Tu les mérites. Ici ce n’est que la main du Fils de l’homme qui se tient sur ta tête, mais du Ciel ouvert descendent la Lumière et l’Amour pour te bénir, Jean.

       – Je n’en mérite pas tant. Je suis ton serviteur.

       – Tu es mon Jean. Ce jour-là, au Jourdain, j’étais le Messie qui se manifestait ; ici, en ce moment, c’est le cousin et le Dieu qui veut te donner le viatique de son amour de Dieu et de parent. Lève-toi, Jean. Donnons-nous le baiser d’adieu.

       – Je n’en mérite pas tant… Je l’ai toujours désiré, pendant toute ma vie, mais je n’ose faire cet acte sur toi. Tu es mon Dieu.

       – Je suis ton Jésus. Adieu. Mon âme sera proche de la tienne jusqu’à la paix. Pour ce qui est de tes disciples, vis et meurs en paix. Je ne puis te donner que cela, à présent. Mais au Ciel je te donnerai le centuple, car tu as trouvé toute grâce aux yeux de Dieu. »

       Il l’a relevé, l’a étreint, et ils se sont embrassés sur les joues. Puis Jean s’agenouille encore et Jésus lui impose les mains sur la tête et prie en levant les yeux vers le ciel. On dirait qu’il le consacre. Il est imposant.

       Le silence se prolonge ainsi pendant quelque temps, après quoi Jésus prend congé avec son doux salut :

       « Que ma paix soit toujours avec toi. »

       Puis il prend le chemin du retour.

Observation

A l’heure du viatique

En de nombreuses occasions Maria Valtorta évoque la coutume du « viatique ». Voici quelques exemples des différentes acceptions dans lequel ce mot est utilisé dans l’œuvre :

« Tu es mon Jean. Ce jour-là, au Jourdain, je fus le Messie qui se manifestait ; ici, maintenant, c'est le cousin et le Dieu qui veut te donner le viatique de son amour de Dieu et de parent. Lève-toi Jean. Donnons-nous le baiser d'adieu ». (EMV 148.2)

« La foule s'approche de nouveau et, tout en se tenant à la distance imposée, félicite le miraculé. Certains éprouvent le besoin de lui donner un viatique pour son voyage et lui jettent des pièces de monnaie » (EMV 175.2).

« Je viens vous confirmer et vous fortifier dans la foi. Je viens vous donner le viatique de ma parole pour qu'elle reste lumineuse en vous à l'heure des ténèbres et pour que Satan ne vous fasse pas perdre le chemin du Ciel » (EMV 383.7)

L’usage du viatique est attesté plus de six siècles avant Jésus-Christ…

Charon et Psyché par John Roddam Spencer Stanhope 1883

A l’origine, dans la Grèce antique, il s’agissait d’une pièce de monnaie (une obole) que l'on mettait dans la bouche des morts pour payer au passeur des Enfers, Charon, la traversée du Styx ou de l’Achéron. Puis l’usage s’étendit aussi aux vivants. Le viatique (viaticum, « provisions de voyage ») devint alors de l’argent que l'on donne à quelqu'un pour un voyage.

A lire Maria Valtorta, on pourrait même supposer que le Christ Lui-même a institué le rite du viatique, tel qu’il se pratique dans l’Eglise : « Il coupe le pain, l'offre et le distribue : “Voici mon viatique pour vous qui partez. J'ai déjà préparé ici la nourriture pour mes pèlerins. Faites aussi cela, dans l'avenir, pour ceux qui partiront » (EMV 631.17).

« A ceux qui vont quitter cette vie, l’Église offre, en plus de l’Onction des malades, l’Eucharistie comme viatique. Reçue à ce moment de passage vers le Père, la Communion au Corps et au Sang du Christ a une signification et une importance particulières ». (CEC § 1524)

(1) Homère, Odyssée Chant XXIV, 13-14.

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