Une initative de
Marie de Nazareth

Guérison d’un enfant blessé. Jésus chassé du Temple

mardi 2 novembre 27
Jérusalem

Vision de Maria Valtorta

       115.1 Je vois l’intérieur du Temple. Jésus et ses disciples se tiennent près du Temple proprement dit, à savoir aux abords du Lieu saint où seuls les prêtres peuvent entrer. C’est une très belle cour à laquelle on accède par un atrium ; par un autre, encore plus richement décoré, on passe à la haute terrasse sur laquelle se trouve le cube du Saint.

       C’est inutile ! J’aurais beau avoir vu mille fois et décrit deux mille fois le Temple, ma description de cet endroit somptueux, un vrai labyrinthe, sera toujours incomplète, tant en raison de la complexité du lieu qu’à cause de mon ignorance des termes et de mon incapacité à en établir un plan…

       A ce qu’il me semble, ils sont en prière. Il y a beaucoup d’autres juifs, des hommes seulement, qui prient chacun pour son compte. C’est le soir précoce d’une sombre journée de novembre.

       Un brouhaha dans lequel retentit la voix de stentor mais inquiète d’un homme qui jure aussi en latin, se mêle aux vociférations stridentes et aiguës de juifs. Cela ressemble au tumulte d’une rixe et une femme crie sur un ton perçant :

       « Ah ! Laissez-le aller. Il dit que lui, il le sauvera. »

       Le recueillement de la somptueuse cour est rompu. Beaucoup de têtes se tournent vers l’endroit d’où arrivent les voix. Judas, qui se trouve là avec les disciples, se retourne lui aussi. Sa haute taille lui permet de voir et il dit :

       « C’est un soldat romain qui se débat pour entrer ! Il viole, il a déjà violé le Lieu saint ! Quelle horreur ! »

       Beaucoup lui font écho.

       « Laissez-moi passer, chiens de juifs ! Jésus est ici. Je le sais ! C’est lui que je veux ! Je n’ai que faire de vos pierres stupides. L’enfant meurt et lui, il le sauvera. Fichez-moi le camp, hyènes hypocrites… »

       Lorsque Jésus comprend que c’est lui qu’on demande, il se dirige aussitôt vers l’atrium sous lequel a lieu ce remue-ménage. A peine arrivé, il s’écrie :

       « Paix et respect à ce lieu et à l’heure de l’offrande.

       – Oh ! Jésus ! Salut ! Je suis Alexandre. Ecartez-vous, chiens ! »

       Ce à quoi Jésus répond paisiblement :

       « Oui, écartez-vous. Je conduirai ailleurs le païen qui ignore ce qu’est ce lieu pour nous. »

       Le cercle se fend et Jésus rejoint le soldat dont la cuirasse est ensanglantée.

       « Tu es blessé ? Viens. On ne peut pas rester ici. » Et il le conduit plus loin en passant par l’autre cour.

       « Ce n’est pas moi qui suis blessé, c’est un enfant… Mon cheval, près de l’Antonia, m’a échappé et l’a renversé. Les sabots lui ont ouvert la tête. Procule a dit : “ Il n’y a plus rien à faire ! ” Moi… ce n’est pas ma faute… mais c’est par moi que c’est arrivé et sa mère est désespérée. Je t’avais vu passer… venir ici… J’ai dit : “ Le médecin n’y peut rien, mais lui, si. ” J’ai ajouté : “ Femme, viens. Jésus le guérira. ” Ces idiots m’ont retenu… peut-être l’enfant est-il mort.

       – Où est-il ? demande Jésus.

       – Sous ce portique, sur le sein de sa mère, répond le soldat que j’ai déjà vu à la Porte des Poissons.

       – Allons-y. »

       Jésus hâte le pas, suivi des siens et d’un cortège de gens.

       115.2 Sur les marches, à l’entrée du portique, adossée à une colonne, se tient une femme déchirée par la douleur qui pleure sur son enfant mourant. Ce dernier a le teint terreux, les lèvres violacées à demi ouvertes par le râle caractéristique de ceux qui ont une blessure au cerveau. Une bande lui enserre la tête, rouge de sang sur la nuque et sur le front.

       « Il a la tête ouverte, devant et derrière. On voit le cerveau. C’est tendre, la tête à cet âge, et le cheval était fort et venait d’être ferré » explique Alexandre.

       Jésus se tient auprès de la femme qui, elle non plus, ne parle pas ; elle est à l’agonie elle aussi, près de son fils mourant. Il lui pose la main sur la tête.

       « Ne pleure pas, femme, dit Jésus avec toute la douceur dont il est empreint, une douceur infinie. Aie foi. Donne-moi ton petit. »

       La femme le regarde, hébétée. La foule s’en prend aux Romains et plaint le mourant et sa mère. Alexandre se débat entre les sentiments de colère que lui font éprouver ces accusations injustes, de pitié et d’espoir.

       Jésus s’assied à côté de la femme quand il se rend compte qu’elle ne peut plus faire un geste. Il se penche, prend dans ses longues mains la petite tête blessée, se penche encore davantage, s’ap­proche du minois de cire, souffle sur la petite bouche qui râle… Un instant se passe. Puis il a un sourire que l’on voit à peine à travers les mèches de cheveux qui pendent sur le front. Il se redresse. L’enfant ouvre les yeux et essaie de s’asseoir. Sa mère craint que ce ne soit son suprême effort et hurle en le tenant sur son cœur.

       « Laisse-le aller, femme. Mon enfant, viens vers moi » dit Jésus – toujours assis à côté de la femme – en lui tendant les bras avec un sourire. Rassuré, l’enfant se jette dans ses bras. Il pleure non pas de douleur, mais sous l’effet de la peur que lui rappelle le souvenir de la scène.

       « Il n’y a plus de cheval. Il n’y en a plus, dit Jésus pour le rassurer. Tout est fini. Ça te fait encore mal ici ?

       – Non. Mais j’ai peur, j’ai peur !

       – Tu le vois, femme, il n’y a plus que de la peur, mais elle est en train de passer. Apportez-moi de l’eau. Le sang et la bande l’impressionnent. Donne-moi l’une de tes pommes, Jean… Prends, mon petit. Mange. C’est bon… »

       On apporte de l’eau. C’est même le soldat Alexandre qui l’apporte, dans son casque. Jésus s’apprête à détacher la bande.

       Alexandre et la mère disent :

       « Non ! Il revient bien à la vie… mais sa tête est ouverte ! »

       Jésus sourit et enlève la bande. Un tour, deux, trois, huit tours. Il retire le linge ensanglanté. Du milieu du front à la nuque, à droite, il y a un seul caillot de sang encore mou dans les cheveux du bambin. Jésus trempe une bande et lave.

       « Mais au-dessous il y a la blessure… si tu enlèves le caillot, elle va se remettre à saigner » insiste Alexandre.

       La mère ferme les yeux pour ne pas voir.

       Jésus lave à plusieurs reprises, jusqu’à ce que le caillot se détache… voici les cheveux nettoyés. Ils sont humides, mais au-dessous il n’y a pas de blessure. Le front aussi est guéri. Il reste juste une petite marque rouge là où la cicatrice s’est formée.

       Les gens crient de stupeur. La femme ose regarder et, quand elle voit, elle ne se retient plus. Elle s’écroule sur Jésus, l’embrasse en même temps que son enfant, et pleure. Jésus supporte cet épanchement et cette pluie de larmes.

       « Je te remercie, Jésus, dit Alexandre. Je souffrais d’avoir tué cet innocent.

       – Tu as fait preuve de bonté et de confiance. Adieu, Alexandre. Retourne à ton service. »

       115.3 Alexandre est sur le point de s’en aller lorsque arrive tout à coup un vrai cyclone d’officiers du Temple et de prêtres.

       « Le grand-prêtre t’intime, par notre intermédiaire, de sortir du Temple, toi et le païen profanateur. Et tout de suite ! Vous avez troublé l’offrande de l’encens. Cet homme a pénétré dans un lieu réservé à Israël. Ce n’est pas la première fois qu’à cause de toi, le Temple est en rumeur. Le grand-prêtre, et avec lui les Anciens de service, t’ordonnent de ne plus remettre les pieds ici, à l’intérieur. Va et reste avec tes païens.

       – Nous ne sommes pas des chiens, nous non plus. C’est lui qui le dit : “ Il n’y a qu’un seul Dieu qui a créé les juifs et les Romains. ” Si donc c’est sa Maison et si je suis sa créature, je peux y entrer moi aussi, répond Alexandre, blessé par le mépris avec lequel les prêtres prononcent le mot de “ païens ”.

       – Tais-toi, Alexandre. Je vais parler » intervient Jésus qui, après avoir donné un baiser à l’enfant, l’a rendu à sa mère et s’est levé.

       Il dit au groupe qui vient le chasser :

       « Personne ne peut défendre à un fidèle, à un vrai israélite dont personne ne peut prouver qu’il est en état de péché, de prier près du Saint.

       – Mais d’expliquer la Loi dans le Temple, oui. Tu en as pris le droit sans l’avoir et sans le demander. Qui es-tu ? Qui te connaît ? Comment usurpes-tu un nom et une place qui ne t’appartiennent pas ? »

       115.4 Jésus leur lance un de ces regards ! Puis-il dit :

       « Judas de Kérioth, approche. »

       Judas ne paraît pas enthousiasmé par cette invitation. Il avait cherché à s’éclipser dès la venue des prêtres et des officiers du Temple (ils n’ont pas une tenue militaire, il doit s’agir d’une charge civile). Mais il lui faut obéir car Pierre et Jude le poussent en avant.

       « Judas, réponds, dit Jésus. Et vous, regardez-le. Vous le connaissez. Il est du Temple. Le connaissez-vous ? »

       Ils sont bien obligés de répondre oui.

       « Judas, qu’est-ce que je t’ai fait faire quand j’ai parlé ici la première fois ? Raconte ton étonnement et comment j’y ai répondu. Parle et sois franc.

       – Il m’a dit : “ Appelle l’officier de service pour que je puisse lui demander la permission de faire l’instruction. ” Il s’est nommé et a donné des preuves de son identité et de sa tribu… Moi, j’en étais étonné, car je jugeais qu’il s’agissait d’une formalité inutile puisqu’il dit être le Messie. Alors il m’a dit : “ Ce que je fais est nécessaire et, quand l’heure sera venue, rappelle-toi que je n’ai manqué de respect ni au Temple ni à ses officiers. ” Oui. C’est bien ce qu’il a dit. Par respect pour la vérité, je dois le dire. »

       Judas, au début, parlait sans beaucoup d’assurance, comme si la chose l’ennuyait. Mais ensuite, par l’effet de ces brusques revirements qui lui sont propres, il a pris de l’aplomb, au point d’en devenir presque arrogant.

       « Je suis surpris que tu le défendes. Tu as trahi la confiance que nous avions en toi, reproche un prêtre à Judas.

       – Je n’ai trahi personne. Combien parmi vous appartiennent à Jean-Baptiste ! Sont-ils traîtres pour autant ? Moi, j’appartiens au Christ, voilà tout.

       – Eh bien, il ne doit pas parler ici. Qu’il vienne comme fidèle. C’est déjà trop pour un ami des païens, des prostituées, des publicains…

       – Répondez-moi, maintenant, dit Jésus sévère mais calme. Quels sont les Anciens de service ?

       – Doras et Félix, des juifs. Joachim de Capharnaüm et Joseph d’Iturée.

       – J’ai compris. Allons. Rapportez aux trois accusateurs – car Joseph d’Iturée n’a pu en faire partie – que le Temple n’est pas tout Israël et qu’Israël n’est pas le monde entier. Que la bave des serpents, pour très venimeuse qu’elle soit, ne submergera pas la Voix de Dieu, et que son venin ne paralysera pas mes allées et venues parmi les hommes, tant que l’heure ne sera pas venue. Et puis… dites-leur bien qu’ensuite les hommes feront justice des bourreaux et exalteront la Victime en faisant d’elle leur unique amour. Allez. Quant à nous, partons. »

       Jésus revêt son lourd manteau foncé et sort, accompagné de ses disciples.

       115.5 Ils sont suivis par Alexandre qui a assisté à la discussion ; en dehors de l’enceinte, près de la Tour Antonia, il dit :

       « Je te salue, Maître. Et je te demande pardon d’avoir été pour toi une cause de réprimande.

       – Ne t’en afflige pas ! Ils cherchaient un prétexte. Ils l’ont trouvé. Si ce n’avait pas été toi, c’en aurait été un autre… Vous, à Rome, vous faites des jeux au Cirque avec des fauves et des serpents, n’est-ce pas ? Eh bien, je t’affirme qu’il n’y a pas de fauve plus féroce et plus perfide que l’homme qui veut en tuer un autre.

       – Et moi, je t’affirme qu’au service de César j’ai parcouru toutes les régions romaines. Mais jamais, à l’occasion de milliers de rencontres, je n’ai trouvé quelqu’un de plus divin que toi. Non, nos dieux ne sont pas aussi divins que toi ! Ils sont vindicatifs, cruels, bagarreurs, menteurs. Toi, tu es bon. Tu es vraiment un Homme, mais qui n’est pas seulement homme. Salut, Maître.

       – Adieu, Alexandre. Avance dans la Lumière. »

       Tout prend fin.

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