Une initative de
Marie de Nazareth

Annonciation de l'Ange à Marie

mercredi 21 février de l'an -5
Nazareth
Joseph Erns Tunner

Dans les évangiles : Lc 1,26-38

Luc 1,26-38

Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie. L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.

L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? » L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile. Car rien n’est impossible à Dieu. » Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » Alors l’ange la quitta.

Vision de Maria Valtorta

       16.1 Voici ce que je vois : Marie, adolescente – quinze ans tout au plus –, se tient dans une petite pièce rectangulaire. C’est une vraie chambre de jeune fille. Contre l’un des deux longs murs se trouve le lit, une espèce de couche basse sans bords, couvert de nattes ou de tapis. Comme ces lits sont rigides et ne forment pas de creux comme souvent les nôtres, ils donnent l’impression d’être étendus sur une table ou une claie à roseaux. Sur l’autre mur, il y a une étagère avec une lampe à huile, des rouleaux de parchemin, et un travail de couture soigneusement plié qu’on pourrait prendre pour de la broderie.

       De côté, vers la porte ouverte sur le jardin mais couverte d’un voilage qui bouge sous un léger vent, la Vierge est assise sur un tabouret bas. Elle file du lin très blanc et doux comme de la soie. Ses petites mains, à peine moins claires que le lin, font tourner agilement le fuseau. Son visage juvénile, très beau, est un peu penché, avec un léger sourire, comme si elle caressait ou suivait quelque douce pensée.

       Tout est très silencieux dans la maison et dans le jardin. Une grande paix règne aussi bien sur le visage de Marie que dans la pièce. La paix et l’ordre. Tout est propre et bien rangé. Cette pièce, à l’aspect et au mobilier très humbles, est aussi nue qu’une cellule monacale, mais elle a quelque chose d’austère et de royal dû à la propreté et au soin avec lequel sont disposés les étoffes sur le lit, les rouleaux, la lumière et, près de la lampe, le petit broc en cuivre qui renferme une gerbe de rameaux en fleurs, de pêcher ou de poirier, je ne sais trop. Ce sont sûrement des arbres fruitiers, dont les fleurs sont d’un blanc légèrement teinté de rose.

       16.2 Marie se met à chantonner à voix basse, puis hausse un peu le ton. Sans être un chant à haute voix, c’est déjà une voix qui vibre dans la petite pièce et l’on sent vibrer son âme. Je n’en comprends pas les paroles, ce doit être de l’hébreu. Mais comme elle ré­pète de temps en temps : « Yahvé », je devine qu’il doit s’agir d’un can­tique sacré, peut-être d’un psaume. Marie se rappelle probablement les chants du Temple. Ce doit être pour elle un doux souvenir, car elle ramène sur son sein ses mains qui tiennent le fil et le fuseau, puis elle lève la tête et l’appuie contre le mur ; son visage prend des couleurs et ses yeux, perdus dans je ne sais quelle douce pensée, brillent sous l’effet de larmes retenues qui les font paraître plus grands. Et pourtant ces yeux rient, sourient à la pensée qu’ils suivent et qui soustrait la chanteuse à ce qui l’entoure. Le visage de Marie, rose et encadré par les tresses qu’elle porte relevées en couronne sur la tête, ressort sur son vêtement blanc très simple. On dirait une belle fleur.

       Son chant se fait prière :

       « Seigneur, Dieu très-haut, ne tarde pas davantage à envoyer ton Serviteur apporter la paix sur la terre. Suscite le temps favorable et la vierge pure et féconde pour l’avènement de ton Christ. Père, Père saint, accorde à ta servante d’offrir sa vie à cette intention. Accorde-moi de mourir après avoir vu ta lumière et ta justice sur la terre, et avoir su que la Rédemption est accomplie. Père saint, donne à ton peuple celui en qui les prophètes espéraient. Envoie le Rédempteur à ta servante. A l’heure où mon séjour sur terre s’achèvera, que ta demeure s’ouvre à moi, parce que ses portes auront déjà été ouvertes par ton Christ pour tous ceux qui auront espéré en toi. Viens, viens, Esprit du Seigneur, viens chez tes fidèles qui t’attendent. Viens, Prince de la paix ! »

       Marie reste plongée dans sa prière.

       16.3 La tenture bouge plus fort, comme si quelqu’un faisait un courant d’air par derrière ou la tirait pour l’écarter. Une lumière aussi blanche qu’une perle associée à de l’argent pur é­claire les murs légèrement jaunes, avive les couleurs des tissus, rend plus surnaturel le visage levé de Marie. Dans la lumière, et sans même que la tenture se soit ouverte sur le mystère qui s’accomplit – d’ailleurs, elle ne bouge plus, elle pend, bien droite sur ses montants, comme s’il s’agissait d’un mur qui isole l’intérieur de l’extérieur –, l’archange se prosterne.

       Nécessairement, il lui faut prendre une apparence humaine, mais elle transcende l’humain. De quelle chair est formée cette figure superbe, éclatante ? De quelle substance Dieu l’a-t-il matérialisée pour la rendre perceptible aux sens de la Vierge ? Dieu seul peut posséder de telles essences et les utiliser de manière aussi parfaite. Ce sont bien un visage, un corps, des yeux, une bouche, des cheveux et des mains comme les nôtres, mais sans notre matière opaque. C’est une lumière qui a pris la couleur de la chair, des yeux, des cheveux, des lèvres, une lumière qui bouge, sourit, regarde et parle.

       16.4 « Je te salue, Marie, pleine de grâce, je te salue ! »

       La douce musique de sa voix ressemble à des perles lancées sur un métal précieux.

       La Vierge tressaille et baisse les yeux. Elle tressaille encore plus lorsqu’elle voit cet être éclatant agenouillé à un mètre d’elle environ, les mains croisées sur la poitrine, qui la regarde avec une infinie vénération.

       Marie se dresse sur ses pieds et se serre contre le mur. Elle pâlit et rougit tour à tour. Son visage exprime stupeur et effroi. Inconsciemment, elle serre les mains sur son sein et les rentre dans ses longues manches. Elle se penche presque pour cacher le plus possible son corps, en un geste de douce pudeur.

       « Non, ne crains pas. Le Seigneur est avec toi ! Tu es bénie entre toutes les femmes. »

       Mais Marie a encore peur. D’où vient cet être extraordinaire ? Est-ce un envoyé de Dieu ou du Trompeur ?

       « Ne crains pas, Marie, répète l’archange. Je suis Gabriel, l’ange de Dieu. Mon Seigneur m’a envoyé à toi. Ne crains pas, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Tu vas concevoir un fils dans ton sein, tu l’enfanteras et tu lui donneras le nom de “ Jésus ”. Il sera grand, on l’appellera Fils du Très-Haut (ce qu’il sera effectivement) ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père, il règnera éternellement sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. Toi, la sainte Vierge bien-aimée du Seigneur, sa fille bénie, toi qui es appelée à être la mère de son Fils, comprends quel Fils tu vas engendrer.

       – Comment cela peut-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? Est-ce que le Seigneur Dieu n’accueille plus l’offrande de sa servante et ne veut pas que je sois vierge par amour de lui ?

       – Ce n’est pas par l’action d’un homme que tu seras mère, Marie. Tu es la Vierge éternelle, la Sainte de Dieu. L’Esprit Saint descendra en toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi celui qui naîtra de toi sera dit saint et Fils de Dieu. Tout est possible au Seigneur notre Dieu. Elisabeth, la femme stérile, a conçu dans sa vieillesse un fils qui sera le prophète de ton Fils, celui qui lui préparera le chemin. Le Seigneur a levé son opprobre et son souvenir restera uni à ton nom parmi les peuples, comme le nom de son enfant à celui de ton Fils saint ; jusqu’à la fin des temps, les nations vous diront bienheureuses en raison de la grâce du Seigneur qui vous a été accordée, et tout spécialement à toi, ainsi qu’aux nations par ton intermédiaire. Elisabeth en est déjà à son sixième mois, et le poids qu’elle porte fait monter en elle la joie, et plus encore quand elle connaîtra la tienne. Rien n’est impossible à Dieu, Marie, pleine de grâce. Que dois-je dire à mon Seigneur ? Qu’aucune pensée ne te trouble. Il veillera sur tes intérêts si tu lui fais confiance. Le monde, le ciel, l’Eternel attendent ta réponse ! »

       A son tour, Marie croise les mains sur sa poitrine, s’incline profondément, et dit :

       « Voici la servante du Seigneur. Qu’il me soit fait selon sa pa­role. »

       L’ange étincelle de joie. Il adore, parce qu’il voit sûrement l’Esprit de Dieu s’abaisser sur la Vierge, prosternée pour donner son accord. Puis il disparaît sans faire bouger la tenture, qu’il laisse bien tirée sur ce saint mystère.

Enseignement de Jésus à Maria Valtorta

La désobéissance d’Eve et l’obéissance de Marie.

             « Ne lit-on pas dans la Genèse que Dieu donna à l’homme la domination sur tout ce qui existe sur terre, autrement dit sur tout sauf sur Dieu et ses ministres angéliques ? N’y lit-on pas qu’il a créé la femme pour servir de compagne à l’homme pour partager sa joie et sa domination sur tous les êtres vivants ? N’y lit-on pas qu’ils avaient le droit de manger de tout à l’exception du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal ? Pourquoi donc ? Qu’est-ce que sous-entendent ces mots : “ afin qu’il domine ”, ou “ l’arbre de la connaissance du bien et du mal ” ? Vous l’êtes-vous jamais demandé, vous qui demandez tant de choses inutiles, mais ne savez demander à votre âme les vérités célestes ?

       Si votre âme était vivante, elle vous le dirait, elle qui, quand elle est en état de grâce, est comme une fleur dans les mains de votre ange gardien, comme une fleur sous le baiser du soleil, baignée de rosée par l’Esprit Saint qui la réchauffe et l’illumine, l’arrose et la pare de célestes lumières. Combien de vérités votre âme ne vous révèlerait-elle pas si vous saviez converser avec elle, si vous l’aimiez comme celle qui vous donne la ressemblance de Dieu, qui est Esprit comme votre âme est esprit ! Quelle grande amie vous auriez si vous aimiez votre âme au lieu de la détester au point de la tuer ! Quelle parfaite et sublime amie avec laquelle vous pourriez vous entretenir des choses du Ciel, vous qui êtes si avides de parler, alors que vous vous dégradez l’un l’autre par des amitiés qui, loin d’être toutes indignes, n’en sont pas moins presque toujours inutiles et s’étalent en flots nuisibles de vaines paroles toutes terrestres.

       N’ai-je pas dit : “ Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous ferons notre demeure chez lui ” ? L’âme en état de grâce possède l’amour et par-là même elle possède Dieu, c’est-à-dire le Père qui la maintient, le Fils qui l’enseigne et l’Esprit qui l’éclaire. Elle possède donc la connaissance, la science et la sagesse. Elle possède la lumière. Imaginez donc quelles sublimes conversations vous pourriez lier avec votre âme ! Ce sont elles qui ont comblé le silence des prisons, le silence des cellules, le silence des ermi­tages, le silence des chambres de saints malades. Elles ont réconforté les prisonniers dans l’attente du martyre, les cloîtrés à la recherche de la Vérité, les solitaires aspirant à une connaissance anticipée de Dieu, elles ont aidé les malades à supporter, que dis-je, à aimer leur croix.

       17.2 Si vous saviez interroger votre âme, elle vous apprendrait la signification véritable, exacte, aussi vaste que la création, de ce mot “ qu’il domine ” : “ Pour que l’homme domine sur tout. Sur ses trois niveaux : le niveau inférieur, animal ; le niveau intermédiaire, moral ; et le niveau supérieur, spirituel. Tous trois tendent à une seule fin : posséder Dieu. ” Le posséder en le méritant par cette maîtrise absolue qui tient assujetties toutes les forces du “ moi ” pour les faire servir à ce seul but : mériter de posséder Dieu. Elle vous dirait que, si Dieu a interdit la connaissance du bien et du mal, c’est parce qu’il avait accordée gratuitement le bien à ses créatures, et il ne voulait pas que vous connaissiez le mal ; car le mal est un fruit doux au palais mais, une fois son suc descendu dans le sang, il y crée une fièvre qui tue et suscite une soif ardente de sorte que, plus on boit de ce suc mensonger, plus on en a soif.

       17.3 Vous objecterez : “ Et pourquoi l’y a-t-il mis ? ” Parce que ! Parce que le mal est une force qui est née toute seule, comme certaines maladies monstrueuses peuvent s’en prendre aux corps les plus sains.

       Lucifer était un ange, le plus beau des anges, un esprit parfait qui n’était inférieur qu’à Dieu. Dans son être de lumière, naquit pourtant une bouffée d’orgueil. Au lieu de la dissiper, il la condensa en la couvant. Le mal est né de cette incubation. Il existait avant l’apparition de l’homme. Dieu avait précipité hors du paradis cet Incubateur du mal qui l’avait souillé. Mais il est resté l’éternel Incubateur du mal et, comme il ne pouvait plus souiller le paradis, il s’en est pris à la terre.

       17.4 La métaphore de l’arbre tend à démontrer cette vérité. Dieu avait dit à l’homme et à la femme : “ Vous connaissez toutes les lois et tous les mystères de la création. Mais n’essayez pas de m’usurper le droit d’être le Créateur de l’homme. Mon amour, qui circule en vous, suffira à la propagation de la race humaine, sans luxure ; le seul mouvement de la charité suscitera les nouveaux Adam de la race humaine. Je vous donne tout. Je me réserve uniquement ce mystère de la formation de l’homme. ”

       17.5 Satan a voulu retirer à l’homme cette virginité intellec­tuelle ; de sa langue de vipère, il a flatté et caressé les membres et les yeux d’Eve, provoquant en elle des réflexes et une excitation qu’ils n’avaient pas avant, quand la malice ne les avait pas encore intoxiqués.

       Elle “ vit ”. Elle voulut essayer. C’était l’éveil de la chair. Ah, si elle avait appelé Dieu ! Si elle avait couru lui dire : “ Père ! Je suis malade. Le Serpent m’a caressée et le trouble est en moi. ” Le Père l’aurait purifiée et guérie par son souffle : de même qu’il lui avait infusé la vie, il aurait pu lui infuser une nouvelle innocence en lui faisant oublier le poison du serpent et même en suscitant en elle de la répulsion pour le Serpent, comme cela arrive chez ceux qui, attaqués par une maladie, en gardent une instinctive répugnance. Mais Eve ne va pas vers le Père. Elle revient vers le Serpent. Cette sensation lui est douce. “ La femme vit que l’arbre était bon à manger et séduisant à voir… Elle prit de son fruit et mangea. ”

       Alors elle “ comprit ”. Désormais la morsure du mal était descendue en elle. Elle vit avec des yeux neufs et entendit avec des oreilles nouvelles les mœurs et les voix des brutes. Et elle les désira d’un désir fou.

       17.6 Elle a commencé seule à pécher, mais elle termina avec son compagnon. Voilà pourquoi une condamnation plus lourde pèse sur la femme. Si l’homme est devenu rebelle à Dieu, s’il a connu la luxure et la mort, c’est à cause d’elle. C’est à cause d’elle qu’il n’a plus su dominer ses trois règnes : celui de l’esprit, puisqu’il a permis que l’esprit désobéisse à Dieu ; celui de la conduite morale, parce qu’il a permis que les passions le dominent ; celui de la chair, parce qu’il l’a rabaissée aux lois instinctives des bêtes. “ C’est le serpent qui m’a séduite ”, dit Eve. “ C’est la femme que tu as mise auprès de moi qui m’a donné du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé ”, dit Adam. Depuis lors, la triple convoitise s’attache aux trois règnes de l’homme.

       17.7 Seule la grâce peut desserrer l’étreinte de ce monstre impitoyable. Si elle est vivante, très vivante, si la volonté d’un enfant de Dieu fidèle la maintient toujours plus vivante, elle parvient à étrangler le monstre et à n’avoir plus rien à craindre : ni les tyrans intérieurs – ceux de la chair et des passions –, ni les tyrans extérieurs – ceux du monde et des puissants de ce monde –, ni les persécutions, ni la mort. Et, comme dit l’apôtre Paul[45] : “ Mais je n’attache aucun prix à ma propre vie, pourvu que je mène à bonne fin ma course et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus : rendre témoignage à l’Evangile de la grâce de Dieu. ”

Enseignement de la Vierge Marie à Maria Valtorta

       17.8 Marie dit :

       « Lorsque j’eus compris la mission à laquelle Dieu m’appelait, je fus comblée de joie ; de joie, mon cœur s’ouvrit comme un lys fermé, et il en sortit le sang qui servit de terreau au Germe du Seigneur.

       17.9 Joie d’être mère.

       Je m’étais consacrée à Dieu dès mon plus jeune âge, car la lumière du Très-Haut m’avait éclairée sur la cause du mal du monde, et j’avais voulu, pour autant que c’était en mon pouvoir, effacer en moi l’empreinte de Satan.

       J’ignorais que j’étais sans tache. Je ne pouvais l’imaginer. Cette seule pensée aurait été de la présomption, de l’orgueil, car, étant née de parents humains, il ne m’était pas permis de penser que c’était moi l’Elue appelée à être l’Immaculée.

       L’Esprit de Dieu m’avait instruite sur la douleur du Père devant la corruption d’Eve qui, alors qu’elle était une créature de grâce, avait voulu s’abaisser au niveau d’une créature inférieure. J’avais le désir d’adoucir cette douleur en élevant ma chair à une pureté angélique par la volonté de me garder inviolée de toute pensée, de tout désir et de tout contact humain. Mon cœur ne battrait que pour mon Dieu, mon être tout entier ne serait qu’à lui. Mais si je ne connaissais pas la fièvre brûlante de la chair, il y avait encore le sacrifice de ne pas être mère.

       Exempte de tout ce qui maintenant l’abîme, la maternité avait aussi été accordée à Eve par le Père créateur. Sans la pesanteur de la volupté, comme cette maternité était douce et pure ! J’en ai fait l’expérience ! De quoi Eve ne s’est-elle pas appauvrie en renonçant à cette richesse ! Plus que de l’immortalité ! Que cela ne vous paraisse pas exagéré. Mon Jésus et moi, sa Mère, avec lui, nous avons connu la langueur de la mort. Pour ma part, le doux affaiblissement d’une personne fatiguée qui s’endort, et lui l’atroce anéantissement du condamné. La mort est donc survenue pour nous aussi. Mais la maternité sans violation d’aucune sorte, je suis seule à l’avoir connue, moi la nouvelle Eve, afin de pouvoir dire au monde quelle est la douceur du sort de la femme appelée à être mère sans souffrance aucune. Et le désir de cette maternité pure pouvait exister et existait réellement dans la vierge toute donnée à Dieu, parce qu’elle fait la gloire de la femme. Si en outre vous pensez au grand honneur dans lequel les Juifs tenaient la femme mère, vous imaginerez d’autant mieux quel avait été mon sacrifice en acceptant par mon vœu cette privation.

       Or la Bonté éternelle accorda ce don à sa servante sans m’ôter la pureté dont j’avais été revêtue pour devenir une fleur sur son trône. Et j’exultais de la double joie d’être mère d’un homme et mère de Dieu.

       17.10 Joie d’être celle par qui la paix réconciliait le Ciel avec la terre.

       Oh ! Avoir désiré cette paix par amour de Dieu et du prochain, et savoir que c’est par mon intermédiaire à moi, pauvre servante du Tout-Puissant, qu’elle venait au monde ! Dire : “ Ô hommes, ne pleurez plus. Je porte en moi le secret qui vous rendra heureux. Je ne puis vous le révéler, parce qu’il est scellé en moi, dans mon cœur, tout comme le Fils de Dieu est enfermé dans mon sein inviolé. Mais déjà je vous l’apporte, et chaque heure qui passe rapproche le moment où vous le verrez et en connaîtrez le nom saint. ”

      17.11 Joie d’avoir rendu Dieu heureux : joie de croyante pour son Dieu empli de joie !

       Avoir ôté du cœur de Dieu l’amertume de la désobéissance d’Eve, de son orgueil, de son incrédulité !

       Mon Jésus t’a expliqué de quelle faute le premier couple s’est entaché. J’ai effacé cette faute en remontant à rebours les étapes de sa descente.

       17.12 L’origine de la faute se situe dans la désobéissance. “ Vous ne mangerez pas de cet arbre ”, avait dit Dieu. Or l’homme et la femme, ces rois de la création, qui pouvaient manger de tout excepté de cela, parce que Dieu voulait que les anges seuls leur soient supérieurs, ne tinrent pas compte de cette interdiction.

       L’arbre, c’était le moyen de mettre à l’épreuve l’obéissance de ses enfants.

       Qu’est-ce qu’obéir au commandement de Dieu ? C’est agir bien, car Dieu ne commande que le bien. Qu’est-ce que désobéir ? C’est agir mal, car cela crée en l’homme une disposition à la rébellion, terrain propice à l’action de Satan.

       Eve s’approche de l’arbre : elle aurait dû fuir pour en recevoir le bien, mais son geste lui a valu le mal. Elle se laisse entraîner par la curiosité puérile de voir ce qu’il pouvait bien avoir de spécial, par l’imprudence qui lui fait juger inutile le commandement de Dieu, étant donné qu’elle est forte et pure, reine de l’Eden où tout lui est soumis et où rien ne saurait lui faire du mal. Sa présomption la perd, cette présomption qui est déjà le levain de l’orgueil.

       C’est le Séducteur qu’elle trouve auprès de l’arbre : face à son inexpérience, à sa pure et si belle inexpérience, à la faiblesse de son inexpérience, il entonne la chanson du mensonge : “ Penses-tu qu’il y ait quoi que ce soit de mal ? Mais non ! Dieu te l’a dit parce qu’il veut vous garder esclaves de son pouvoir. Vous vous prenez pour des rois ? Vous êtes moins libres qu’une bête sauvage. Elle, au moins, a eu le droit d’aimer d’un amour véritable. Pas vous. Elle a le droit d’être créatrice comme Dieu. Elle en­gendre des enfants et voit grandir à souhait sa famille. Pas vous. Cette joie vous est refusée. A quoi bon vous avoir fait homme et femme si c’est pour vivre de cette manière ? Soyez des dieux. Ne connaissez-vous pas la joie d’être deux en une seule chair, qui en crée une troisième et ainsi de suite ? Ne croyez pas aux pro­messes de Dieu de jouir de votre postérité en voyant vos enfants créer de nouvelles familles, après avoir quitté père et mère pour elles. Il vous a donné un semblant de vie. La vraie vie, c’est d’en con­naître les lois. Alors vous serez comme des dieux et vous pourrez dire à Dieu : ‘ Nous sommes tes égaux. ’ ”

       Et la séduction a continué, parce que Eve n’a pas eu la volonté de la repousser, mais plutôt de la suivre et d’expérimenter ce qu’il n’appartenait pas à l’homme de connaître. C’est ainsi que l’arbre interdit est devenu réellement mortel pour la race hu­maine, car ses branches portent le fruit de l’amère connaissance qui vient de Satan. La femme devient femelle et, le levain de la connaissance satanique dans le cœur, elle va corrompre Adam. Leur chair ainsi avilie, leur sens moral corrompu, l’esprit dégradé, ils connurent alors la douleur et la mort de l’âme privée de la grâce et de la chair privée de l’immortalité. La blessure d’Eve engendra la souffrance, qui ne sera pas apaisée avant la mort du dernier couple sur terre.

       17.13 Moi, j’ai parcouru en sens contraire le chemin de ces deux pécheurs. J’ai obéi. En toutes circonstances, j’ai obéi. Dieu m’avait demandé d’être vierge. J’ai obéi. Après avoir aimé la virginité qui me rendait aussi pure que la première femme avant de connaître Satan, Dieu m’a demandé d’être épouse. J’ai obéi, relevant ainsi le mariage au degré de pureté qu’il avait dans la pensée de Dieu lorsqu’il a créé nos premiers parents. Alors que j’étais convaincue que je serais destinée à la solitude dans le mariage et au mépris des autres à cause de ma sainte stérilité, voici que Dieu m’a demandé de devenir mère. J’ai obéi. J’ai cru que ce serait possible et que cette parole venait bien de Dieu, parce qu’en l’écoutant j’étais inondée de paix. Je n’ai pas pensé : “ Je l’ai mérité. ” Je ne me suis pas dit : “ Désormais, le monde va m’admirer, car je suis semblable à Dieu en créant la chair de Dieu. ” Non, je me suis anéantie dans l’humilité.

       La joie a jailli de mon cœur comme la tige d’une rose en fleur. Mais elle s’est aussitôt parée d’épines aiguës et la douleur m’a étreinte comme ces branches autour desquelles s’enroulent les liserons. La douleur due à la souffrance de mon époux, c’est le spasme au sein de ma joie. La douleur due à la souffrance de mon Fils, ce sont les épines de ma joie.

       Eve a recherché la jouissance, le triomphe, la liberté. Moi, j’ai accepté la douleur, l’anéantissement, l’esclavage. J’ai renoncé à ma vie tranquille, à l’estime de mon époux, à ma propre liberté. Je n’ai rien gardé pour moi. Je suis devenue la servante de Dieu dans mon corps, ma conduite et mon âme ; je me suis fiée à lui non seulement pour la conception virginale, mais aussi pour la défense de mon honneur, pour la consolation de mon époux, pour le moyen de l’amener lui aussi à sublimer notre mariage, pour que nous devenions ceux qui rendent à l’homme et à la femme leur dignité perdue.

       17.14 J’ai embrassé la volonté du Seigneur sur moi, sur mon époux, sur mon enfant. J’ai dit “ oui ” pour tous les trois, avec la certitude que Dieu n’allait pas mentir à sa promesse de me secourir dans ma douleur d’épouse qui se voit jugée coupable et de mère qui se rend compte qu’elle enfante son fils pour le livrer à la souffrance.

       “ Oui ”, ai-je dit. Oui, et cela suffit. Ce “ oui ” a effacé le “ non ” d’Eve au commandement de Dieu. “ Oui, Seigneur, comme tu veux. Je connaîtrai ce que tu veux. Je vivrai comme tu le veux. Je connaîtrai la joie si tu le veux. Je souffrirai de ce que tu veux. Oui, toujours oui, mon Seigneur, depuis cet instant où ton rayon m’a rendue mère jusqu’au moment où tu m’as appelée à toi. Oui, toujours oui. Toutes les voix de la chair, toutes les inclinations de mes sens sont remises sous le poids de ce oui perpétuel. Plus haut se trouve mon âme, placée comme sur un piédestal de diamant. Il lui manque des ailes pour voler vers toi, mais elle maîtrise tout mon être dompté et asservi pour te servir dans la joie comme dans la douleur. Mais souris, mon Dieu, et sois heureux : la faute est vaincue, effacée, annihilée. Elle gît sous mon talon, elle est lavée par mes larmes, détruite par mon obéissance. De mon sein naîtra l’Arbre nouveau. Il portera le Fruit qui connaîtra le mal, intégralement, pour l’avoir souffert en lui-même, et il produira le bien, intégralement. Les hommes pourront venir à lui et je serai heureuse qu’ils le cueillent, même sans penser qu’il naît de moi. Pourvu que l’homme soit sauvé et Dieu aimé, qu’il soit fait de sa servante ce que l’on fait de la terre où un arbre se dresse : un tremplin pour s’élever. ”

       17.15 Maria, il faut toujours savoir être un tremplin pour que les autres s’élèvent vers Dieu. Peu importe s’ils nous piétinent, pourvu qu’ils réussissent à marcher vers la croix. C’est le nouvel arbre qui porte le fruit de la connaissance du bien et du mal : il dit en effet aux hommes ce qui est mal et ce qui est bien pour qu’ils sachent choisir et vivre. Il sait en même temps devenir une liqueur ca­pable de guérir les personnes empoisonnées par le mal auquel elles ont voulu goûter. Qu’importe si les pieds des hommes foulent notre cœur, pourvu que le nombre des rachetés croisse et que le sang de mon Jésus n’ait pas été versé sans produire de fruit. C’est là le sort des servantes de Dieu. Mais, ensuite, nous méritons de recevoir dans notre sein la sainte Hostie et de dire au pied de la croix baignée de son sang et de nos larmes : “ Père, voici l’hostie immaculée que nous t’offrons pour le salut du monde. Garde-nous, Père, unies à elle et, par ses mérites infinis, donne-nous ta bénédiction. ”

       Quant à moi, je te donne ma caresse. Prends du repos, ma fille, le Seigneur est avec toi. »

Enseignement de Jésus à Maria Valtorta

       17.16 Jésus dit :

       « Ces mots de ma Mère devraient dissiper toute hésitation même chez ceux qui s’embrouillent le plus dans les formules.

       J’ai parlé d’un “ arbre métaphorique ”, mais je dirai plutôt maintenant : “ l’arbre symbolique ”. Peut-être comprendrez-vous mieux. Le symbole en est évident : à voir comment les deux enfants de Dieu allaient agir à son égard, on allait comprendre si leurs tendances étaient tournées vers le bien ou vers le mal. De même que l’eau régale éprouve l’or et que la balance de l’orfèvre en donne le poids en carats, cet arbre, devenu une “ mission ” de par le commandement de Dieu à son sujet, a donné la mesure de la pureté du métal d’Adam et d’Eve.

       17.17 J’entends déjà votre objection : “ Est-ce que leur condamnation n’a pas été exagérée, et puéril, le moyen employé pour qu’elle ait lieu ? ”

       Non. Si vous commettiez actuellement une telle désobéis­sance, vous qui êtes leurs héritiers, ce serait moins grave que ce ne le fut pour eux. Je vous ai rachetés, mais le venin de Satan reste toujours prêt à réapparaître, tout comme certaines maladies dont l’effet n’est jamais complètement neutralisé dans le sang. Eux deux, vos premiers parents, possédaient la grâce sans avoir jamais été déflorés par la disgrâce. Ils étaient par conséquent plus forts, plus soutenus par la grâce, cette source en eux d’innocence et d’amour. Puisque le don de Dieu était infini, leur chute malgré ce don était bien plus grave.

       17.18 Tout aussi symbolique est le fruit offert et mangé. C’était le fruit d’une expérience qu’ils ont voulu faire à l’instigation de Satan, contrairement au commandement de Dieu. Je n’avais pas interdit l’amour aux hommes. Je voulais simplement qu’il soit sans malice ; de même que moi, je les aimais d’un pur amour, ils devaient s’aimer pareillement d’une sainte affection qu’aucune luxure ne viendrait souiller.

       17.19 Il ne faut pas oublier que la grâce est lumière et que celui qui la possède sait discerner ce qu’il est utile et bon de connaître. La Femme pleine de grâce a tout connu parce que la Sagesse – qui est grâce – l’instruisait, et elle sut se conduire saintement. Eve connaissait donc ce qu’il lui était bon de connaître. Rien de plus, parce qu’il est inutile de connaître ce qui n’est pas bon. Elle n’a pas cru dans les paroles de Dieu et ne fut pas fidèle à sa promesse d’obéissance. Elle a cru Satan, elle a rompu sa promesse, elle a voulu savoir ce qui n’était pas bon et l’a aimé sans remords ; elle a corrompu et avili l’amour si saint que je lui avais offert. Ange déchu, elle s’est roulée dans la fange et l’ordure, alors qu’elle pouvait courir, tout heureuse, au milieu des fleurs du paradis ter­restre et voir sa descendance fleurir autour d’elle, comme un arbre se couvre de fleurs sans traîner son feuillage dans le bourbier.

       17.20 Ne soyez pas comme ces enfants insensés dont je parle[46] dans l’Evangile : ils ont entendu chanter et se sont bouché les oreilles, ils ont entendu de la musique et n’ont pas dansé, ils ont entendu pleurer et ont voulu rire. Ne soyez pas mesquins ni négateurs. Acceptez la lumière, acceptez-la sans malice ni réticence, sans ironie ni incrédulité. Mais cela suffit sur ce sujet.

       17.21 Pour vous faire comprendre à quel point vous devez être reconnaissants à celui qui est mort pour vous afin de vous élever au Ciel et de vaincre la concupiscence satanique, j’ai voulu vous parler, en ce temps de préparation à Pâques, de ce qui a été le premier anneau de la chaîne par laquelle le Verbe du Père fut traîné à la mort, l’Agneau divin à l’abattoir. J’ai voulu vous en parler parce que, actuellement, les neuf dixièmes d’entre vous êtes semblables à Eve, intoxiqués par le souffle et la parole de Lucifer : vous vivez, non pas pour vous aimer, mais pour vous rassasier de luxure, non pas pour le Ciel, mais pour la débauche. Vous n’êtes plus des créatures douées d’une âme et de raison, mais des chiens sans âme et sans raison. Vous avez tué votre âme et dépravé votre raison. En vérité, je vous dis que les bêtes sauvages vous dépassent par l’honnêteté de leurs amours. » 

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