Une initative de
Marie de Nazareth

La grosse obole laissée par le marchand

mercredi 11 octobre 28
vers Arbel

Vision de Maria Valtorta

       294.1 La vénération de Misace se révèle le matin suivant. Pour les premiers kilomètres de route, il a fait arranger la charge des chameaux de manière à former un berceau commode pour les cavaliers inexperts. Et c’est assez amusant de voir émerger des paquets et des caisses, les têtes brunes ou blondes des hommes, aux cheveux longs jusqu’aux oreilles ou les tresses qui appa­raissent sous le voile des femmes. De temps à autre le vent, produit par la course accélérée des chameaux, rejette en arrière ces voiles et on voit briller au soleil les cheveux d’or de Marie de Magdala ou ceux d’un blond plus doux de la Vierge Marie, alors que les têtes de couleurs plus ou moins foncées de Jeanne, Syntica, Marthe, Marcelle, Suzanne et Sarah prennent des reflets d’indigo ou de bronze foncé, et que les têtes chenues d’Elise, de Salomé et de Marie, femme de Clopas, saupoudrées d’argent, brillent sous le clair soleil qui les chauffe. Les hommes avancent bravement sur leur nouveau moyen de transport et Marziam rit de bonheur.

       On s’aperçoit que l’explication du marchand est vraie quand, en se retournant, on voit tout en bas Bozra avec ses tours et ses hautes maisons dans le dédale de ses rues étroites. Des collines en pente douce se présentent au nord-ouest. C’est à leur base que passe la route pour Arbel, et c’est là que la caravane s’arrête pour faire descendre les voyageurs et se séparer. Les chameaux s’agenouillent avec leur charge mouvante, ce qui fait pousser des cris à plus d’une femme. Je m’aperçois maintenant que les femmes avaient été prudemment attachées à leurs selles. Elles descendent un peu étourdies par le roulis, mais reposées.

       Misace descend lui aussi ; il avait pris Marziam en selle et, pendant que les chameliers refont les chargements suivant la méthode habituelle, il s’approche de Jésus pour une nouvelle salutation.

       « Je te remercie, Misace. Tu nous as épargné beaucoup de fa­tigue et de perte de temps.

       – Oui, on a fait vingt milles en une petite heure. Les chameaux ont de longues jambes, même si leur démarche n’est pas douce. Je veux espérer que les femmes n’en ont pas trop souffert. »

       Les femmes assurent toutes qu’elles se sont reposées et sans souffrance.

       « Vous êtes maintenant à six milles d’Arbel. Que le ciel vous accompagne et vous donne un agréable chemin. Adieu, mon Seigneur. Permets-moi de baiser tes pieds saints. Je suis heureux de t’avoir rencontré, Seigneur. Souviens-toi de moi. »

       Misace baise les pieds de Jésus puis remonte en selle et son crrr, crrr fait se lever les chameaux… Et la caravane part au galop sur la route plate, soulevant des nuages de poussière.

       Pierre dit :

       « Le brave homme ! Je suis tout mal fichu, mais mes pieds sont délassés. Mais quelles secousses ! C’est autre chose qu’une tempête du nord sur le lac ! Vous riez ? Moi, je n’avais pas de coussins comme les femmes. Vive ma barque ! C’est encore la façon de voyager la plus propre et la plus sûre. 294.2 Et maintenant, mettons nos sacs sur le dos et allons-y. »

       C’est à qui prendra la plus lourde charge. Mais les vainqueurs sont ceux qui doivent rester avec Jésus, c’est-à-dire Mat­thieu, Simon le Zélote, Jacques et Jean, Hermastée et Timon. Ils prennent tout pour épargner les trois autres qui doivent partir avec les femmes, ou plutôt les quatre s’il faut compter Jean d’En-Dor, mais comme il est mal en point, son aide aurait été toute relative.

       Ils marchent à vive allure pendant quelques kilomètres. Ils arrivent au sommet de la colline qui servait de paravent du côté ouest, et là réapparaît une plaine fertile entourée par un cercle de collines plus élevées que celles qu’ils avaient rencontrées auparavant ; au milieu s’élève une colline longue et isolée. Dans la plaine, une ville : c’est Arbel.

       Ils descendent et arrivent vite dans la plaine.

       Ils marchent encore quelque temps, puis Jésus s’arrête en disant :

       « Voici l’heure de la séparation. Prenons ensemble notre repas, puis séparons-nous. C’est la bifurcation pour Gadara. Vous prendrez cette route. C’est le chemin le plus court et, avant ce soir, vous pourrez être sur les terres que Kouza a en garde. »

       Il n’y a guère d’enthousiasme… Mais enfin, on obéit.

       294.3 Pendant le repas, Marziam dit :

       « Alors, c’est le moment de te donner cette bourse. Elle m’a été donnée par le marchand quand j’étais en selle avec lui. Il m’a dit : “ Tu la donneras à Jésus avant de le quitter et tu lui diras de m’aimer autant qu’il t’aime. ” La voilà. Elle pesait ici, dans mon vêtement. Elle semble pleine de cailloux.

       – Fais voir ! Fais voir ! L’argent, c’est lourd ! »

       Ils sont tous curieux. Jésus délie les cordons de cuir qui ferment la bourse en peau de gazelle – je crois, parce qu’elle me paraît être en peau de chamois – et il en renverse le contenu sur son vêtement. Des pièces de monnaie roulent. Mais c’est ce qu’il y a en moins grande quantité. Il en sort plein de sachets d’un byssus soyeux, des sachets attachés avec un fil. Des couleurs délicates transparaissent à travers le lin très fin et le soleil semble allumer un petit brasier dans ces paquets, comme si c’étaient des braises sous une couche de cendre.

       « Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que c’est ? Délie, Maître ! »

       Tous sont penchés sur lui qui dénoue calmement le nœud d’un premier paquet de feu blond : libérées, des topazes de différentes tailles, encore brutes, resplendissent au soleil. Un autre paquet : ce sont des rubis, des gouttes de sang coagulé. Un autre : voilà des éclats d’émeraude à la riante couleur verte. Un autre encore : des morceaux de ciel avec de purs saphirs. Un autre contient des douces améthystes. Un autre, l’indigo violet des béryls. Un autre, la splendeur noire des onyx… Et ainsi de suite pour les douze paquets. Dans le dernier, le plus lourd, au milieu de toute la splendeur d’or des chrysolithes, il y a un petit parchemin : « Pour ton rational de vrai Pontife et Roi. »

       Le vêtement de Jésus est un petit pré sur lequel sont effeuillés des pétales lumineux… Les apôtres plongent les mains dans cette lumière qui est devenue matière multicolore. Ils sont stupéfaits… Pierre murmure :

       « Si Judas était là !…

       – Tais-toi ! Il vaut mieux qu’il n’y soit pas » répond Jude avec brusquerie.

       294.4 Jésus demande un morceau de toile pour faire un seul paquet des pierres et, pendant que durent les commentaires, il réfléchit.

       Les apôtres disent : « Mais il était bien riche cet homme ! » et Pierre provoque les rires lorsqu’il s’écrie :

       « Nous avons trotté sur un trône de joyaux. Je ne croyais pas être sur une pareille splendeur. Mais si cela avait été un peu plus moelleux ! Que vas-tu en faire maintenant ?

       – Je vais le vendre pour les pauvres. »

       Il lève les yeux et regarde les femmes en souriant.

       « Et où vas-tu trouver ici un joaillier qui achète cette marchandise ?

       – Où ? Ici. Jeanne, Marthe, Marie, achetez-vous mon trésor ? »

       Les trois femmes, sans même se consulter, disent : « Oui » avec vivacité. Mais Marthe ajoute :

       « Ici, nous avons peu d’argent.

       – Vous me le ferez trouver à Magdala pour la nouvelle lune.

       – Combien veux-tu, Seigneur ?

       – Pour moi, rien. Pour mes pauvres, beaucoup.

       – Donne donc. Tu auras beaucoup » dit Marie-Madeleine qui prend la bourse et la met dans son sein.

       Jésus garde seulement les pièces de monnaie. Il se lève, embrasse sa Mère, sa tante, ses cousins, Pierre, Jean d’En-Dor et Marziam. Il bénit les femmes et les congédie. Et elles s’en vont, se retournant encore et encore jusqu’à ce qu’un tournant de la route les cache.

       Jésus, avec ceux qui restent, se dirige vers Arbel. Ce n’est plus qu’une toute petite troupe, désormais, de seulement huit personnes. Ils marchent rapidement et en silence vers la ville qui se rapproche de plus en plus.

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