Une initative de
Marie de Nazareth

Passage sur l'autre rive

mercredi 1er mars 28
Bethsaïde
James Tissot

Dans les évangiles : Mt 8,18-22 ; Mc 4,35-36 ; Lc 8,22

Matthieu 8,18-22

Jésus, voyant une foule autour de lui, donna l’ordre de partir vers l’autre rive. Un scribe s’approcha et lui dit : « Maître, je te suivrai partout où tu iras. » Mais Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. »

Un autre de ses disciples lui dit : « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. » Jésus lui dit : « Suis-moi, et laisse les morts enterrer leurs morts. »

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Marc 4,35-36

Ce jour-là, le soir venu, il dit à ses disciples : « Passons sur l’autre rive. » Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus, comme il était, dans la barque, et d’autres barques l’accompagnaient.

Luc 8,22

Un jour, Jésus monta dans une barque avec ses disciples et il leur dit : « Passons sur l’autre rive du lac. » Et ils gagnèrent le large.

Vision de Maria Valtorta

       178.1 Je vois Jésus se diriger vers la rive du lac avec les onze, car Jean est toujours absent. Beaucoup de gens s’attroupent autour de lui : nombre d’entre eux étaient sur la montagne, pour la plupart des hommes qui l’ont rejoint à Capharnaüm pour entendre encore sa parole. Ils voudraient le retenir, mais il dit :

       « J’appartiens à tout le monde et il y en a beaucoup qui doivent me posséder. Je reviendrai. Vous me rejoindrez. Mais pour l’instant, laissez-moi partir. »

       Il a beaucoup de mal à se frayer un chemin à travers la foule entassée sur le chemin étroit. Les apôtres jouent des coudes pour qu’on le laisse passer. Mais c’est comme s’ils s’attaquaient à une substance molle qui aussitôt se reforme comme elle était. Ils se fâchent même, mais en vain.

       178.2 Ils arrivent déjà près du rivage lorsque, après une lutte acharnée, un homme d’âge moyen et de condition honorable s’approche du Maître et, pour attirer son attention, lui touche l’épaule.

       Jésus s’arrête et se retourne :

       « Que veux-tu ?

       – Je suis scribe, mais ce qu’il y a dans tes paroles ne peut se comparer à ce que renferment nos préceptes. Elles m’ont conquis. Maître, je ne te quitte plus. Je te suivrai partout où tu iras. Quelle est ta route ?

       – Celle du Ciel.

       – Ce n’est pas d’elle que je parle. Je te demande où tu vas. Après celle-ci, quelles sont les maisons où je pourrai toujours te trouver ?

       – Les renards ont leurs tanières et les oiseaux leurs nids, mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête. Ma maison, c’est le monde, partout où il y a des âmes à instruire, des misères à soulager, des pécheurs à racheter.

       – Partout, alors.

       – Tu l’as dit. Toi qui es docteur d’Israël, pourrais-tu faire ce que ces tout-petits font par mon amour pour moi ? Ici, on exige sacrifice, obéissance, charité envers tous, ainsi que l’esprit d’adaptation en tout, avec tous. Car la compréhension attire. Celui qui veut soigner doit se pencher sur toutes les plaies. Après, ce sera la pureté du Ciel. Mais ici, nous sommes dans la boue et il faut arracher à la boue, sur laquelle nous posons les pieds, les victimes déjà submergées. Ne pas relever ses vêtements, ni s’éloigner parce que la boue est plus profonde à cet endroit. La pureté, c’est en nous qu’elle doit être. Il faut en être pénétré de façon que rien ne puisse plus entrer. Peux-tu tout cela ?

       – Laisse-moi essayer au moins.

       – Essaie. Je prierai pour que tu en sois capable. »

       178.3 Jésus se remet en route et, attiré par deux yeux qui le regardent, il dit à un jeune homme grand et robuste qui s’est arrêté pour laisser passer le cortège, mais qui semble se diriger ailleurs :

       « Suis-moi. »

       Le jeune homme sursaute, change de couleur, cligne des yeux comme s’il était ébloui par de la lumière, puis il ouvre la bouche pour parler, mais ne trouve pas de réponse. Finalement, il dit :

       « Je te suivrai, mais mon père est mort à Chorazeïn et je dois l’ensevelir. Laisse-moi faire, et je viendrai ensuite.

       – Suis-moi. Laisse les morts ensevelir leurs morts. Toi, la Vie t’a déjà aspiré. Tu l’as désiré, d’ailleurs. Ne déplore pas le vide que la Vie a créé autour de toi afin de t’avoir pour disciple. Les mutilations de l’affection sont des racines pour les ailes qui poussent chez l’homme changé en serviteur de la vérité. Abandonne la corruption à son sort. Elève-toi vers le Royaume où rien n’est corrompu. Tu y trouveras aussi la perle incorruptible de ton père. Dieu appelle et passe. Demain, tu ne trouverais plus ton cœur d’aujourd’hui ni l’invitation de Dieu. Viens. Va annoncer le Royaume de Dieu. »

       L’homme, adossé à un muret, reste les bras ballants. Il porte des sachets certainement remplis d’arômes et de bandelettes. La tête inclinée, il réfléchit aux deux amours qui s’opposent : celui de Dieu et celui de son père.

       Jésus attend et le regarde, puis il prend un petit enfant et le serre sur son cœur en disant :

       « Dis avec moi : “ Je te bénis, Père, et j’invoque ta lumière pour ceux qui pleurent dans les nuées de la vie. Je te bénis, Père, et j’invoque ta force pour celui qui est comme un bébé qui a besoin qu’on le soutienne. Je te bénis, Père, et j’invoque ton amour pour que tu fasses oublier tout ce qui n’est pas toi à tous ceux qui ne savent pas croire, mais qui trouveraient en toi tout bien, ici et au Ciel. ” »

       Et le petit, un enfant d’environ quatre ans, répète de sa petite voix les paroles saintes, ses menottes jointes pour la prière dans la main droite de Jésus qui tient ses poignets potelés comme si c’étaient deux tiges de fleurs.

       L’homme se décide. Il donne ses paquets à un compagnon et vient à Jésus qui dépose l’enfant par terre après l’avoir béni. Il prend par les épaules le jeune homme et avance ainsi, pour le réconforter et le soutenir dans son effort.

       178.4 Un troisième homme l’interroge :

       « Moi aussi, je voudrais venir avec lui, mais avant de te suivre, je voudrais faire mes adieux à mes parents. Me le permets-tu ? »

       Jésus le regarde fixement et répond :

       « il y a en toi trop de racines qui plongent dans l’humain. Arrache-les et, si tu n’y arrives pas, coupe-les. Il faut venir au service de Dieu en pleine liberté d’esprit. Rien ne doit lier celui qui se donne.

       – Mais, Seigneur, la chair et le sang sont toujours chair et sang ! J’arriverai lentement à la liberté dont tu parles…

       – Non. Non, tu n’y arriverais jamais plus. Dieu est exigeant, de même qu’il est infiniment généreux quand il récompense. Si tu veux être disciple, il faut embrasser la croix et venir. Autrement, on reste au nombre des simples fidèles. Ce n’est pas une voie jonchée de pétales de roses que celle d’un serviteur de Dieu. Ses exigences sont absolues. Personne, après avoir mis la main à la charrue pour labourer les champs des cœurs et y jeter la semence de la doctrine de Dieu, ne peut se retourner pour regarder ce qu’il a quitté, et ce qu’il a perdu, ce qu’il pouvait posséder en suivant la voie commune. Celui qui agit ainsi n’est pas apte au Royaume de Dieu. Travaille-toi toi-même. Virilise-toi toi-même, puis viens. Pas maintenant. »

       On a atteint la rive. Jésus monte dans la barque de Pierre en lui chuchotant quelques mots. Je vois Jésus sourire et Pierre faire un geste d’émerveillement. Mais il ne dit rien. L’homme qui n’est pas allé ensevelir son père pour suivre Jésus monte aussi.

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