Une initative de
Marie de Nazareth

La foi et l’âme expliquées aux païens par la parabole des temples

samedi 1er avril 28
Béthanie

Vision de Maria Valtorta

       204.1 Dans la paix du sabbat, Jésus se repose près d’un champ de lin tout en fleurs, qui appartient à Lazare – plutôt que « près » du lin, je dirais : immergé dans le lin très haut – ; assis au bord d’un sillon, il est absorbé dans ses pensées. Il n’y a près de lui que quelque silencieux papillon ou quelque lézard qui arrive silencieusement et le regarde de ses yeux de jais en levant sa tête triangulaire à la gorge claire et palpitante. Rien d’autre. En cette fin d’après-midi, il n’y a pas le moindre souffle de vent parmi les hautes tiges.

       De loin, peut-être du jardin de Lazare, parvient le chant d’une femme et avec lui les cris joyeux de l’enfant qui joue avec quelqu’un. Puis une, deux, trois voix qui appellent : “ Maître ! ”, “ Jésus ! ”.

       Jésus se secoue et se lève. Si haut que soit le lin à son complet développement, Jésus émerge largement de cette mer verte et bleue.

       « Le voici, là, Jean ! » crie Simon le Zélote.

       Et Jean, à son tour crie :

       « Mère ! Jésus est ici, dans le lin. »

       Et pendant que Jésus s’approche du sentier qui conduit aux maisons, voici venir Marie.

       « Que veux-tu, Mère ? »

       – Mon Fils, il est arrivé des païens avec des femmes. Ils disent avoir appris par Jeanne que tu es ici. Ils disent aussi qu’ils t’ont attendu tous ces derniers jours près de l’Antonia…

       – Ah ! J’ai compris ! J’arrive tout de suite. Où sont-ils ?

       – Dans la maison de Lazare, dans son jardin. Les romains l’aiment bien et lui, il n’éprouve pas pour eux la répulsion que nous avons, nous. Il les a fait entrer, avec leurs chars, dans le grand jardin pour ne scandaliser personne.

       – C’est bien, Mère. 204.2 Ce sont des soldats et des dames romaines. Je le sais.

       – Et que veulent-ils de toi ?

       – Ce que beaucoup de gens en Israël ne veulent pas : la lumière.

       – Mais comment, et qui croient-ils que tu es ? Dieu, peut-être ?

       – A leur façon, oui. Il leur est facile, plus facile à eux qu’à nous, d’accueillir l’idée de l’incarnation d’un dieu dans une chair mortelle.

       – dans ce cas, ils en sont arrivés à la foi en toi…

       – Pas encore, Maman. Je dois d’abord détruire la leur. Pour le moment, je suis à leurs yeux un sage, un philosophe, comme ils disent. Mais, soit par désir de connaître les doctrines philosophiques, soit par leur tendance à croire possible l’incarnation d’un dieu, ils m’aident grandement à les amener à la vraie foi. Tu peux en être sûre, ils ont plus de simplicité dans leur pensée que beaucoup en Israël.

       – Mais seront-ils sincères ? On dit que Jean-Baptiste…

       – Non. Si la chose avait dépendu d’eux, Jean serait libre et en sécurité. Celui qui n’est pas rebelle, ils le laissent tranquille. En outre, je te l’assure, pour eux le fait d’être prophète – ils emploient le mot de philosophe, parce que l’élévation de la sagesse surnaturelle, pour eux, c’est toujours de la philosophie – est une garantie pour qu’ils le respectent. N’en sois pas préoccupée, Maman. Ce n’est pas de là que me viendra le mal…

       – Mais les pharisiens… s’ils l’apprennent, que vont-ils dire de Lazare également ? Toi… tu es toi, et tu dois apporter la Parole au monde. Mais Lazare !… Ils l’ont déjà tant offensé…

       – Mais il est intouchable. Ils savent qu’il est protégé par Rome.

       – Je te quitte, mon Fils. Voici Maximin qui va te conduire aux païens. »

       Et Marie qui, pendant tout ce temps, avait marché auprès de Jésus, se retire rapidement et se dirige vers la maison de Simon le Zélote ; de son côté, Jésus entre par un portillon en fer ouvert dans l’enceinte du jardin, dans une partie qui en est éloignée, là où le jardin se change en verger, près du lieu où se trouvera, plus tard, la sépulture de Lazare.

       Lazare se trouve là, et personne d’autre :

       « Maître, je me suis permis de les recevoir…

       – Tu as bien fait. Où sont-ils ?

       – Là, à l’ombre des buis et des lauriers. Comme tu le vois, ils sont éloignés d’au moins cinq cents pas de la maison.

       – Bon, bon… 204.3 Que la Lumière vienne sur vous tous.

       – Salut, Maître ! » dit Quintilianus, qui est en civil.

       Les dames se lèvent pour saluer. Il y a Plautina, Valéria et Lydia et, en plus, une autre, âgée, dont je ne sais qui elle est ni ce qu’elle est, si elle est du même rang ou d’un rang inférieur. Elles sont toutes vêtues très simplement, sans rien qui les distingue.

       « Nous avons voulu t’entendre. Tu n’es pas venu. J’étais de… garde à ton arrivée, mais je ne t’ai pas vu.

       – Moi non plus, je n’ai pas vu un soldat, qui était mon ami, à la Porte des Poissons. Il s’appelait Alexandre…

       – Alexandre ? J’ignore s’il s’agit effectivement de lui, mais je sais qu’il y a quelque temps nous avons dû, pour calmer les juifs, éloigner un soldat, coupable… d’avoir parlé avec toi. Il est maintenant à Antioche, mais peut-être reviendra-t-il. Ouf ! Comme ils sont ennuyeux, ces gens… qui veulent commander, même maintenant qu’ils sont sujets ! Et il faut manœuvrer pour ne pas en arriver à des affaires importantes… Ils nous rendent la vie difficile, crois-moi… Mais toi, tu es bon et sage. Tu vas nous parler ? Peut-être vais-je bientôt quitter la Palestine. Je voudrais garder quelque souvenir de toi.

       – Je vais vous parler, oui. Je ne déçois jamais. Que voulez-vous savoir ? »

       Quintilianus regarde les dames d’un air interrogatif…

       « Ce que tu veux, Maître » dit Valéria.

       204.4 Plautina se lève de nouveau et dit :

       « J’ai beaucoup réfléchi… j’aurais tant à apprendre… tout, pour juger. Mais, s’il m’est permis de le demander, je voudrais savoir comment se construit une foi, en toi par exemple, sur un terrain que tu as dit être privé d’une vraie foi. Tu as dit que nos croyances sont vaines. Dans ce cas, nous restons sans rien. Comment arriver à avoir ?

       – Je vais prendre l’exemple d’une chose que vous possédez : les temples. Vos édifices sacrés, vraiment beaux, dont l’unique imperfection est d’être dédiés au Néant, peuvent vous enseigner comment l’on peut arriver à avoir une foi et où la placer. Observez : où sont-ils construits ? Quel lieu choisit-on si possible pour eux ? Comment sont-ils construits ? L’endroit est généralement spacieux, dégagé et en hauteur. Et, s’il n’est pas spacieux et dégagé, on le rend tel en démolissant tout ce qui encombre ou limite le terrain. S’il n’est pas en hauteur, on le surélève sur un stéréobate plus élevé que celui de trois marches, utilisé d’habitude pour les temples situés déjà sur un lieu naturellement élevé. Enfermés la plupart du temps dans une enceinte sacrée formée de colonnades et de portiques à l’intérieur desquels se trouvent des arbres consacrés aux dieux, des fontaines et des autels, des statues et des stèles, ils sont d’ordinaire précédés du propylée, au-delà duquel se trouve l’autel où l’on fait les prières aux divinités. En face se trouve le lieu du sacrifice, car le sacrifice précède la prière. Souvent, en particulier pour les plus grands, un péristyle les borde d’une guirlande de marbres précieux. A l’intérieur se trouvent le vestibule antérieur, à l’extérieur ou à l’intérieur du péristyle, la chambre du dieu, le vestibule postérieur. Les marbres, les statues, les frontons, les acrotères et les tympans tous polis, précieux, ornés, font du Temple un édifice très noble, même au regard des plus rustres. Est-ce bien cela ?

       – Oui, Maître. Tu les as vus et très bien étudiés, confirme en le félicitant Plautina.

       – Mais s’il est bien établi qu’il n’a jamais quitté la Palestine… ? s’exclame Quintilianus.

       – Je n’en suis jamais sorti pour aller à Rome ou à Athènes, mais je n’ignore pas l’architecture de la Grèce et de Rome. Dans le génie de l’homme qui a décoré le Parthénon, j’étais présent, car je suis partout où il y a vie et manifestation de la vie. Là où un sage pense, un sculpteur sculpte, un poète compose, une mère chante sur un berceau, un homme se fatigue sur les sillons, un médecin lutte contre les maladies, un vivant respire, un animal vit, un arbre pousse, je suis là avec Celui de qui je viens. Dans le grondement d’un tremblement de terre ou le fracas de la foudre, dans la lumière des étoiles ou le mouvement des marées, dans le vol de l’aigle ou dans le bruit du moustique, je me trouve avec le très-haut, le Créateur.

       – De sorte que… tu… tu connais tout ? Aussi bien les pensées que les œuvres humaines ? demande encore Quintilianus.

       – Oui. »

       Les romains se regardent avec stupéfaction.

       204.5 Un silence prolongé… puis, timidement, Valéria requiert :

       « Développe ta pensée, Maître, pour que nous sachions que faire.

       – Oui. La foi se construit comme on construit les temples dont vous êtes si fiers. On fait un emplacement pour le temple, on dégage les alentours, on surélève son emplacement.

       – Mais où se trouve le temple pour y mettre la foi, cette divinité vraie ? demande Plautina.

       – la foi n’est pas une divinité, Plautina. C’est une vertu. Il n’y a pas de divinité dans la vraie foi, mais il existe un Dieu unique et vrai.

       – Alors… il est là-haut, tout seul, dans son Olympe ? Et que fait-il, s’il est seul ?

       – Il se suffit à lui-même et s’occupe de la création et de tout ce qui s’y trouve. Je viens de te le dire : Dieu est présent même au bruit du moustique. Il ne s’ennuie pas, n’en doute pas. Ce n’est pas un pauvre homme, maître d’un immense empire où il se sent haï et où il vit dans la crainte. Il est l’Amour, et il vit en aimant. Sa vie est un amour continu. Il se suffit à lui-même parce qu’il est infini et très puissant. Il est la Perfection même. Mais si nombreuses sont les choses créées qui vivent de sa volonté continuelle qu’il n’a guère le temps de s’ennuyer. L’ennui est le fruit de l’oisiveté et du vice. Au Ciel du vrai Dieu, il n’y a ni oisiveté ni vice. Mais bientôt il aura — en plus des anges qui le servent actuellement — un peuple de justes qui jubileront en lui. Et ce peuple s’accroîtra sans cesse de ceux qui à l’avenir croiront au vrai Dieu.

       – Les anges, ce sont les génies ? demande Lydia.

       – Non, ce sont des êtres spirituels, comme l’est Dieu qui les a créés.

       – Et les génies, alors, que sont-ils ?

       – Tels que vous les imaginez, ils ne sont que mensonge. Tels que vous les imaginez, ils n’existent pas. Mais ils correspondent à un besoin instinctif de l’homme de rechercher la vérité. Cela vient d’une incitation de l’âme, qui est vivante et présente chez les païens eux-mêmes. Elle souffre aussi en eux, car elle voit son désir déçu : elle reste en effet sur sa faim, dans sa nostalgie du vrai Dieu dont elle garde le souvenir, dans ce corps où elle habite et qui est régi par un esprit païen. Même vous, vous avez eu conscience que l’homme n’est pas seulement de la chair et qu’à son corps périssable est uni quelque chose d’immortel. C’est en ce sens que les villes et les nations possèdent un génie. Voilà donc pourquoi vous croyez, vous éprouvez le besoin de croire aux “ génies ”. Et vous vous donnez les génies de l’individu, de la famille, de la ville, des nations… Vous avez le “ génie de Rome ”, “ le génie de l’empereur ”, et vous les adorez comme des divinités mineures. Entrez dans la vraie foi. Vous aurez la connaissance et l’amitié de votre ange gardien auquel vous devrez vénération, mais pas adoration. Dieu seul doit être adoré. »

       204.6 Publius Quintilianus demande :

       « Tu as dit : “ Incitation de l’âme qui est vivante et présente même chez les païens, et qui souffre en eux parce qu’elle voit son désir déçu. ” Mais de qui vient l’âme ?

       – De Dieu. C’est lui son Créateur.

       – Mais ne naissons-nous pas d’une femme par son union avec un homme ? Même nos dieux sont engendrés de cette manière.

       – Vos dieux n’existent pas. Ce sont des fruits de votre imagination qui a besoin de croire, car ce besoin est plus impérieux que celui de respirer. Même celui qui affirme qu’il ne croit pas, a une croyance. Il croit en quelque chose. Le seul fait de dire : “ Je ne crois pas en Dieu ” présuppose une autre foi. En soi-même, peut-être, en son propre esprit orgueilleux. Mais, pour ce qui est de croire, on croit toujours. C’est comme la pensée. Si vous dites : “ Je ne veux pas penser ” ou bien : “ Je ne crois pas en Dieu ”, rien que par ces deux phrases vous montrez que vous pensez, que vous ne voulez pas croire en Celui dont vous savez qu’il existe, et auquel vous ne voulez pas penser. En ce qui concerne l’homme, pour en exprimer correctement le concept, vous devez dire : “ L’homme est engendré comme tous les animaux par une union entre un mâle et une femelle. Mais l’âme, c’est-à-dire ce qui différencie l’animal-homme de l’animal tout court, vient de Dieu. Il la crée chaque fois qu’un homme est engendré – ou plutôt : chaque fois qu’il est conçu dans un sein – et il la greffe en cette chair, qui autrement serait seulement animale.

       – Et nous en possédons une, nous les païens ? A entendre tes concitoyens, il ne semble pas… ironise Quintilianus.

       – Tout être né de la femme en possède une.

       – Tu as dit pourtant que le péché la tue. Comment donc est-elle vivante en nous, qui sommes pécheurs ? demande Plautina.

       – Vous ne péchez pas en matière de foi, puisque vous croyez être dans la vérité. Quand vous connaîtrez la Vérité et que vous persisterez dans l’erreur, alors vous pécherez. De même, beaucoup de choses qui sont péché pour les juifs ne le sont pas pour vous, parce qu’aucune loi divine ne vous les interdit. Le péché, c’est quand quelqu’un se révolte sciemment contre l’ordre donné par Dieu et dit : “ Je sais que ce que je fais est mal, mais je veux le faire quand même. ” Dieu est juste. Il ne peut punir quelqu’un qui fait le mal en croyant faire le bien. Il punit celui qui, ayant eu la possibilité de connaître le bien et le mal, choisit ce dernier et y persiste.

       – Dans ce cas, l’âme existe en nous, vivante et présente ?

       – Oui.

       – Et elle souffre ? Crois-tu vraiment qu’elle se souvienne de Dieu ? Nous, nous ne nous souvenons pas du sein qui nous a portés. Nous ne pourrions pas dire comment il est fait intérieurement. L’âme, si j’ai bien compris, est spirituellement engendrée par Dieu. Comment peut-elle se souvenir de lui si le corps ne se souvient pas de son long séjour dans le sein ?

       – L’âme n’est pas de la matière brute, Plautina. L’embryon, oui. L’âme est, à la ressemblance de Dieu, éternelle et spirituelle. Eternelle à partir du moment où elle est créée, tandis que Dieu est le très-parfait, l’Eternel, et pour cette raison il n’a pas de commencement dans le temps, comme il n’aura pas de fin. L’âme, lucide, intelligente, spirituelle, œuvre de Dieu, s’en souvient. Et elle souffre, car elle désire Dieu, le vrai Dieu de qui elle vient ; elle a soif de Dieu. Voilà pourquoi elle incite le corps engourdi à chercher à s’approcher de Dieu.

       204.7 – Nous avons donc une âme comme ceux de votre peuple que vous appelez “ justes ” ? Vraiment la même ?

       – Non, Plautina. Cela dépend de ce que tu veux dire. Si tu veux parler de l’origine et de la nature, votre âme est en tout point égale à celle de nos saints. Si tu parles de la formation, alors je te dis qu’elle est déjà différente. Si tu veux parler de la perfection atteinte avant la mort, alors la différence peut être absolue. Mais cela ne vaut pas seulement pour vous, les païens. Même un fils de ce peuple peut être absolument différent d’un saint dans la vie future. L’âme passe par trois phases : la première est la création. La deuxième est une nouvelle création. La troisième est la perfection. La première phase est commune à tous les hommes. La deuxième est propre aux justes qui, par leur volonté, amènent l’âme à une création encore plus complète, en unissant leurs bonnes actions à la bonté de l’œuvre de Dieu et rendent leur âme déjà plus parfaite spirituellement que la première. C’est un trait d’union entre la première phase et la troisième. La troisième est propre aux bienheureux, aux saints, s’il vous plaît de les appeler ainsi, qui ont fait grandir de mille degrés l’âme qu’ils avaient au point de départ, une âme simplement humaine et en ont fait une âme capable de reposer en Dieu.

       204.8 – Comment pouvons-nous donner à l’âme espace, liberté, élévation ?

       – En détruisant ce qu’il y a d’inutile dans votre moi. Il vous faut le libérer de toutes les idées fausses et, avec les débris de ces destructions, l’élever pour y établir le temple souverain. Il faut que l’âme monte toujours plus haut, sur les trois degrés.

       Vous autres romains, vous aimez les symboles. Considérez les trois degrés à la lumière d’un symbole. Ils peuvent vous dire leurs trois noms : pénitence, patience, constance. Ou bien : humilité, pureté, justice. Ou encore : sagesse, générosité, miséricorde. Ou enfin le trinôme lumineux : foi, espérance, charité. Considérez encore le symbole de l’enceinte ornée et robuste qui entoure l’aire du temple. Il faut savoir entourer l’âme, reine d’un corps qui est le temple de l’Esprit éternel, d’une barrière qui la défende sans pourtant lui ôter la lumière ni l’accabler par la vue de laideurs. C’est une enceinte sûre et affranchie du désir de tout ce qui est inférieur : la chair et le sang, pour s’élever vers ce qui est supérieur : l’esprit. L’affranchir à force de volonté, faire disparaître les angles, les ébréchures, les taches, les veines d’imperfection du marbre de notre moi, pour donner à l’âme une enceinte parfaite. Et, en même temps, faire de cette enceinte établie pour protéger le temple un refuge miséricordieux pour les plus malheureux qui ne savent pas ce qu’est la charité.

       Les portiques, quant à eux, symbolisent l’effusion de l’amour, de la pitié, du désir que d’autres viennent à Dieu, semblables à des bras aimants qui s’étendent pour faire un voile sur le berceau d’un orphelin.

       Au-delà de l’enceinte, se trouvent les plantes les plus belles et les plus parfumées en hommage au Créateur. Semées sur un terrain d’abord nu, puis cultivées, elles symbolisent les vertus de tous noms et forment la seconde enceinte vivante et fleurie autour du sanctuaire ; et au milieu des plantes, au milieu des vertus, il y a les fontaines, autre amour, autre purification avant de s’approcher du propylée qui en est proche ; et c’est là que, avant de monter à l’autel, on doit sacrifier l’attachement à la chair, se dépouiller de toute luxure. Il faut ensuite aller plus loin, près de l’autel, pour y présenter son offrande, puis encore vous approcher de la chambre où se trouve Dieu, en dépassant le vestibule. Or que sera cette chambre ? Un trésor de richesses spirituelles, car rien n’est trop beau pour servir de cadre à Dieu.

       Avez-vous compris ? Vous m’avez demandé comment se construit la foi. Je vous ai répondu : “ En suivant la méthode qu’on emploie pour construire les temples. ” Vous voyez que c’est vrai.

       204.9 Avez-vous autre chose à me dire ?

       – Non, Maître. Je crois que Flavia a écrit tout ce que tu nous as dit. Claudia veut en prendre connaissance. As-tu écrit ?

       – Exactement, confirme la femme en passant les tablettes enduites de cire.

       – Cela restera pour permettre de les relire, dit Plautina.

       – C’est de la cire, cela s’efface. Ecrivez-les dans vos cœurs. Ces paroles ne s’effaceront plus.

       – Maître, ils sont encombrés de temples illusoires. Nous lancerons contre eux ta Parole pour les jeter à terre. Mais c’est un long travail » soupire Plautina.

       Et elle termine :

       « Souviens-toi de nous dans ton Ciel…

       – Partez avec la certitude que je le ferai. Je vous quitte. Sachez que votre venue m’a été bien chère. Adieu, Publius Quintilianus. Souviens-toi de Jésus de Nazareth. »

       Les femmes saluent et partent les premières. Puis, pensif, Quintilianus s’en va. Jésus les regarde partir en compagnie de Maximin, qui les reconduit à leurs chars.

       204.10 « A quoi penses-tu, Maître ? demande Lazare.

       – Qu’il y a beaucoup de malheureux au monde.

       – Et je suis l’un d’entre eux.

       – Pourquoi, mon ami ?

       – Parce que tout le monde vient à toi, mais pas Marie. Sa ruine est donc plus grande ? »

       Jésus le regarde et sourit.

       « Tu souris ? Mais tu ne souffres pas que Marie soit impossible à convertir ? Tu ne souffres pas de me voir souffrir ? Marthe ne fait que pleurer depuis la soirée de lundi. Qui était cette femme ? Ne sais-tu pas que, pendant toute une journée, nous avons espéré que c’était elle ?

       – Je souris parce que tu es un enfant impatient… Et je souris parce que je pense que vous gaspillez votre énergie et vos larmes. Si ç’avait été elle, je serais accouru vous le dire.

       – Alors, ce n’était vraiment pas elle ?

       – Oh, Lazare !

       – Tu as raison. Patience ! Patience encore ! Voici, Maître, les bijoux que tu m’as donnés à vendre. Ils sont devenus de l’argent pour les pauvres. Ils étaient très beaux. Des bijoux de femme.

       – C’étaient ceux de cette femme-là.

       – J’y ai bien pensé. Ah ! S’ils avaient été ceux de Marie… Mais elle, elle ! Je perds espoir, mon Seigneur ! »

       Jésus l’embrasse et reste un moment sans parler. Puis il dit :

       « Je te prie de ne pas parler de ces bijoux à qui que ce soit. Elle doit échapper aux admirations et aux désirs comme une nuée que le vent emporte ailleurs, sans qu’il en reste trace sur l’azur.

       – Sois tranquille, Maître… et, en échange, ramène-moi Marie, notre malheureuse Marie…

       – Que la paix soit avec toi, Lazare. Ce que j’ai promis, je le ferai. »       

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