Une initative de
Marie de Nazareth

La retraite sur la montagne

dimanche 6 février 28
James Tissot

Dans les évangiles : Mc 3,13-19 ; Lc 6, 12-16

Marc 3,13-19

Puis, il gravit la montagne, et il appela ceux qu’il voulait. Ils vinrent auprès de lui, et il en institua douze pour qu’ils soient avec lui et pour les envoyer proclamer la Bonne Nouvelle avec le pouvoir d’expulser les démons. Donc, il établit les Douze : Pierre – c’est le nom qu’il donna à Simon –, Jacques, fils de Zébédée, et Jean, le frère de Jacques – il leur donna le nom de « Boanerguès », c’est-à-dire : « Fils du tonnerre » –, André, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques, fils d’Alphée, Thaddée, Simon le Zélote, et Judas Iscariote, celui-là même qui le livra.

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Luc 6,12-16

En ces jours-là, Jésus s’en alla dans la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu. Le jour venu, il appela ses disciples et en choisit douze auxquels il donna le nom d’Apôtres : Simon, auquel il donna le nom de Pierre, André son frère, Jacques, Jean, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques fils d’Alphée, Simon appelé le Zélote, Jude fils de Jacques, et Judas Iscariote, qui devint un traître.

Vision de Maria Valtorta

       164.1 Les barques de Pierre et de Jean voguent sur le lac paisible, suivies, dirait-on, de toutes les embarcations des rives de Tibériade, vu le nombre des bateaux et des barques qui vont et viennent, cherchant à rejoindre la barque de Jésus, à la dépasser, puis à repasser derrière. Prières, supplications, clameurs, demandes se croisent sur les flots bleus.

       Jésus a pris dans sa barque Marie ainsi que la mère de Jacques et de Jude. Dans l’autre barque se trouvent Marie Salomé, son fils Jean et Suzanne. Jésus promet, répond et bénit inlassablement.

       « Je reviendrai, oui, je vous le promets. Soyez bons. Souvenez-vous de mes paroles pour les unir à celles que je vous dirai plus tard. La séparation sera brève. Ne soyez pas égoïstes. Je suis venu pour les autres aussi. Du calme ! Vous allez vous faire du mal. Oui, je prierai pour vous. Je serai toujours proche de vous. Que le Seigneur soit avec vous. Bien sûr, je me souviendrai de tes larmes et tu seras consolé. Espère, aie foi. »

       Et c’est ainsi, accompagnée de bénédictions et de promesses, que la barque aborde à l’autre rive. Ce n’est pas Tibériade, mais un petit hameau, à peine un groupe de maisons, pauvres, presque abandonnées. Jésus et ses disciples descendent, et leurs barques rebroussent chemin, conduites par les employés et par Zébédée. Les autres embarcations font de même, mais certains passagers qui s’y trouvent descendent à leur tour et veulent à tout prix suivre Jésus. Je vois parmi eux Isaac et ses deux protégés : Joseph et Timon. Je n’en reconnais pas d’autres parmi la foule nombreuse de tout âge, des adolescents aux vieillards.

       164.2 Jésus quitte le village dont les rares habitants, en haillons, restent indifférents. Jésus leur fait distribuer des aumônes et rejoint la grand-route. Il s’arrête.

       « Maintenant, séparons-nous, dit-il. Mère, Marie, Salomé et toi allez à Nazareth. Suzanne peut rentrer à cana. Je serai bientôt de retour. Vous savez ce qu’il faut faire. Que Dieu soit avec vous ! »

       Mais il salue sa Mère plus particulièrement, avec un grand sourire, et lorsque Marie, donnant l’exemple aux autres, s’agenouille pour être bénie, Jésus sourit avec une extrême douceur.

       Les femmes, avec lesquelles se trouvent Alphée, fils de Sarah, et Simon, regagnent leur ville.

       Jésus se tourne vers ceux qui restent :

       « Je vous quitte, mais je ne vous renvoie pas. Je vous laisse pour quelque temps pour me retirer avec eux dans ces gorges que vous voyez là-bas. Que ceux d’entre vous qui désirent m’attendre restent dans cette plaine, et que les autres rentrent chez eux. Je me retire pour prier parce que je suis à la veille de grandes choses. Que ceux qui aiment la cause du Père prient en s’unissant en esprit à moi. Que la paix soit avec vous, mes enfants. Isaac, tu sais ce que tu dois faire. Je te bénis, mon petit berger. »

       Jésus sourit au pauvre Isaac, désormais pasteur d’hommes qui se regroupent autour de lui.

       164.3 Jésus marche en tournant maintenant le dos au lac. Il se dirige avec assurance vers une gorge située entre les collines qui vont du lac vers l’ouest, en lignes presque parallèles. Entre deux collines rocheuses, rocailleuses, qui tombent à pic comme un fjord, un petit torrent plein d’écume descend en grondant ; au-dessus s’élève un mont sauvage où des plantes ont poussé comme elles ont pu, entre les pierres. Un sentier de mule monte à l’assaut de la colline la plus rocailleuse. C’est justement celui que Jésus prend.

       Les disciples le suivent avec peine, en file indienne, dans le silence le plus absolu. Quand Jésus s’arrête pour leur permettre de souffler, à un endroit un peu plus large du sentier, qui ressemble à une écorchure sur ce mont inaccessible, alors seulement ils se regardent, sans mot dire. Ils s’interrogent du regard :

       « Mais où nous conduit-il ? »

       Mais ils ne disent rien, ils se regardent seulement, et d’un air toujours plus désolé quand ils voient Jésus reprendre sa marche dans la gorge sauvage, pleine de grottes, de fentes, de rochers qui rendent la progression difficile, sans compter les ronces et un fouillis d’autres plantes qui accrochent les vêtements de tous côtés, griffent, font trébucher et frappent le visage. Même les plus jeunes, chargés de sacs pesants, ont perdu leur bonne humeur.

       164.4 Finalement Jésus s’arrête :

       « Nous resterons ici une semaine en prière. Pour vous préparer à une grande chose. C’est pour cela que j’ai voulu m’isoler ainsi, dans un lieu désert, loin de tout chemin comme de tout village. Il y a là des grottes qui ont déjà servi à des hommes. Elles nous serviront à nous aussi. Il y a aussi des eaux fraîches et abondantes alors que le sol est sec. Nous avons suffisamment de pain et de nourriture pour notre séjour. Ceux qui, l’an dernier, ont été avec moi au désert savent comment j’y ai vécu. Ici, c’est un palais royal en comparaison, et la saison désormais clémente enlève à la fois la rigueur du gel et du soleil à notre asile. Veuillez donc y séjourner de bon cœur. Il ne nous arrivera peut-être plus jamais d’être ainsi tous ensemble et complètement seuls. Ce moment doit vous unir et faire de vous, non plus douze hommes, mais une seule institution.

       Vous ne dites rien ? Vous n’avez pas de question ? Déposez sur ce rocher les fardeaux que vous portez et jetez au fond de la vallée l’autre poids que vous avez sur le cœur : votre humanité. Je vous ai amenés ici pour parler à votre âme, pour vous nourrir spirituellement, pour vous rendre esprit. Je ne dirai pas grand chose. J’ai tellement parlé depuis un an environ que je suis avec vous ! C’est suffisant. Si c’était par la parole que je devais vous changer, je devrais vous garder encore une bonne centaine d’années, et encore vous seriez toujours imparfaits.

       Il est temps désormais que je me serve de vous. Mais, pour cela, je dois vous former. Je vais recourir au grand remède, à la grande arme : la prière. J’ai toujours prié pour vous. Maintenant, je veux que vous priiez par vous-mêmes. Je ne vous enseigne pas encore ma prière, mais je vous fais connaître comment on prie et ce qu’est la prière. C’est une conversation de fils à Père, d’esprit à Esprit de façon ouverte, chaleureuse, confiante, recueillie, franche. La prière est tout : aveu, connaissance de soi, pleurs sur soi, engagement envers nous-mêmes et envers Dieu, demande à Dieu, le tout aux pieds du Père. Elle ne peut se faire dans le vacarme, dans la distraction, à moins d’être des géants de la prière. D’ailleurs, même eux souffrent des chocs et des bruits du monde dans leurs heures de prière. Or vous n’êtes pas des géants, mais des pygmées. Spirituellement parlant, vous n’êtes encore que des enfants, des déficients. Ici, vous allez atteindre l’âge de raison spirituel. Le reste viendra plus tard.

       Le matin, à midi et le soir, nous nous réunirons pour prier ensemble avec les anciennes paroles d’Israël et pour rompre le pain, puis chacun rentrera dans sa grotte en restant en face de Dieu et de son âme, de tout ce que je vous ai dit sur votre mission et sur vos moyens. Mesurez-vous, écoutez-vous, décidez. C’est la dernière fois que je vous le dis. Mais ensuite, vous devrez être parfaits, autant que vous le pourrez, sans fatigue ni sentiments seulement humains. Vous ne serez plus Simon ni Judas, vous ne serez plus André ou Jean, Matthieu ou Thomas : vous serez mes ministres.

       Allez, chacun de votre côté. Moi, je serai dans cette grotte. Toujours présent. Mais ne venez pas sans raison sérieuse. Vous devez apprendre à agir par vous-mêmes, à vous suffire à vous-mêmes. Car, en vérité je vous le dis : il y a un an, nous étions sur le point de nous connaître, et dans deux ans nous serons sur le point de nous quitter. Malheur à vous et malheur à moi si vous n’avez pas appris à vous débrouiller. Que Dieu soit avec vous ! Judas, Jean, portez les vivres à l’intérieur de ma grotte, celle-ci. Ils doivent durer et c’est moi qui ferai la distribution.

       – Il y en a peu, objecte quelqu’un.

       – Le nécessaire pour survivre. Un estomac trop rassasié appesantit l’esprit. Je veux vous élever et non vous alourdir. »

Observation

Les gorges d'Arbel

Jésus y vient avec ses apôtres au début de la 2ème année de vie publique. Bien que non "nommé" à ce moment dans l'œuvre, les nombreux détails donnés en fournissent la localisation précise. « Jésus marche en tournant maintenant le dos au lac. Il se dirige avec assurance vers une gorge située entre les collines qui vont du lac vers l’ouest, en lignes presque parallèles. Entre deux collines rocheuses, rocailleuses, qui tombent à pic comme un fjord » (EMV 164.3). Le groupe apostolique passe donc en cet endroit isolé une semaine de retraite dans les nombreuses grottes (2). C’est là que Jésus confirme l’élection des douze (Mt 10,1-4 ; Mc 3,13-19 et Lc 6, 13-16). Beaucoup plus loin dans l’œuvre la confirmation du nom du site est donnée : « Peut-être est-il allé sur les monts d'Arbela pour prier. Il y a été déjà une autre fois, l'an dernier avant la Pâque » (EMV 354.2).

 

Les gorges d’Arbel (© Severino Caruso)

 

Flavius Josèphe évoque (Antiquités 14,17) les grottes d'accès difficile, refuge de voleurs au temps d'Hérode le Grand. Dans le Talmud, dans les piyyutim (poèmes liturgiques juifs) et dans quelques ouvrages des 7e et 8e siècles, la vallée d'Arbel est mentionnée comme le lieu où la Rédemption devrait commencer.

(2) Voir l’Énigme Valtorta, tome 1 pages 106 et 107.

Observation

Des colosses et des pygmées

Lors d’une retraite dans les gorges d’Arbel, juste avant l’élection de ses douze apôtres (Lc 6,12-13), Jésus leur apprend à prier. « La prière est tout : aveu, connaissance de soi, pleurs sur soi, engagement envers nous-mêmes et envers Dieu, demande à Dieu, le tout aux pieds du Père. Elle ne peut se faire dans le vacarme, dans la distraction, à moins d’être des géants de la prière. D’ailleurs, même eux souffrent des chocs et des bruits du monde dans leurs heures de prière. Or vous n’êtes pas des géants, mais des pygmées.  ». (EMV 164.4)(1).

C’est la seule mention des mots « colosse » et « pygmée » dans tout le récit de Maria Valtorta, et certains lecteurs pourraient s’étonner qu’ils aient été prononcés par Jésus.

Combat entre Pygmées, hippopotames et crocodiles. (Pompéi, Maison du Médecin)

Ces deux mots sont d’origine grecque : kolossos désigne une statue très grande. Ainsi en était-il du colosse de Rhodes, statue d'Apollon de très grandes dimensions érigée dans cette ville au 3e siècle avant J.-C. Quant au mot pygmée (pugmaïos = d'une coudée), son origine, dès le 8e siècle avant J.-C., provient d’une rumeur concernant l’existence d’un peuple de très petite taille. D’innombrables auteurs en parlent, de façon plus ou moins "légendaire": des auteurs connus tels Homère, Hésiode, Hérodote, Aristote, Pline l’Ancien, Strabon, Ovide, puis saint-Augustin ; mais aussi d'autres auteurs moins connus comme Ctésias, Photius, Appolodore, Pomponius Mela, Mégasthène ou Nonnosos.

L’Histoire nous prouve donc que l’utilisation par Jésus des mots « colosse » et « pygmée » est à la fois possible, et parfaitement compréhensible par ses apôtres.

(1) Colossi, dans l'original italien, a été traduit par "colosses" dans la première édition de Felix Sauvage, mais par "géant" dans la seconde traduction d'Yves d'Horrer.

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