Une initative de
Marie de Nazareth

Les femmes au tombeau vide

dimanche 7 avril 30
Jérusalem
Bartolomeo Schedoni

Dans les évangiles : Mt 28,1-10 ; Mc 16,1-8 ; Lc 24,1-12 ; Jn 20,1-10

Matthieu 28,1-10

Après le sabbat, à l’heure où commençait à poindre le premier jour de la semaine, Marie Madeleine et l’autre Marie vinrent pour regarder le sépulcre. Et voilà qu’il y eut un grand tremblement de terre ; l’ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et s’assit dessus. Il avait l’aspect de l’éclair, et son vêtement était blanc comme neige. Les gardes, dans la crainte qu’ils éprouvèrent, se mirent à trembler et devinrent comme morts. L’ange prit la parole et dit aux femmes : « Vous, soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez voir l’endroit où il reposait. Puis, vite, allez dire à ses disciples : “Il est ressuscité d’entre les morts, et voici qu’il vous précède en Galilée ; là, vous le verrez.” Voilà ce que j’avais à vous dire. »

Vite, elles quittèrent le tombeau, remplies à la fois de crainte et d’une grande joie, et elles coururent porter la nouvelle à ses disciples. Et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue. » Elles s’approchèrent, lui saisirent les pieds et se prosternèrent devant lui. Alors Jésus leur dit : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. »

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Marc 16,1-8

Le sabbat terminé, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des parfums pour aller embaumer le corps de Jésus. De grand matin, le premier jour de la semaine, elles se rendent au tombeau dès le lever du soleil. Elles se disaient entre elles : « Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? » Levant les yeux, elles s’aperçoivent qu’on a roulé la pierre, qui était pourtant très grande. En entrant dans le tombeau, elles virent, assis à droite, un jeune homme vêtu de blanc. Elles furent saisies de frayeur. Mais il leur dit : « Ne soyez pas effrayées ! Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici. Voici l’endroit où on l’avait déposé. Et maintenant, allez dire à ses disciples et à Pierre : “Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez, comme il vous l’a dit.” » Elles sortirent et s’enfuirent du tombeau, parce qu’elles étaient toutes tremblantes et hors d’elles-mêmes. Elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur.

Luc 24,1-12

Le premier jour de la semaine, à la pointe de l’aurore, les femmes se rendirent au tombeau, portant les aromates qu’elles avaient préparés. Elles trouvèrent la pierre roulée sur le côté du tombeau. Elles entrèrent, mais ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus. Alors qu’elles étaient désemparées, voici que deux hommes se tinrent devant elles en habit éblouissant. Saisies de crainte, elles gardaient leur visage incliné vers le sol. Ils leur dirent : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité. Rappelez-vous ce qu’il vous a dit quand il était encore en Galilée : “Il faut que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et que, le troisième jour, il ressuscite.” » Alors elles se rappelèrent les paroles qu’il avait dites.

Revenues du tombeau, elles rapportèrent tout cela aux Onze et à tous les autres. C’étaient Marie Madeleine, Jeanne, et Marie mère de Jacques ; les autres femmes qui les accompagnaient disaient la même chose aux Apôtres. Mais ces propos leur semblèrent délirants, et ils ne les croyaient pas. Alors Pierre se leva et courut au tombeau ; mais en se penchant, il vit les linges, et eux seuls. Il s’en retourna chez lui, tout étonné de ce qui était arrivé.

Jean 20,1-10

Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. Ensuite, les disciples retournèrent chez eux.

Vision de Maria Valtorta

     619.1 Pendant ce temps, les femmes, qui sont sorties de la maison, marchent en silence. Ombres dans l’ombre, toutes emmitouflées et rendues craintives par tant de silence et de solitude, elles ne soufflent mot. Puis, rassurées par le calme absolu de la ville, elles se regroupent et osent parler.

     « Les portes seront-elles déjà ouvertes ? s’interroge Suzanne.

     – Certainement. Regarde le premier jardinier qui entre avec ses légumes. Il se rend au marché, répond Salomé.

     – Ils ne nous diront rien ? reprend Suzanne.

     – Qui ? demande Marie-Madeleine.

     – Les soldats, à la Porte Judiciaire. Il y a peu de monde qui entre par là, et encore moins qui sort… Nous allons éveiller les soupçons…

     – Et avec cela ? Ils nous regarderont. Ils verront cinq femmes qui vont à la campagne. Nous pourrions aussi bien rentrer dans nos villages après avoir célébré la Pâque !

     – Pourtant… pour ne pas attirer l’attention de quelque soldat mal intentionné, pourquoi ne sortons-nous pas par une autre porte, pour faire ensuite le tour des murs ?

     – C’est allonger notre route.

     – Mais nous serions plus tranquilles. Passons par la Porte de l’Eau…

     – Oh ! Salomé ! A ta place, je choisirais la Porte Orientale ! Ton détour serait encore plus grand ! Mais il faut faire vite et revenir vite. »

     Marie-Madeleine est tranchante.

     « Alors une autre, mais pas la Judiciaire. Sois gentille… supplient-elles toutes.

     – C’est bien. 619.2 Alors, puisque vous le voulez, passons chez Jeanne. Elle nous a recommandé de la prévenir. Si nous avions pris la voie directe, nous aurions évité cette halte. Mais puisque vous voulez faire un tour plus long, passons chez elle…

     – Oh oui ! Les gardes qu’on a postés là vont nous être utiles… Elle est connue et on la craint…

     – Moi, je dirais de passer aussi chez Joseph d’Arimathie. C’est le propriétaire du tombeau, dit Marthe.

     – Mais oui ! Faisons un cortège, maintenant, pour ne pas attirer l’attention ! Ah ! quelle sœur craintive j’ai ! Ou plutôt, sais-tu, Marthe ? Nous allons faire ceci : moi, je vais partir de l’avant, et je regarderai. Vous, vous me suivrez avec Jeanne. Je me mettrai au milieu du chemin s’il y a du danger : vous me verrez, et nous reviendrons en arrière. Mais j’ai pensé à ceci (elle montre une bourse pleine de pièces de monnaie), et je vous assure que les gardes nous laisseront tout faire.

     – Nous le dirons aussi à Jeanne, tu as raison.

     – Alors, laissez-moi y aller.

     – Tu pars seule, Marie ? Je t’accompagne, propose Marthe, qui craint pour sa sœur.

     – Non, tu vas chez Jeanne avec Marie, femme d’Alphée. Salomé et Suzanne t’attendront près de la porte, à l’extérieur des murs. Puis vous arriverez par la route principale toutes ensemble. Adieu. »

     Et Marie-Madeleine coupe court à tout autre commentaire en s’éloignant rapidement avec son sac de baumes, et son argent sur sa poitrine.

     Elle vole, tant sa marche est rapide sur le chemin, qui devient plus gai au fur et à mesure que l’aurore rosit. Elle franchit la Porte Judiciaire pour aller plus vite, et personne ne l’arrête…

     619.3 Les autres la regardent s’éloigner, puis lui tournent le dos au carrefour où elles se tenaient, et prennent une autre ruelle, étroite et sombre, qui s’ouvre ensuite, à proximité du Sixte, sur une rue plus large et dégagée, bordée de belles maisons. Elles se séparent encore, Salomé et Suzanne continuant leur chemin pendant que Marthe et Marie, femme d’Alphée, frappent à la porte de fer et se montrent quand le portier l’entrouvre.

     Elles entrent et vont trouver Jeanne. Celle-ci est déjà levée et entièrement vêtue de violet très foncé — ce qui la rend encore plus pâle. Elle aussi manipule des huiles avec sa nourrice et une servante.

     « Vous êtes ici ? Que Dieu vous en récompense ! Mais si vous n’étiez pas venues, j’y serais allée de moi-même… Pour trouver du réconfort… car beaucoup de choses sont restées troubles depuis ce jour redoutable. Et, pour ne pas me sentir seule, il me faut aller contre cette pierre, frapper et dire : “ Maître, je suis ta pauvre Jeanne… Ne me laisse pas seule, toi aussi… ” »

     Jeanne pleure doucement d’un air désolé, pendant qu’Esther, sa nourrice, fait de grands gestes incompréhensibles derrière sa maîtresse en lui mettant son manteau.

     « Je pars, Esther.

     – Que Dieu te soutienne ! »

     Elles sortent du palais pour rejoindre leurs compagnes. C’est à ce moment que se produit le bref et fort tremblement de terre qui jette de nouveau dans la panique les habitants de Jérusalem, encore terrorisés par les événements de vendredi.

     Les trois femmes reviennent précipitamment sur leurs pas, et restent dans le large vestibule, au milieu des servantes et des serviteurs qui crient et invoquent le Seigneur. Elles attendent là, dans la crainte de nouvelles secousses…

     619.4 … Marie-Madeleine, de son côté, se trouve exactement à la limite de la ruelle qui mène au jardin de Joseph d’Arimathie quand elle est surprise par le grondement puissant et pourtant harmonieux de ce signe céleste. Au même instant, dans la lumière à peine rosée de l’aurore qui s’avance dans le ciel où une étoile tenace résiste encore à l’occident, et qui rend blond l’air jusqu’alors vert clair, s’allume une grande lumière qui descend comme si c’était un globe incandescent, splendide, qui coupe en zigzag l’air tranquille.

     Marie de Magdala en est presque effleurée et renversée sur le sol.

     Elle se penche un moment en murmurant : “ Mon Seigneur ! ” puis se redresse comme une fleur après le passage du vent, et s’élance encore plus rapidement vers le jardin.

     Elle y entre en courant, comme un oiseau poursuivi qui cherche son nid, du côté du tombeau taillé dans le roc. Mais malgré sa hâte, elle n’est pas arrivée quand le céleste météore fait office de levier et de flamme sur le sceau de chaux posé pour renforcer la lourde pierre, ni quand celle-ci tombe avec fracas, provoquant une secousse qui s’unit à celle du tremblement de terre ; car celui-ci a beau être bref, il est d’une violence telle qu’il terrasse les gardes comme s’ils étaient morts.

     A son arrivée, Marie-Madeleine voit ces inutiles geôliers du Triomphateur jetés à terre comme une gerbe d’épis fauchés. Elle ne fait pas le rapprochement entre le tremblement de terre et la Résurrection. Mais, à la vue de ce spectacle, elle croit que c’est le châtiment de Dieu sur les profanateurs du tombeau de Jésus, et elle tombe à genoux en disant :

     « Malheur ! Ils l’ont enlevé ! »

     Consternée, elle pleure comme une fillette venue avec la certitude de trouver son père tant recherché, et qui voit au contraire la demeure vide. 619.5 Puis elle se lève et repart en courant prévenir Pierre et Jean. Comme c’est devenu son unique souci, elle ne pense plus à aller à la rencontre de ses compagnes et à s’arrêter sur le chemin. Rapide comme une gazelle, elle refait le trajet en sens contraire, franchit la Porte Judiciaire, vole dans les routes qui commencent à s’animer, s’abat contre le portail de la maison, la frappe et la secoue furieusement.

     La gardienne lui ouvre.

     « Où sont Jean et Pierre ? demande Marie-Madeleine, hors d’haleine.

     – Ici » lui répond la femme en lui indiquant le Cénacle.

     A peine entrée devant les deux apôtres étonnés, elle dit, à voix basse par pitié pour la Mère, mais avec tant d’angoisse que c’est comme si elle criait :

     « Ils ont enlevé le Seigneur du tombeau ! Qui sait où ils l’ont mis ! »

     Pour la première fois elle titube, et pour ne pas tomber, elle se raccroche là où elle peut.

     « Mais comment ? Que dis-tu ? » demandent les deux hommes.

     Et elle, haletante :

     « Je suis allée de l’avant…, pour acheter les gardes… afin qu’ils nous laissent faire. Ils étaient comme morts… Le tombeau est ouvert, la pierre par terre… Qui a pu faire cela ? Oh ! venez ! Courons… »

     Pierre et Jean partent aussitôt. Marie les suit un instant, avant de revenir sur ses pas. Poussée par son amour prévoyant, elle saisit la gardienne de la maison, la secoue avec violence et lui souffle au visage :

     « Garde-toi bien de laisser passer qui que ce soit chez elle (et elle montre la porte de la chambre de Marie). Rappelle-toi que c’est moi qui suis la maîtresse. Obéis et tais-toi. »

     Plantant là la femme épouvantée, elle rejoint les apôtres qui se dirigent à grands pas vers le tombeau…

     619.6 … Pendant ce temps, Suzanne et Salomé, après avoir quitté leurs compagnes et atteint les murs, sont surprises par le tremblement de terre. Effrayées, elles se réfugient sous un arbre et restent là, combattues entre leur grand désir d’aller au tombeau et celui de courir chez Jeanne. Mais l’amour triomphe de la peur, et elles repartent vers le tombeau.

     Encore toutes apeurées, elles pénètrent dans le jardin et voient les gardes évanouis, ainsi qu’une grande lumière qui sort du tombeau ouvert. Cela augmente leur effroi, qui atteint son comble quand, se tenant par la main pour s’encourager mutuellement, elles se présentent sur le seuil et aperçoivent dans l’obscurité de la grotte sépulcrale une créature lumineuse et très belle, qui sourit doucement et les salue de là où elle se tient : appuyée à droite de la pierre de l’onction, dont la grisaille disparaît devant une si incandescente splendeur.

     Elles tombent à genoux, abasourdies.

     Mais l’ange leur parle avec douceur :

     « N’ayez pas peur de moi. Je suis l’ange de la divine Douleur. Je suis venu pour me réjouir de la fin de celle-ci. La souffrance du Christ, son humiliation dans la mort sont terminées. Jésus de Nazareth, le Crucifié que vous cherchez, est ressuscité. Il n’est plus ici ! L’endroit où vous l’avez déposé est vide. Réjouissez-vous avec moi. Allez. Dites à Pierre et aux disciples qu’il est ressuscité et qu’il vous précède en Galilée. Vous le verrez encore là-bas pendant quelque temps, comme il l’a dit. »

     Les femmes tombent visage contre terre, et quand elles le lèvent, elles s’enfuient comme si elles étaient poursuivies par un châtiment. Elles sont terrorisées et murmurent :

     « Nous allons mourir ! Nous avons vu l’ange du Seigneur ! »

     Arrivées en pleine campagne, elles se calment un peu et se concertent. Que faire ? Si elles racontent ce qu’elles ont vu, on ne les croira pas. Si elles disent qu’elles viennent de là, elles peuvent être accusées par les juifs d’avoir tué les gardes. Non. Elles ne peuvent rien dire, ni aux amis ni aux ennemis…

     Craintives, rendues muettes, elles reviennent par un autre chemin à la maison, et se réfugient au Cénacle, sans même demander à voir Marie… Et là, elles s’imaginent que ce qu’elles ont vu est une tromperie du Démon. Humbles comme elles le sont, elles jugent “ qu’il n’est pas possible qu’il leur ait été accordé de voir le messager de Dieu. C’est Satan qui a voulu les épouvanter pour les éloigner de là. ”

     Elles pleurent et prient comme des fillettes effrayées par un cauchemar…

     619.7 … Le troisième groupe, celui de Jeanne, Marie, femme d’Alphée, et Marthe, ne voyant rien venir, se décide à aller là où certainement leurs compagnes les attendent. Elles sortent dans les rues, où des gens apeurés viennent commenter le nouveau tremblement de terre et le rattachent aux événements du vendredi… quand encore ils ne voient pas des choses qui n’existent pas !

     « Il vaut mieux qu’ils soient tous effrayés ! Peut-être les gardiens le seront-ils aussi, de sorte qu’ils ne feront pas d’objection » déclare Marie, femme d’Alphée.

     Et elles se hâtent vers les murs.

     619.8 Mais pendant qu’elles sont en chemin, Pierre et Jean, suivis de Marie-Madeleine, sont déjà arrivés au jardin. Jean, plus rapide, arrive le premier au tombeau. Les gardes n’y sont plus et l’ange non plus.

     Craintif et affligé, Jean s’agenouille sur le seuil ouvert, pour vénérer et recueillir quelque indice. Mais il voit seulement, entassés par terre, les linges posés sur le linceul.

     « Il n’est vraiment pas là, Simon ! Marie a bien vu. Viens, entre, regarde. »

     Pierre, encore tout essoufflé par la course, pénètre dans le tombeau. Il avait dit en route :

     « Je ne vais pas oser m’approcher de cet endroit. »

     Mais maintenant il ne pense qu’à découvrir où peut être le Maître. Il l’appelle aussi, comme s’il pouvait être caché dans quelque sombre recoin.

     L’obscurité, à cette heure matinale, est encore profonde dans le tombeau, qui n’a pour toute lumière que la petite ouverture de la porte, d’ailleurs masquée par Jean et Marie-Madeleine… Pierre a donc du mal à voir et doit s’aider de ses mains pour se diriger… Il touche, en tremblant, la table de l’onction et se rend compte qu’elle est vide…

     « Il n’est pas là, Jean ! Il n’est pas là !… Oh ! Viens toi aussi ! J’ai tant pleuré que je n’y vois guère, avec ce peu de lumière. »

     Jean se relève et entre. Au même moment, Pierre découvre le suaire posé dans un coin, bien plié, avec à l’intérieur le linceul soigneusement roulé.

     « Ils l’ont vraiment enlevé. La présence des gardes, ce n’était pas pour nous rendre service, mais dans ce but-là… Et nous l’avons laissé faire ! En nous éloignant d’ici, nous l’avons permis…

     – Ah ! où l’auront-ils mis ?

     – Pierre, Pierre ! Maintenant.. c’est vraiment fini ! »

     Les deux disciples sortent, anéantis.

     « Allons, femme. Tu le diras à la Mère…

     – Moi, je ne m’éloigne pas. Je reste ici… Quelqu’un viendra… Non, moi, je ne vous accompagne pas… Ici, il y a encore quelque chose de lui. Marie avait raison … Respirer l’air où il a été est l’unique soulagement qui nous reste.

     – L’unique soulagement… Maintenant, tu vois bien toi aussi que c’était une folie d’espérer… » dit Pierre.

     Marie ne répond même pas. Elle s’affaisse sur le sol, juste à côté de la porte, et elle pleure pendant que les autres repartent lentement.

     619.9 Puis elle lève la tête et regarde à l’intérieur et, à travers ses larmes, voit deux anges assis à la tête et aux pieds de la pierre de l’onction. La pauvre Marie est tenaillée par un tel combat intérieur entre l’espérance qui meurt et la foi qui ne veut pas mourir, qu’elle les regarde d’un air hébété, sans même s’étonner. Cette femme courageuse qui a résisté héroïquement à tout n’a plus que des larmes.

     « Pourquoi pleures-tu, femme ? » demande l’un des deux enfants lumineux — car ils ont l’aspect de très beaux adolescents.

     – Parce qu’ils ont emporté mon Seigneur, et je ne sais où ils me l’ont mis. »

     Marie n’a pas peur de leur parler, elle ne demande pas : “ Qui êtes-vous ? ” Rien ne l’étonne plus. Tout ce qui peut étonner une créature, elle l’a déjà subi. Elle n’est plus qu’une âme brisée qui pleure sans force ni retenue.

     L’ange tourne les yeux vers son compagnon en souriant, et l’autre fait de même. Et avec un éclair de joie angélique, tous deux regardent en direction du jardin, tout fleuri, maintenant que des millions de corolles se sont ouvertes au premier soleil sur les frondaisons touffues de la pommeraie.

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