Une initative de
Marie de Nazareth

Chez Cléophas, le chef de la synagogue

vendredi 31 décembre 27
Emmaüs

Vision de Maria Valtorta

       140.1 Jean et son frère frappent à la porte d’une maison de village. Je reconnais la maison où les deux disciples d’Emmaüs entrèrent avec Jésus ressuscité. Quand on leur ouvre, ils parlent avec quelqu’un que je ne vois pas, ressortent et prennent une rue pour rejoindre Jésus, arrêté avec les autres dans un endroit à l’écart.

       « Il est là, Maître, et il est tout heureux que tu sois venu. Il nous a dit : “ Allez lui dire que ma maison est à sa disposition. J’arrive moi aussi. ”

       – Alors, allons-y. »

       Ils marchent quelque temps, puis rencontrent le vieux chef de synagogue, Cléophas, déjà vu à la Belle Eau. Ils s’inclinent l’un et l’autre, mais ensuite le bon vieillard, qui ressemble à un pa­triarche, s’agenouille en saluant avec vénération. Des citadins qui le voient s’approchent avec curiosité.

       Le vieillard se lève et dit :

       « Voici le Messie promis. Souvenez-vous de ce jour, habitants d’Emmaüs. »

       Les uns regardent avec une curiosité tout humaine, d’autres manifestent déjà un respect religieux. Deux hommes se fraient un chemin et disent :

       « Paix à toi, Rabbi. Nous y étions, nous aussi, ce jour là.

       – Paix à vous et à tous. Je suis venu comme le chef de votre synagogue m’en avait prié.

       – Feras-tu des miracles ici aussi ?

       – S’il y a des enfants de Dieu qui croient et qui ont besoin de miracles, j’en ferai certainement. »

       Le chef de la synagogue dit :

       « Que ceux qui veulent entendre le Maître viennent à la synagogue, et de même ceux qui ont des malades. Puis-je dire cela, Maître ?

       – Tu le peux. Après l’heure de sexte, je serai tout à vous. Mais pour l’instant, j’appartiens au bon Cléophas. »

       Et, suivi d’une escorte de gens, il accompagne le vieillard jusqu’à sa maison.

       « Voici mon fils, Maître, et mon épouse, et l’épouse de mon fils et ses petits enfants. Je regrette beaucoup que mon autre fils soit avec le beau-père de mon fils Cléophas à Jérusalem en même temps qu’un pauvre homme d’ici… Mais je t’en parlerai. Entre, Seigneur, avec tes disciples. »

       Ils entrent et s’apprêtent suivant les usages juifs. Puis ils s’approchent d’un feu qui brûle dans une large cheminée, car la journée est humide et froide.

       « Nous allons bientôt passer à table. J’ai invité les notables de l’endroit. C’est aujourd’hui une grande fête. Ils ne croient pas tous en toi, mais ils n’ont pas de sentiments hostiles non plus. Ils cherchent seulement… Ils voudraient croire. Mais nous avons été trompés tant de fois, ces derniers temps, au sujet du Messie… Il y a de la méfiance. Il suffirait d’un mot du Temple pour dissiper tous les doutes. Mais le Temple… J’ai pensé qu’en te voyant et en t’entendant, comme ça, simplement, on peut beaucoup obtenir en ce sens. Je voudrais te donner de vrais amis.

       – Tu es l’un d’eux.

       – Je suis un pauvre vieux, moi. Si j’étais plus jeune, je te suivrais, mais le poids des ans m’en empêche.

       – Tu me sers déjà en croyant. Tu me prêches par ta foi. Sois tranquille, Cléophas. Je ne t’oublierai pas à l’heure de la Rédemption.

       140.2 – Voici Simon avec Hermas. Ils sont sur le point d’arriver » annonce le fils du chef de la synagogue.

       Tout le monde se lève pendant qu’entrent deux hommes d’un certain âge, de molle apparence.

       « Voici Simon et lui, c’est Hermas, Maître. Ce sont de vrais juifs, mais sincères au fond de l’âme.

       – Dieu se révélera à leurs âmes. Que la paix, en attendant, descende sur eux. Sans paix, on n’entend pas Dieu.

       – Le livre des Rois le dit aussi à propos d’Elie.

       – Est-ce que ce sont tes disciples, ceux-ci ? demande l’homme qui s’appelle Simon.

       – Oui.

       – Il y en a de tout âge et de toute région. Et toi, tu es galiléen ?

       – De Nazareth, mais je suis né à Bethléem à l’époque du recensement.

       – Tu es donc Bethléemite. C’est ce que confirment tes traits.

       – C’est une bienveillante confirmation pour la faiblesse humaine, mais la confirmation est d’ordre spirituel.

       – Dans tes œuvres, tu veux dire ? dit Hermas.

       – En elles et par les paroles que l’Esprit me met sur les lèvres.

       – Elles m’ont été répétées par des auditeurs. Ta sagesse est vraiment grande. Est-ce sur elle que tu as l’intention de fonder ton Royaume ?

       – Un roi doit avoir des sujets qui connaissent les lois de son royaume.

       – Mais tes lois sont toutes spirituelles !

       – Tu l’as dit, Hermas, toutes spirituelles. J’aurai un royaume spirituel. J’ai donc un code spirituel.

       – Mais le rétablissement d’Israël, alors ?

       – Ne tombez pas dans l’erreur commune de donner au nom d’Israël sa signification humaine. On dit Israël pour signifier “ Peuple de Dieu ”. Je rétablirai la vraie liberté et la vraie puissance de ce peuple de Dieu et je la rétablirai en rendant au Ciel les âmes, rachetées et en possession de la sagesse des vérités éternelles.

       140.3 – Prenons place à table, je vous en prie » dit Cléophas qui s’installe avec Jésus au centre.

       A la droite de Jésus se trouve Hermas et à côté de Cléophas Simon, puis les fils du chef de la synagogue, et aux autres places les disciples.

       A l’invitation de son hôte, Jésus fait l’offrande et la bénédiction, puis le repas commence.

       « Tu viens dans ces régions, Maître ? demande Hermas.

       – Non, je vais en Galilée. Je suis seulement de passage.

       – Comment ? Tu quittes la Belle Eau ?

       – Oui, Cléophas.

       – Il y venait des foules, malgré l’hiver. Pourquoi les déçois-tu ?

       – Ce n’est pas moi. Les purs l’Israël en ont décidé ainsi.

       – Quoi ? Pourquoi ? Quel mal faisais-tu ? La Palestine a beaucoup de rabbis qui parlent là où ils veulent. Pourquoi cela ne t’est-il pas permis, à toi ?

       – Ne cherche pas, Cléophas. Tu es âgé et sage. Que la connaissance de cette dure réalité n’empoisonne pas ton cœur.

       – Enseignais-tu peut-être des doctrines nouvelles, estimées dangereuses – oh ! Certainement par erreur d’appréciation – par les scribes et les pharisiens ? Ce que nous savons de toi ne nous en donne pas l’impression… n’est-ce pas, Simon ? Mais nous ne connaissons pas tout, peut-être. En quoi consiste pour toi la Doctrine ? demande Hermas.

       – Dans la connaissance précise du Décalogue, dans l’amour et la miséricorde. L’amour et la miséricorde, cette respiration, ce sang de Dieu, forment la règle de mon enseignement et de ma conduite. Et j’en fais l’application dans toutes les situations de ma journée.

       – Mais ce n’est pas une faute ! C’est de la bonté !

       – Les scribes et les pharisiens jugent que c’est une faute, mais moi, je ne puis mentir à ma mission ni désobéir à Dieu qui m’a envoyé sur la terre comme “ Miséricorde ”. Le temps de la miséricorde totale est venu, après des siècles de justice. Elles sont sœurs, comme nées d’un même sein. Mais auparavant, la justice a été plus forte et l’autre adoucissait seulement sa rigueur – car Dieu ne peut s’empêcher d’aimer. Désormais, c’est la miséricorde qui est reine et la justice s’en réjouit, elle qui souffrait tant de devoir punir ! Si vous y regardez de près, vous voyez aisément qu’elles ont toujours existé à partir du moment où l’homme a contraint Dieu à être sévère. L’existence de l’humanité n’est que la preuve de ce que j’avance. La miséricorde est présente à la punition même d’Adam. Dieu pouvait les réduire en cendres du fait de leur péché. Il leur a donné l’expiation. Aux yeux de la femme, cause de tout le mal, humiliée pour cette raison, il a fait briller la figure d’une Femme, cause du bien. Il a accordé à Adam et Eve des enfants et les connaissances nécessaires à l’existence. En même temps que la justice frappait Caïn l’assassin, il lui a accordé un signe qui était miséricorde pour qu’on ne le tue pas. A l’humanité corrompue, il a accordé Noé, pour la préserver dans l’arche. Et à partir de là, il a promis une alliance éternelle de paix. Plus jamais de déluge impitoyable. La justice a été influencée par la miséricorde. Voulez-vous remonter avec moi l’Histoire sainte jusqu’à mon arrivée ? Vous verrez toujours se répandre les ondes de l’amour, toujours plus largement. C’est actuellement la pleine marée de Dieu, et elle te soulève, ô Humanité, sur ses eaux douces et calmes, elle te soulève jusqu’au Ciel, pure, belle, et elle te dit : “ Je te rends à mon Père. ” »

       Les trois hommes sont dans la stupéfaction devant une telle lumière d’amour. Puis Cléophas soupire :

       « C’est bien cela. Mais toi seul tu es ainsi ! 140.4 Qu’en sera-t-il de Joseph ? Il devrait déjà avoir été entendu ! L’aura-t-il été ? »

       Personne ne répond.

       Cléophas se tourne vers Jésus :

       « Maître, il s’agit d’un habitant d’Emmaüs. Son père a autrefois répudié son épouse. Elle alla à Antioche s’établir avec un frère, propriétaire d’un magasin. Cet homme est tombé dans une faute grave. Il n’avait jamais connu cette femme, qui avait été chassée après quelques mois de mariage, et je n’en cherche pas les raisons. Il n’en avait jamais entendu parler, car naturellement son nom était banni de cette maison. Arrivé à l’âge d’homme, et ayant hérité de son père son commerce et ses biens, il pensa à se marier. Il avait connu à Joppé une femme propriétaire d’un riche magasin et l’avait épousée. Or, je ne sais comment on l’a su ni comment on le lui a appris, cette femme était une fille de l’épouse de son père. C’était donc un péché grave, bien que, à mon avis, la filiation de cette femme soit très incertaine. Joseph, frappé de condamnation, a perdu à la fois sa paix de fidèle et de mari. Malgré sa douleur, il répudia sa femme – sa sœur éventuelle – qui, de chagrin, fut prise par la fièvre et en mourut. Malgré cela, on ne lui a pas pardonné. Moi, je dis qu’en conscience, s’il n’avait pas eu d’ennemis autour de ses biens, il n’aurait pas été ainsi frappé. Toi, que ferais-tu ?

       – Le cas est très grave, Cléophas. Quand tu es venu me trouver, pourquoi ne m’en as-tu pas parlé ?

       – Je ne voulais pas t’éloigner d’ici…

       – Mais des choses de ce genre ne me chassent pas ! Maintenant, écoute. Matériellement, c’est un inceste qui demande une punition. Mais la faute, pour l’être moralement, doit avoir pour base la volonté de pécher. Cet homme a-t-il sciemment commis un inceste ? Tu dis que non. Alors, où est la faute ? Je veux dire : la faute d’avoir voulu pécher ? Il reste celle de la vie commune avec une fille de son propre père. Mais tu dis que cette parenté est incertaine. Et même si elle était établie, la faute cesse avec l’interruption de la vie commune. Ici, l’interruption est certaine, non seulement par la répudiation, mais du fait que la mort est survenue. Je dis donc qu’on devrait pardonner à cet homme, même ce semblant de péché. J’affirme même : puisqu’il n’y a pas de condamnation de l’inceste royal qui dure au vu et su de tout le monde, on devrait avoir pitié de ce cas douloureux, dont l’origine remonte à l’autorisation accordée par Moïse de répudier sa femme, pour éviter des maux plus nombreux, sinon plus graves. Cette permission, je la condamne, car l’homme, qu’il soit bien ou mal marié, doit vivre avec son épouse et ne pas la répudier, ce qui favorise des adultères et des situations semblables à celle-ci. En outre, je le répète, en matière de sévérité, il faut l’exercer avec une égale mesure à l’égard de tous. Et surtout à l’égard de soi-même et des grands. Or, personne, que je sache, à part Jean-Baptiste, n’a élevé la voix contre le péché du roi. Ceux qui condamnent sont-ils exempts de fautes semblables ou pires, ou bien leur nom et leur puissance servent-ils à les voiler, comme leur somptueux manteau dérobe la vue de leur corps que le vice rend souvent malade ?

       – Tu as bien parlé, Maître. C’est bien cela. Mais toi, en somme, qui es-tu ?… » demandent ensemble les deux amis du chef de la synagogue.

       140.5 Jésus ne peut répondre, car on ouvre la porte que franchit Simon, beau-père de Cléophas fils.

       « Bon retour ! Eh bien ? »

       La curiosité est si vive que personne ne pense plus au Maître.

       « Eh bien… condamnation absolue. Ils n’ont même pas accepté l’offrande du sacrifice. Joseph est mis au ban d’Israël.

       – Où est-il ?

       – Là dehors, et il pleure. J’ai cherché à discuter avec les plus puissants. Ils m’ont chassé comme un lépreux. Maintenant… Mais… C’est la ruine de cet homme. De ses biens comme de son âme. Que voulez-vous qu’il fasse ? »

       Sans un mot, Jésus se lève et se dirige vers la porte.

       Le vieux Cléophas croit qu’il a été offensé de sa négligence et dit :

       « Ah ! Pardonne-moi, Maître ! Mais la douleur de l’événement m’a troublé l’esprit. Reste, je t’en prie !

       – Je reste, Cléophas. Je vais seulement trouver ce malheureux. Venez avec moi, si vous voulez. »

       Jésus sort dans le vestibule. Devant la maison, il y a une bande de terrain et des petits parterres, puis, au-delà, la rue. Un homme est par terre, sur le seuil. Jésus s’en approche en lui tendant les mains. Par derrière, tous cherchent à voir.

       « Joseph, personne ne t’a pardonné ? »

       Jésus parle avec une extrême douceur.

       L’homme tressaille en entendant une voix inconnue et toute bonté, après tant de voix qui le condamnent. Etonné, il lève la tête et le regarde.

       « Joseph, personne ne t’a pardonné ? » reprend Jésus, qui se penche pour prendre les mains de l’homme pour essayer de le relever.

       – Qui es-tu ? demande le malheureux.

       – Je suis la Miséricorde et la Paix.

       – Pour moi, il n’y a plus de miséricorde ni de paix.

       – Dans le sein de Dieu, il y en a toujours. Ce sein en déborde, en particulier pour ses enfants infidèles.

       – Mais ma faute est telle que je suis séparé de Dieu. Laisse-moi, toi qui certainement es bon, pour ne pas te contaminer.

       – Je ne te lâche pas. Je veux te conduire à la paix.

       – Mais moi, je suis… D’ailleurs toi, qui es-tu ?

       – Je te l’ai dit : Miséricorde et Paix. Je suis le Sauveur. Je suis Jésus. Lève-toi. Moi, je peux ce que je veux. Au nom de Dieu, je t’absous de ta contamination involontaire. L’autre mal n’existe pas. 140.6Je suis l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde. C’est à moi que l’Eternel a remis tout jugement. Celui qui croit en ma parole aura la vie éternelle. Viens, pauvre fils d’Israël. Restaure ton corps épuisé et fortifie ton esprit abattu. Je pardonnerai bien d’autres fautes. Non, le désespoir dans les cœurs ne viendra pas de moi ! Je suis l’Agneau sans tache, mais je ne fuis pas les brebis blessées, par peur de me contaminer. Au contraire je les cherche et les conduis avec moi. Bien trop nombreux sont ceux qu’un jugement excessivement sévère, et d’ailleurs injuste, entraîne dans une ruine complète. Malheur à ceux qui, par une rigueur intransigeante, amènent une âme au désespoir ! Ce ne sont pas les intérêts de Dieu qu’ils servent, mais ceux de Satan. En ce moment, je vois une pécheresse, éloignée du Rédempteur, mais ardemment désireuse de sa rédemption. Je vois un chef de synagogue persécuté pour sa justice. Je vois que l’on frappe un homme tombé dans une faute par inadvertance. Je vois que trop de choses se font qui proviennent de lieux où règnent le vice et le mensonge. A la manière d’un mur qui se dresse brique après brique et crée une séparation, ainsi les choses que j’ai vues – et elles sont déjà trop nombreuses en une année – sont en train d’élever entre eux et moi un mur de dureté. Malheur à eux quand il sera complètement élevé avec les matériaux qu’ils fournissent eux-mêmes ! Tiens : bois, mange. Tu es épuisé. Puis, demain, tu viendras avec moi. Ne crains pas. Quand ton âme sera redevenue tranquille et paisible, tu seras libre de choisir ton avenir. En ce moment, tu ne le pourrais pas, et il serait dangereux de te laisser faire. »

       Jésus a amené l’homme dans la salle et l’a forcé à s’asseoir à sa place, puis il le sert. Il se tourne ensuite vers Hermas et Simon et leur dit :

       « Voilà mon enseignement : c’est cela et rien d’autre. Et je ne me borne pas à le prêcher, je le mets en œuvre. Que celui qui a soif de vérité et d’amour vienne à moi. »

Enseignement de Jésus à Maria Valtorta

       140.7 Jésus dit :

       « Ainsi se termine la première année d’évangélisation. Prenez-en bonne note. Que vous dire encore ? Je vous ai livré ce récit parce que mon désir était qu’il soit connu. Mais il se produit pour ce travail la même chose qu’avec les pharisiens. Mon désir d’être aimé – connaître, c’est aimer – se trouve repoussé par trop de choses. C’est une grande douleur pour moi, le Maître éternel, qui suis tenu en captivité par vous… »

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