Une initative de
Marie de Nazareth

Les démoniaques gadaréniens

jeudi 16 mars 28
près d'Ippo
Francesco Rosselli

Dans les évangiles : Mt 8,28-34 ; Mc 5,1-20 ; Lc 8,26-39

Matthieu 8,28-34

Comme Jésus arrivait sur l’autre rive, dans le pays des Gadaréniens, deux possédés sortirent d’entre les tombes à sa rencontre ; ils étaient si agressifs que personne ne pouvait passer par ce chemin. Et voilà qu’ils se mirent à crier : « Que nous veux-tu, Fils de Dieu ? Es-tu venu pour nous tourmenter avant le moment fixé ? » Or, il y avait au loin un grand troupeau de porcs qui cherchait sa nourriture. Les démons suppliaient Jésus : « Si tu nous expulses, envoie-nous dans le troupeau de porcs. » Il leur répondit : « Allez. » Ils sortirent et ils s’en allèrent dans les porcs ; et voilà que, du haut de la falaise, tout le troupeau se précipita dans la mer, et les porcs moururent dans les flots. Les gardiens prirent la fuite et s’en allèrent dans la ville annoncer tout cela, et en particulier ce qui était arrivé aux possédés. Et voilà que toute la ville sortit à la rencontre de Jésus ; et lorsqu’ils le virent, les gens le supplièrent de partir de leur territoire.

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Marc 5,1-20

Ils arrivèrent sur l’autre rive, de l’autre côté de la mer de Galilée, dans le pays des Géraséniens. Comme Jésus sortait de la barque, aussitôt un homme possédé d’un esprit impur s’avança depuis les tombes à sa rencontre ; il habitait dans les tombeaux et personne ne pouvait plus l’attacher, même avec une chaîne ; en effet on l’avait souvent attaché avec des fers aux pieds et des chaînes, mais il avait rompu les chaînes, brisé les fers, et personne ne pouvait le maîtriser. Sans arrêt, nuit et jour, il était parmi les tombeaux et sur les collines, à crier, et à se blesser avec des pierres. Voyant Jésus de loin, il accourut, se prosterna devant lui et cria d’une voix forte : « Que me veux-tu, Jésus, fils du Dieu Très-Haut ? Je t’adjure par Dieu, ne me tourmente pas ! » Jésus lui disait en effet : « Esprit impur, sors de cet homme ! » Et il lui demandait : « Quel est ton nom ? » L’homme lui dit : « Mon nom est Légion, car nous sommes beaucoup. » Et ils suppliaient Jésus avec insistance de ne pas les chasser en dehors du pays.

Or, il y avait là, du côté de la colline, un grand troupeau de porcs qui cherchait sa nourriture. Alors, les esprits impurs supplièrent Jésus : « Envoie-nous vers ces porcs, et nous entrerons en eux. » Il le leur permit. Ils sortirent alors de l’homme et entrèrent dans les porcs. Du haut de la falaise, le troupeau se précipita dans la mer : il y avait environ deux mille porcs, et ils se noyaient dans la mer. Ceux qui les gardaient prirent la fuite, ils annoncèrent la nouvelle dans la ville et dans la campagne, et les gens vinrent voir ce qui s’était passé.

Ils arrivent auprès de Jésus, ils voient le possédé assis, habillé, et revenu à la raison, lui qui avait eu la légion de démons, et ils furent saisis de crainte. Ceux qui avaient vu tout cela leur racontèrent l’histoire du possédé et ce qui était arrivé aux porcs. Alors ils se mirent à supplier Jésus de quitter leur territoire.

Comme Jésus remontait dans la barque, le possédé le suppliait de pouvoir être avec lui. Il n’y consentit pas, mais il lui dit : « Rentre à la maison, auprès des tiens, annonce-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde. » Alors l’homme s’en alla, il se mit à proclamer dans la région de la Décapole ce que Jésus avait fait pour lui, et tout le monde était dans l’admiration.

Luc 8,26-39

Ils abordèrent au pays des Géraséniens, qui est en face de la Galilée. Comme Jésus descendait à terre, un homme de la ville, qui était possédé par des démons, vint à sa rencontre. Depuis assez longtemps il ne mettait pas de vêtement et n’habitait pas dans une maison, mais dans les tombeaux. Voyant Jésus, il poussa des cris, tomba à ses pieds et dit d’une voix forte : « Que me veux-tu, Jésus, Fils du Dieu très-haut ? Je t’en prie, ne me tourmente pas. » En effet, Jésus commandait à l’esprit impur de sortir de cet homme, car l’esprit s’était emparé de lui bien des fois. On le gardait alors lié par des chaînes, avec des entraves aux pieds, mais il rompait ses liens et le démon l’entraînait vers les endroits déserts. Jésus lui demanda : « Quel est ton nom ? » Il répondit : « Légion ». En effet, beaucoup de démons étaient entrés en lui. Et ces démons suppliaient Jésus de ne pas leur ordonner de s’en aller dans l’abîme. Or, il y avait là un troupeau de porcs assez important qui cherchait sa nourriture sur la colline. Les démons supplièrent Jésus de leur permettre d’entrer dans ces porcs, et il le leur permit. Ils sortirent de l’homme et ils entrèrent dans les porcs. Du haut de la falaise, le troupeau se précipita dans le lac et s’y noya. Voyant ce qui s’était passé, les gardiens du troupeau prirent la fuite ; ils annoncèrent la nouvelle dans la ville et dans la campagne, et les gens sortirent pour voir ce qui s’était passé.

Arrivés auprès de Jésus, ils trouvèrent l’homme que les démons avaient quitté ; il était assis, habillé, et revenu à la raison, aux pieds de Jésus. Et ils furent saisis de crainte. Ceux qui avaient vu leur rapportèrent comment le possédé avait été sauvé. Alors toute la population du territoire des Géraséniens demanda à Jésus de partir de chez eux, parce qu’ils étaient en proie à une grande crainte. Jésus remonta dans la barque et s’en retourna.

L’homme que les démons avaient quitté lui demandait de pouvoir être avec lui. Mais Jésus le renvoya en disant : « Retourne chez toi et raconte tout ce que Dieu a fait pour toi. » Alors cet homme partit proclamer dans la ville entière tout ce que Jésus avait fait pour lui.

Vision de Maria Valtorta

       186.2 Jésus, après avoir traversé le lac du nord-ouest au sud-est, recommande à Pierre de débarquer près d'Hippos. Pierre obéit sans discuter et descend en barque jusqu’à l’embouchure d’un torrent que les pluies de printemps et un récent orage ont rempli et rendu bruyant, et qui débouche dans le lac par une gorge resserrée et rocheuse comme toute la côte à cet endroit. Les employés attachent les barques – il y en a un par barque – et reçoivent l’ordre d’at­tendre jusqu’au soir pour le retour à Capharnaüm.

       « Et soyez muets comme une carpe si l’on vous interroge, conseille Pierre. Si l’on vous demande où se trouve le Maître, répondez avec assurance : “ Je ne sais pas. ” La même chose si l’on veut savoir quelle direction il a prise. C’est la vérité : vous l’ignorez. »

       On se sépare et Jésus entreprend la montée d’un sentier abrupt qui grimpe presque à pic sur le rocher. Les apôtres le suivent par ce chemin difficile jusqu’au sommet du rocher, qui s’adoucit en un plateau planté de chênes sous lesquels paissent de nombreux porcs.

       « Ces animaux puants ! S’exclame Barthélemy. Ils nous empêchent de passer…

       – Non, ils ne nous empêchent pas de passer. Il y a de la place pour tous » répond calmement Jésus.

       D’ailleurs les gardiens, à la vue de juifs, cherchent à rassembler les porcs sous les chênes pour dégager le sentier. Les apôtres passent donc, en faisant mille grimaces, au milieu des ordures laissées par les animaux ; ceux-ci ont beau être bien gras, ils cherchent à grossir encore en fouillant le sol de leur groin.

       Jésus est passé sans faire tant d’histoires, en disant aux gardiens du troupeau :

       « Que Dieu vous récompense pour votre gentillesse. »

       Les gardiens, de pauvres gens à peine moins sales que leurs porcs, mais en revanche infiniment plus maigres, le regardent avec étonnement et discutent. L’un d’eux dit :

       « Mais n’est-ce pas un juif ? »

       A quoi les autres répondent :

       « Tu ne vois pas qu’il a des franges à son vêtement ? »

       Les douzes apôtres se réunissent, maintenant qu’ils peuvent avancer en groupe sur un petit chemin suffisamment large.

       186.3 Le panorama est superbe. Surélevé de quelques dizaines de mètres à peine au-dessus du lac, il permet pourtant de dominer tout le miroir d’eau avec les villes éparses sur ses rives. En face de l’endroit où se trouvent les apôtres, Tibériade resplendit de toutes ses belles constructions. Juste au-dessous d’eux, au pied du rocher de basalte, la grève étroite ressemble à un petit coussin de verdure, alors que, sur la rive opposée, de Tibériade à l’embouchure du Jourdain, il y a une plaine plutôt large que les eaux du fleuve rendent marécageuse. Après avoir ralenti dans le lac paisible, le fleuve semble s’y attarder avant de reprendre sa course. Cette plaine est remplie de toutes sortes de plantes et de buissons particuliers aux marécages. On y voit toute une population d’oiseaux aquatiques aux couleurs bariolées comme s’ils étaient couverts de joyaux. On pourrait prendre cet endroit pour un jardin. Les oiseaux s’envolent des touffes d’herbe et des roseaux, s’élèvent au-dessus du lac, y plongent pour attraper un poisson, en ressortent encore plus merveilleux grâce à l’eau qui a ravivé les couleurs de leur plumage et reviennent vers la plaine fleurie sur laquelle le vent s’amuse à déplacer les couleurs.

       Ici, au contraire, se trouvent des bois de très grands chênes sous lesquels l’herbe est douce et d’un vert émeraude. Au-delà de cette bande boisée, la montagne remonte après un vallon, en formant un mamelon abrupt et rocailleux sur lequel s’incrustent les maisons construites sur des terrasses rocheuses. Je crois que la montagne ne fait qu’un avec les constructions, offrant ses cavernes pour l’habitat, en un mélange de cité troglodytique et de ville ordinaire. C’est bien caractéristique, avec cette montée en terrasses grâce à laquelle le toit des maisons inférieures est au même niveau que l’entrée du rez-de-chaussée des maisons du plateau du dessus. Sur les côtés où la montagne est plus abrupte, abrupte au point d’interdire toute construction, il y a des cavernes, des excavations profondes et des sentiers escarpés qui descendent vers la vallée. Par forte pluie, ces sentiers doivent devenir autant de petits torrents capricieux. Des blocs de toutes sortes, entraînés dans la vallée par les alluvions, forment un piédestal chaotique à cette petite montagne si abrupte et si sauvage, bossue et impertinente comme un hobereau qui veut à tout prix qu’on le respecte.

       « N’est-ce pas Gamla ? demande Simon le Zélote.

       – Si, c’est Gamla. Tu connais ? dit Jésus.

       – J’y suis passé comme fugitif, une nuit, il y a bien longtemps. Plus tard, la lèpre est venue et je ne suis plus sorti des tombeaux.

       – On t’a poursuivi jusqu’ici ? demande Pierre.

       – Je venais de Syrie où j’étais allé chercher refuge, mais ils m’ont découvert et seule la fuite en ces terres a empêché ma capture. Après, je suis descendu lentement – et toujours menacé – jusqu’au désert de Teqoa et de là, désormais lépreux, à la Vallée des Morts. La lèpre me sauvait de mes ennemis…

       – Ces gens-là sont païens, n’est-ce pas ? demande Judas Iscariote.

       – Presque tous. Quelques juifs pour le commerce et un mélange de croyants et de gens tout à fait incroyants. Ils ne se sont pourtant pas montrés mauvais envers moi, qui étais un fugitif.

       – Un pays de bandits ! Quelles gorges ! S’exclament plusieurs.

       – Oui. Mais, vous pouvez en être sûrs, il y a bien plus de bandits de l’autre côté, dit Jean encore sous le coup de la capture de Jean-Baptiste.

       – De l’autre côté, il y a des bandits même parmi ceux qu’on qualifie de justes » ajoute son frère.

       186.4 Jésus prend la parole :

       « Et pourtant nous les approchons sans dégoût. Alors qu’ici vous avez fait des grimaces pour passer près des animaux.

       – Ils sont impurs…

       – Le pécheur l’est beaucoup plus. Ces bêtes sont faites ainsi et ce n’est pas leur faute. L’homme, au contraire, est responsable d’être impur par suite du péché.

       – Alors pourquoi ont-ils été classés comme impurs pour nous ? demande Philippe.

       – J’y ai déjà fait allusion. A cette classification, il y a une raison surnaturelle et une raison naturelle. La première, c’est d’enseigner au peuple élu la manière de vivre en ayant présent à l’esprit son élection et la dignité de l’homme, même dans une action banale comme celle de manger. Le sauvage se nourrit de tout. Il lui suffit de s’emplir le ventre. Le païen, même s’il n’est pas sauvage, mange également de tout, sans penser que la suralimentation fomente les vices et les tendances qui avilissent l’homme. Les païens cherchent même à arriver à cette frénésie du plaisir qui pour eux est presque une religion. Les plus cultivés parmi vous sont au courant des fêtes obscènes en l’honneur de leurs dieux, qui dégénèrent en une orgie de luxure. Le fils du peuple de Dieu doit savoir se maîtriser et, par l’obéissance et la prudence, se perfectionner lui-même en pensant à son origine et à sa fin : Dieu et le Ciel. La raison naturelle, d’autre part, enjoint de ne pas exciter le sang par des nourritures qui amènent à des élans passionnels indignes de l’homme. L’amour, même charnel, ne lui est pas interdit, mais il doit toujours le tempérer par la fraîcheur de l’âme qui tend au Ciel. Ce doit donc être l’amour et non la sensualité qui unit l’homme à sa compagne en qui il voit sa semblable et non une femelle. Mais les pauvres bêtes ne sont coupables ni d’être des porcs, ni des effets que la chair de porc peut à la longue produire dans le sang. Moins encore les hommes qui sont préposés à leur garde. S’ils sont honnêtes, quelle différence y aura-t-il dans l’autre vie entre eux et le scribe penché sur ses livres mais qui, malheureusement, n’y apprend pas la bonté ? En vérité, je vous dis que nous verrons des gardiens de porcs parmi les justes et des scribes parmi les injustes. 186.5 Mais qu’est-ce que ce fracas ? »

       Tout le monde s’écarte du flanc de la montagne parce que des pierres et de la terre roulent et rebondissent sur la pente ; étonnés, ils regardent autour d’eux.

       « Là-bas ! Là-bas ! Deux hommes… complètement nus… qui viennent vers nous en gesticulant. Des fous…

       – Ou des possédés » répond Jésus à Judas, le premier à avoir vu les deux possédés venir vers Jésus.

       Ils doivent être sortis de quelque caverne dans la montagne. Ils crient. Le plus rapide à la course se précipite vers Jésus. On dirait un étrange et gros oiseau déplumé tant il est rapide, brassant l’air de ses bras comme si c’étaient des ailes. Il s’abat aux pieds de Jésus en s’écriant :

       « Te voilà ici, Maître du monde ? Qu’ai-je à faire avec toi, Jésus, Fils du Dieu très haut ? l’heure de notre châtiment est-elle déjà arrivée ? Pourquoi es-tu venu nous tourmenter avant l’heure ? »

       L’autre possédé, soit que sa langue soit liée, soit que le démon le paralyse, ne fait que se jeter à plat ventre par terre et pleurer ; une fois assis, il reste comme inerte, jouant avec des cailloux et avec ses pieds nus.

       Le démon continue de parler par la bouche du premier, qui se tord par terre en un paroxysme de terreur. On dirait qu’il veut réagir et ne peut qu’adorer, attiré et repoussé en même temps par la puissance de Jésus. Il crie :

       « Je t’en conjure, au nom de Dieu, cesse de me tourmenter. Laisse-moi partir !

       – Oui, mais hors de cet homme. Esprit immonde, sors de ces hommes et dis ton nom.

       – Légion est mon nom, car nous sommes nombreux. Nous les possédons depuis des années et par eux nous brisons cordes et chaînes, et il n’est pas de force d’homme qui puisse nous résister. A cause de nous, ils sont une terreur et nous nous servons d’eux pour que les gens te blasphèment. Nous nous vengeons sur eux de ton anathème. Nous abaissons l’homme plus bas que les animaux pour qu’on se moque de toi. Il n’est pas de loup, de chacal ou d’hyène, pas de vautour ni de vampire semblables à ceux que nous tenons. Mais ne nous chasse pas. L’enfer est trop horrible !

       – Sortez ! Au nom de Jésus, sortez ! »

       Jésus a une voix de tonnerre, et ses yeux dardent des éclairs.

       « Au moins, laisse-moi entrer dans ce troupeau de porcs que tu as rencontré.

       – Allez. »

       Avec un hurlement bestial, les démons quittent les deux malheureux et, à travers un tourbillon de vent qui fait ondoyer les chênes comme des herbes, ils s’abattent sur les porcs très nombreux. Les animaux se mettent à courir comme des possédés à travers les chênes avec des cris vraiment démoniaques. Ils se heurtent, se blessent, se mordent, et finalement se précipitent dans le lac lorsque, arrivés à la cime de la haute falaise, ils n’ont plus pour refuge que l’eau qu’elle domine. Pendant que les gardiens, bouleversés et désolés, hurlent d’épouvante, les bêtes se précipitent par centaines en une succession de bruits sourds dans les eaux tranquilles qu’ils brisent en des tourbillons d’écume. Ils coulent, reviennent à la surface, se retournent, montrant leurs panses rondes ou leurs museaux pointus avec des yeux terrifiés, et finalement se noient.

       Les bergers courent en criant vers la ville.

       186.6 Les apôtres, arrivés sur le lieu du désastre, reviennent en disant :

       « Il n’y en a pas eu un seul de sauvé ! Tu leur as rendu un bien mauvais service ! »

       Jésus répond calmement :

       « Mieux vaut que périssent deux milliers de porcs qu’un seul homme. Donnez leur un vêtement. Ils ne peuvent rester comme ça. »

       Simon le Zélote ouvre un sac et donne une de ses tuniques. Thomas donne la seconde. Les deux hommes sont encore un peu étourdis, comme s’ils sortaient d’un lourd sommeil plein de cauchemars.

       « Donnez-leur à manger. Qu’ils recommencent à vivre en hommes. »

       Pendant qu’ils mangent le pain et les olives qu’on leur a donnés et boivent à la gourde de Pierre, Jésus les observe.

       Finalement, ils parlent :

       « Qui es-tu ? interroge l’un.

       – Jésus de Nazareth.

       – Nous ne te connaissons pas, dit l’autre.

       – Votre âme m’a connu. Levez-vous maintenant et rentrez chez vous.

       – Nous avons beaucoup souffert, je crois, mais je ne me rappelle pas bien. Qui est celui-là ? demande celui que le démon faisait parler en désignant son compagnon.

       – Je ne sais pas. Il était avec toi.

       – Qui es-tu ? Et pourquoi es-tu ici ? » demande-t-il à son compagnon.

       Celui qui était comme muet et qui est encore le plus inerte, répond :

       « Je suis Démétrius. C’est Sidon, ici ?

       – Sidon est au bord de la mer, homme. Ici, tu es de l’autre côté du lac de Galilée.

       – Et pourquoi suis-je ici ? »

       Personne ne peut donner de réponse.

       186.7 Sur ces entrefaites, des gens arrivent, suivis des gardiens. Ils semblent apeurés et curieux. Quand ensuite ils voient les deux possédés habillés, leur stupeur augmente.

       « Lui, c’est Marc fils de Josias ! Et celui-là, le fils du marchand païen !…

       – Cet autre, c’est celui qui les a guéris et qui a fait périr nos porcs, car les démons qui étaient entrés en eux les ont rendus fous, disent les gardiens.

       – Seigneur, tu es puissant, nous le reconnaissons. Mais tu nous as déjà fait trop de mal ! Un dommage de plusieurs talents. Va-t’en, nous t’en prions, que ta puissance ne fasse pas écrouler la montagne pour la plonger dans le lac. Va-t’en…

       – Je m’en vais. Je ne m’impose à personne. »

       Sans discuter, Jésus revient sur ses pas par le chemin qu’ils avaient parcouru. Le possédé qui parlait suit les apôtres. Derrière, à distance, plusieurs habitants de la ville surveillent s’il part réellement.

       186.8 Ils reprennent le sentier escarpé et reviennent à l’embouchure du petit torrent, près des barques. Les habitants restent sur la berge à regarder. Le possédé délivré descend derrière Jésus.

       Dans les barques, les employés sont épouvantés. Ils ont vu la pluie de porcs qui tombait dans le lac et regardent encore les corps qui surnagent en toujours plus grand nombre, toujours plus gonflés avec leurs panses arrondies à l’air et leurs courtes pattes raidies fixées comme quatre pieux sur une grosse vessie de lard.

       « Mais qu’est-ce qui est arrivé ? demandent-ils.

       – Nous allons vous le dire. Maintenant, détachez les amarres et partons… Où, Maître ? demande Pierre.

       – Dans le golfe de Tarichée. »

       L’homme qui les a suivis, maintenant qu’il les voit monter dans les barques, supplie :

       « Prends-moi avec toi, Seigneur.

       – Non, rentre chez toi. Ta famille a le droit de t’avoir avec elle. Parle-leur des grandes choses que le Seigneur a faites pour toi et rapporte-leur comment il a eu pitié de toi. Cette région a besoin de croire. Allume les flammes de la foi par reconnaissance pour ton Seigneur. Va. Adieu.

       – Réconforte-moi au moins par ta bénédiction, afin que le démon ne me reprenne pas.

       – Ne crains pas. Si tu ne le veux pas, il ne reviendra pas. Mais je te bénis. Va en paix. »

       Les barques s’éloignent de la rive en direction est-ouest. Alors seulement, pendant qu’elles fendent les flots où flottent les cadavres épars des porcs, les habitants de la cité qui n’a pas voulu le Seigneur quittent la berge et s’en vont.

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