Une initative de
Marie de Nazareth

Jean et Jacques rapportent à Pierre leur rencontre avec le Messie

vendredi 12 mars 27
Bethsaïde
Lorenzo Lotto

Dans les évangiles : Jn 1,40-41

Jean 1, 40-41

André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu la parole de Jean et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d’abord Simon, son propre frère, et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie » – ce qui veut dire : Christ.

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Matthieu 4, 13-17

Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe : Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations ! Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée. À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »

Vision de Maria Valtorta

       48.1 Une aurore des plus paisibles sur la mer de Galilée. Ciel et eau ont des reflets rosés, peu différents de ceux dont la douceur ­éclaire les murs des jardinets d’un petit village lacustre d’où s’é­lèvent et se détachent, en se penchant sur les ruelles, les ti­gnasses ébouriffées et vaporeuses d’arbres fruitiers.

       La bourgade s’éveille à peine : une femme va à la fon­taine ou au lavoir et des pêcheurs déchargent des paniers de poissons et marchandent à haute voix avec des commerçants venus d’ailleurs, ou emportent des paniers de poissons à leur domicile. J’ai parlé d’un petit village, mais il n’est pas si petit que ça. Il est plutôt humble, du moins du côté d’où je le vois, mais vaste, s’étirant pour la plus grande part le long du lac.

       48.2 Jean débouche d’une ruelle et se hâte vers le lac. Jacques le suit, mais d’un pas beaucoup plus calme. Jean regarde les barques déjà accostées mais ne trouve pas celle qu’il cherche. Il l’aperçoit alors qu’elle est encore à quelques centaines de mètres de la rive, occupée aux manœuvres d’accostage. Les mains en porte-voix, il crie très fort un : “ Ohé ! ” prolongé qui doit être l’appel habituel. Quand il voit qu’on l’a entendu, il fait avec les bras de grands gestes qui signifient : « Venez, venez ! »

       Les hommes de la barque, s’imaginant je ne sais quoi, foncent à coups de rames, et la barque avance plus rapidement qu’avec la voile, qu’ils amènent, peut-être pour faire plus vite. Lorsqu’ils arrivent à une dizaine de mètres du rivage, Jean n’attend plus. Il enlève son manteau et son long vêtement et les jette sur la grève, se déchausse, relève son vêtement de dessous en le ramenant d’une main jusqu’à l’aine et descend dans l’eau à leur rencontre.

       « Pourquoi n’êtes-vous pas venus tous les deux ? » demande André. Pierre, boudeur, ne dit rien.

       « Et toi, pourquoi n’es-tu pas venu avec Jacques et moi ? répond Jean à André.

       – Je suis allé pêcher. Je n’ai pas de temps à perdre. Tu as disparu avec cet homme…

       – Je t’avais fait signe de venir. 48.3C’est bien lui. Si tu entendais ses paroles !… Nous sommes restés avec lui toute la journée et jusque tard dans la nuit. Maintenant, nous venons vous dire : “ Venez. ”»

       – C’est bien lui ? Tu en es sûr ? Nous l’avons à peine vu sur le moment, quand Jean-Baptiste nous l’a montré.

       – C’est lui. Il ne l’a pas nié.

       – N’importe qui peut dire ce qui l’arrange pour s’imposer aux gens crédules. Ce n’est pas la première fois…, bougonne Pierre, mécontent.

       – Oh ! Simon ! Ne parle pas comme ça ! C’est le Messie ! Il sait tout ! Il t’entend ! »

       Jean est affligé, consterné par les paroles de Simon-Pierre.

       « Allons donc ! Le Messie ! Et c’est justement à toi qu’il se montre, ainsi qu’à Jacques et André ! A trois pauvres ignorants ! Il viendra bien autrement, le Messie ! Et il m’entend ! Mon pauvre garçon ! Les premiers soleils du printemps t’ont frappé sur la tête. Allez, viens travailler. Ça vaudra mieux. Laisse tomber tous ces boniments.

       – C’est le Messie, je t’assure ! Jean disait des choses saintes, mais celui-là parle en tant que Dieu. A moins d’être le Christ, nul ne peut dire des choses pareilles.

       48.4 – Simon, moi je ne suis pas un gamin. Je suis plus âgé, je suis calme et réfléchi. Tu le sais. J’ai peu parlé, mais j’ai beaucoup écouté pendant ces heures où nous sommes restés avec l’Agneau de Dieu. Et je te dis que, vraiment, il ne peut être que le Messie. Pourquoi ne pas croire ? Pourquoi ne pas vouloir le croire ? C’est possible pour toi parce que tu ne l’as pas entendu, mais moi, je crois. Nous sommes pauvres et ignorants ? Il affirme justement qu’il est venu annoncer la bonne nouvelle du Royaume de Dieu, du Royaume de la paix, aux pauvres, aux humbles, aux petits avant d’en parler aux grands. Il a dit : “ Les grands ont déjà leurs jouissances. Elles ne sont pas enviables comparées à celles que je viens apporter. Les grands ont déjà la possibilité d’arriver à comprendre par les ressources de la culture. Mais moi, je viens vers les ‘ petits ’ d’Israël et du monde, vers ceux qui pleurent et espèrent, vers ceux qui cherchent la lumière et ont faim de la vraie manne. Il ne leur vient des savants ni lumière ni nourriture, mais seulement fardeaux, obscurité, chaînes et mépris. J’appelle ‘ ces petits ’. Je suis venu mettre le monde sens dessus dessous. Car j’abaisserai ce qui maintenant est élevé et j’élèverai ce qui maintenant est méprisé. Que celui qui veut vérité et paix, qui veut la vie éternelle vienne à moi. Que celui qui aime la lumière vienne. Je suis la lumière du monde. ” N’est-ce pas ce qu’il a dit, Jean ? »

       Jacques a parlé tranquillement, mais avec émotion.

       « Oui. Et il a ajouté : “ Le monde ne m’aimera pas. Le grand monde, parce qu’il est corrompu par les vices et les relations idolâtres. Le monde ne voudra pas de moi car, comme fils des ténèbres, il n’aime pas la lumière. Mais la terre n’est pas faite seulement du grand monde. Certains, bien que mêlés au monde, ne sont pas du monde. D’autres sont du monde parce qu’ils y sont emprisonnés comme les poissons pris au filet ” : c’est exactement ce qu’il a dit parce qu’il parlait sur la rive du lac et montrait des filets qu’on amenait à la rive avec leurs poissons. Il a dit aussi : “ Voyez : aucun de ces poissons ne voulait tomber dans le filet. Pareillement, les hommes ne voudraient pas, de propos délibéré, être la proie de Mammon. Pas même les plus mauvais, car ceux-ci, à cause de l’orgueil qui les aveugle, ne s’imaginent pas ne pas avoir le droit d’agir comme ils le font. Leur vrai péché, c’est l’orgueil. Tous les autres en proviennent. Et les hommes qui ne sont pas complètement mauvais voudraient encore moins appartenir à Mammon. Mais ils y tombent par légèreté, par un poids qui les entraîne au fond et qui est la faute d’Adam. Je suis venu enlever cette faute et, en attendant l’heure de la Rédemption, donner à ceux qui croiront en moi une force capable de les libérer des lacets qui les retiennent et de leur rendre la liberté de me suivre, moi, la Lumière du monde. ”

       48.5 – Mais alors, s’il a réellement dit ça, il faut aller à lui tout de suite ! »

       Pierre, avec ses impulsions si franches qui me plaisent tant, a pris une décision subite. Déjà il la réalise en se hâtant de terminer les opérations de débarquement, car, entre-temps, la barque a atteint le rivage et les manœuvres finissent de la tirer au sec en déchargeant cordages et voiles.

       « Et toi, imbécile d’André, pourquoi n’es-tu pas allé avec eux ?

       – Mais… Simon ! Tu m’as reproché de ne pas les avoir persuadés de venir avec moi… Toute la nuit tu as bougonné, et maintenant tu me reproches de n’y être pas allé !

       – Tu as raison… Mais moi, je ne l’avais pas vu… toi, oui… et tu devais avoir vu qu’il n’est pas comme nous… Il doit avoir quelque chose de plus beau !

       – Oh oui, dit Jean. Il a un visage… ! Et des yeux… ! Pas vrai, Jacques, quel regard… ? Et une voix…! Ah, quelle voix ! Quand il parle, on a l’impression de rêver au Paradis.

       – Vite, vite, allons le trouver. Quant à vous – il s’adresse aux manœuvres –, portez tout à Zébédée et dites-lui de se débrouiller. Nous reviendrons ce soir pour la pêche. »

       Ils remettent tous leurs habits et s’en vont.

       48.6 Mais Pierre s’arrête après quelques mètres, prend Jean par le bras et lui demande :

       « Tu as dit qu’il sait tout et se rend compte de tout…

       – Oui. Imagine-toi que, lorsque nous avons vu la lune haute sur l’horizon, nous nous sommes dit : “ Qui sait ce que fait Simon ? ”, et il a répondu : “ Il est en train de jeter le filet et s’impatiente de devoir le faire seul car vous n’êtes pas sortis avec la barque jumelle un soir où la pêche est si bonne… Il ne sait pas que d’ici peu il ne pêchera plus qu’avec des filets tout autres pour prendre de tout autres proies. ”

       – Bonté divine ! C’est tout à fait cela ! Alors il se sera même rendu compte que… que je l’ai presque traité de menteur… Je ne peux pas aller vers lui.

       – Oh ! Il est si bon ! Il sait certainement que tu as eu cette pensée. Il le savait déjà. En effet, quand nous l’avons quitté, en disant que nous allions te trouver, il nous a dit : “ Allez, mais ne vous laissez pas vaincre par les premières paroles de mépris. Ceux qui veulent me suivre doivent savoir tenir tête aux moqueries du monde et aux interdictions de la famille, car je suis au-dessus des liens du sang et de la société, et j’en triompherai. Et ceux qui sont avec moi triompheront éternellement. ” Et il a dit encore : “ Sachez parler sans crainte. En vous entendant, il viendra, car c’est un homme de bonne volonté. ”

       – C’est ce qu’il a dit ? Alors, je viens. 48.7 Parle, parle-moi encore de lui en chemin. Où est-il ?

       – Dans une pauvre maison. Ce doit être chez des amis.

       – Mais il est pauvre ?

       – Un artisan de Nazareth, nous a-t-il dit.

       – Et de quoi vit-il maintenant, s’il ne travaille plus ?

       – Nous ne le lui avons pas demandé. Peut-être que sa parenté l’aide.

       – Il aurait mieux valu lui apporter des poissons, du pain, des fruits…, quelque chose. Nous allons interroger un rabbi car il ressemble en tout à un rabbi, et plus encore, et nous venons les mains vides ! Ce n’est pas ce qu’attendent nos rabbins…

       – Mais lui n’est pas de leur avis. Jacques et moi ne possédions que vingt deniers. Nous les lui avons offerts, comme c’est la coutume pour les rabbis. Mais il n’en voulait pas et, comme nous insistions, il a dit : “ Que Dieu vous les rende avec les bénédictions des pauvres. Venez avec moi. ” Il les a aussitôt distribués à des pauvres gens dont il connaissait le domicile. Nous lui avons demandé : “ Et pour toi, Maître, tu ne gardes rien ? ” Il a répondu : “ La joie de faire la volonté de Dieu et d’être utile à sa gloire. ” Nous avons encore ajouté : “ Tu nous appelles, Maître. Mais nous, nous sommes tout à fait pauvres. Que devons-nous apporter ? ” Il nous a répondu, avec un sourire à nous donner un avant-goût du Paradis : “ C’est un grand trésor que je vous demande ” ; et nous : “ Mais si nous n’avons rien ? ” Alors lui : “ Vous avez un trésor qui a sept noms, que même le plus humble peut posséder mais que le plus riche des rois peut ne pas posséder, et je le veux. Ecoutez-en les noms : charité, foi, bonne volonté, droiture d’intention, continence, sincérité, esprit de sacrifice. C’est ce que j’attends de celui qui me suit, cela seulement, et vous l’avez en vous. Ce trésor dort en vous comme la semence dans le sillon, l’hiver, mais le soleil de mon printemps en fera naître sept épis. ” Voilà ce qu’il a dit.

       – Ah ! cela me donne la certitude que c’est le vrai Rabbi, le Messie promis. Il n’est pas dur pour les pauvres, il ne demande pas d’argent… Cela suffit pour reconnaître qu’il est le Saint de Dieu. Allons à lui en toute sécurité. »

       Et tout se termine là.

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