Une initative de
Marie de Nazareth

Rencontre avec Marie-Madeleine sur le lac

jeudi 5 août 27
Lac de Tibériade

Vision de Maria Valtorta

       98.1 Jésus est avec tous les disciples. Ils sont désormais treize à eux seuls, plus lui. Ils sont sept par barque sur le lac de Galilée. Jésus est dans celle de Pierre, la première, avec Pierre, André, Simon, Joseph et les deux cousins. Dans l’autre se trouvent les deux fils de Zébédée avec les autres : Judas, Philippe, Thomas, Nathanaël et Matthieu.

       Les barques avancent rapidement à la voile, poussées par un frais vent du nord qui forme sur l’eau une multitude de rides légères, à peine soulignées par des lignes d’écume qui dessinent une sorte de tulle sur le bleu turquoise de ce beau lac paisible. Elles avancent, laissant derrière elles deux sillages qui se rejoignent à la base, fondant leurs joyeuses écumes en une seule trace riante à la surface de l’eau. Elles voguent en effet de conserve, celle de Pierre précédant les autres d’à peine deux mètres.

       De barque à barque, distantes de quelques mètres l’une de l’autre, on échange conversations et réflexions. J’en déduis que les Galiléens montrent et expliquent aux Judéens les détails du lac, leurs commerces, les personnalités qui y habitent, les distances entre les points de départ et d’arrivée, c’est-à-dire Capharnaüm et Tibériade. Ces barques ne servent pas à la pêche, mais au transport des personnes.

       Jésus est assis à la proue. Il jouit visiblement de la beauté qui l’entoure, du silence, de tout ce bleu pur du ciel et des eaux, encadré de vertes rives où s’éparpillent des villages tout blancs sur fond de verdure. Il s’abstrait des conversations des disciples, car il est tout à l’avant, presque allongé sur un tas de voiles, le visage souvent incliné sur ce miroir de saphir qu’est le lac, comme s’il en étudiait le fond et s’intéressait à tout ce qui vit dans ses eaux si limpides. Mais qui sait à quoi il pense… Pierre l’interroge par deux fois pour savoir si le soleil le dérange car il est tout à fait levé à l’orient et atteint en plein la barque par son rayonnement, pas encore brûlant mais déjà chaud. Une seconde fois, il lui demande s’il veut aussi du pain et du fromage comme les autres. Mais Jésus ne veut rien, ni toile ni pain, et Pierre le laisse en paix.

       98.2 Un groupe de frêles esquifs que l’on emploie pour se promener sur le lac, des sortes de chaloupes, mais ornées de riches baldaquins pourpres et de bons coussins, coupe la route aux barques des pêcheurs. Bruits, éclats de rire, parfums passent avec elles. Ils sont pleins de belles femmes et de joyeux Romains et Palestiniens, mais plutôt des Romains ou du moins peu de Palestiniens, car il doit y avoir aussi quelques Grecs. Je le déduis des paroles d’un jeune homme maigre, élancé, brun comme une olive presque mûre, et tout pomponné. Il porte un court vêtement rouge, bordé en bas par une lourde grecque et serré à la taille par une ceinture qui est un chef-d’œuvre d’orfèvrerie. Il dit :

       « L’Hellade est belle, mais mon olympique patrie n’a tout de même pas ce bleu azur ni ces fleurs. Et vraiment, il ne faut pas s’étonner si les déesses l’ont abandonnée pour venir ici. Effeuillons sur les déesses, non plus grecques mais juives, les fleurs, les roses et nos hommages… »

       Et il jette sur les femmes de sa barque des pétales de roses splendides et d’autres sur la barque voisine. Un Romain répond :

       « Effeuille, effeuille, Grec ! Mais Vénus est avec moi. Moi, je n’effeuille pas les roses, je les cueille sur cette belle bouche. C’est plus doux ! »

       Et il se penche pour embrasser, sur sa bouche souriante, Marie de Magdala à demi allongée sur les coussins, sa tête blonde sur le sein du Romain.

       Mais ces frêles embarcations arrivent directement sur les lourdes barques et, que ce soit à cause de la maladresse des rameurs ou en raison du vent, il s’en faut de peu qu’elles ne se heurtent.

       « Faites attention si vous tenez à la vie », s’écrie Pierre, furieux, tout en virant par un coup de barre pour éviter le choc.

       Insultes des hommes et cris d’épouvante des femmes circulent d’une barque à l’autre. Les Romains invectivent les Galiléens :

       « Ecartez-vous, chiens de juifs que vous êtes. »

       Pierre et les autres Galiléens ne laissent pas passer l’injure : Pierre en particulier, rouge comme la crête d’un coq, debout sur le bord de la barque qui tangue fortement, les mains sur les hanches, répond coup pour coup, n’épargnant ni Romains, ni Grecs, ni juifs, ni juives. Au contraire il leur adresse toute une collection d’appellations honorifiques que je ne retranscrirai pas. La prise de bec dure, tant que l’enchevêtrement des quilles et des rames n’est pas débrouillé, puis chacun va son chemin.

       98.3 Jésus n’a jamais changé de position. Il est resté assis, absent, sans dire mot et sans aucun regard pour les barques et leurs occupants. Appuyé sur le coude, il a continué de regarder la rive lointaine comme s’il ne se passait rien. On lui lance une fleur. Je ne sais d’où elle vient, certainement d’une des femmes, car j’entends l’éclat de rire qui accompagne son geste. Mais lui… rien. La fleur le frappe presque au visage et tombe sur les planches, allant terminer sa course aux pieds du bouillant Pierre.

       Quand les petites barques sont sur le point de s’éloigner, je vois que Marie-Madeleine s’est levée et suit la direction que lui in­dique une compagne de vice, braquant ses yeux splendides sur le visage serein et lointain de Jésus. Comme il est loin du monde, ce visage… !

       98.4 « Dis, Simon, interpelle Judas, toi qui es Judéen comme moi, réponds-moi. Cette belle blonde, sur le sein du Romain, celle qui vient de se lever, n’est-ce pas la sœur de Lazare de Béthanie ?

       – Moi, je n’en sais rien, répond sèchement Simon le Cananéen. Il y a peu de temps que je suis revenu parmi les vivants et cette femme est jeune…

       – Tu ne voudrais pas me dire que tu ne connais pas Lazare de Béthanie, j’espère ! Je sais bien que tu es son ami et aussi que tu es allé chez lui avec le Maître.

       – Et même si c’était le cas ?

       – Etant donné que c’est effectivement le cas, tu dois connaître aussi la pécheresse qui est sœur de Lazare. Même les tombeaux la connaissent ! Il y a dix ans qu’elle fait parler d’elle. A peine pubère, elle s’est montrée légère. Mais depuis quatre ans ! Tu ne peux ignorer le scandale, même si tu étais dans “ la Vallée des Morts ”. Tout Jérusalem en a parlé. Et Lazare s’est alors retiré à Béthanie… Il a bien fait, du reste. Personne n’aurait plus mis les pieds dans son splendide palais de Sion où elle allait et venait encore. Je veux dire : personne de saint. A la campagne… on est au courant ! Et puis, désormais elle est partout sauf chez elle… Maintenant elle est sûrement à Magdala… Elle aura trouvé quelque nouvel amour… Tu ne réponds pas ? Peux-tu me démentir ?

       – Je ne démens pas. Je me tais.

       – Alors, c’est elle ? Toi aussi, tu l’as reconnue !

       – Je l’ai vue enfant. Elle était pure, alors. Je la revois maintenant… Mais je la reconnais. Bien qu’impudique, sa physionomie rappelle celle de sa mère, une sainte.

       – Alors pourquoi as-tu presque nié qu’elle était la sœur de ton ami ?

       – Nos plaies et celles des proches que nous aimons, on cherche à les cacher, surtout quand on est honnête. »

       Judas rit jaune.

       98.5 « Tu parles bien, Simon. Et tu es un homme honnête, déclare Pierre.

       – Et toi ? Tu l’avais reconnue ? Tu vas certainement à Magdala pour vendre ton poisson, et qui sait combien de fois tu l’as vue !…

       – Sache, mon garçon, que lorsqu’on est fatigué par un travail honnête, les femmes n’attirent plus. On aime seulement le lit honnête de son épouse.

       – Ah ! Mais ce qui est beau plaît à tout le monde ! N’y aurait-il que cela, on regarde.

       – Pourquoi ? Pour dire : “ Ce n’est pas nourriture pour ta table ” ? Non, sais-tu. Le lac et le métier m’ont appris plusieurs choses, et en voici une : poisson d’eau douce et de fond n’est pas fait pour l’eau salée et les tourbillons.

       – Qu’est-ce que tu veux dire ?

       – Je veux dire que chacun doit rester à sa place pour ne pas mourir de malemort.

       – Elle te faisait mourir, Marie-Madeleine ?

       – Non, j’ai la peau dure. Mais… si tu me le dis, c’est que, toi, tu te sens mal, peut-être ?

       – Moi, je ne l’ai pas même regardée !

       – Menteur ! Je parie que tu as bien regretté de ne pas te trouver sur cette première barque pour être plus proche d’elle… Tu m’aurais même supporté pour en être plus près… C’est si vrai que c’est à cause d’elle que tu me fais l’honneur de me parler après tant de jours de silence. 

       – Moi ? Mais elle ne m’aurait pas même vu ! Elle ne regardait continuellement que le Maître, elle !

       – Ha, ha, ha ! Et tu dis que tu ne la regardais pas ! Comment as-tu fait pour voir où elle regardait, si tu ne la regardais pas ? »

       Tout le monde rit à la remarque de Pierre, sauf Judas, Jésus et Simon le Zélote.

       98.6 Jésus met fin à la discussion qu’il a affecté de ne pas entendre, en demandant à Pierre :

       « C’est Tibériade ? 

       – Oui, Maître. Je vais bientôt accoster. 

       – Attends, peux-tu te mettre dans cette anse paisible ? Je voudrais vous parler, à vous seulement. 

       – Je sonde le fond et je vais te le dire. »

       Pierre enfonce une longue perche et se dirige lentement vers la rive.

       « Oui, je peux, Maître. Puis-je approcher encore davantage ? 

       – Le plus possible. Il y a de l’ombre et de la solitude. Cela me plaît. »

       Pierre pousse jusqu’aux abords du rivage. La terre n’est plus qu’à une quinzaine de mètres, au maximum.

       « Maintenant je toucherais le fond. 

       – Arrête, et vous, venez le plus près possible et écoutez-moi. »

       Jésus quitte sa place et vient s’asseoir au centre de l'embarcation sur une banquette qui va d’un bord à l’autre. Il a en face de lui l’autre barque, et autour de lui les disciples de sa propre barque.

       « Ecoutez-moi. Il peut vous paraître que je m’abstrais parfois de vos conversations et que je suis donc un maître paresseux qui ne surveille pas ses élèves. Sachez que mon âme ne vous quitte pas un instant. Avez-vous jamais observé un médecin qui étudie un malade dont la maladie n’est pas encore déterminée et qui présente des symptômes contradictoires ? après l’avoir examiné, il ne le quitte pas des yeux, qu’il dorme ou qu’il veille, le matin comme le soir, qu’il se taise ou qu’il parle, car tout peut être symptôme et indication pour déceler le mal caché et indiquer un traitement. J’en fais autant avec vous. Vous m’êtes reliés par des fils invisibles, mais très sensibles, qui me sont rattachés et me transmettent jusqu’aux plus légères vibrations de votre être. Je vous laisse croire à votre liberté, pour que vous manifestiez toujours plus ce que vous êtes. C’est ce qui arrive quand un écolier ou un maniaque se croit perdu de vue par le surveillant.

       98.7 Vous êtes un groupe de personnes, mais vous constituez un noyau, c’est-à-dire une seule chose. Car vous êtes un ensemble complexe qui débute et dont on étudie toutes les caractéristiques, plus ou moins bonnes, pour le former, l’amalgamer, en arrondir les angles, en développer les tendances multiples, et en faire un tout parfait. C’est pour cela que je vous étudie et que je fais sur vous des observations, même pendant votre sommeil.

       Qu’êtes-vous ? Que devez-vous devenir ? Vous êtes le sel de la terre. Voilà ce que vous devez devenir : le sel de la terre. Le sel sert à préserver de la corruption les viandes et aussi beaucoup d’autres denrées. Mais le sel pourrait-il saler s’il n’était pas salé ? C’est avec vous que je veux saler le monde pour lui donner une saveur céleste. Mais comment pouvez-vous saler si vous perdez toute saveur ?

       Qu’est-ce qui vous fait perdre la saveur céleste ? Ce qui est humain. L’eau de mer, de la vraie mer, n’est pas bonne à boire, tant elle est salée, n’est-ce pas ? Et pourtant, si quelqu’un prend une coupe d’eau de mer et la verse dans une cruche d’eau douce, alors on peut la boire, parce que l’eau de mer est tellement diluée qu’elle a perdu son mordant. L’humanité est comme l’eau douce qui se mélange à votre salinité céleste. Et encore : en supposant qu’il soit possible de dériver un ruisseau de la mer et de l’envoyer dans ce lac, pourriez-vous l’y retrouver ? Non. Il serait perdu dans une trop grande masse d’eau douce. Ainsi en est-il de vous quand vous diluez votre mission – ou plutôt la noyez –, dans tant d’humanité.

       Vous êtes des hommes. Je le sais. Mais, moi-même, qui suis-je ? Je suis celui qui a en lui toute force. Et qu’est-ce que je fais ? Je vous communique cette force puisque je vous ai appelés. Mais à quoi sert-il de vous la communiquer si vous la dispersez sous des avalanches de sensations et de sentiments humains ?

       Vous êtes et devez être la lumière du monde. Je vous ai choisis, moi, la Lumière de Dieu, pour continuer d’éclairer le monde quand je serai retourné au Père. Mais pouvez-vous donner la lumière si vous êtes des lanternes éteintes ou fumantes ? Non, la fumée incertaine d’un lumignon est pire que sa mort totale et par votre fumée vous obscurciriez cette lueur de lumière que les cœurs peuvent encore garder. Ah ! Malheureux ceux qui, cherchant Dieu, se tournent vers des apôtres qui n’ont, au lieu de lumière, que de la fumée ! Ils en recevront le scandale et la mort. Mais les apôtres indignes subiront malédiction et châtiment.

       98.8 Grande est votre destinée ! Mais aussi : grande et redoutable est votre mission ! Rappelez-vous que celui à qui on a donné davantage est tenu de fournir davantage. Et à vous, c’est le maximum qui sera donné en fait d’instruction et de don. Vous êtes instruits par moi, le Verbe de Dieu, et vous recevez de Dieu le don d’être “ les disciples ”, autrement dit les continuateurs du Fils de Dieu. Je voudrais que vous ne cessiez de méditer sur le choix dont vous êtes l’objet, que vous vous examiniez, que vous vous soupesiez… Et si l’un d’entre vous se sent capable d’être seulement fidèle, mais ne trouve pas en lui l’énergie d’un apôtre, qu’il se retire — je ne veux pas même dire : s’il se sent pécheur et endurci, mais simplement : s’il se sent incapable d’être plus que fidèle —.

       Pour qui l’aime, le monde est bien vaste, beau, suffisant, varié ! Il offre toutes les fleurs et tous les fruits dont les sens peuvent jouir. Moi, je n’offre rien d’autre que la sainteté. Sur la terre, c’est la voie la plus étroite, la plus pauvre, la plus escarpée, la plus épineuse, la plus persécutée qui soit. Au Ciel, son étroitesse se change en immensité, sa pauvreté en richesse, ses épines en un tapis de roses, son escarpement en un sentier facile et agréable, sa persécution en paix et béatitude. Mais ici-bas, c’est un effort héroïque que d’être saint. Moi, je ne vous offre que cela.

       Voulez-vous rester avec moi ? Ne vous sentez-vous pas le courage de le faire ? Oh ! Ne vous regardez pas avec cet air étonné et affligé ! Vous m’entendrez encore souvent vous poser cette question. Et quand vous l’entendrez, pensez que mon cœur pleure, parce qu’il est blessé de vous trouver sourds à mon appel. Examinez-vous alors, puis jugez honnêtement et sincèrement, et prenez votre décision. Faites-le pour n’être pas des réprouvés. Dites : “ Maître, mes amis, je me rends compte que je ne suis pas fait pour suivre cette voie. Je vous donne un baiser d’adieu, et je vous dis : priez pour moi. ” Cela vaut mieux que de trahir. Cela vaut mieux…

       Que dites-vous ? Trahir qui ? Qui ? Moi. Ma cause, c’est-à-dire la cause de Dieu – car je suis un avec le Père –. De plus, vous vous trahiriez aussi vous-mêmes. Vous trahiriez votre âme en la donnant à Satan. Vous voulez rester juifs ? Moi, je ne vous force pas à changer. Mais ne trahissez pas. Ne trahissez pas votre âme, le Christ et Dieu. Je vous jure que ni moi, ni ceux qui me sont fidèles ne vous critiquerons, ne vous désignerons au mépris des foules fidèles. Il y a peu de temps, un de vos frères a dit une grande parole : “ Nous cherchons à tenir cachées nos plaies et celles des proches que nous aimons. ” Or celui qui se séparerait serait comme une plaie, une gangrène survenue au sein de notre organisme apostolique. Il se détacherait à cause de sa gangrène inguérissable, laissant une cicatrice douloureuse que nous tiendrions cachée avec le plus grand soin.

       98.9 Non, ne pleurez pas, vous les meilleurs. Ne pleurez pas. Je n’ai envers vous aucune rancœur et je ne suis pas irrité de vous voir si lents. Je viens de vous appeler et ne puis prétendre à ce que vous soyez déjà parfaits. Je ne le prétendrai même pas après des années, après vous avoir répété des centaines de fois les mêmes choses en vain. Au contraire, écoutez : dans plusieurs années vous serez moins ardents qu’à cette heure où vous êtes néophytes. La vie est ainsi faite… l’humanité également… On perd l’élan après le premier bond. Mais (Jésus s’est brusquement levé) je vous jure que, moi, je vaincrai. Purifiés par une sélection naturelle, fortifiés par un breuvage surnaturel, vous, les meilleurs, deviendrez mes héros, les héros du Christ, les héros du Ciel. La puissance des Césars sera poussière en comparaison de la royauté de votre sacerdoce. Vous, pauvres pêcheurs de Galilée, vous, juifs inconnus, vous, qui n’êtes que des numéros dans la masse des hommes qui vous entourent, vous serez plus connus, acclamés, respectés que des Césars et que tous les Césars que la terre a portés et portera. Vous serez connus, vous serez bénis dans un très proche avenir comme dans les siècles les plus reculés, jusqu’à la fin du monde.

       98.10 C’est pour cette sublime destinée que je vous ai choisis. Vous qui avez une honnête volonté et qui avez la capacité de la suivre, je vous donne les lignes essentielles de votre caractère d’apôtres.

       Soyez toujours vigilants et prêts. Ayez toujours la ceinture aux reins et vos lampes allumées, comme des gens qui doivent partir d’un moment à l’autre ou courir à la rencontre de quelqu’un qui arrive. En fait, vous êtes, vous serez jusqu’à ce que la mort vous arrête, d’inlassables pèlerins à la recherche de ceux qui errent ; et jusqu’à ce que la mort vous arrête, vous devez tenir votre lampe haute et allumée pour indiquer la route aux égarés qui viennent vers le bercail du Christ.

       Vous devez être fidèles au Maître qui vous a préposés à ce service. Le serviteur que le maître trouvera toujours vigilant et que la mort surprend en état de grâce sera récompensé. Vous ne pouvez pas, vous ne devez pas dire : “ Je suis jeune, j’ai le temps de faire ceci et cela ; plus tard, je penserai au Maître, à la mort, à mon âme. ” Les jeunes meurent comme les vieux, les forts comme les faibles. Et les vieux comme les jeunes, les forts comme les faibles, sont également exposés à l’assaut de la tentation. Sachez que l’âme peut mourir avant le corps et que, sans le savoir, vous pouvez porter en votre sein une âme en putréfaction. C’est tellement insensible, la mort d’une âme ! C’est comme la mort d’une fleur. Sans un cri, sans convulsion… elle laisse baisser sa flamme comme une corolle flétrie et elle s’éteint. Après, longtemps après parfois, immédiatement pour un autre, le corps s’aperçoit qu’il porte en lui un cadavre plein de vers. Il devient fou d’épouvante et se tue pour échapper à cette union… Oh, il n’y échappe pas ! Il tombe, vraiment, avec son âme vermineuse sur un grouillement de serpents dans la géhenne.

       Ne soyez pas malhonnêtes comme des courtiers ou des avocats qui ménagent deux clients ennemis. Ne soyez pas faux comme des politiciens qui appellent “ ami ” telle ou telle personne, pour s’en montrer ensuite l’ennemi. N’essayez pas de suivre deux manières de faire. On ne se moque pas de Dieu et on ne le trompe pas. Agissez avec les hommes comme vous agissez avec Dieu, car toute offense aux hommes est une offense à Dieu. Ayez le souci que Dieu vous voie tels que vous voulez être vus par les hommes.

       98.11 Soyez humbles. Vous ne pouvez reprocher à votre Maître de ne pas l’être. Je vous donne l’exemple. Imitez-moi. Soyez humbles, doux, patients. C’est ainsi que l’on conquiert le monde, non par la violence et la force. Mais soyez forts et violents contre vos vices. Déracinez-les, même s’il vous faut déchirer votre cœur. Je vous ai dit, il y a quelques jours, de veiller sur vos regards. Mais vous ne savez pas le faire. Je vous l’affirme : mieux vaudrait devenir aveugles en vous arrachant des yeux pleins de convoitises, que de devenir luxurieux.

       Soyez sincères. Je suis la Vérité. Dans ce qui est spirituel comme dans les réalités humaines. Je veux que vous soyez francs, vous aussi. Pourquoi user de tromperie avec moi, avec des frères, ou avec votre prochain ? Pourquoi s’amuser à tromper ? Quoi ? Orgueilleux comme vous l’êtes, n’avez-vous pas la fierté de dire : “ Je ne veux pas qu’on me découvre menteur ” ? Et soyez francs avec Dieu. Pensez-vous pouvoir le tromper par de longues prières en public ? Ah ! Mes pauvres fils ! Dieu voit le cœur !

       Soyez discrets en faisant le bien, et même en faisant l’aumône. Un publicain a su l’être avant sa conversion. Et vous, vous ne sauriez pas l’être ? Oui, je te loue, Matthieu, de ta discrète offrande de chaque semaine que le Père et moi étions seuls à connaître, et je te cite en exemple. Cette réserve est aussi une forme de chasteté, mes amis. Ne découvrez pas votre bonté, comme vous ne découvririez pas une toute jeune fille aux yeux d’une foule. Soyez vierges quand vous faites le bien. Une bonne action est virginale quand elle ne s’allie pas à quelque arrière-pensée de louange ou d’estime, ou à des sentiments d’orgueil.

       Soyez des époux fidèles à votre vocation à Dieu. Vous ne pouvez servir deux maîtres. Le lit nuptial ne peut accueillir deux épouses à la fois. Dieu et Satan ne peuvent se partager vos étreintes. L’homme ne peut pas – pas plus que Dieu ou Satan – partager une triple étreinte entre trois êtres en opposition l’un avec l’autre.

       Opposez-vous au désir de l’or comme au désir de la chair, au désir charnel comme au désir de puissance. C’est ce que Satan vous offre. Ah ! Ses richesses trompeuses ! Honneurs, réussite, pouvoir, argent : ce sont autant de marchandises impures que vous achetez au prix de votre âme.

       Contentez-vous de peu. Dieu vous procure le nécessaire. Cela suffit. Il vous le garantit, comme il le garantit à l’oiseau de l’air, et vous valez beaucoup plus que des oiseaux. Mais il attend de vous confiance et tempérance. Si vous avez confiance, lui ne vous décevra pas. Si vous êtes tempérants, son don quotidien vous suffira.

       98.12 Ne soyez pas païens, tout en appartenant de nom à Dieu. Sont païens ceux qui préfèrent l’or et la puissance à Dieu, pour paraître des demi-dieux. Soyez saints et vous serez semblables à Dieu pour l’éternité.

       Ne soyez pas intransigeants. Tous pécheurs, il vous faut vous comporter avec les autres comme vous voudriez que les autres se comportent avec vous : c’est-à-dire en étant compatissants et prêts à pardonner.

       Ne jugez pas. Oh ! Ne jugez pas ! Cela fait peu de temps que vous êtes avec moi, et pourtant vous voyez combien de fois moi, qui suis innocent, j’ai été à tort mal jugé et accusé de péchés inexistants. Mal juger, c’est offenser. Or seul celui qui est vraiment saint ne répond pas à l’offense par l’offense. Abstenez-vous donc d’offenser pour n’être pas offensés. Vous ne manquerez ainsi ni à la charité, ni à la sainte, chère et douce humilité, cette ennemie de Satan avec la chasteté.

       Pardonnez, pardonnez toujours. Dites : “ Je pardonne, Père, pour être pardonné par toi de mes péchés sans nombre. ”

       Améliorez-vous sans cesse, avec patience, avec fermeté, héroïquement. Qui vous dit que devenir bon n’est pas pénible ? Je vous l’affirme même : c’est l’effort le plus difficile de tous. Mais le Ciel en est la récompense et il vaut la peine de s’épuiser dans cet effort.

       98.13 Enfin, aimez. Ah ! Quels mots, quels mots dois-je trouver pour vous inculquer l’amour ? Aucun n’est capable de vous convertir à l’amour, pauvres hommes que Satan excite ! Alors voilà ce que je dis : “ Père, hâte l’heure de la purification. Cette terre est aride, et ce troupeau, ton troupeau, est malade. Mais il y a une rosée qui peut tout adoucir et purifier. Ouvre, ouvre la source de cette rosée. C’est moi que tu dois ouvrir, moi. Voici, Père. Je brûle d’accomplir ton désir qui est aussi le mien et celui de l’Amour éternel. Père, Père, Père ! Regarde ton Agneau et sois son sacrificateur. ” »

       Jésus est réellement inspiré. Debout, les bras en croix, le visage tourné vers le ciel, il se détache avec son blanc vêtement de lin sur le fond bleu du lac comme un archange en prière.

       Là-dessus, la vision s’évanouit

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