Une initative de
Marie de Nazareth

La parabole du riche et de Lazare

samedi 18 mars 28
Plaine d'Esdrelon
Gustave Dore

Dans les évangiles : Lc 16,19-31

Luc 16,19-31

« Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux. Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare, qui était couvert d’ulcères. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères. Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra.

Au séjour des morts, il était en proie à la torture ; levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui. Alors il cria : “Père Abraham, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise. – Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance. Et en plus de tout cela, un grand abîme a été établi entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.” Le riche répliqua : “Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père. En effet, j’ai cinq frères : qu’il leur porte son témoignage, de peur qu’eux aussi ne viennent dans ce lieu de torture !” Abraham lui dit : “Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent ! – Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront.” Abraham répondit : “S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus.” »

Vision de Maria Valtorta

       191.1 « Remets à Michée assez d’argent pour que demain il puisse rembourser ce qu’il a emprunté aujourd’hui aux paysans de cette région » dit Jésus à Judas Iscariote qui habituellement s’occupe… des ressources de la communauté.

       Puis Jésus appelle André et Jean et les envoie en deux points d’où l’on peut voir la route ou les routes qui viennent de Jezraél. Il appelle ensuite Pierre et Simon et les envoie à la rencontre des paysans de Doras, avec l’ordre de les arrêter à la limite des deux propriétés. Enfin, il dit à Jacques et à Jude :

       « Prenez les vivres et venez. »

       Les paysans de Yokhanan, hommes, femmes et enfants les suivent ; les hommes portent deux petites amphores – petites, c’est une façon de parler – qui doivent être pleines de vin. Plutôt que des amphores, ce sont des jarres qui contiennent environ dix litres chacune. (Je vous prie toujours de ne pas prendre mes mesures pour des articles de foi). Ils vont là où un vignoble aux ceps serrés, déjà tout couvert de feuilles nouvelles, marque la fin des possessions de Yokhanan. Au-delà, il y a un large fossé gardé en eau, qui sait au prix de quelles fatigues !

       « Tu vois ? Yokhanan s’est querellé avec Doras pour ce fossé. Yokhanan prétendait : “ C’est la faute de ton père si tout est en ruines. S’il ne voulait pas l’adorer, il devait au moins le craindre et ne pas le provoquer. ” Et Doras, tel un démon, criait : “ Tu as sauvé tes terres grâce à ce fossé. Les bêtes ne l’ont pas franchi…. Yokhanan rétorquait : “ Dans ce cas, pourquoi une telle ruine, alors qu’auparavant tes champs étaient les plus beaux d’Esdrelon ? C’est le châtiment de Dieu, tu peux me croire. Vous avez dépassé la mesure. Cette eau ? Il y en a toujours eu là, et ce n’est pas elle qui m’a sauvé. ” Doras répliquait : “ Cela prouve bien que Jésus est un démon. ” “ C’est un juste ”, criait Yokhanan. Et ils se sont disputés tant qu’ils ont eu du souffle. Depuis, à grands frais, Yokhanan a fait dériver dans le fossé les eaux d’un torrent et creuser pour trouver des sources. Il a disposé tout un ensemble de fossés entre lui et son parent, les a creusés, et il nous a dit ce que nous t’avons raconté hier… Au fond, lui, il est heureux de ce qui est arrivé : il jalousait tellement Doras… Maintenant, il espère pouvoir acheter le tout, car Doras finira par tout vendre à un prix dérisoire. »

       191.2 Jésus écoute avec bienveillance toutes ces confidences en attendant les pauvres paysans de Doras qui ne tardent pas à arriver et qui se prosternent jusqu’à terre dès qu’ils voient Jésus à l’abri d’un arbre.

       « Paix à vous, mes amis. Venez. Aujourd’hui, la synagogue est ici et je suis votre chef de synagogue. Mais, auparavant, je veux être votre père de famille. Asseyez-vous en cercle pour que je vous donne la nourriture. Aujourd’hui, vous avez l’Epoux parmi vous et nous faisons le banquet des noces. »

       Jésus découvre une corbeille et en tire des pains aux yeux stupéfaits des paysans de Doras et, d’une autre corbeille, il sort les vivres qu’il a pu trouver : fromages, légumes qu’il a fait cuire et un petit chevreau ou agneau rôti, coupé en parts. Il fait la distribution aux pauvres malheureux, puis il verse le vin et fait circuler la coupe grossière pour que tous y boivent.

       « Mais pourquoi ? Pourquoi ? Et eux ? disent les paysans de Doras en montrant ceux de Yokhanan.

       – Ils sont déjà servis.

       – Mais quelle dépense ! Comment as-tu pu ?

       – Il y a encore de braves gens en Israël, dit Jésus en souriant. Mais aujourd’hui c’est le sabbat…

       – Remerciez cet homme, dit Jésus en leur indiquant l’homme d’En-Dor. C’est lui qui vous a procuré l’agneau. Le reste a été facile à trouver. »

       Ces pauvres gens dévorent – c’est le mot – cette nourriture depuis si longtemps inconnue.

       191.3 L’un d’eux, d’un certain âge déjà, serre contre lui un enfant d’une dizaine d’années environ ; il mange et pleure.

       « Pourquoi, père, fais-tu cela ? lui demande Jésus.

       – Parce que ta bonté est trop grande… »

       L’homme d’En-Dor dit, de sa voix gutturale :

       « C’est vrai… cela fait pleurer, mais ce sont des pleurs sans amertume…

       – sans amertume, c’est vrai. Et puis… je voudrais quelque chose. Ces larmes expriment aussi un souhait.

       – Que veux-tu, père ?

       – Tu vois cet enfant : c’est mon petit-fils. Il est avec moi depuis l’éboulement de cet hiver. Doras ne sait même pas qu’il m’a rejoint car je le fais vivre comme une bête sauvage dans la forêt et je ne le vois qu’au sabbat. S’il le découvre, soit il le chasse, soit il le met au travail… et mon tendre petit-fils aura une condition pire qu’une bête de somme… A Pâque, je l’enverrai avec Michée à Jérusalem pour qu’il devienne fils de la Loi… et ensuite… ? C’est le fils de ma fille…

       – Me le confierais-tu à moi, au contraire ? Ne pleure pas. J’ai tant d’amis qui sont honnêtes, saints et qui n’ont pas d’enfants ! Ils l’élèveront saintement, selon ma Voie…

       – Ah, Seigneur ! Depuis que j’ai entendu parler de toi, je l’ai désiré et je priais le saint Jonas, lui qui sait ce que c’est que d’appartenir à ce maître, de sauver mon petit-fils de cette mort…

       – Mon enfant, viendrais-tu avec moi ?

       – Oui, mon Seigneur, et je ne te causerai pas de peine.

       – Alors c’est dit.

       191.4 – Mais… à qui veux-tu le donner ? demande Pierre en tirant Jésus par la manche. A Lazare, lui aussi ?

       – Non, Simon. Mais il y en a tant qui n’ont pas d’enfants…

       – Il y a moi aussi… »

       Le visage de Pierre paraît maigrir sous l’effet du désir.

       – Simon, je te l’ai dit : tu dois être le “ père ” de tous les enfants que je te laisserai en héritage, mais tu ne dois pas avoir la chaîne d’un fils à toi. N’en sois pas blessé. Tu es trop nécessaire au Maître pour que le Maître puisse te séparer de lui à cause d’une affection. Je suis exigeant, Simon. Je suis exigeant plus que l’époux le plus jaloux. Je t’aime d’un amour de prédilection et je te veux tout entier pour moi et à moi.

       – C’est bon, Seigneur… C’est bon… Qu’il soit fait comme tu le veux. »

       Cette adhésion à la volonté de Jésus est héroïque pour le pauvre Pierre.

       « Ce sera l’enfant de mon Eglise naissante. D’accord ? Il sera à tous et à personne. Ce sera “ notre ” petit enfant. Il nous suivra quand les distances le permettront, sinon il nous rejoindra. Ses tuteurs seront les bergers, eux qui aiment dans tous les enfants “ leur ” enfant Jésus. Viens ici, petit. Comment t’appelles-tu ?

       – Yabeç, fils de Jean, et je suis de Juda, répond, sans hésiter, le garçon.

       – Oui, nous sommes judéens, nous, confirme le vieil homme. Je travaillais sur les terres de Doras en Judée et ma fille a épousé un homme de cette région. Je travaillais dans les bois près d’Arimathie et cet hiver…

       – J’ai vu la catastrophe…

       – L’enfant a été sauvé parce que, cette nuit-là, il était au loin chez un parent… Vraiment, il a bien porté son nom, Seigneur ! Je l’ai dit tout de suite à ma fille : “ Pourquoi ce nom ? Ne te rappelles-tu pas l’ancien ? ” Mais son mari voulut lui donner ce nom, et il s’appela Yabeç.

       – “ L’enfant invoquera le Seigneur et le Seigneur le bénira et élargira ses frontières ; la main du Seigneur est dans sa main et il ne sera plus accablé par le malheur. ” Le Seigneur lui accordera cela pour te consoler, toi, père, et les esprits des morts, ainsi que pour réconforter l’orphelin.

       191.5 Et maintenant que vous avez dissocié les besoins du corps de ceux de l’âme par un acte d’amour envers l’enfant, écoutez la parabole que j’ai imaginée pour vous.

       Il y avait une fois un homme très riche. Il portait les plus beaux vêtements et se pavanait dans ses habits de pourpre et de byssus sur les places publiques et chez lui. Ses concitoyens le respectaient comme le plus puissant du village et des amis flattaient son orgueil pour en tirer profit. Son logis était ouvert tous les jours pour de magnifiques festins où la foule des invités, tous riches, pas dans le besoin, se pressaient et flattaient ce riche festoyeur. Ses banquets étaient renommés pour l’abondance des mets et des vins exquis.

       Mais il y avait, dans la même ville, un mendiant, un grand mendiant. Il était aussi grand dans sa misère que l’autre l’était dans sa richesse. Mais sous la croûte de la misère humaine du mendiant Lazare était caché un trésor encore plus grand que la misère de Lazare et que la richesse du festoyeur : c’était la vraie sainteté de Lazare. Il n’avait jamais transgressé la Loi, même lorsque le besoin aurait pu l’y pousser, et surtout il avait obéi au commandement de l’amour de Dieu et du prochain.

       Comme le font toujours les pauvres, il se tenait à la porte des riches pour demander l’aumône et ne pas mourir de faim. Et il allait chaque soir à la porte du mauvais riche dans l’espoir d’y obtenir au moins quelques miettes des plantureux banquets servis dans les salles richissimes. Il s’allongeait sur le chemin près de la porte et attendait patiemment. Mais si le riche s’apercevait de sa présence, il le faisait chasser, parce que ce corps couvert de plaies, mal nourri, en guenilles, était un spectacle trop affligeant pour ses invités. C’est du moins ce qu’il prétendait. En réalité, c’était parce que la vue de la misère et de la bonté de Lazare était pour lui un reproche continuel.

       Ses chiens, bien nourris, aux colliers précieux, étaient plus compatissants que lui : ils s’approchaient du pauvre Lazare et léchaient ses plaies, glapissant de joie sous ses caresses, et ils venaient lui apporter des restes des riches tables. C’est donc grâce à ces animaux que Lazare survivait malgré l’absence de nourriture car, pour ce qui était de l’homme, il serait mort puisqu’on ne lui permettait même pas de pénétrer dans la salle du banquet après le repas pour ramasser les débris tombés au sol.

       191.6 Un jour Lazare mourut. Personne, sur la terre, ne s’en aperçut, personne ne le pleura. Au contraire, ce jour-là et par la suite, le riche se réjouit de ne plus voir sur son seuil cette misère qu’il appelait “ opprobre ”. Mais, au Ciel, les anges s’en aperçurent : à son dernier soupir, les cohortes célestes étaient présentes dans sa tanière froide et nue et c’est dans un éblouissement de lumières qu’elles recueillirent son âme et la portèrent, en chantant hosanna, dans le sein d’Abraham.

       Quelque temps après, le riche mourut. Ah ! Quelles funérailles fastueuses ! Toute la ville, déjà informée de son agonie, se pressait sur la place où s’élevait sa demeure pour se faire remarquer comme amie du personnage, par curiosité ou par intérêt de la part des héritiers ; tous s’unirent au deuil, leurs lamentations s’éle­vèrent jusqu’au Ciel et avec celles des louanges mensongères pour le “ grand ”, le “ bienfaiteur ”, le “ juste ” qui était mort.

       La parole de l’homme peut-elle changer le jugement de Dieu ? L’apologie humaine peut-elle changer ce qui est écrit dans le livre de la Vie ? Non, c’est impossible. Ce qui est jugé est jugé, et ce qui est écrit est écrit. Et malgré ces funérailles solennelles, l’âme du mauvais riche fut ensevelie en enfer.

       Alors, dans cette horrible prison, buvant et mangeant feu et ténèbres, trouvant haine et torture de tous côtés et à tout instant de cette éternité, il tourna les yeux vers le Ciel, vers le Ciel qu’il avait entrevu dans une lueur fulgurante, pendant une seconde et dont la beauté indicible qu’il gardait en mémoire était un tourment parmi ses atroces tourments. Et il vit là-haut Abraham. Lointain, mais lumineux, bienheureux… et dans son sein, lumineux et bienheureux lui aussi, se trouvait Lazare, le pauvre Lazare, autrefois méprisé, repoussant, miséreux ; et maintenant ?… Maintenant, il était beau de la lumière de Dieu et de sa sainteté, riche de l’amour de Dieu, admiré non par les hommes, mais par les anges de Dieu.

       Le mauvais riche cria en pleurant : “ Père Abraham, aie pitié de moi ! Envoie Lazare, car je ne puis espérer que tu le fasses toi-même, envoie Lazare tremper dans l’eau l’extrémité de son doigt et me la poser sur la langue pour la rafraîchir car je souffre affreusement dans cette flamme qui me pénètre sans arrêt et me brûle ! ”

       Abraham répondit : “ Souviens-toi, mon fils, que tu as possédé tous les biens pendant ta vie, alors que Lazare a connu tous les malheurs. Lui, il a su de son mal faire un bien, alors que de tes biens, tu n’as su faire que le mal. Il est donc juste qu’il soit consolé et que, toi, tu souffres. De plus, il n’est plus possible de le faire. Les saints sont répandus sur la surface de la terre pour que les hommes en tirent avantage. Mais quand, malgré ce voisinage, l’homme reste tel qu’il est – dans ton cas : un démon –, il est inutile ensuite de recourir aux saints. Nous sommes désormais séparés. Les herbes dans le champ sont mélangées, mais après les avoir fauchées, on sépare les mauvaises des bonnes. Il en est ainsi de vous et de nous. Nous avons été ensemble sur la terre, et vous nous avez chassés, tourmentés de mille manières, vous nous avez oubliés, n’observant pas la loi d’amour. Maintenant, nous voilà séparés. Il y a entre vous et nous un tel abîme que ceux qui voudraient passer d’ici vers vous ne le peuvent pas, pas plus que vous, qui êtes là-bas, ne pouvez franchir cet abîme effroyable pour venir vers nous. ”

       191.7 Redoublant de larmes, le riche s’écria : “ Au moins, Père saint, envoie, je t’en prie, Lazare à la maison de mon père. J’ai cinq frères. Je n’ai jamais compris l’amour, même entre parents, mais je comprends maintenant quelle chose terrible c’est de ne pas être aimé. Et puisque, là où je suis, c’est la haine, maintenant j’ai compris, pendant cette seconde où mon âme a entrevu Dieu, ce qu’est l’Amour. Je ne veux pas que mes frères subissent les mêmes peines que moi. Je suis épouvanté pour eux à la pensée qu’ils mènent la même vie que moi. Oh ! Envoie Lazare leur faire connaître le lieu où je suis et pour quel motif j’y suis, leur dire que l’enfer existe, que c’est quelque chose d’atroce et que celui qui n’aime pas Dieu et son prochain va en enfer. Envoie-le ! Qu’ils pourvoient à temps et ne soient pas contraints de venir ici, dans ce lieu d’éternels tourments. ”

       Mais Abraham répondit : “ Tes frères ont Moïse et les prophètes. Qu’ils les écoutent. ”

       Gémissant en son âme torturée, le mauvais riche répondit : “ Oh, père Abraham ! Un mort leur fera davantage impression… Ecoute-moi ! Aie pitié ! ”

       Mais Abraham dit : “ S’ils n’ont pas écouté Moïse et les prophètes, ils ne croiront pas davantage quelqu’un qui ressuscitera pour une heure d’entre les morts pour leur dire des paroles de vérité. Et d’ailleurs, il n’est pas juste qu’un bienheureux quitte mon sein pour aller se faire offenser par des fils de l’Ennemi. Pour lui, le temps des injures est passé. Il vit désormais dans la paix et y reste sur l’ordre de Dieu qui voit l’inutilité d’une tentative de conversion auprès de ceux qui ne croient même pas à la parole de Dieu et ne la mettent pas en pratique. ”

       Cette parabole a un sens si clair qu’elle n’a pas besoin d’explication.

       191.8 C’est ici que vécut réellement le nouveau Lazare, mon Jonas, et qu’il y a conquis la sainteté, lui dont la gloire près de Dieu se manifeste avec évidence par la protection qu’il accorde à ceux qui espèrent en lui. Oui, Jonas peut venir à vous comme protecteur et ami, et il y viendra si vous êtes toujours bons.

       Je voudrais – et je vous rapporte ce que je lui ai dit au printemps dernier – je voudrais pouvoir vous venir en aide à tous, même matériellement, mais cela m’est impossible, et j’en souffre. Je ne peux que vous montrer le Ciel. Je ne peux que vous enseigner la grande sagesse de la résignation en vous promettant le Royaume à venir. N’ayez jamais de haine, pour aucune raison. La Haine est puissante dans le monde, mais la Haine a toujours une limite. L’Amour ne connaît aucune limite de puissance ni de temps. Aimez donc, pour que l’Amour vous défende et vous réconforte sur la Terre, et pour qu’il vous récompense au Ciel. Il vaut mieux être Lazare que le mauvais riche, soyez-en bien sûrs. Arrivez à le croire et vous serez bienheureux.

       Ne voyez pas dans le châtiment qu’ont subi ces champs une parole de haine, même si les faits pouvaient justifier cette haine. N’interprétez pas mal le miracle. Je suis l’Amour et je n’aurais pas frappé. Mais, puisque l’Amour ne pouvait faire plier le riche cruel, je l’ai abandonné à la Justice et elle s’est vengée du martyre de Jonas et de ses frères. Quant à vous, tirez l’enseignement de ce miracle : la Justice est toujours en éveil, même si elle paraît absente et Dieu, étant le Maître de toute la création, peut se servir, pour l’exercer, des êtres les plus petits comme les chenilles et les fourmis pour mordre le cœur de celui qui se sera montré cruel et avide et le faire mourir en vomissant le poison qui l’étrangle.

       191.9 Je vous bénis maintenant. Mais je prierai pour vous à chaque nouvelle aurore. Et toi, père, ne te fais plus aucun souci pour l’agneau que tu me confies. Je te le ramènerai de temps en temps pour que tu puisses te réjouir de le voir croître en sagesse et en bonté sur la voie de Dieu. Il sera ton agneau de cette pauvre Pâque, le plus agréable des agneaux présentés à l’autel de Yahvé. Yabeç, salue ton vieux père et puis viens vers ton Sauveur, vers ton bon Berger. Que la paix soit avec vous !

       – Oh, Maître ! Bon Maître ! Te quitter !…

       – Oui, c’est pénible. Mais il vaut mieux que le surveillant ne vous trouve pas ici. Je suis venu à cet endroit exprès pour vous éviter des punitions. Obéissez pour l’amour de l’Amour qui vous donne ce conseil. »

       Les malheureux se lèvent, les larmes aux yeux, et retournent à leur calvaire. Jésus les bénit de nouveau, puis, la main de l’enfant dans la sienne, et l’homme d’En-Dor de l’autre côté, il retourne par le même chemin à la maison de Michée, rejoint par André et Jean qui, après leur service de garde, retrouvent leurs frères.

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