Une initative de
Marie de Nazareth

Guérison d’un aveugle à Capharnaüm

lundi 3 mai 27
Capharnaüm

Vision de Maria Valtorta

       58.1 Jésus parle et aussitôt le repos m’envahit. Il me plonge dans un bonheur qui me met le cœur en joie :

       « Regarde. Les épisodes d’aveugles te plaisent tant. Nous t’en montrons un autre. »

       J’ai alors cette vision :

       58.2 Je vois un beau coucher de soleil d’été. Le soleil a embrasé tout l’occident, et le lac de Génésareth est un gigantesque miroir où se reflète le ciel illuminé.

       Les rues de Capharnaüm commencent à peine à être en­vahies par les gens : femmes qui vont à la fontaine, hommes, pêcheurs qui préparent les filets et les embarcations pour la pêche noc­turne, enfants qui courent en jouant à travers les rues, ânes chargés de paniers qui se dirigent vers la campagne, peut-être pour en rapporter des légumes.

       Jésus s’avance vers une porte qui donne sur une petite cour tout ombragée par une vigne et un figuier. Plus loin, un chemin empierré borde le lac. Ce doit être la maison de Pierre (en réalité, c’est la maison de la belle-mère de Pierre) car il est sur la rive avec André, en train de préparer dans la barque les paniers à poissons et les filets, et de ranger bancs et cordages. Tout cela pour la pêche, en somme, et André l’aide, allant et venant de la maison à la barque.

       58.3 Jésus interpelle son apôtre :

       « La pêche sera-t-elle bonne ?

       – Le temps est favorable. L’eau est calme et il y aura un clair de lune. Les poissons remonteront du fond et mon filet les entraînera.

       – Nous y allons seuls ?

       – Oh ! Maître, mais comment veux-tu que nous manipulions seuls tout ce dispositif de filets ?

       – Je n’ai encore jamais pêché et j’attends que tu me l’apprennes. »

       Jésus descend tout doucement vers le lac et s’arrête sur la rive de gros sable caillouteux, près de la barque.

       « Regarde, Maître, comment on fait : je sors à côté de la barque de Jacques, fils de Zébédée, et on va ainsi ensemble vers l’endroit favorable. Puis, on descend le filet. Nous en tenons un bout, nous. Tu m’as dit que tu veux le tenir ?

       – Oui, si tu me dis ce que je dois faire.

       – Il n’y a qu’à surveiller la descente. Il faut que le filet descende lentement et sans faire de nœuds. Lentement parce que nous serons sur le lieu de pêche et un mouvement trop brusque peut éloigner les poissons, et sans nœuds pour ne pas fermer le filet qui doit s’ouvrir comme une bourse ou, si tu préfères, une voile gonflée par le vent. Puis, une fois la descente terminée, nous ramerons doucement ou bien nous avancerons à la voile selon ce qu’il faudra, en faisant un demi-cercle sur le lac. Quand la vibration de la cheville de sécurité nous indiquera que la pêche est bonne, nous nous dirigerons vers la terre et là, presque à la rive – mais pas trop tôt pour ne pas risquer que la proie nous échappe, pas trop tard pour ne pas abîmer les poissons et le filet sur les cailloux –, nous hisserons le filet. C’est alors qu’il faut avoir l’œil car les barques doivent se rapprocher au point qu’on puisse prendre l’extrémité du filet que passe l’autre barque sans pourtant nous heurter pour ne pas écraser le filet plein de poissons.

       58.4 Fais attention, Maître, c’est notre gagne-pain. Garde toujours un œil sur le filet pour qu’il ne s’ouvre pas sous les secousses des poissons. Ils défendent leur liberté par de forts coups de queue et s’ils sont nombreux… Tu comprends… Ce sont de petites bêtes, mais à dix, cent, mille, ils deviennent forts comme le Léviathan.

       – C’est la même chose avec les fautes, Pierre. Au fond, une seule, ce n’est pas irréparable. Mais si, au lieu de s’arrêter à cette “ première ”, on ne cesse de les accumuler, il arrive un moment où la petite faute – peut-être une simple omission, une simple faiblesse – devient toujours plus forte, se transforme en habitude pour finir en vice capital. Parfois on commence par un regard de concupiscence et on termine avec un adultère consommé. D’autres fois, c’est un manque de charité verbal à l’égard d’un parent qui finit en violence contre le prochain. Soyez vigilants dès le début pour que les fautes n’augmentent pas leur poids sous leur nombre ! Elles deviennent dangereuses et toutes puissantes, comme le Serpent infernal lui-même, et elles vous entraînent à l’abîme de la géhenne.

       – Tu parles bien, Maître… Mais nous sommes si faibles !

       – Il y faut vigilance et prière pour être fort et avoir du secours, et ferme volonté de ne pas pécher. Et aussi une grande confiance dans la justice pleine d’amour du Père.

       – Tu dis qu’il ne se montrera pas trop sévère pour le pauvre Simon ?

       – Pour le vieux Simon, il pouvait encore se montrer sé­vère. Mais pour mon Pierre, l’homme nouveau, l’homme de son Christ… non, Pierre, il t’aime et continuera à t’aimer.

       – Et moi ?

       – Toi aussi, André ; et avec toi, Jean et Jacques, Philippe et Nathanaël. Vous êtes mes premiers élus.

       58.5 – Il en viendra d’autres ? Il y a ton cousin, et en Judée…

       – Ah oui, beaucoup ! Mon Royaume est ouvert à tout le genre humain et, en vérité, je te dis que, au cours de la nuit des siècles, ma pêche sera plus abondante que la plus abondante des tiennes… que chaque siècle est une nuit où le guide et la lumière ne sont pas la pure lumière d’Orion ni celle de la lune qui parcourt le ciel, mais la parole du Christ et la grâce qui viendra de lui. Cette nuit connaîtra l’aurore d’un jour sans crépuscule, d’une lumière dans laquelle tous les fidèles vivront, d’un soleil qui revêtira les élus et les rendra beaux, éternels, heureux comme des dieux. Des dieux inférieurs au Père dont ils sont les fils et semblables à moi… Vous ne pouvez pas encore comprendre, mais en vérité, je vous dis que votre vie chrétienne vous obtiendra de ressembler à votre Maître et ce seront les mêmes signes qui vous feront resplendir dans le Ciel. Eh bien ! J’aurai, malgré la haine de Satan et la faible volonté de l’homme, une pêche plus abondante que la tienne.

       – Mais serons-nous tes seuls apôtres ?

       – Jaloux, Pierre ? Non, ne le sois pas. D’autres viendront et dans mon cœur, il y aura de l’amour pour tous. Ne sois pas avare, Pierre. Tu ne sais pas encore qui est celui qui t’aime. As-tu jamais compté les étoiles ? Et les pierres qui tapissent le fond du lac ? Non, tu ne le pourrais pas, mais encore moins pourrais-tu compter les battements d’amour dont mon cœur est capable. As-tu jamais pu compter le nombre de fois où la mer dépose sur le rivage le baiser de ses eaux au cours de douze lunes ? Non, tu ne le pourrais pas, mais tu pourrais encore moins compter les vagues d’amour qui se déversent de ce cœur pour donner ses baisers aux hommes. Sois sûr, Pierre, de mon amour. »

       Pierre prend la main de Jésus et l’embrasse. Il est fortement ému.

       André regarde et n’ose pas, mais Jésus lui pose la main dans les cheveux et dit :

       « Toi aussi, je t’aime beaucoup. A l’heure de ton aurore, tu verras se réfléchir sur la voûte du ciel – tu le verras sans devoir lever les yeux – ton Jésus qui te sourira pour te dire : “ Je t’aime, viens ”, et ton entrée dans l’aurore te sera plus douce que l’entrée dans une chambre nuptiale…

       58.6 – Simon ! Simon ! André ! J’arrive… »

       Jean accourt, tout essoufflé.

       « Oh ! Maître, je t’ai fait attendre ? »

       Jean porte sur Jésus un regard brûlant d’amour.

       Pierre répond :

       « Vraiment, je commençais à penser que tu ne viendrais plus… Prépare vite ta barque. Et Jacques ?…

       – Voilà : c’est à cause d’un aveugle que nous sommes en retard. Il croyait que Jésus était chez nous, et il est venu. Nous lui avons dit : “ Il est ailleurs. Demain peut-être, il te guérira. Attends. ” Mais il refusait d’attendre. Jacques disait : “ Tu as tellement attendu la lumière, qu’est-ce qu’attendre une nuit ? ” Mais il n’a pas voulu entendre raison…

       – Jean, si tu étais aveugle, aurais-tu hâte de revoir ta mère ?

       – Oui, bien sûr !

       – Alors ? Où est l’aveugle ?

       – Il arrive avec Jacques. Il s’est attaché à son manteau et ne le lâche pas, mais il marche lentement, car la rive est couverte de pierres et il trébuche… Maître, me pardonnes-tu d’avoir été dur ?

       – Oui, mais, pour réparer, va aider l’aveugle et amène-le moi. »

       Jean s’éloigne en courant.

       Pierre hoche légèrement la tête, mais se tait. Il regarde le ciel qui prend des reflets bleus après avoir été très cuivré, regarde le lac, regarde les autres barques déjà sorties pour la pêche et soupire.

       « Simon ?

       – Maître ?

       – N’aie pas peur, tu auras une pêche abondante, même si tu es le dernier à sortir.

       – Même cette fois ?

       – Toutes les fois où tu seras charitable, Dieu te favorisera d’une pêche abondante.

       58.7 – Voici l’aveugle. »

       Le pauvre homme avance entre Jacques et Jean. Il tient un bâton, mais ne s’en sert pas pour le moment. Il préfère se fier à ses deux guides.

       « Homme, voici le Maître. Il est devant toi. »

       L’aveugle s’agenouille :

       « Mon Seigneur, pitié !

       – Tu veux voir ? Lève-toi. Depuis quand es-tu aveugle ? »

       Les quatre apôtres les entourent tous deux.

       « Depuis sept ans, Seigneur. Auparavant j’y voyais clair et je travaillais. J’étais artisan à Césarée Maritime. Je gagnais bien ma vie. Le port, les nombreux commerçants avaient toujours besoin de moi pour leurs travaux. Mais en battant le fer d’une ancre – tu peux penser s’il était rouge pour se prêter au travail –, il en a volé un éclat ardent qui m’a brûlé l’œil. Mes yeux étaient déjà malades à cause de la chaleur de la forge. J’ai perdu l’œil atteint, et l’autre trois mois après. J’ai épuisé mes économies, et maintenant je vis de charité…

       – Tu es seul ?

       – J’ai une femme et trois enfants très jeunes… Je ne connais même pas le visage du dernier… J’ai aussi une mère âgée. Maintenant, c’est elle et ma femme qui gagnent un peu de pain. Avec cela et l’obole que j’apporte, on ne meurt pas de faim. Si tu me guérissais !… Je recommencerais à travailler. En bon israélite, je ne demande qu’à travailler et à procurer du pain à ceux que j’aime.

       – Et tu es venu me trouver. Qui t’a informé ?

       – Un lépreux que tu as guéri, au pied du mont Thabor, quand tu revenais au lac après ce si beau discours.

       – Qu’est-ce qu’il t’a dit ?

       – Que tu peux tout. Que tu es le salut des corps et des âmes. Que tu es lumière pour les âmes et pour les corps parce que tu es la Lumière de Dieu. Lui, le lépreux, avait osé se mêler à la foule au risque d’être lapidé, tout enveloppé dans un manteau, car il t’avait vu passer quand tu allais vers la montagne, et ton visage lui avait mis l’espoir au cœur. Il m’a dit : “ J’ai vu en ce visage quelque chose qui m’a assuré : ‘ C’est là qu’est le salut. Vas-y ! ’ Et j’y suis allé. ” Il m’a donc répété ton discours et m’a raconté que tu l’avais guéri en le touchant de ta main sans dégoût. Il revenait d’auprès des prêtres après la purification. Je le connaissais car je l’avais servi à l’époque où il avait une boutique à Césarée. Je suis venu, en demandant où tu étais dans les villes et les bourgades. Et je t’ai trouvé… Aie pitié de moi !

       58.8 – Viens ! La lumière est encore trop vive pour celui qui sort de la nuit !

       – Tu me guéris, alors ? »

       Jésus le guide vers la maison de Pierre, dans la faible lumière du petit jardin. Il le place en face de lui, mais de façon que les yeux guéris ne voient pas en premier lieu le lac encore tout moiré de lumière. L’homme paraît être un enfant docile, tant il se laisse faire sans rien demander.

       « Père ! Ta lumière pour ton enfant ! »

       Jésus a posé les mains sur la tête de l’homme agenouillé. Il reste ainsi un instant, puis il se mouille le bout des doigts avec de la salive et effleure de sa main droite les yeux ouverts, mais sans vie.

       Un moment se passe, puis l’homme remue les paupières, les frotte comme quelqu’un qui sort du sommeil et a du brouillard devant les yeux.

       « Que vois-tu ?

       – Oh ! Oh ! Oh ! Dieu éternel ! Il me semble… il me semble… que je distingue… Je distingue ton habit… Il est rouge, n’est-ce pas ? Et une main blanche… et une ceinture de laine… Ah ! Mon bon Jésus, je vois de mieux en mieux à mesure que mes yeux s’habituent… Voilà l’herbe du sol… et ça, c’est sûrement un puits, et là c’est une vigne…

       – Lève-toi, mon ami. »

       L’homme se relève, pleurant et riant à la fois. Après un instant de lutte entre le respect et le désir, il lève la tête et rencontre le regard de Jésus, un Jésus souriant d’une pitié pleine d’amour. Ce doit être merveilleux de recouvrer la vue et de voir ce vi­sage comme un premier soleil ! L’homme pousse un cri et tend les bras. C’est instinctif. Mais il s’arrête.

       C’est alors Jésus qui lui ouvre les siens et attire à lui l’homme, de plus petite taille.

       « Maintenant, rentre chez toi, et sois heureux et juste. Va, avec ma paix.

       – Maître ! Maître ! Seigneur ! Jésus ! Saint ! Béni ! La lu­mière… J’y vois… je vois tout… Voici le lac bleu et le ciel serein, le soleil couchant, le premier quartier de la lune… Mais le plus beau bleu, le plus serein, c’est dans tes yeux que je le vois. En toi je vois la beauté du soleil le plus vrai et la pure splendeur de la plus sainte des lunes. Astre de ceux qui souffrent, Lumière des aveugles, Pitié vivante et opérante !

       – Je suis la Lumière des esprits. Sois un fils de la Lumière.

       – Toujours, Jésus. A chaque battement de mes paupières sur ma pupille rendue à la vie, je renouvellerai ce serment. Sois béni, toi et le Très-Haut !

       – Béni soit le Très-Haut, le Père ! Va ! »

       Et l’homme part, heureux, tranquille, pendant que Jésus et les apôtres stupéfaits descendent dans les deux barques et que commence la manœuvre du départ.

       La vision prend fin.       

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