Une initative de
Marie de Nazareth

Appel des 4 premiers disciples

samedi 13 mars 27
Capharnaüm
D'après Zimmermann

Dans les évangiles : Mt 4,18-22 ; Mc 1,16-20 ; Jn 1,35-42

Matthieu 4,18-22

Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. De là, il avança et il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque avec leur père, en train de réparer leurs filets. Il les appela. Aussitôt, laissant la barque et leur père, ils le suivirent Afficher les autres textes bibliques

Marc 1, 16-20

Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter les filets dans la mer, car c’étaient des pêcheurs. Il leur dit : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. Jésus avança un peu et il vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque et réparaient les filets. Aussitôt, Jésus les appela. Alors, laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers, ils partirent à sa suite.

Jean 1, 35-42

Le lendemain encore, Jean se trouvait là avec deux de ses disciples. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu. » Les deux disciples entendirent ce qu’il disait, et ils suivirent Jésus. Se retournant, Jésus vit qu’ils le suivaient, et leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Rabbi – ce qui veut dire : Maître –, où demeures-tu ? Il leur dit : « Venez, et vous verrez. » Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C’était vers la dixième heure (environ qua1tre heures de l’après-midi).

André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu la parole de Jean et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d’abord Simon, son propre frère, et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie » – ce qui veut dire : Christ. André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Kèphas » – ce qui veut dire : Pierre.

Vision de Maria Valtorta

       49.1 A 14 h, je vois ceci :

       Jésus s’avance par un petit chemin, un sentier entre deux champs. Il est seul. Jean s’avance vers lui par un autre sentier à travers champs et finit par le rejoindre en passant par un trou dans la haie.

       Jean, dans la vision d’hier comme dans celle d’aujourd’hui, est tout jeunet : un visage rose et imberbe d’homme à peine formé et blond par-dessus le marché. En outre, pas trace de moustache ou de barbe, mais seulement le teint rose de ses joues lisses et de ses lèvres rouges ; ajoutez-y la joyeuse lumière de son beau sourire et de son regard pur, non pas tant pour la couleur de turquoise foncée de ses yeux que pour la limpidité de l’âme vierge qui y transparaît. Ses cheveux châtain clair, longs et soyeux ondulent en raison de sa marche rapide, presque au pas de course.

       Sur le point de passer la haie, il s’écrie :

       « Maître ! »

       Jésus s’arrête et se retourne en souriant.

       « Maître, je t’ai tant désiré ! On m’a dit, dans la maison où tu séjournes, que tu étais parti vers la campagne… mais sans plus de précision. Et je craignais de ne pas te voir. »

       Jean parle, légèrement penché par respect. Il est néanmoins plein d’une affectueuse confiance, comme on le voit à son attitude et au regard qu’il élève vers Jésus tout en gardant la tête légèrement penchée sur l’épaule.

       « J’ai vu que tu me cherchais et je suis venu vers toi.

       – Tu m’as vu ? Où étais-tu, Maître ?

       – J’étais là. »

       Jésus lui indique un bosquet d’arbres éloignés qu’à cause de la couleur de leur frondaison je pense être des oliviers.

       « J’étais là. Je priais et je pensais à ce que je dirai ce soir à la synagogue. Mais à peine t’ai-je vu que j’ai tout interrompu.

       – Mais comment as-tu fait pour me voir, puisque c’est tout juste si je peux apercevoir cet endroit, caché comme il l’est derrière cet escarpement ?

       – Et pourtant tu le vois ! Je suis venu à ta rencontre parce que je t’ai vu. Ce que ne peut faire l’œil, l’amour le réalise.

       – Oui, l’amour le fait. 49.2 Tu m’aimes donc, Maître ?

       – Et toi, m’aimes-tu, Jean, fils de Zébédée ?

       – Beaucoup, Maître. Il me semble que je t’ai toujours aimé. Avant de te connaître, avant déjà, mon âme te cherchait et quand je t’ai vu, elle m’a dit : “ Voilà celui que tu cherches. ” Je crois que je t’ai rencontré parce que mon âme t’a reconnu.

       – Tu dis vrai, Jean, c’est exact. Moi aussi, je suis venu à ta ren­contre parce que mon âme t’a reconnu. Combien de temps m’aimeras-tu ?

       – Toujours, Maître. Je ne veux plus en aimer d’autres que toi.

       – Tu as père et mère, des frères, des sœurs, tu as la vie et, avec la vie, la femme et l’amour. Comment feras-tu pour tout quitter pour moi ?

       – Maître… je ne sais… mais il me semble – si ce n’est pas de l’orgueil de le dire –­, que ton amour de prédilection me tiendra lieu de père et de mère, de frères et sœurs et aussi de femme. De tout, oui, je serai rassasié de tout si tu m’aimes.

       – Et si mon amour te vaut souffrances et persécutions ?

       – Ce ne sera rien, Maître, si tu m’aimes.

       – Et le jour où il me faudra mourir…

       – Non ! Tu es jeune, Maître… pourquoi mourir ?

       – Parce que le Messie est venu prêcher la Loi dans sa vérité et pour accomplir la Rédemption. Or le monde a horreur de la Loi et ne veut pas de rédemption. C’est pour cela qu’il persécute les envoyés de Dieu.

       – Ah ! Que cela n’arrive pas ! Ne fais pas un tel pronostic de mort devant celui qui t’aime ! Mais si tu devais mourir, je t’aimerais encore, toi. Permets-moi de t’aimer. »

       Jean a un regard suppliant. Plus penché que jamais, il marche à côté de Jésus et semble lui mendier son amour.

       Jésus s’arrête. Il le regarde. Il le pénètre de son regard profond, puis il lui pose la main sur sa tête inclinée.

       « Je veux que tu m’aimes.

       – Oh ! Maître ! »

       Jean est heureux. Bien qu’une larme fasse briller ses yeux, il rit, de sa bouche jeune, bien dessinée. Il prend la main divine, l’embrasse au dos et la serre contre son cœur.

       49.3 Ils se remettent en route.

       « Tu as dit que tu me cherchais…

       – Oui. Pour te dire que mes amis veulent te connaître… et parce que j’avais très envie d’être encore avec toi ! Je t’ai quitté depuis quelques heures à peine… mais je ne pouvais déjà plus rester sans toi !

       – Tu as donc été un bon annonciateur du Verbe ?

       – Mais Jacques aussi, Maître, a parlé de toi de façon… à les convaincre.

       – De sorte que celui qui se défiait encore a été persuadé. Il n’était d’ailleurs pas coupable car la cause de sa réserve était la prudence. Allons le rassurer tout à fait.

       – Il avait un peu peur…

       – Non, il ne faut pas avoir peur de moi ! Je suis venu pour les bons et surtout pour ceux qui sont dans l’erreur. Je veux sauver, non pas condamner. Avec les gens honnêtes je serai pleinement miséricorde.

       – Et avec les pécheurs ?

       – Aussi. Par malhonnêtes, j’entends parler de ceux qui sont spirituellement malhonnêtes et qui, hypocritement, se font passer pour bons, alors que leurs actes sont mauvais, des gens qui ne cherchent que leur propre intérêt, même aux dépens du prochain. Avec eux, je serai sévère.

       – Ah ! Alors Simon peut être tranquille, il est franc comme personne d’autre.

       – C’est ainsi qu’il me plaît et que je veux voir tout le monde.

       – Il a tant de choses à te dire, Simon.

       – Je l’entendrai après avoir parlé à la synagogue. J’ai fait prévenir les pauvres et les malades en plus des riches et des gens en bonne santé. Tous ont besoin de la Bonne Nouvelle. »

        49.4 On approche du village. Des enfants jouent sur la route et l’un d’eux, en courant, serait venu se jeter dans les jambes de Jésus et serait tombé s’il n’avait été attentif à le saisir. Le bambin pleure tout de même, comme s’il s’était fait mal et Jésus lui dit, en le tenant par le bras :

       « Un israélite qui pleure ? Qu’auraient dû faire les milliers d’enfants qui sont devenus des hommes en franchissant le désert derrière Moïse ? Et pourtant, c’est plus pour eux que pour les autres que le Très-Haut a fait pleuvoir la manne si douce. Car il aime les innocents et veille sur ces petits anges de la terre, ces oiseaux sans ailes, comme il le fait pour les passereaux qui volent dans les bosquets et sur les toits. Tu aimes le miel ? Oui ? Eh bien ! si tu es gentil, tu mangeras un miel plus doux que celui de tes abeilles.

       – Où donc ? Quand ?

       – Lorsque, après une vie de fidélité à Dieu, tu iras à lui.

       – Je sais que ne pourrai pas y aller, si le Messie ne vient pas. Maman me dit que nous, le peuple d’Israël, nous sommes actuellement comme autant de Moïse et que nous mourrons en vue de la Terre Promise. Elle dit que nous devrons attendre pour y entrer et que seul le Messie nous permettra de le faire.

       – Quel brave petit israélite ! Eh bien ! moi, je te dis que, quand tu mourras, tu iras immédiatement au Paradis, parce que le Messie aura déjà ouvert la porte du Ciel. C’est pourquoi tu dois être bon.

       – Maman ! Maman ! »

       Le bambin s’échappe des bras de Jésus et court à la rencontre d’une jeune épouse qui rentre en portant une amphore de cuivre.

       « Maman, le nouveau Rabbi m’a dit que j’irai tout de suite au Ciel quand je mourrai, et que je mangerai plein de miel… Mais à condition d’être bon. Je serai bon !

       – Dieu le veuille ! Excuse-le, Maître, s’il t’a ennuyé. Il est si remuant !

       – L’innocence ne me cause pas d’ennui, femme. Que Dieu te bénisse parce que tu es une mère qui élève ses enfants dans la connaissance de la Loi. »

       La femme rougit à ce compliment et répond :

       « Que la bénédiction de Dieu vienne sur toi aussi ! » et elle disparaît avec son enfant.

       49.5 « Tu aimes les enfants, Maître ?

        – Oui, parce qu’ils sont purs, sincères et aimants.

        – Tu as des neveux, Maître ?

        – Non, j’ai seulement une Mère, mais il y a en elle pureté, sincérité, amour des petits les plus saints, joints à la sagesse, à la justice et à la force des adultes. J’ai tout en ma Mère, Jean.

       – Et tu l’as quittée ?

       – Dieu est au-dessus de tout, même de la plus sainte des mères.

        – Est-ce que je la connaîtrai ?

        – Tu la connaîtras.

        – Et elle m’aimera ?

        – Elle t’aimera parce qu’elle aime ceux qui aiment son Jésus.

        – Alors, tu n’as pas de frères ?

        – J’ai des cousins du côté du mari de ma Mère. Mais tout homme est pour moi un frère, et c’est pour tous que je suis venu.

        49.6 Nous voici devant la synagogue. J’entre et tu me rejoindras avec tes amis. »

        Jean s’en va et Jésus entre dans une pièce carrée où se trouvent les accessoires habituels de lampes disposées en triangle et des pupitres avec des rouleaux de parchemin. Il y a déjà une foule qui attend et prie. Jésus prie lui aussi. Derrière lui, la foule chuchote et fait des commentaires ; il s’incline pour saluer le chef de la synagogue et puis se fait donner un rouleau, au hasard.

        Jésus commence la lecture. Il dit :

        « L’Esprit me fait lire ce qui suit pour vous. Au chapitre sept du livre de Jérémie, on lit : “ Ainsi parle Yahvé Sabaoth, le Dieu d’Israël : ‘ Améliorez vos voies et vos œuvres, et je vous ferai demeurer en ce lieu. Ne vous fiez pas aux paroles mensongères : c’est le sanctuaire de Yahvé, le sanctuaire de Yahvé, le sanctuaire de Yahvé ! Mais si vous améliorez réellement vos voies et vos œuvres, si vous avez un vrai souci du droit, chacun envers son prochain, si vous n’opprimez pas l’étranger, l’orphelin et la veuve, si vous ne répandez pas le sang innocent en ce lieu et si vous n’allez pas, pour votre malheur, à la suite d’autres dieux, alors je vous ferai demeurer en ce lieu, dans le pays que j’ai donné à vos pères depuis toujours et pour toujours ’. ”

        Ecoutez, israélites ! Voici que je viens vous rendre claires les paroles de lumière que votre âme aveuglée ne sait plus voir ni comprendre. Ecoutez. Beaucoup de larmes se répandent sur la terre du Peuple de Dieu ; les anciens qui gardent le souvenir de leurs antiques gloires pleurent ; les adultes, courbés sous le joug, pleurent ; les enfants sans espoir d’une future gloire pleurent. Mais la gloire de la terre n’est rien en comparaison d’une gloire qu’aucun oppresseur, sinon Mammon et la mauvaise volonté, ne peut arracher.

        Pourquoi pleurez-vous ? Le Très-Haut, qui fut toujours bon pour son peuple, a-t-il détourné aujourd’hui son regard et re­fuse-t-il à ses enfants de voir son visage ? N’est-il donc plus le Dieu qui a ouvert la mer pour y faire passer Israël, qui l’a conduit à travers les sables du désert et l’a nourri, qui l’a défendu contre ses ennemis ; n’est-ce pas lui qui, pour l’empêcher de perdre le chemin du Ciel, donna à leurs âmes la Loi, comme il donnait à leurs corps la colonne de nuée ? N’est-il plus le Dieu qui a adouci les eaux amères et fait tomber la manne alors qu’ils étaient épuisés ? N’est-il pas le Dieu qui a voulu vous établir sur cette terre et faire alliance avec vous comme un Père avec ses enfants ? Alors pourquoi l’étranger vous a-t-il frappés ?

        Beaucoup parmi vous murmurent : “ Et pourtant nous avons ici le Temple ! ” Il ne suffit pas d’avoir le Temple et d’aller y prier Dieu. Le premier temple se trouve dans le cœur de tout homme et c’est là que se fait la prière sainte. Mais elle ne peut être sainte si le cœur ne s’amende pas, et avec lui les mœurs, les affections, les principes de justice à l’égard des pauvres, des serviteurs, des parents, et à l’égard de Dieu.

        Regardez maintenant. Je vois des riches au cœur dur qui font de riches offrandes au Temple, mais ne savent pas dire au pauvre : “ Frère, voici un pain et un denier, accepte-les. De cœur à cœur. Que mon aide ne t’humilie pas et que je ne tire pas orgueil du don que je t’en fais. ” Je vois des gens qui prient et qui se plaignent à Dieu de ce qu’il ne les écoute pas promptement, mais qui, ensuite, ont le cœur dur comme la pierre pour répondre : “ Non ” au malheureux, parfois du même sang qu’eux, qui leur dit : “ E­coute-moi ! ” Je vous vois pleurer parce que le dominateur vide votre bourse. Mais vous-mêmes saignez ceux que vous haïssez et n’avez pas horreur de faire des vœux sanguinaires contre leur vie.

        Hommes d’Israël ! Le temps de la Rédemption est arrivé, mais préparez-en les voies en vous, par la bonne volonté. Soyez honnêtes, bons, aimez-vous les uns les autres. Riches, soyez sans mépris ; marchands, ne fraudez pas ; pauvres, n’enviez pas. Vous avez tous le même sang et le même Dieu. Vous êtes tous appelés à une même destinée. Ne vous fermez pas par vos péchés le Ciel que le Messie vous ouvrira. Vous avez erré jusqu’ici ? C’est fini, désormais. Que toute erreur disparaisse.

        Simple, bonne, facile est la Loi qui se ramène aux dix commandements primitifs, mais imprégnés d’une lumière d’amour. Venez. Je vous les montrerai tels qu’ils sont : amour, amour, amour. Amour de Dieu pour vous, de vous pour Dieu. Amour pour le prochain. Toujours amour parce que Dieu est Amour et que les enfants du Père sont ceux qui savent vivre l’amour. Je suis ici pour tous, et pour donner à tous la lumière de Dieu. Voici la Parole du Père, qui se fait nourriture en vous. Venez, goûtez, renouvelez le sang de votre âme grâce à cette nourriture. Que tout poison disparaisse, que tout désir charnel meure. Une gloire nouvelle vous est apportée : la gloire éternelle, et à elle viendront ceux qui feront dans leur cœur une véritable étude de la Loi de Dieu. Commencez par l’amour. Il n’y a rien de plus grand. Mais quand vous saurez aimer, vous saurez déjà tout, Dieu vous aimera et l’amour de Dieu signifie le secours de Dieu contre toute tentation.

        Que la bénédiction de Dieu repose sur ceux qui se tournent vers lui avec un cœur plein de bonne volonté. »

        Jésus se tait. Les gens murmurent. L’assemblée se sépare après le chant psalmodié de plusieurs hymnes.

        49.7 Jésus sort sur la petite place. Au seuil de la porte se tiennent Jean et Jacques avec Pierre et André.

        « La paix soit avec vous » dit Jésus, qui ajoute : « Voici l’homme qui, pour être juste, a besoin de s’abstenir de juger sans s’être d’abord informé, mais qui sait reconnaître honnêtement ses torts. Simon, tu as voulu me voir ? Me voici. Et toi, André, pourquoi n’es-tu pas venu plus tôt ? »

        Les deux frères se regardent, bien embarrassés. André murmure :

        « Je n’osais pas… »

        Pierre, tout rouge, ne dit rien. Mais quand il entend Jésus dire à son frère : « Etait-ce un mal de venir ? Il n’y a que le mal qu’on ne doit pas oser faire », il intervient franchement :

        « C’est à cause de moi qu’il est resté. Lui, il voulait me conduire à toi sur-le-champ. Mais moi… J’ai dit… Oui, j’ai dit : “ Je n’y crois pas ”, et je n’ai pas voulu. Ah, maintenant, cela va mieux !… »

        Jésus sourit, puis il dit :

        « Et je te dis que je t’aime pour ta sincérité.

        – Mais moi… moi, je ne suis pas bon. Je ne suis pas capable de faire ce que tu as dit à la synagogue. Je suis irascible et, si quelqu’un m’offense… eh bien… Je suis avide et j’aime avoir de l’argent… et dans ma vente de poissons… eh bien… pas toujours… je ne suis pas toujours sans frauder. Et je suis ignorant. Alors j’ai peu de temps à te suivre pour avoir la lumière. Comment faire ? Je voudrais devenir comme tu dis… mais…

        – Ce n’est pas difficile, Simon. Tu connais un peu l’Ecriture ? Oui ? Eh bien ! pense au prophète Michée. Dieu attend de toi ce que dit Michée. Il ne te demande pas de t’arracher le cœur ni de sacrifier tes affections les plus saintes. Non, il ne te le demande pas pour l’instant. Un jour, sans que Dieu te le demande, tu te donneras aussi toi-même à Dieu. Mais il attend qu’un soleil et une ondée aient fait de toi, qui n’es qu’un brin d’herbe, un robuste palmier dans toute sa gloire. Pour le moment, il te demande ceci : pratiquer la justice, aimer la miséricorde, t’appliquer totalement à suivre ton Dieu. Efforce-toi de faire cela et le passé de Simon sera effacé, et tu deviendras l’homme nouveau, l’ami de Dieu et de son Christ. Non plus Simon mais Céphas, la Pierre solide sur laquelle je m’appuie.

        – Voilà qui me plaît ! Ça, je le comprends. La Loi, c’est cela… c’est cela… voilà, je n’arrive plus à l’observer telle que les rabbins l’ont fait devenir !… Mais comme tu l’expliques, oui. Il me semble que j’y arriverai. Et tu m’aideras. Tu restes dans cette maison ? J’en connais le propriétaire.

        – Je reste ici, mais je vais aller à Jérusalem, après quoi je prêcherai dans toute la Palestine. Je suis venu pour cela. Mais je reviendrai souvent ici.

        – Je viendrai encore t’écouter. Je veux être ton disciple. Un peu de lumière m’entrera dans la tête.

        – Dans le cœur, Simon, surtout dans le cœur. Et toi, André, tu ne dis rien ?

        – J’écoute, Maître.

        – Mon frère est timide.

        – Il deviendra un lion. La nuit tombe. Que Dieu vous bénisse et vous donne bonne pêche ! Allez.

        – Paix à toi. »

        Ils s’en vont.

        49.8 A peine sorti, Pierre s’interroge :

        « Mais qu’est-ce qu’il a donc voulu dire au début, quand il a annoncé que je pêcherais avec d’autres filets et que je ferais d’autres pêches ?

        – Pourquoi ne le lui as-tu pas posé la question ? Tu voulais dire plein de choses, et puis tu n’as pas parlé !

        – Je… j’avais honte. Il est si différent de tous les rabbis !

        – Maintenant, il part pour Jérusalem… » Jean dit cela avec un tel désir, une telle nostalgie… « Je voulais lui demander s’il me laissait y aller avec lui… et je n’ai pas osé…

        – Va le lui demander, mon garçon, conseille Pierre. Nous l’avons quitté comme ça… sans un mot affectueux… Qu’il sache, au moins, que nous l’admirons. Va, va ! Je vais prévenir ton père.

        – J’y vais, Jacques ?

        – Vas-y. »

        Jean part au pas de course… pour revenir au pas de course, tout heureux :

       « Je lui ai demandé : “ Veux-tu de moi, à Jérusalem ? ” Il m’a répondu : “ Viens, mon ami. ” Il m’a appelé ami ! Demain, à cette heure, je viendrai ici. Ah ! A Jérusalem, avec lui… »

        … C’est la fin de la vision.

Enseignement de Jésus à Maria Valtorta

Jean, fils de Zébédée, est grand même dans l’humilité

       49.9 A propos de cette vision, Jésus me dit :

        « Je veux que toi et que tous vous remarquiez l’attitude de Jean, un de ses côtés qui échappe toujours. Vous l’admirez parce qu’il est pur, aimant, fidèle, mais vous ne remarquez pas qu’il fut grand même en humilité. Lui, à qui l’on doit la venue de Pierre vers moi, il tait modestement ce détail.

        L’apôtre de Pierre, et par conséquent le premier de mes apôtres, ce fut Jean : le premier à me reconnaître, le premier à m’adresser la parole, le premier à me suivre, le premier à m’annoncer. Et pourtant, voyez ce qu’il dit : “ André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean et suivi Jésus. Il rencontre en premier lieu son frère Simon et lui dit : ‘ Nous avons trouvé le Messie ’ – ce qui veut dire Christ. Il l’amena à Jésus. ”

        Comme il n’était pas seulement bon mais aussi juste, il sait qu’André est embarrassé de n’avoir qu’un caractère renfermé et timide, il sait qu’il voudrait bien agir mais sans y parvenir, et il désire que le souvenir de sa bonne volonté passe à la postérité. Il veut qu’André paraisse être le premier apôtre du Christ auprès de Simon bien que sa timidité et son effacement auprès de son frère lui aient valu un échec dans son apostolat.

        49.10 Parmi tous ceux qui font quelque chose pour moi, qui sait imiter Jean et ne se proclame pas lui-même apôtre incompa­rable ? Ils ne réfléchissent pas que leur réussite vient d’un ensemble de choses, qu’il ne s’agit pas seulement de sainteté, mais aussi d’audace humaine, de chance, du hasard qui veut que l’on se trouve auprès d’autres personnes moins hardies ou moins chanceuses, mais peut-être plus saintes qu’eux-mêmes.

        Lorsque vous réussissez à agir bien, ne vous en glorifiez pas comme si le mérite n’en revenait qu’à vous. Louez Dieu, patron des ouvriers apostoliques. Ayez le regard limpide et le cœur sincère pour remarquer et rendre à qui de droit la louange qui lui revient. Un regard limpide pour discerner les apôtres qui s’offrent en sacrifice et sont les premiers vrais leviers dans le travail des autres. Dieu seul les voit, ces timides qui semblent ne rien faire et sont au contraire ceux qui dérobent au Ciel le feu qui a­nime les audacieux. Un cœur sincère doit dire : “ Moi, je travaille, mais celui-ci a plus d’amour que moi, prie mieux que moi, s’immole comme je ne sais le faire et comme Jésus a dit :

        ‘ … re­tire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte et prie ton Père qui est là, dans le secret. ’ Moi qui vois son humble et sainte vertu, je veux la faire connaître et dire : “ Moi, je suis l’instrument actif ; lui, la force qui me permet d’agir parce que, greffé comme il l’est sur Dieu, c’est par son canal que je reçois la force d’en Haut. ”

        Et la bénédiction du Père qui descend pour récompenser la personne humble qui s’immole en silence pour procurer la force aux apôtres, descendra aussi sur l’apôtre qui reconnaît sincèrement l’aide surnaturelle et silencieuse qui lui vient de cette personne, et le mérite de cet humble que les hommes superficiels ne remarquent pas.

        Apprenez-le tous.

        49.11 Jean est mon préféré ? Oui, mais justement, ne me ressemble-t-il pas en cela aussi ? Il est pur, aimant, obéissant, mais humble aussi. Je me mirais en lui et en lui je voyais mes vertus. C’est pourquoi je l’aimais comme un second moi-même. Je voyais sur lui le regard du Père qui le reconnaissait pour un petit Christ. Et ma Mère me disait : “ En lui, j’ai le sentiment d’avoir un second fils. Il me semble te voir, toi, reproduit en lui qui n’est qu’un homme. ”

        Ah ! Comme la Pleine de Sagesse t’a bien connu, mon bien-aimé ! Les deux azurs de vos cœurs d’une pureté parfaite se sont unis en un voile unique pour me faire une protection d’amour et sont devenus un seul amour, avant même que je donne ma Mère à Jean et Jean à ma Mère. Ils s’étaient aimés parce qu’ils s’étaient reconnus semblables : Enfants et frères du Père et du Fils. »

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