Une initative de
Marie de Nazareth

Discours à des bergers, en présence de Zacharie, le petit orphelin

vendredi 3 mars 28
De Bethsaïde à Chorazeïn

Vision de Maria Valtorta

       182.1 Pierre arrive seulement le matin suivant. Il est plus calme qu’au départ car il n’a trouvé qu’un bon accueil à Capharnaüm et la ville débarrassée d’Eli et de Joachim.

       « Ce doit être eux, les auteurs du complot. J’ai en effet interrogé des amis quand ils sont partis, et j’ai compris qu’ils n’étaient plus revenus après avoir été chez Jean-Baptiste comme pénitents. Et je crois qu’ils ne reviendront pas de sitôt, maintenant que j’ai dit qu’ils étaient présents à l’arrestation… Cette arrestation de Jean-Baptiste provoque un grand émoi… Et je m’appliquerai à le faire savoir, même aux moustiques… C’est notre meilleure arme. J’ai également rencontré le pharisien Simon et… Mais s’il est tel qu’il m’a paru, il me semble bien disposé. Il m’a dit, en appuyant sur les mots : “ Conseille au Maître de ne pas longer le Jourdain par la vallée occidentale. L’autre côté est plus sûr. ” Et il a ajouté : “ Je ne t’ai pas vu. Je ne t’ai pas parlé. Rappelle-le-toi, et agis en conséquence pour mon bien, le tien et celui de tous. Dis au Maître que je suis son ami ”, et il regardait en l’air comme s’il parlait au vent. Même quand ils agissent bien, ils sont toujours faux et… et je dirais : étranges, pour ne pas encourir tes reproches. Cependant… cependant, je suis allé faire une petite visite au centurion. Comme cela… en lui demandant : “ ton serviteur va bien ? ” ; comme il me l’a confirmé, j’ai ajouté : “ Heureusement ! Veille à le garder en bonne santé, car on cherche à faire tomber le Maître dans un piège. Jean-Baptiste est déjà pris… ” Le romain a saisi au vol. L’homme est rusé ! Il m’a répondu : “ Là où il y aura une enseigne romaine, ce sera une sauvegarde pour lui et il y aura quelqu’un pour rappeler aux juifs que, sous les enseignes romaines, il n’est pas permis de comploter sans s’exposer à la mort ou à la galère. ” Ce sont des païens… mais je l’aurais embrassé. J’aime bien les gens qui comprennent et qui agissent ! Nous pouvons donc y aller.

       – Allons-y. Mais tout cela n’était pas nécessaire, dit Jésus.

       – Si, il le fallait, il le fallait ! »

       Jésus prend congé de la famille qui lui a accordé l’hospitalité et aussi de son nouveau disciple, à qui il doit avoir donné des instructions.

       182.2 Ils sont de nouveau seuls, le Maître avec ses apôtres, et ils marchent dans la fraîche campagne, sur une route que Jésus a prise, à l’étonnement de Pierre qui voulait en prendre une autre.

       « Cela nous éloigne du lac…

       – Nous arriverons bien à temps pour ce que je dois faire. »

       Les apôtres ne parlent plus et se dirigent vers un hameau, quelques maisons dispersées dans la campagne.

       Il y a un grand bruit de sonnailles de troupeaux qui montent vers les pâturages de montagne. Quand Jésus s’arrête pour laisser passer les animaux, les bergers se regroupent en se le désignant les uns aux autres. Ils se consultent, mais n’osent faire plus.

       C’est Jésus qui rompt indécisions et incertitudes en traversant le troupeau qui s’est arrêté pour brouter l’herbe bien drue. Il va tout droit caresser un jeune berger qui se trouve au milieu de la masse laineuse et bêlante des brebis. Il lui demande :

       « Elles sont à toi ? »

       Jésus sait bien qu’elles ne sont pas à l’enfant, mais il veut le faire parler.

       « Non, Seigneur. Je suis avec eux, et les troupeaux appartiennent à plusieurs maîtres. Nous sommes réunis à cause des bandits.

       – Comment t’appelles-tu ?

       – Zacharie, fils d’Isaac, mais mon père est mort et je suis entré en service parce que nous sommes pauvres et que Maman a trois autres enfants plus petits que moi.

       – Il y a longtemps qu’il est mort ?

       – Trois ans, Seigneur… et je n’ai plus ri, parce que Maman pleure toujours et je n’ai plus personne pour me faire une caresse… Je suis l’aîné et la mort de mon père a fait de moi un homme, alors que je n’étais qu’un enfant… Je ne dois pas pleurer mais gagner ma vie… Mais c’est si difficile ! »

       Les larmes coulent sur son petit visage trop sérieux pour son âge.

       Les bergers se sont approchés, ainsi que les apôtres : c’est un îlot d’hommes dans un océan de brebis.

       « Tu n’es pas sans père, Zacharie. Tu as au Ciel un Père saint qui t’aime toujours si tu es bon, et ton père n’a pas cessé de t’aimer parce qu’il est dans le sein d’Abraham. Tu dois le croire et, en raison de cette foi, être toujours meilleur. »

       Jésus parle doucement et caresse l’enfant.

       182.3 Un berger ose demander :

       « Tu es le Messie, n’est-ce pas ?

       – Oui, je le suis. Comment me connais-tu ?

       – Je sais que tu vas et viens en Palestine et je sais que tu parles saintement. C’est à cela que je te reconnais.

       – Vous allez loin ?

       – Sur les hautes montagnes. Les chaleurs arrivent… Tu nous parleras ? Là-haut, là où nous sommes, seuls les vents nous parlent, et parfois le loup hurle et fait du carnage, comme pour le père de Zacharie. Nous avons désiré te voir pendant tout l’hiver, mais jamais nous ne t’avons trouvé.

       – Venez à l’ombre de ce bosquet, je vais vous parler. »

       Jésus s’y rend le premier, tenant par la main le jeune berger et caressant de l’autre main les brebis qui lèvent le museau en bêlant.

       Les bergers rassemblent le troupeau sous le taillis et, pendant que les brebis se couchent pour ruminer, ou bien broutent et se frottent aux troncs, Jésus parle.

       182.4 « Vous avez dit : “ Là-haut, là où nous sommes, seuls les vents nous parlent, et parfois le loup hurle et fait du carnage. ” Ce qui arrive là-haut arrive dans les cœurs par l’œuvre de Dieu, de l’homme et de Satan. Vous pouvez donc avoir là-haut ce que vous auriez partout.

       Avez-vous une connaissance suffisante de la Loi pour connaître ses dix commandements ? Toi aussi, mon enfant ? Dans ce cas, vous en savez assez. Si vous pratiquez avec fidélité ce que Dieu a indiqué par ses commandements, vous serez saints. Ne vous plaignez pas d’être loin du monde. Vous êtes ainsi préservés d’une grande corruption. Et Dieu n’est pas loin de vous, mais plus proche dans cette solitude où sa voix parle par les vents qu’il a créés, par les plantes et les eaux plus qu’au milieu des hommes. Ce troupeau vous enseigne une grande, une très grande vertu : il est doux et obéissant ; il se contente de peu et il est reconnaissant pour ce qu’il a ; il sait aimer et reconnaître celui qui le soigne et l’aime. Faites de même en disant : “ Dieu est notre Berger et nous sommes ses brebis. Son œil est sur nous. Il nous protège et nous procure, non ce qui est source de vice, mais ce qui est nécessaire à la vie. ”

       Gardez le loup loin de votre cœur. Les loups, ce sont les hommes mauvais qui peut-être vous séduisent pour vous engager à commettre de mauvaises actions sur l’ordre de Satan ; c’est aussi Satan lui-même qui vous incite au péché pour vous déchiqueter. Soyez vigilants. Vous, les bergers, vous connaissez les habitudes du loup. Il est astucieux autant que les brebis sont simples et innocentes. Il s’approche sans bruit après avoir observé d’en haut les habitudes du troupeau, il se glisse entre les buissons et, pour ne pas attirer l’attention, il se tient immobile comme une pierre. Ne ressemble-t-il pas à une grosse masse arrondie au milieu de l’herbe ? Mais ensuite, quand il est sûr que personne ne veille, il bondit et saisit l’agneau entre ses crocs. C’est ainsi qu’agit Satan : il vous surveille pour connaître vos points faibles, il rôde autour de vous, il paraît inoffensif et absent, tourné dans une autre direction, alors qu’il vous tient à l’œil, puis bondit à l’improviste pour vous entraîner dans le péché ; et il y parvient parfois.

       Mais vous avez auprès de vous un médecin et un ami compatissant : Dieu et votre ange gardien. Si vous êtes blessés, si vous êtes tombés malades, ne vous éloignez pas d’eux comme le fait un chien devenu enragé. Au contraire, criez-leur en pleurant : “ A l’aide ! ” Dieu pardonne à celui qui se repent et votre ange gardien est tout disposé à supplier Dieu pour vous et avec vous.

       182.5 Aimez-vous et aimez ce jeune garçon. Chacun de vous doit se sentir un peu père de l’orphelin. Que la présence d’un enfant parmi vous modère tous vos actes par le frein saint du respect de l’enfant. Que votre présence à ses côtés supplée ce que la mort lui a enlevé. Il faut aimer son prochain. Cet enfant est le prochain que Dieu vous confie d’une manière toute spéciale. Rendez-le par votre éducation bon et croyant, honnête et sans vice. Il vaut bien plus que l’une de ces brebis. Maintenant, si vous prenez soin d’elles parce qu’elles appartiennent au maître qui vous punirait si vous les laissiez périr, combien plus vous devez prendre soin de cette âme que Dieu vous confie en son nom et au nom de son père mort. Sa condition d’orphelin est bien triste. Ne la lui rendez pas plus difficile, ne profitez pas de sa jeunesse pour le maltraiter. Pensez que Dieu voit les actes et les larmes de chacun et qu’il tient compte de tout pour récompenser comme pour punir.

       Quant à toi, mon enfant, rappelle-toi que tu n’es jamais seul. Dieu te voit, et l’âme de ton père également. Quand quelque chose te trouble et te porte au mal, dis : “ Non. Je ne veux pas être orphelin pour l’éternité. ” Tu le serais si tu damnais ton cœur par le péché.

       Soyez bons. Je vous bénis pour que tout le bien soit en vous. Si nous avions suivi la même route, je vous aurais encore parlé longuement. Mais le soleil se lève et vous devez partir, tout comme moi. Vous pour mettre les brebis à l’abri de l’ardeur du soleil, moi pour arracher des cœurs à une autre ardeur plus redoutable. Priez pour qu’ils reconnaissent en moi le Berger. Adieu, Zacharie. Sois bon. Paix à vous. »

       Jésus embrasse le jeune berger, il le bénit et, pendant que le troupeau s’éloigne lentement, il le suit du regard, puis reprend sa route.

       182.6 « Tu as dit que nous allons arracher des cœurs à une autre ardeur… Où allons-nous ? demande Judas.

       – Pour l’instant, à cet endroit plus ombragé où il y a un ruisseau. Nous déjeunerons là, et ensuite vous saurez où nous nous rendons. »

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