Une initative de
Marie de Nazareth

Précisions sur le souvenir des âmes

dimanche 8 octobre 28
à la fontaine du Chamelier, vers Bozra

Vision de Maria Valtorta

       290.1 La caravane sort de la cour d’Alexandre, rangée comme pour une parade militaire. En queue, Jésus avec tous les disciples. Les chameaux, avec leur lourde charge, marchent en se dodelinant d’un pas rythmé, et leurs têtes semblent demander à chaque pas : « Pourquoi ? Pourquoi ? » en un mouvement muet mais typique, comme celui des colombes qui à chaque instant semblent dire : « Oui, oui » à tout ce qu’elles voient. La caravane doit traverser la ville. Elle défile dans l’air pur du matin. Tous les hommes sont emmitouflés à cause du froid. Les sonnailles des chameaux, les crrr, crrr des chameliers, la plainte d’un chameau qui regrette l’étable tranquille, préviennent les géraséniens du départ de Jésus.

       La nouvelle se répand avec la rapidité de l’éclair, et certains viennent le saluer et lui apporter des cadeaux de fruits et autres victuailles. Un homme accourt avec un petit malade :

       « Bénis-le pour qu’il guérisse. Aie pitié ! »

       Jésus lève la main et bénit en ajoutant :

       « Va tranquille. Aie foi. »

       Et l’homme répond un oui si plein de confiance qu’une femme demande :

       « Mon mari malade d’ulcères aux yeux, le guérirais-tu ?

       – Si vous êtes capables de croire, oui.

       – Alors, je vais le chercher. Attends-moi, Seigneur. »

       Et elle vole, rapide comme une hirondelle. Mais attendre, c’est vite dit ! Les chameaux avancent. Alexandre, en tête de la colonne, ne sait ce qui se passe en queue. Il n’y a qu’à prévenir l’homme.

       « Cours, Marziam. Va dire au marchand de s’arrêter avant de sortir des murs » dit Jésus.

       Le garçon file accomplir sa mission. La caravane s’arrête pendant que le marchand vient vers Jésus.

       « Qu’est-ce qui se passe ?

       – Reste et tu verras. »

       290.2 La femme de Gérasa est vite de retour avec son mari qui a les yeux malades. C’est bien autre chose que des ulcères ! Ce sont deux trous pleins de pourriture qui s’ouvrent au milieu du vi­sage. L’œil est là au milieu, embué, rougi, à moitié aveugle, et il en sort un liquide répugnant. A peine l’homme enlève-t-il le bandeau sombre qui lui cache la lumière, que sa plainte augmente parce que la clarté du jour avive la douleur de l’œil malade.

       L’homme gémit :

       « Pitié ! Je souffre tant !

       – Tu as aussi beaucoup péché. De cela, tu ne te lamentes pas ? Tu ne t’affliges que de pouvoir perdre cette pauvre vue du monde ? Ne sais-tu rien de Dieu ? N’as-tu pas peur des ténèbres éternelles ? Pourquoi as-tu péché ? »

       L’homme pleure et se baisse sans parler. Sa femme aussi pleure et gémit :

       « Moi, j’ai pardonné…

       – Et moi, je lui pardonnerai s’il me jure ici qu’il ne retombera plus dans son péché.

       – Oui, oui ! Pardonne-moi. Je sais maintenant ce qu’entraîne le péché. Pardonne-moi. Comme la femme, pardonne-moi. Tu es le Bon.

       – Je te pardonne. Va à ce ruisseau, lave-toi le visage dans l’eau et tu guériras.

       – L’eau froide lui est nuisible, Seigneur » gémit la femme.

       Mais l’homme ne pense qu’à y aller et il s’y rend à tâtons jusqu’à ce que l’apôtre Jean, pris de pitié, le prenne par la main et le conduise seul, mais ensuite la femme le prend par l’autre main. L’homme descend jusqu’au bord de l’eau glacée qui clapote sur les cailloux, il se penche, prend de l’eau dans le creux de ses mains jointes, se lave et se relave le visage. Il ne donne pas de signe de souffrance et paraît au contraire éprouver du soulagement.

       Puis, le visage encore mouillé, il remonte sur la berge et revient vers Jésus qui lui demande :

       « Eh bien ? Tu es guéri ?

       – Non, Seigneur, pas pour l’instant. Mais tu l’as dit et je guérirai.

       – Alors garde ton espérance. Adieu. »

       La femme s’affaisse en pleurant… Elle est déçue. Jésus fait signe au marchand qu’il peut repartir, et Alexandre, déçu lui aussi, fait passer l’ordre. Les chameaux se remettent en marche avec leur mouvement de barque qui tangue, et ils sortent des murs. Ils prennent la route des caravanes, large et poussiéreuse, qui va en direction du sud-ouest.

       Les deux derniers du groupe apostolique, c’est-à-dire Jean d’En-Dor et Simon le Zélote, ont dépassé les murs d’une vingtaine de mètres quand un cri retentit dans l’air silencieux. Il paraît remplir le monde, il se répète toujours plus haut, plus joyeux, plus triomphal :

       « Je vois ! Jésus ! Jésus béni ! Je vois ! Je vois ! J’ai cru ! Je vois ! Jésus, Jésus ! Jésus béni ! »

       Et l’homme, dont le visage est redevenu complètement sain, les yeux beaux comme deux escarboucles lumineuses et vivantes, fend les rangs des apôtres et tombe aux pieds de Jésus presque sous les pieds du chameau que le marchand a juste le temps d’écarter de l’homme prosterné.

       L’homme baise le vêtement de Jésus en répétant :

       « J’ai cru ! J’ai cru et je vois. Jésus béni !

       – Lève-toi et sois heureux, et surtout bon. Recommande à ta femme de savoir croire complètement. Adieu. »

       Et Jésus se dégage de l’étreinte du miraculé et reprend sa marche.

       290.3 Le marchand caresse sa barbe d’un air pensif… Finalement, il demande :

       « Et s’il n’avait pas su continuer de croire après la déception du lavage ?

       – Il serait resté tel qu’il était avant.

       – Pourquoi exiges-tu tant de foi pour faire un miracle ?

       – Parce que la foi témoigne de la présence de l’espérance et de l’amour pour Dieu.

       – Et pourquoi as-tu voulu d’abord qu’il se repente ?

       – Parce que le repentir rend ami de Dieu.

       – Moi, qui n’ai pas de maladies, que devrais-je faire pour témoigner que j’ai la foi ?

       – Venir à la Vérité.

       – Et pourrais-je y venir sans l’amitié de Dieu ?

       – Tu ne pourrais y venir sans la bonté de Dieu. Le Seigneur permet que celui qui le cherche, même s’il ne se repent pas en­core, arrive à le trouver. Car le repentir vient généralement lorsque l’homme, consciemment ou avec un peu de conscience de ce que veut son âme, connaît Dieu. Auparavant, il est comme hébété, guidé par son seul instinct. Tu n’as jamais éprouvé le besoin de croire ?

       – Bien des fois. Je n’étais pas satisfait, voilà, de ce que j’avais. Je sentais qu’il y avait autre chose de plus fort que l’argent, que mes enfants, mes espérances… Mais je ne me donnais pas en­suite la peine de chercher à savoir ce qu’inconsciemment je cherchais.

       – Ton âme cherchait Dieu. La bonté de Dieu a permis que tu le trouves. Le repentir de ton stérile passé loin de Dieu te donnera l’amitié de Dieu.

       – Alors, pour… pour avoir le miracle de voir par l’âme la Vérité, je devrais me repentir du passé ?

       – Certainement. Te repentir et te décider à un complet changement de vie… »

       L’homme se remet à caresser sa barbe et il semble être en train d’étudier et de compter les poils du cou du chameau tant il reste le regard fixe. Sans le vouloir, il heurte la bête du talon et celle-ci y voit une invitation à accélérer le pas, ce qui emmène le marchand en tête de la caravane.

       290.4 Jésus ne le retient pas. Au contraire, il s’arrête et se laisse dépasser par les femmes et les apôtres jusqu’à ce que Simon le Zélote et Jean d’En-Dor le rejoignent. Jésus se joint à eux.

       « De quoi parlez-vous ? demande-t-il.

       – Nous parlions du découragement que doit éprouver celui qui ne croit à rien ou qui a perdu la foi qu’il avait. Hier, Syntica était réellement angoissée, bien qu’elle soit passée à une foi parfaite, répond Simon le Zélote.

       – Moi, je disais à Simon que, s’il est pénible de passer du bien au mal, il est déconcertant aussi de passer du mal au bien. Dans le premier cas, on est torturé par la conscience qui vous répri­mande. Dans le second, on est… déchiré… Comme doit l’être quelqu’un qui se trouve amené dans un pays étranger absolument inconnu… Ou bien c’est l’effroi d’un homme misérable et inculte qui se trouve amené au milieu de la cour d’un roi, parmi des savants et des riches. C’est une souffrance… Moi, je la connais… Une si grande souffrance… On ne peut croire que ce soit vrai, que cela puisse durer… qu’on puisse le mériter… surtout quand on a l’âme souillée… comme l’était la mienne…

       – Et maintenant, Jean ? » demande Jésus.

       Le visage exténué de Jean d’En-Dor, exténué et triste, s’illumine d’un sourire qui le fait paraître moins émacié. Il dit :

       « Maintenant cela n’est plus. Il me reste la reconnaissance, et même elle croît, pour le Seigneur qui a voulu cela. Il reste le souvenir du passé pour me garder humble. Mais il y a la sécurité. Je me sens acclimaté, non plus étranger dans ce monde de douceur qu’est le tien, de pardon et d’amour. Et je suis pacifié, serein, heureux.

       – Juges-tu bonne ton expérience ?

       – Oui. S’il n’y avait pas ma souffrance d’avoir péché – puisque par ce péché j’ai affligé Dieu –, je dirais que ce passé, mon passé, a été un bien. Il peut grandement me servir pour soutenir les âmes de bonne volonté, mais égarées dans les premiers moments de leur nouvelle croyance.

       – Simon, va dire au garçon de ne pas tant sauter. Ce soir, il sera épuisé. »

       Simon regarde Jésus, mais comprend le vrai sens de cet ordre. Il a un sourire d’intelligence et les laisse tous deux seuls.

       290.5 « Maintenant que nous sommes seuls, Jean, écoute mon désir. Toi, pour beaucoup de raisons, tu as une profondeur de jugement et de pensée qu’aucun autre ne possède parmi ceux qui me suivent. Et tu as une culture plus vaste que le commun des israélites : aussi je te prie de m’aider…

       – Moi, t’aider ? En quoi ?

       – Pour Syntica. Tu es un si bon pédagogue ! Marziam apprend vite et bien avec toi. Si bien que je compte vous laisser ensemble quelques mois, parce que je veux pour Marziam une connaissance plus vaste que celle du petit monde d’Israël. Pour toi, c’est une joie de t’occuper de lui. Pour moi aussi, c’est une joie de vous voir unis, toi pour l’instruire, lui pour apprendre ; toi pour rajeunir, lui pour mûrir en s’occupant. Mais tu devrais t’occuper aussi de Syntica. Comme d’une sœur égarée. Tu l’as dit : c’est un égarement… Aide-la à s’acclimater à mon atmosphère. Me fais-tu cette faveur ?

       – Mais c’est une grâce pour moi, mon Seigneur ! Je ne l’approchais pas parce que cela me paraissait superflu. Mais si tu le veux… Elle lit mes rouleaux ; il y en a de sacrés et d’autres qui sont uniquement pour la culture : de Rome et d’Athènes. Je vois qu’elle réfléchit et les compulse, mais je ne m’étais jamais entremis pour l’aider. Si tu le veux…

       – Oui, je le veux, je veux vous voir amis. Elle aussi, comme Marziam et comme toi, vous resterez quelque temps à Nazareth. Ce sera beau. Ma Mère et toi, maîtres de deux âmes qui s’ouvrent à Dieu. Ma Mère : l’angélique Maîtresse de la science de Dieu ; toi : le maître expert du savoir humain que pourtant tu peux désormais expliquer avec des applications surnaturelles. Ce sera beau et bon.

       – Oui, mon Seigneur béni ! Trop beau pour le pauvre Jean !… »

       L’homme sourit à la pensée de ces jours prochains de paix auprès de Marie, dans la maison de Jésus…

       290.6 La route se déroule dans la tiédeur d’un soleil de plus en plus sensible, dans une campagne charmante, désormais toute plane, une fois dépassées ces petites hauteurs qui s’élèvent peu après Gérasa. C’est une route en bon état sur laquelle la marche est aisée. Et on reprend la marche après la pause de midi.

       C’est presque le soir quand j’entends pour la première fois Syntica rire de bon cœur lorsque Marziam lui a raconté je ne sais quoi qui fait rire toutes les femmes. Je vois la grecque se pencher pour caresser l’enfant et effleurer son front d’un baiser, après quoi l’enfant se remet à gambader comme s’il ne sentait pas la fatigue.

       Mais tous les autres sont fatigués, et c’est avec joie qu’ils apprennent la décision de passer la nuit à la “ Fontaine des Chameliers ”. Le marchand dit :

       « J’y passe toujours la nuit. L’étape de Gérasa à Bozra est trop longue pour les hommes et pour les animaux.

       – Il est humain, ce marchand » constatent les apôtres, qui le comparent à Doras…

       La “ Fontaine des Chameliers ” n’est qu’une poignée de maisons autour de puits nombreux. Une sorte d’oasis, non pas dans le désert aride, parce qu’ici il n’y a pas d’aridité, mais c’est une oasis dans l’immensité inhabitée des champs et des vergers qui se succèdent sur des milles et des milles et qui, dans l’arrivée de la soirée d’octobre, exhalent la même tristesse que la mer au crépuscule. Aussi, de découvrir les maisons, d’entendre le bruit des voix, les pleurs des bébés, de sentir l’odeur des cheminées qui fument et de voir les premières lampes allumées paraît aussi doux que d’arriver chez soi.

       Alors que les chameliers s’arrêtent pour abreuver une pre­mière fois les chameaux, les apôtres et les femmes suivent Jésus qui, avec le marchand, entre dans la très préhistorique… “ hôtellerie ” qui les abritera pour la nuit…

       290.7 …Dans la pièce enfumée où ils ont pris leur repas, là où dormiront les hommes et, pendant que déjà les serviteurs préparent les couchettes de foin amoncelé sur des treillis, tout le monde se réunit près d’un large foyer qui occupe tout le fond étroit de la pièce. On a allumé le feu, car le soir a amené l’humidité et le froid.

       « Pourvu que le temps ne se mette pas à la pluie » soupire Pierre.

       Le marchand le rassure :

       « Il faut encore attendre la fin de cette lune pour que le mauvais temps arrive. C’est le temps qu’il fait ici le soir, mais demain nous aurons le soleil.

       – C’est pour les femmes, tu sais ? Ce n’est pas pour moi. Je suis pêcheur et je vis dans l’eau. Et je t’assure que je préfère l’eau à la montagne et à la poussière. »

       Jésus parle avec les femmes et avec ses deux cousins. Jean d’En-Dor et Simon le Zélote l’écoutent aussi. De leur côté, Timon, Hermastée et Matthieu lisent un des rouleaux de Jean et les deux juifs expliquent à Hermastée les passages bibliques les plus obscurs pour lui.

       Marziam les écoute, enchanté, mais il a l’air somnolent. Marie, femme d’Alphée, le voit et dit :

       « Cet enfant est fatigué. Viens, mon chéri, nous allons dormir, nous. Viens, Elise. Viens, Salomé. Les anciens et les enfants sont mieux au lit. Et vous feriez bien d’y aller tous. Vous êtes fatigués. »

       Mais en dehors des femmes âgées, à l’exception de Marcelle et de Jeanne, femme de Kouza, personne ne bouge.

       Quand, après avoir été bénies, elles s’en sont allées, Matthieu murmure :

       « Qui aurait dit à ces femmes qu’il leur faudrait dormir sur la paille loin de leurs maisons, il y a seulement peu de temps !

       – Je n’ai jamais aussi bien dormi » affirme avec décision Marie de Magdala, ce que Marthe confirme.

       Cependant, Pierre est d’accord avec son compagnon :

       « Matthieu a raison. Et je me demande, sans comprendre, pourquoi le Maître vous a amenées ici.

       – Mais parce que nous sommes les femmes disciples !

       – Alors s’il allait… là où il y a des lions, vous y viendrez ?

       – Mais bien sûr, Simon-Pierre ! La belle histoire de faire quelques pas ! Et avec lui tout près !

       – Voilà : cela fait vraiment beaucoup de pas, et pour des femmes qui n’y sont pas habituées… »

       Mais les femmes protestent tant, que Pierre hausse les épaules et se tait.

       Jacques, fils d’Alphée, en levant la tête, voit un sourire si lumineux sur le visage de Jésus qu’il lui demande :

       « Veux-tu nous dire, entre nous, le vrai but de ce voyage avec les femmes et… avec si peu de fruit par rapport à la fatigue ?

       – Pourrais-tu prétendre voir maintenant le fruit des semences ensevelies dans les champs que nous avons traversés ?

       – Moi, non. Je le verrai au printemps.

       – Moi aussi, je te le dis : “ Tu le verras en son temps. ” »

       Les apôtres ne répliquent rien.

       290.8 Voici que s’élève la voix argentine de Marie :

       « Mon Fils, aujourd’hui nous parlions entre nous de ce que tu as dit à Ramoth. Et chacune de nous avait des impressions et des réflexions différentes. Voudrais-tu nous préciser ta pensée ? Moi, je disais qu’il valait mieux t’appeler tout de suite, mais tu parlais avec Jean d’En-Dor.

       – En réalité, c’est moi qui avais provoqué la question. Car je suis une pauvre païenne, moi, et je n’ai pas les lumières splen­dides de votre foi. Il faut me plaindre, confesse Syntica.

       – Mais moi, je voudrais avoir ton âme, ma sœur ! » dit vivement Marie de Magdala.

       Et, toujours exubérante, elle l’embrasse en la tenant étroitement serrée contre elle par un bras. Avec sa beauté splendide, elle semble éclairer à elle seule le misérable taudis et y apporter l’opulence de sa demeure somptueuse. Serrée contre elle, la grecque, tout à fait différente, apporte une note de pensée auprès du cri d’amour qui semble toujours se dégager de Marie, la passionnée. Quant à la Vierge, assise, avec son doux visage levé vers son Fils, les mains jointes comme si elle priait, son profil très pur ressortant sur le mur sombre, elle est l’Adorante perpétuelle.

       Suzanne se tient dans la pénombre d’un coin et somnole, pendant que Marthe profite de la lumière du foyer pour fixer des boucles au petit vêtement de Marziam, active elle aussi malgré la lassitude et l’insistance d’autrui.

       Jésus dit à Syntica :

       « Mais ce n’était pas une pensée pénible. Je t’ai entendue rire.

       – Oui, à cause de l’enfant qui tranchait vivement la question en disant : “ Moi, je ne veux revenir que si Jésus revient. Mais si tu veux tout savoir, éloigne-toi d’ici et reviens nous dire si tu te souviens ”… »

       Toutes en rient encore et disent que Syntica demandait à Marie de lui expliquer ce qu’elle n’avait pas bien compris à propos du souvenir que les âmes gardent et qui explique certaines possibilités pour les païens d’avoir de vagues souvenirs de la vérité.

       « Moi, je disais : “ Peut-être que cela confirme la théorie de la réincarnation à laquelle croient beaucoup de païens ? ” et ta Mère, Maître, m’expliquait que ce que tu dis, c’est autre chose. Maintenant, veuille m’expliquer cela aussi, mon Seigneur.

       290.9 – Ecoute : tu ne dois pas croire que, sous prétexte que les âmes ont des souvenirs spontanés de la vérité, cela prouve que nous vivons plusieurs vies. Tu es déjà suffisamment instruite désormais pour savoir comment l’homme a été créé, comment il a péché, comment il a été puni. On t’a expliqué comment Dieu a incorporé une âme unique dans l’homme-animal. Elle est créée à chaque fois et n’est jamais utilisée pour de prétendues incarnations successives. Cette certitude devrait contredire ce que j’affirme sur les souvenirs des âmes. Elle le devrait en effet pour toute créature autre que l’homme, puisqu’il est, lui, doué d’une âme faite par Dieu. L’animal ne peut se souvenir de Dieu parce qu’il naît une seule fois. L’homme peut s’en souvenir, bien que ne naissant qu’une seule fois, et cela grâce à ce qu’il y a de meilleur en lui : l’âme. D’où vient toute âme humaine ? De Dieu. Qui est Dieu ? L’Esprit très intelligent, très puissant, parfait. Cette substance spirituelle admirable qu’est l’âme, créée par Dieu pour donner à l’homme son image et sa ressemblance comme signe indiscutable de sa Paternité très sainte, se ressent des qualités propres de Celui qui l’a créée. L’âme est donc un esprit intelligent, libre, immortel comme le Père qui l’a créée. Elle sort parfaite de la pensée divine et, à l’instant de sa création, elle est semblable, pour un millième d’instant, à celle du premier homme : une perfection qui comprend la Vérité par suite d’un don gratuitement donné. Un millième d’instant. Puis, une fois formée, elle est blessée par le péché originel. Pour te faire mieux comprendre, je dirai que c’est comme si Dieu portait l’âme qu’il crée, et que l’être créé, en venant à la vie, était blessé par un signe ineffaçable. Me comprends-tu ?

       – Oui, tant qu’elle est pensée, pensée créée, elle est parfaite, soit un millième d’instant. Puis, une fois la pensée traduite dans les faits, elle devient sujette à la loi causée par la Faute.

       – Tu as bien répondu. L’âme s’incarne donc dans le corps humain en apportant avec elle ce joyau secret dans le mystère de son être spirituel, le souvenir de l’Etre Créateur, c’est-à-dire de la Vérité. Le bébé naît. Il peut être bon, excellent, aussi bien que perfide. Il peut tout devenir car il est libre de vouloir. Sur ses “ souvenirs ” le ministère des anges jette ses lumières et le semeur de pièges ses ténèbres. Au fur et à mesure que l’homme poursuit les lumières et par conséquent aussi des vertus de plus en plus grandes en rendant l’âme maîtresse de son être, alors la faculté de se souvenir se développe en elle comme si la vertu rendait de plus en plus mince la cloison qui s’interpose entre l’âme et Dieu. Voilà pourquoi les hommes vertueux de tous pays pressentent la vérité, pas parfaitement parce qu’ils sont rendus obtus par des doctrines contraires ou par des ignorances mortelles, mais suffisamment pour fournir des pages de formation morale aux peuples auxquels ils appartiennent. As-tu compris ? Es-tu convaincue ?

       – Oui. Pour conclure : la religion des vertus pratiquées héroïquement prédispose l’âme à la Religion vraie et à la connaissance de Dieu.

       – C’est tout à fait cela. Et maintenant, va te reposer et sois bénie. Et toi aussi, Maman, et vous, mes sœurs et disciples. Que la paix de Dieu veille sur votre repos. »

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