Le lendemain, Jésus décida de partir pour la Galilée. Il trouve Philippe, et lui dit : « Suis-moi. » Philippe était de Bethsaïde, le village d’André et de Pierre. Philippe trouve Nathanaël et lui dit : « Celui dont il est écrit dans la loi de Moïse et chez les Prophètes, nous l’avons trouvé : c’est Jésus fils de Joseph, de Nazareth. » Nathanaël répliqua : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » Philippe répond : « Viens, et vois. » Lorsque Jésus voit Nathanaël venir à lui, il déclare à son sujet : « Voici vraiment un Israélite : il n’y a pas de ruse en lui. » Nathanaël lui demande : « D’où me connais-tu ? » Jésus lui répond : « Avant que Philippe t’appelle, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu. » Nathanaël lui dit : « Rabbi, c’est toi le Fils de Dieu ! C’est toi le roi d’Israël ! » Jésus reprend : « Je te dis que je t’ai vu sous le figuier, et c’est pour cela que tu crois ! Tu verras des choses plus grandes encore. » Et il ajoute : « Amen, amen, je vous le dis : vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme. »
50.1 Plus tard (à 9 h 30), je dois décrire ceci.
Jean frappe à la porte de la maison où Jésus est accueilli. Une femme s’avance et, voyant de qui il s’agit, elle appelle Jésus.
Ils échangent le salut de paix. Puis :
« Tu es venu de bonne heure, Jean, dit Jésus.
– Je suis venu te dire que Simon-Pierre te prie de passer par Bethsaïde. Il a parlé de toi à beaucoup de gens… Nous n’avons pas pêché cette nuit. Nous avons prié comme nous savons le faire et avons renoncé au gain parce que… le sabbat n’était pas encore terminé. Et ce matin nous sommes allés parler de toi dans les rues. Il y a des gens qui voudraient t’entendre… Tu viens, Maître ?
– Je viens, bien que je doive aller à Nazareth avant de me rendre à Jérusalem.
– Pierre t’emmènera de Bethsaïde à Tibériade en barque. Tu feras plus vite.
– Eh bien ! Allons-y. »
Jésus prend son manteau et sa besace, mais Jean la lui saisit. Ils s’en vont après avoir salué la propriétaire de la maison.
50.2 La vision me présente la sortie du village et le début du voyage vers Bethsaïde. Je n’entends pas la conversation et même la vision s’interrompt. Elle reprend à l’entrée de Bethsaïde. Je comprends qu’il s’agit de cette ville, car je vois Pierre, André et Jacques, accompagnés de femmes, attendre Jésus à l’entrée de l’agglomération.
« La paix soit avec vous. Me voici.
– Merci, Maître, pour nous et pour ceux qui attendent. Ce n’est pas le sabbat, mais n’adresseras-tu pas la parole à ceux qui veulent t’entendre ?
– Oui, Pierre, je parlerai dans ta maison. »
Pierre jubile :
« Alors, viens. Voici mon épouse, celle-ci est la mère de Jean et celles-là leurs amies. Mais il y en a encore d’autres qui t’attendent : des parents et des amis à nous.
– Avertis-les que je partirai ce soir et qu’auparavant je leur parlerai. »
(J’ai omis de dire qu’ils étaient partis de Capharnaüm au coucher du soleil et que je les ai vus arriver à Bethsaïde au matin).
« Maître, je t’en prie, reste une nuit dans ma maison. Le chemin est long jusqu’à Jérusalem, même si je te le raccourcis en t’emmenant en barque jusqu’à Tibériade. Ma maison est pauvre, mais honnête et accueillante. Reste avec nous cette nuit. »
Jésus regarde Pierre et les autres qui attendent sa réponse. Il les dévisage, puis il sourit et dit :
« Oui. »
Nouvelle joie de Pierre.
Aux portes, des gens observent et se les désignent du regard. Un homme appelle nommément Jacques et lui parle tout bas en montrant Jésus du doigt. Jacques fait signe que oui et l’homme va s’entretenir avec d’autres, arrêtés à un carrefour.
Ils entrent dans la maison de Pierre : une grande cuisine noircie par la fumée. Dans un coin, des filets, des cordages et des paniers pour la pêche. Au centre, le foyer, large et bas, éteint en ce moment. Des deux portes opposées, on voit la route et le jardinet avec le figuier et la vigne. Au-delà de la route, les flots bleu clair du lac. Au-delà du jardinet, le mur grisâtre d’une autre maison.
« Je t’offre ce que j’ai, Maître, et comme je sais…
– Tu ne pourrais mieux faire puisque tu me l’offres avec amour. »
On présente à Jésus de l’eau pour qu’il se rafraîchisse, puis du pain et des olives. Jésus prend juste quelques bouchées pour montrer qu’il accepte, puis écarte le reste en remerciant.
Du jardin et de la route, quelques enfants l’observent avec curiosité, mais je ne sais si ce sont des enfants de Pierre. Je vois seulement que ce dernier leur fait signe du regard pour retenir ces petits envahisseurs. Jésus sourit et dit :
« Laisse-les faire.
– Maître, veux-tu te reposer ? Ici, c’est ma chambre, là, celle d’André, choisis. Nous ne ferons pas de bruit pendant ton repos.
– As-tu aussi une terrasse ?
– Oui, avec de la vigne ; bien qu’elle n’ait pas encore beaucoup de feuilles, elle fait un peu d’ombre.
– Conduis-moi. Je préfère me reposer là-haut. Je réfléchirai et je prierai.
– Comme tu veux. Viens. »
Depuis le jardinet, un petit escalier monte jusqu’au toit qui est une terrasse bordée d’un petit muret. On y voit là aussi filets et cordages, mais quelle lumière vient du ciel et comme le lac est bleu !
Jésus s’assied sur un tabouret et s’appuie le dos au muret. Pierre se saisit d’une voile qu’il étend au-dessus et à côté de la vigne pour faire un abri contre le soleil. Il n’y a que la brise et le silence. Jésus en jouit visiblement.
« Je m’en vais, Maître.
– Va. Allez dire, Jean et toi, qu’au coucher du soleil, je parlerai ici. »
Jésus reste seul et prie longuement. A part deux couples de colombes qui vont et viennent autour de leurs nids et un gazouillement de passereaux, on n’entend aucun bruit, rien qui vive autour de Jésus en prière. Les heures passent, calmes et paisibles.
50.3 Plus tard, Jésus se lève, fait un tour sur la terrasse, regarde le lac et des enfants qui jouent sur la route. Il leur sourit et les enfants lui répondent par leur sourire. Il regarde sur la route, du côté de la petite place qui est à une centaine de mètres de la maison. Puis il descend et va à la cuisine :
« Femme, je vais me promener sur la rive. »
Il sort et va effectivement dans cette direction, près des enfants. Il les interroge :
« Que faites-vous ?
– Nous voulions jouer à la guerre, mais lui, il ne veut pas, alors on joue à la pêche. »
Celui qui ne veut pas est un petit bonhomme fluet, mais aux yeux très lumineux. Peut-être que, frêle comme il est, il se doute que les autres le bousculeraient en “ faisant la guerre ”, et c’est pourquoi il plaide pour la paix.
Mais Jésus saisit l’occasion de parler à ces enfants :
« C’est lui qui a raison. La guerre est un châtiment de Dieu pour punir les hommes. Elle montre que l’homme n’est plus un vrai fils de Dieu. Quand le Très-Haut créa le monde, il fit tout : le soleil, la mer, les étoiles, les fleuves, les plantes, les animaux, mais pas les armes. Il créa l’homme et lui donna des yeux pour regarder avec amour, une bouche pour dire des mots d’amour, des oreilles pour les écouter, des mains pour donner aide et caresses, des pieds pour courir avec empressement vers un frère dans le besoin, enfin un cœur capable d’aimer. Il donna à l’homme l’intelligence, la parole, l’affection, les sentiments, mais il ne lui a pas donné la haine. Pourquoi ? Parce que l’homme, comme créature de Dieu, devait être amour comme Dieu est Amour. Si l’homme était resté une créature de Dieu, il serait resté dans l’amour et la famille humaine n’aurait jamais connu ni guerre ni mort.
– Mais lui, il ne veut pas faire la guerre parce qu’il perd toujours ! » (je l’avais bien deviné !)
Jésus sourit et répond :
« Il ne faut pas refuser une chose qui nous nuit pour la seule raison qu’elle nous nuit. Il faut refuser une chose quand elle nuit à tout le monde. Si l’on dit : “ Je ne veux pas de ceci parce que je serai perdant ”, c’est de l’égoïsme. Au contraire, le vrai fils de Dieu dit : “ Frères, je sais que j’aurais le dessus, mais je vous dis : ne faisons pas ceci parce que cela vous porterait tort, à vous. ” Ah, celui-là a bien compris le principal commandement ! Qui sait me le dire ? »
En chœur, les onze bouches proclament :
« “ Tu aimeras ton Dieu de tout ton être et ton prochain comme toi-même. ”
– Ah ! Vous êtes de braves enfants ! 50.4 Vous allez tous à l’école ?
– Oui.
– Qui est le meilleur ?
– Lui. »
C’est le garçon frêle qui ne veut pas jouer à la guerre.
« Comment t’appelles-tu ?
– Joël.
– C’est un grand nom. C’est lui qui annonce : “ … que l’infirme dise : ‘ Je suis un brave ! ’ ” Mais un brave en quoi ? Dans la Loi du vrai Dieu, pour être de ceux que Dieu, dans la vallée du Jugement définitif proclamera ses saints. Mais déjà le jugement est proche, non pas dans la Vallée du Jugement, mais sur le mont de la Rédemption. Là, lorsque le soleil et la lune s’obscurciront d’horreur et que les étoiles tremblantes pleureront de pitié, le jugement séparera les fils de la Lumière des fils des Ténèbres. Israël tout entier saura que son Dieu est venu. Heureux ceux qui l’auront reconnu. Pour eux miel, lait et eaux claires leur descendront au cœur, et les épines deviendront des roses éternelles. Qui de vous veut être de ceux qui seront proclamés saints par Dieu ?
– Moi ! Moi ! Moi !
– Alors vous aimerez le Messie ?
– Oui ! Oui ! Toi ! Toi ! Nous t’aimons ! Nous savons qui tu es ! Simon et Jacques l’ont dit et nos mamans nous l’ont dit aussi. Prends-nous avec toi !
– En vérité, je vous prendrai si vous êtes bons. Mais plus de paroles grossières, plus de violences, plus de querelles et plus de réponses impolies à vos parents. Prière, étude, travail, obéissance. Alors je vous aimerai et viendrai avec vous. »
Les enfants forment tous un cercle autour de Jésus. On dirait une corolle aux pétales de couleurs variées, serrée autour d’un long pistil bleu foncé.
50.5 Un homme quelque peu âgé s’est approché en curieux. Jésus se retourne pour caresser un enfant qui tire sur son vêtement, et il le voit. Il le regarde intensément. Cet homme le salue en rougissant, mais ne dit rien d’autre.
« Viens ! Suis-moi !
– Oui, Maître. »
Jésus bénit les enfants et revient à la maison au côté de Philippe (il l’appelle par son nom). Ils s’assoient dans le jardinet.
« Veux-tu être mon disciple ?
– Je le veux… et je n’ose espérer l’être.
– C’est moi qui t’ai appelé.
– Alors je le suis. Me voici.
– Tu savais qui je suis ?
– André m’a parlé de toi. Il m’a dit : “ Celui que tu désirais est venu. ” Car il savait que j’attendais le Messie.
– Ton attente n’est pas déçue. Il se tient devant toi.
– Mon Maître et mon Dieu !
– Tu es un israélite aux intentions droites. C’est pour cela que je me manifeste à toi. 50.6 Un autre de tes amis attend, lui aussi ; c’est un israélite sincère. Va lui dire : “ Nous avons trouvé Jésus de Nazareth, fils de Joseph, de la race de David, celui dont ont parlé Moïse et les prophètes ”. Va ! »
Jésus reste seul, jusqu’au retour de Philippe accompagné de Nathanaël-Barthélemy.
« Voici un vrai israélite en qui il n’y a pas de fraude. Paix à toi, Nathanaël.
– Comment me connais-tu ?
– Avant que Philippe ne vienne t’appeler, je t’ai vu sous le figuier.
– Maître, tu es le Fils de Dieu, tu es le Roi d’Israël !
– Parce que je t’ai dit t’avoir vu pendant que tu réfléchissais sous le figuier, tu crois ? Tu verras des choses bien plus grandes que celle-là. En vérité, je vous dis que les Cieux sont ouverts, et vous, par la foi, vous verrez les anges descendre et monter au-dessus du Fils de l’Homme, c’est-à-dire au-dessus de moi, qui te parle.
– Maître ! Je ne suis pas digne d’une telle faveur !
– Crois en moi, et tu seras digne du Ciel. Veux-tu croire ?
– Je le veux, Maître. »
50.7 La vision marque une pause… et reprend sur la terrasse noire de monde : d’autres personnes se tiennent dans le petit jardin. Jésus parle.
« Paix aux hommes de bonne volonté. Paix et bénédiction à leurs maisons, à leurs femmes, à leurs enfants. Que la grâce et la lumière de Dieu règnent en eux et dans les cœurs qui les habitent.
Vous avez désiré m’entendre. La Parole parle. Elle parle avec joie aux gens honnêtes, avec douleur à ceux qui ne le sont pas, elle parle avec amour aux saints et aux purs, avec pitié aux pécheurs. Elle ne se refuse pas. Elle est venue comme un fleuve qui arrose les terres assoiffées d’eau et leur apporte la fraîcheur de l’eau et la nourriture du limon.
Vous voulez savoir ce qui est requis pour être disciple de la Parole de Dieu, du Messie, Parole du Père, qui vient rassembler Israël pour qu’il entende de nouveau les paroles du Décalogue saint et immuable, et pour qu’il se sanctifie afin d’être déjà pur – autant que faire se peut pour l’homme – pour l’heure de la Rédemption et du Royaume.
Voici que je dis aux sourds, aux aveugles, aux muets, aux lépreux, aux paralytiques, aux morts : “ Debout, soyez guéris, ressuscitez, marchez ; voici que s’ouvrent pour vous les fleuves de la lumière, de la parole, des ondes sonores pour que vous puissiez voir, entendre, parler de moi. ” Mais plus qu’à vos corps je m’adresse à vos âmes. Hommes de bonne volonté, venez à moi sans crainte. Si votre âme est blessée, je la guéris. Si elle est malade, je la rétablis. Si elle est morte, je la ressuscite. Je veux seulement votre bonne volonté.
Est-ce difficile, ce que je vous demande ? Non. Je ne vous impose pas les centaines de préceptes des rabbins. Je vous dis seulement : suivez le Décalogue. La Loi est une et immuable. Bien des siècles ont passé depuis le moment où elle fut donnée aux hommes, belle, pure, fraîche, comme un enfant qui vient de naître, comme une rose qui commence à s’épanouir sur sa tige. Elle est simple, nette, douce à suivre. Au cours des siècles, les fautes et les penchants de l’homme l’ont compliquée de lois et de prescriptions mineures avec des fardeaux, des restrictions, trop de clauses pénibles. Je vous ramène à la Loi telle que le Très-Haut l’a donnée. Mais, je vous en prie pour votre bien, accueillez-la avec le cœur sincère des israélites de ce temps-là.
Vous murmurez plus encore en votre cœur qu’en paroles parce que la faute, plus qu’en vous, petites gens, est en haut. Je le sais. Dans le Deutéronome, il est dit tout ce qu’il faut faire, il n’y avait rien à y ajouter. Mais ne jugez pas ceux qui l’appliquent aux autres et pas à eux-mêmes. Pour vous, faites ce que Dieu dit. Et par-dessus tout, efforcez-vous de pratiquer parfaitement les deux commandements principaux. Si vous aimez Dieu de tout votre être, vous ne pécherez pas, car le péché est une douleur que l’on cause à Dieu. Celui qui aime ne veut pas faire souffrir. Si vous aimez votre prochain comme vous-même, vous ne serez que des fils respectueux de vos parents, des époux fidèles à votre conjoint, des hommes honnêtes dans le commerce, sans violence pour vos ennemis, sans mensonge dans vos témoignages, sans envier ceux qui possèdent, sans désirs de luxure sur la femme d’autrui. Vous ne voudrez pas faire aux autres ce que vous ne voudriez pas que l’on vous fasse, vous ne volerez pas, vous ne tuerez pas, vous ne calomnierez pas, vous n’entrerez pas comme un coucou dans le nid d’autrui.
Mais, au contraire, je vous dis : “ Menez à la perfection votre obéissance aux deux commandements de l’amour : aimez jusqu’à vos ennemis. ”
Ah ! comme il vous aimera, le Très-Haut qui aime tellement l’homme devenu son ennemi à la suite du péché originel et des péchés individuels, qui l’aime au point de lui envoyer le Rédempteur, l’Agneau qui est son Fils, moi qui vous parle, le Messie promis pour vous racheter de toute faute, si vous savez aimer comme lui.
Aimez. Que l’amour vous soit une échelle par laquelle, une fois devenus anges, vous monterez au Ciel, comme dans la vision de Jacob, en écoutant le Père dire à tous et à chacun : “ Je serai ton protecteur partout où tu iras et je te ramènerai à ce pays-ci : au Ciel, au Royaume éternel. ”
Paix à vous. »
50.8 Les gens ont des paroles émues d’approbation et se retirent lentement. Restent Pierre, André, Jacques, Jean, Philippe et Barthélemy.
« Tu pars demain, Maître ?
– Demain, à l’aube si cela ne t’ennuie pas.
– Je regrette que tu t’en ailles, oui, mais pour ce qui est de l’heure, non. Au contraire, elle est favorable.
– Tu pêcheras ?
– Cette nuit, au lever de la lune.
– Tu as bien fait, Simon-Pierre, de ne pas pêcher la nuit dernière, le sabbat n’était pas encore fini. Néhémie, dans ses réformes, a voulu que le sabbat soit respecté en Judée. De nos jours encore, trop de gens travaillent au pressoir, portent des fagots, chargent du vin ou des fruits, vendent et achètent poissons et agneaux. Vous avez six jours pour cela. Le sabbat appartient au Seigneur. Une seule chose peut se faire pendant le sabbat : rendre service à votre prochain, mais le profit doit être absolument banni de cette aide. Celui qui viole le sabbat dans un but lucratif ne peut recevoir qu’un châtiment de la part de Dieu. Vous faites un travail lucratif ? Vous le paierez par des pertes les six autres jours. Vous faites un travail désintéressé ? Vous avez inutilement fatigué votre corps en ne lui accordant pas le repos que l’Intelligence suprême a institué pour lui, en vous altérant l’âme par la colère suscitée par des efforts inutiles, allant même jusqu’aux imprécations. Bien au contraire, la journée du sabbat doit s’écouler le cœur uni à Dieu, en une douce prière d’amour. Il faut être fidèle en tout.
– Mais… les scribes et les docteurs qui sont si sévères avec nous… ne travaillent pas pendant le sabbat, ne donnent même pas un pain à leur prochain pour éviter la fatigue de le présenter… mais l’usure, ils la pratiquent même le jour du sabbat. Puisque ce n’est pas un travail matériel, peut-on pratiquer l’usure le jour du sabbat ?
– Non, jamais, ni le jour du sabbat ni un autre jour. Celui qui s’y adonne est malhonnête et cruel.
– Alors, les scribes et les pharisiens…
– Simon, ne juge pas, mais, pour ton compte, abstiens-toi.
– Mais j’ai des yeux pour voir…
– N’y a-t-il que le mal à regarder, Simon ?
– Non, Maître.
– Dans ce cas pourquoi ne voir que le mal ?
– Tu as raison, Maître.
50.9 – Alors, demain, à l’aube, je partirai avec Jean.
– Maître…
– Qu’est-ce qu’il y a, Simon ?
– Maître… tu vas à Jérusalem ?
– Tu le sais bien.
– Moi aussi, j’y vais pour la Pâque… et aussi André et Jacques…
– Eh bien ?… Tu veux dire que tu voudrais venir avec moi ? Mais la pêche ? Et le gain ? Tu m’as dit aimer avoir de l’argent, et je resterai plusieurs jours. Je vais d’abord chez ma Mère et j’y reviendrai au retour. Je m’arrêterai pour prêcher. Comment feras-tu ?… »
Pierre est perplexe, tiraillé entre deux désirs… mais il se décide :
« Pour moi… j’y vais. Je te fais passer avant l’argent !
– Moi aussi, je viens.
– Et moi aussi.
– Et nous aussi, n’est-ce pas, Philippe ?
– Venez donc. Vous m’aiderez.
– Oh !… »
Pierre est sidéré à l’idée d’aider Jésus.
« Comment ferons-nous ?
– Je vous le dirai. Vous n’aurez qu’à faire ce que je vous dirai, pour bien faire. Celui qui obéit agit toujours bien. Maintenant nous allons prier, puis chacun regagnera sa maison.
– Et toi, que feras-tu, Maître ?
– Je prierai encore. Je suis la Lumière du monde, mais je suis aussi le Fils de l’Homme. Par conséquent, il me faut sans cesse communiquer avec la Lumière pour être l’Homme qui rachète l’homme. Prions. »
Jésus récite un psaume, celui qui commence par ces mots : « Quand je me tiens sous l’abri du Très-Haut et repose à l’ombre du Puissant, je dis au Seigneur : “ Mon refuge, mon rempart, mon Dieu dont je suis sûr ! C’est lui qui te sauve des filets du chasseur et de la peste maléfique ” etc. » Je le trouve au livre 4.3. C’est le second du livre 4, le n° 90, je crois (si je lis bien les chiffres romains).
La vision se termine ainsi.