Une initative de
Marie de Nazareth

Commentaire sur la conversion de Marie-Madeleine

mardi 30 mai 28
Capharnaüm

Vision de Maria Valtorta

       234.1 Jésus dit :

       « Depuis janvier, depuis le moment où je t’ai fait voir le repas pris chez Simon le pharisien, celui qui te guide et toi avez désiré en savoir davantage sur Marie-Madeleine et sur ce que je lui ai dit. Sept mois plus tard, je vous découvre ces pages du passé pour vous satisfaire et pour donner une règle de conduite à ceux qui doivent savoir se pencher sur ces âmes lépreuses, ainsi qu’une parole qui invite ces malheureux qui suffoquent dans leur tombeau de vice à en sortir.

       234.2 Dieu est bon. Avec tout le monde. Il n’utilise pas les mêmes mesures que les hommes. Il ne fait pas de différence entre péché et péché mortel. Tout péché, quel qu’il soit, l’afflige. Le repentir le rend joyeux et prêt à pardonner. La résistance à la grâce le rend inexorablement sévère, car la Justice ne peut pardonner à l’impénitent qui meurt dans cet état malgré toutes les aides qu’il a eues pour se convertir.

       Mais, dans les conversions ratées, il y en a, sinon la moitié, du moins quatre sur dix qui ont pour cause première la négligence des personnes chargées des conversions, un zèle mal compris et menteur qui n’est qu’un voile posé sur un réel égoïsme et de l’orgueil qui leur permet de rester bien tranquille à l’abri sans descendre dans la lie pour en arracher un cœur. “ Moi, je suis pur, je suis digne de respect. Je ne vais pas là où il y a de la pourriture et où l’on peut me manquer de respect. ” Mais celui qui parle ainsi n’a-t-il pas lu l’Evangile, où il est dit que le Fils de Dieu est allé convertir les publicains et les prostituées, et pas seulement les honnêtes gens de l’ancienne Loi ? Ne pense-t-il pas que l’orgueil est une impureté de l’âme, que le manque de charité est une impureté du cœur ? Tu seras vilipendé ? Je l’ai été avant toi, et bien davantage, or j’étais le Fils de Dieu. Tu devras mettre ton vêtement au contact de choses impures ? Et moi, n’ai-je pas touché ces impuretés de mes mains, pour que je puisse les remettre sur pied et leur dire : “ Marche sur ce nouveau chemin ” ?

       Avez-vous oublié ce que j’ai dit à vos premiers prédécesseurs ? “ En toute ville ou village où vous entrerez, renseignez-vous pour savoir si quelqu’un le mérite, et demeurez auprès de lui. ” Cela afin que le monde ne jase pas. Le monde est trop facilement disposé à voir le mal en tout. Mais j’ai ajouté : “ En entrant dans ces maisons – ‘ maisons ’ ai-je dit, et pas ‘ maison ’ – saluez en disant : ‘ Paix à cette maison. ’ Si la maison en est digne, la paix ira reposer sur elle, mais si elle ne l’est pas, elle reviendra sur vous. ” Cela pour vous enseigner que, jusqu’à la preuve certaine de l’impénitence, vous devez avoir à l’égard de tous le même cœur. Et j’ai complété cet enseignement en ajoutant : “ Mais si on ne vous accueille pas et qu’on n’écoute pas vos paroles, au sortir de ces maisons et de ces villes, secouez la poussière qui est restée attachée à vos semelles. ” Sur les bons, que la bonté aimée avec constance transforme pour ainsi dire en un bloc poli de cristal, la fornication n’est que poussière, de la poussière qu’il suffit de secouer ou sur laquelle il suffit de souffler pour qu’elle s’envole sans laisser de séquelle.

       Soyez vraiment bons, d’un seul bloc avec la bonté éternelle au centre, et aucune corruption ne pourra monter vous souiller plus haut que les semelles qui s’appuient sur le sol. L’âme est tellement au-dessus ! L’âme de l’homme bon ne fait qu’un avec Dieu. L’âme est au Ciel. La poussière et la boue ne l’atteignent pas, même si elles sont lancées avec hargne contre l’âme de l’apôtre. La boue peut bien atteindre la chair, vous blesser matériellement et moralement en vous persécutant parce que le Mal hait le bien, ou en vous offensant. Mais qu’est-ce que cela fait ? N’ai-je pas été offensé, moi ? N’ai-je pas été blessé ? Mais est-ce que ces coups et ces paroles obscènes ont fait impression sur mon âme, est-ce qu’elle en a été troublée ? Non. Comme un crachat sur un miroir, comme un caillou lancé contre la pulpe juteuse d’un fruit, ils ont glissé sans y pénétrer, ou bien, s’ils y ont pénétré, c’est en surface seulement, sans atteindre le germe renfermé dans le noyau ; au contraire, la germination en a été favorisée, car il est plus facile pour le germe de sortir d’une masse entrouverte que si elle était intacte. C’est en mourant que le grain germe et que l’apôtre devient fécond. En mourant matériellement parfois, en mourant presque quotidiennement, au sens métaphorique du mot, car le moi humain n’en est que brisé. Or ce n’est pas la mort : c’est la Vie. C’est le triomphe de l’esprit sur la mort de l’humanité.

       234.3 Marie-Madeleine est venue à moi par un caprice de femme oisive qui ne sait comment occuper ses heures de loisir. La voix limpide et sévère de la vérité a résonné à ses oreilles assourdies par les mensonges obséquieux de ceux qui la berçaient par des hymnes à la sensualité pour la tenir en esclavage. La vérité n’a pas peur d’être raillée et incomprise, car elle parle en regardant Dieu. Et tel un carillon de jour de fête, toutes les voix se sont fondues dans la Parole, les voix habituées à résonner dans les Cieux, dans le libre azur de l’air, en se propageant par vaux et par monts, dans les plaines et sur les lacs, pour rappeler les gloires du Seigneur et ses festivités.

       Ne vous souvenez-vous pas du carillon de fête qui, en temps de paix, rendait si gai le jour consacré au Seigneur ? La grosse cloche, de son battant, produisait le premier son au nom de la Loi divine. Elle disait : “ Je parle au nom de Dieu, Juge et Roi. ” Mais ensuite les plus petites arpégeaient “ qui est bon, miséricordieux et patient ” jusqu’à ce que la cloche la plus argentine ajoute d’une voix angélique : “ Son amour pousse au pardon et à la compassion pour vous enseigner que le pardon est plus utile que la rancœur, et la compassion que l’inflexibilité. Venez à Celui qui pardonne, ayez foi en Celui qui compatit. ”

       Moi aussi, après avoir rappelé la Loi, piétinée par la pécheresse, j’ai fait chanter l’espérance du pardon. Comme une bande soyeuse verte et bleue, je l’ai secouée parmi les teintes noires pour y mettre ses paroles réconfortantes. Le pardon ! C’est une rosée sur la brûlure du coupable. La rosée n’a rien à voir avec la grêle qui frappe comme une flèche, blesse, rebondit et s’en va sans pénétrer, en détruisant les fleurs. La rosée descend avec une telle légèreté que la plus délicate des fleurs ne la sent pas se poser sur ses pétales de soie. Mais ensuite, elle en absorbe la fraîcheur et se restaure. Elle se pose près des racines, sur la terre brûlée et la pénètre… C’est une humidité de larmes, de pleurs d’étoiles, les pleurs aimants d’une nourrice sur ses enfants assoiffés, et qui descend les restaurer en même temps que le lait doux et nourrissant. Ah ! Le mystère des éléments qui agissent même quand l’homme se repose ou pèche ! Le pardon est comme cette rosée : il amène non seulement la pureté, mais aussi des sucs vitaux qu’il prend, non aux éléments, mais aux foyers divins.

       Puis, après la promesse de pardon, la Sagesse parle et dit ce qui est licite et ce qui ne l’est pas, rappelle et secoue. Ce n’est pas par dureté, mais par souci éternel de sauver. Que de fois votre cœur de silex ne se rend-il pas encore plus impénétrable et plus tranchant envers l’Amour qui se penche sur vous ! Que de fois vous vous enfuyez alors qu’il vous parle ! Que de fois vous le tournez en dérision ! Que de fois vous le haïssez… Si l’Amour vous traitait comme vous le traitez, malheur à vos âmes ! Mais vous le voyez au contraire : il est l’infatigable Marcheur qui va à votre recherche. Il vient vous rejoindre quand bien même vous vous enfouissez dans de sordides tanières.

       234.4 Pourquoi ai-je voulu entrer dans cette maison ? Pourquoi n’y ai-je pas accompli le miracle ? Pour enseigner aux apôtres comment agir, en défiant les préventions et les critiques pour accomplir un devoir si élevé qu’il échappe à ces réalités du monde.

       Pourquoi ai-je tenu ce langage à Judas ? Les apôtres avaient un tempérament encore très humain. Tous les chrétiens en sont là, y compris les saints de la terre, bien qu’à un moindre degré. Il en survit quelque chose jusque chez les personnes parfaites. Mais les apôtres n’en étaient pas encore là : leur manière de penser était pénétrée de sentiments humains. J’avais beau les élever, le poids de leur humanité les tirait vers le bas. Pour les aider à moins retomber, je devais mettre, sur le chemin de la montée, des choses capables d’arrêter leur descente de façon qu’ils s’appuient sur elles pour méditer et se reposer, pour s’élever ensuite plus haut que la fois précédente : des événements capables de les persuader que j’étais Dieu, comme les introspections d’âmes, la victoire sur les éléments, les miracles, la transfiguration, la résurrection, les ubiquités. Je me trouvai sur le chemin d’Emmaüs en même temps qu’au Cénacle, et l’heure de ces deux présences, confrontée entre les apôtres et les disciples, fut l’une des raisons qui les frappa le plus, les arracha à leurs liens et les lança sur la voie du Christ.

       Plus que pour Judas – ce membre couvait déjà la mort en lui –, je parlais pour les onze autres. Je devais nécessairement faire briller à leurs yeux le fait que j’étais Dieu, non par orgueil, mais parce que c’était nécessaire pour leur formation. J’étais Dieu et Maître. Ces mots indiquaient qui j’étais. Je me suis révélé par une puissance qui dépassait l’humain et j’enseignais une perfection : ne pas avoir de conversation mauvaise même en notre for intérieur. Car Dieu voit, et Dieu doit voir un for intérieur pur pour pouvoir y venir et y établir sa demeure.

       Pourquoi n’ai-je pas accompli de miracle dans cette maison ? Pour faire comprendre à tous que la présence de Dieu exige une ambiance pure, par respect pour la grandeur de sa majesté. Pour parler – sans remuer les lèvres, mais avec une parole d’autant plus pénétrante – à l’âme de la pécheresse et lui dire : “ Tu vois, malheureuse ? Tu es tellement souillée que tout, autour de toi, en est souillé, à tel point que Dieu ne peut y agir. Tu es plus souillée que cet homme, car tu renouvelles la faute d’Eve et tu offres le fruit à Adam, en le tentant et en le détournant du Devoir. Tu es ministre de Satan. ”

       Néanmoins, pourquoi est-ce que je refuse qu’elle soit traitée de “ satan ” par la mère folle de douleur ? Parce qu’aucune raison ne saurait justifier l’insulte et la haine. La première nécessité qui s’impose et la première condition pour avoir Dieu avec nous, c’est de ne pas éprouver de rancœur et de savoir pardonner. La deuxième nécessité, c’est de savoir reconnaître que nous aussi – ou nos proches –, nous sommes coupables : il ne suffit pas de voir seulement les fautes des autres. La troisième nécessité, c’est de savoir rester reconnaissants et fidèles, après avoir obtenu une grâce, par justice envers l’Eternel. Malheureux ceux qui, après une grâce, sont pires que des chiens et ne se souviennent pas de leur bienfaiteur : un chien lui-même s’en souvient !

       234.5 Je n’ai pas adressé le moindre mot à Marie-Madeleine. Comme si elle avait été une statue, je l’ai regardée un instant, puis je l’ai quittée des yeux. Je suis revenu aux “ vivants ” que je voulais sauver. Matière morte comme une statue de marbre, et plus encore, je l’ai enveloppée d’une négligence apparente. Mais je n’ai rien dit et rien fait qui n’ait pour principal but sa pauvre âme que je voulais racheter. Et mes derniers mots : “ Moi, je n’insulte pas : n’insulte donc pas. Prie pour les pécheurs. Rien de plus ” sont allés, telle une guirlande de fleurs que l’on forme, se souder à ce que j’avais dit sur la montagne : “ Le pardon est plus utile que la rancœur, et la compassion que l’inflexibilité. ” Ces mots l’ont enfermée, la pauvre malheureuse, dans un cercle velouté, frais, parfumé de bonté, en lui faisant sentir combien la sujétion aimante de Dieu est différente de l’esclavage féroce de Satan, combien le parfum céleste est suave par rapport à la puanteur de la faute, et combien il est reposant d’être aimé saintement plutôt que d’être possédé sataniquement.

       Voyez combien le Seigneur est mesuré dans ses volontés : il n’exige pas des conversions foudroyantes. Il ne prétend pas à l’absolu d’un cœur. Il sait attendre. Il sait de quoi se satisfaire. Et pendant qu’il attend que la femme perdue retrouve le chemin, que cette femme hors d’elle retrouve la raison, il se contente de ce que peut lui donner la mère bouleversée. Je ne lui demande rien d’autre que : “ Peux-tu pardonner ? ” Combien d’autres choses j’aurais eu à lui demander pour la rendre digne du miracle, si j’avais jugé selon les critères des hommes ! Mais c’est divinement que je mesure vos forces. Pour cette pauvre mère accablée, c’était déjà beaucoup d’arriver à pardonner. Et, à ce moment précis, c’est tout ce que je lui demande. Plus tard, après lui avoir rendu son fils, je lui dis : “ Sois sainte et rends sainte ta maisonnée. ” Mais tant qu’elle est écrasée sous la douleur, je ne lui demande que de pardonner à la coupable. On ne doit pas tout exiger de celui qui, peu avant, était dans le néant des ténèbres. Cette mère allait venir plus tard à la lumière totale et, avec elle, l’épouse et les enfants. Mais sur le moment, à ses yeux aveuglés par les larmes, il fallait faire arriver le premier crépuscule de la lumière : le pardon, cette aube du jour de Dieu.

       234.6 De tous ceux qui étaient présents – je ne compte pas Judas, je parle des gens accueillis à cet endroit, pas de mes disciples –, un seul n’allait pas venir à la lumière. De telles défaites accom­pagnent les victoires de l’apostolat. Il y a toujours quelqu’un pour qui l’apôtre peine en vain. Mais elles ne doivent pas faire perdre courage. L’apôtre ne doit pas prétendre tout obtenir. Des forces adverses de tous noms s’opposent à lui ; comme les tentacules d’une pieuvre, elles rattrapent la proie qui leur avait échappé. Le mérite de l’apôtre reste le même. Malheureux, l’apôtre qui prétend : “ Je sais que, là, je ne pourrai pas convertir, donc je n’y vais pas. ” Un tel apôtre n’aurait guère de valeur. Il faut y aller, même si seul un sur mille sera sauvé. La journée de l’apôtre sera aussi féconde pour un seul que pour mille. Car il aura fait tout son possible, et c’est cela que Dieu récompense. Il faut aussi croire que, là où l’apôtre ne peut obtenir de conversions parce que la personne à convertir est trop prisonnière de Satan et les forces de l’apôtres trop insuffisantes pour l’effort requis, Dieu peut intervenir. Et alors ? qui est plus grand que Dieu ?

       234.7 Une autre chose que l’apôtre doit absolument pratiquer, c’est l’amour, l’amour manifeste. Pas seulement l’amour secret du cœur de ses frères, qui suffit pour les frères bons. Mais l’apôtre est un ouvrier de Dieu et il ne doit pas se borner à prier, il doit agir. Qu’il agisse donc avec amour, avec un grand amour. La sévérité paralyse le travail de l’apôtre et le mouvement des âmes vers la Lumière. Pas de sévérité, mais de l’amour. L’amour, c’est le vêtement d’amiante que les flammes des mauvaises passions ne peuvent attaquer. L’amour vous comble d’essences protectrices qui empêchent la pourriture humano-satanique de pénétrer en vous. Pour conquérir une âme, il faut savoir aimer. Pour conquérir une âme, il faut savoir l’amener à aimer. A aimer le bien en repoussant ses pauvres amours peccamineuses.

       Je voulais l’âme de Marie. Et comme pour toi, petit Jean, je ne me suis pas borné à parler du haut de ma chaire de Maître. J’en suis descendu pour la chercher sur les chemins du péché. Je l’ai suivie et persécutée de mon amour. Douce persécution ! Je suis entré, moi la Pureté, là où elle était, elle qui était l’impureté. Je n’ai pas eu peur du scandale, ni pour moi ni pour les autres. Le scandale ne pouvait entrer en moi, car j’étais la Miséricorde, or celle-ci pleure sur les fautes, mais ne s’en scandalise pas. Malheureux le pasteur qui se scandalise et se retranche derrière ce paravent pour abandonner une âme ! Ne savez-vous pas que les âmes se relèvent plus facilement que les corps, et que la parole de compassion et d’amour qui dit : “ Ma sœur, relève-toi, pour ton bien ” opère souvent des miracles ? Je ne craignais pas le scandale d’autrui. Aux yeux de Dieu, mon action était justifiée. Et les bons la comprenaient. Le regard malveillant où fermente la malice qui se dégage d’un intérieur corrompu n’a aucune valeur. Il trouve des fautes même en Dieu. Il ne voit de parfait que lui-même. Je ne m’en souciais donc pas.

       234.8 Voici les trois phases du salut d’une âme :

       Etre d’une grande intégrité pour pouvoir parler sans crainte d’être réduit au silence. Parler à toute une foule, de façon à ce que notre parole apostolique qui s’adresse aux assemblées groupées autour de la barque mystique s’étende, comme des cercles dans l’eau, toujours plus loin, jusqu’aux rivages boueux où sont couchés ceux qui stagnent dans la fange et ne se soucient guère de connaître la vérité. C’est là le premier travail à faire pour briser la croûte de la glèbe et la préparer à recevoir la semence. C’est le plus sévère pour celui qui l’accomplit comme pour celui qui le reçoit, car la parole, tel le soc tranchant, doit blesser pour ouvrir. Et, en vérité, je vous dis que le cœur d’un apôtre plein de bonté est meurtri de devoir agir comme cela. Mais cette douleur est féconde, elle aussi. C’est par le sang et les pleurs de l’apôtre que la glèbe inculte devient fertile.

       Deuxième qualité : œuvrer même là où tout autre qui comprendrait mal sa mission s’enfuirait ; se briser sous l’effort d’arracher l’ivraie, le chiendent et les épines pour mettre à nu le terrain labouré et faire briller sur lui, tel un soleil, la puissance de Dieu et sa bonté ; et en même temps, se montrer, en qualité de juge et de médecin, à la fois sévère et compatissant, en s’arrêtant pour attendre, pour laisser aux âmes le temps de surmonter la crise, de réfléchir et de prendre une décision.

       Troisième point : dès que l’âme qui s’est repentie dans le silence, en pleurant et en méditant sur ses erreurs, ose venir timidement vers l’apôtre, craignant d’être chassée, il faut que ce dernier ait un cœur plus grand que la mer, plus doux que le cœur d’une maman, plus aimant que le cœur d’un époux, et qu’il l’ouvre tout grand pour en laisser s’échapper des flots de tendresse. Si vous avez Dieu en vous – Dieu qui est Amour –, vous trouverez aisément les mots d’amour qu’il faut dire aux âmes. Dieu parlera en vous et par vous ; comme du miel qui suinte d’un rayon, comme un baume qui coule d’une ampoule, l’amour atteindra les lèvres brûlées et dégoûtées, les âmes blessées, et il sera soulagement et remède.

       234.9 Faites en sorte que les pécheurs vous aiment, vous les docteurs des âmes. Faites en sorte qu’ils goûtent la saveur de l’amour céleste et en deviennent avides au point de ne plus chercher d’autre nourriture. Faites en sorte qu’elles trouvent dans votre douceur un tel soulagement qu’elles le recherchent pour toutes leurs blessures. Il faut que votre charité écarte d’eux toute crainte car, comme le dit l’épître de ce jour : “ La crainte suppose un châtiment, or celui qui craint n’est pas parfait en amour. ” Mais celui qui fait craindre ne l’est pas non plus. Ne dites pas : “ Qu’as-tu fait là ? ”, ni “ Va-t'en ” ou “ Tu ne peux pas goûter à l’amour bon ”. Dites plutôt, en mon nom : “ Aime et je te pardonne ”, “ Viens, les bras de Jésus te sont ouverts ”, ou encore “ Savoure ce pain angélique et cette Parole et oublie la poix infernale et le mépris de Satan ”. Faites-vous bêtes de somme pour les faiblesses des autres. L’apôtre doit porter son fardeau et celui d’autrui, en même temps que ses propres croix et celles d’autrui. Et, quand vous venez à moi, chargés des brebis blessées, rassurez-les, ces brebis errantes, par ces mots : “ Tout est oublié à partir de maintenant ”, et “ N’aie pas peur du sauveur. Il est venu du Ciel pour toi, tout exprès pour toi. Je ne suis que le pont pour te conduire à lui, qui t’attend, de l’autre côté du canal de l’absolution pénitentielle, pour te mener à ses saints pâturages : ils commencent ici sur terre, mais continuent ensuite dans les Cieux avec une beauté éternelle qui rassasie et réjouit.

       234.10 Voilà le commentaire. Il vous concerne peu, vous les brebis fidèles au bon Pasteur. Mais pour toi, ma petite épouse, il servira à accroître ta confiance, pour le père il servira de lumière plus grande dans sa lumière de juge, et pour beaucoup ce sera une incitation à venir au bien. Mais il sera la rosée dont j’ai parlé, qui pénètre, nourrit et fait refleurir les fleurs flétries. Levez la tête. Le ciel est en haut.

       Va en paix, Maria. Le Seigneur est avec toi.»

Observation

Quand Jésus évoque l’amiante

Alors qu’il commente la conversion de Marie Madeleine, Jésus explique à Maria Valtorta : « L'amour c'est le vêtement d'amiante que les flammes des mauvaises passions ne peuvent attaquer » (EMV 234.7). Donnée pour notre temps, cette comparaison nous apparaît limpide. Mais on peut remarquer qu’elle aurait été tout aussi compréhensible, il y a deux mille ans, pour les contemporains du Christ…

Tissu d’amiante, résistant au feu

En effet, l’amiante est un matériau antique qui était déjà connu plusieurs siècles avant Jésus Christ. Pausonias (Description de l’Attique) décrit une lampe fabriquée au 4e siècle avant J.-C. par Callimachos, et qui sur l’Acropole brûlait jour et nuit. Sa mèche était faite de « lin de Carpasie », «  le seul lin que le feu ne dévore pas ». Au premier siècle Pline l’Ancien le nomme d’abord linum vivum, puis asbestinon (non éteint). Dioscoride utilise le mot amiantos (litt. « qui ne se souille pas ») justement à cause des serviettes qu’on nettoyait alors par le feu ! Strabon quant à lui observe que les esclaves qui tissent des étoffes à base d’amiante contractent des maladies respiratoires mortelles ! A l’époque, l’amiante servait à confectionner des serviettes, nappes et vêtements qu’on nettoyait simplement en les jetant au feu après usage. L’amiante était également utilisé pour confectionner des mèches éternelles de lampe à huile et des bandages lors de la crémation des corps, pour ne pas mélanger les cendres du défunt à celles du bucher. Au Moyen Age Charlemagne posséda lui-même des nappes en amiante et étonna ses invités de marque en les jetant au feu pour les nettoyer.

(1) Pline, Histoire Naturelle Livre 19, 19 et 19,20.

(2) Dioscoride Livre 5, 138.

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