Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. Ils le trouvent et lui disent : « Tout le monde te cherche. » Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. »
Afficher les autres textes bibliquesQuand il fit jour, Jésus sortit et s’en alla dans un endroit désert. Les foules le cherchaient ; elles arrivèrent jusqu’à lui, et elles le retenaient pour l’empêcher de les quitter. Mais il leur dit : « Aux autres villes aussi, il faut que j’annonce la Bonne Nouvelle du règne de Dieu, car c’est pour cela que j’ai été envoyé. »
62.1 Je vois Jésus sortir de la maison de Pierre à Capharnaüm, en faisant le moins de bruit possible. On comprend qu’il y a passé la nuit pour faire plaisir à son Pierre.
C’est encore la nuit profonde. Le ciel est parsemé d’étoiles. Le lac reflète à peine leur éclat, et c’est au léger clapotis de l’eau sur la grève qu’on devine plus qu’on ne distingue cette mer paisible qui dort sous la lueur des étoiles.
Jésus repousse la porte, regarde le ciel, le lac, la route. Il réfléchit, puis s’achemine, non le long du lac, mais vers le village ; il suit quelque temps cette direction, puis va vers la campagne. Il y entre, marche, s’enfonce, prend un sentier qui se dirige vers les premières ondulations d’un terrain planté d’oliviers, entre dans cette paix verte et silencieuse et, là, se prosterne en prière.
Quelle ardente prière ! Il prie à genoux, puis, comme fortifié, se lève et prie encore, le visage levé vers le haut, un visage qui paraît encore plus spiritualisé sous l’effet de la lumière naissante qui provient d’une sereine aube estivale. Il prie maintenant en souriant, alors qu’auparavant il poussait de profonds soupirs comme sous l’influence d’une peine morale. Il prie les bras ouverts. On dirait une croix vivante, haute, angélique, tellement la suavité en émane. Il paraît bénir toute la campagne, le jour qui naît, les étoiles qui disparaissent, le lac qui se découvre.
62.2 « Maître ! Nous t’avons tellement cherché ! Nous avons vu la porte poussée du dehors quand nous sommes revenus avec le poisson, et nous avons pensé que tu étais sorti. Mais nous ne te trouvions pas. Finalement nous avons été informés par un paysan qui chargeait ses paniers pour les porter à la ville. Nous t’appelions : “ Jésus, Jésus ! ” et il nous a dit : “ Vous cherchez le Rabbi qui parle aux foules ? Il est parti par ce sentier, là-haut vers la colline. Il doit être dans l’oliveraie de Michée car il y va souvent. Je l’ai vu d’autres fois. ” Il avait raison. Pourquoi es-tu sorti si tôt, Maître ? Pourquoi ne t’es-tu pas reposé ? Le lit n’était peut-être pas confortable…
– Non, Pierre. Le lit était très bon et la chambre belle, mais j’ai l’habitude de sortir souvent de bonne heure pour élever mon esprit et m’unir au Père. La prière est une force, pour soi et pour les autres. On obtient tout par la prière. Le Père n’accorde pas toujours la grâce qu’on lui demande. Il ne faut pas le prendre pour un manque d’amour de sa part, il faut croire que ce refus correspond à un plan qui organise au mieux la destinée de chaque personne. Mais la prière apporte, à coup sûr, la paix et l’équilibre qui permettent de résister à bien des choses qui nous heurtent, sans quitter le sentier de la sainteté. Il est facile, Pierre, tu le sais, que tout ce qui nous entoure obscurcisse notre esprit et agite notre cœur ! Et dans l’obscurcissement de notre pensée et l’agitation du cœur comment Dieu pourrait-il se faire écouter ?
– C’est vrai, mais nous, nous ne savons pas prier ! Nous ne savons pas dire les belles paroles que, toi, tu dis.
– Dites ce que vous savez, comme vous le savez. Ce ne sont pas les paroles, mais les sentiments qui les accompagnent qui rendent les prières agréables au Père.
– Nous voudrions prier comme, toi, tu pries.
– Je vous apprendrai aussi à prier. Je vous enseignerai la plus sainte des prières, mais pour qu’elle ne soit pas une vaine formule sur vos lèvres, je veux que votre cœur possède déjà un minimum de sainteté, de lumière, de sagesse… C’est dans ce but que je vous instruis. Plus tard, je vous enseignerai la sainte prière.
62.3 Vous m’avez recherché parce que vous attendez quelque chose de ma part ?
– Non, Maître. Mais il y en a tant qui attendent beaucoup de toi ! Il y avait déjà des gens qui venaient vers Capharnaüm, c’étaient des pauvres, des malades, des personnes affligées, des hommes de bonne volonté qui désiraient s’instruire. Comme ils te demandaient, nous leur avons répondu : “ Le Maître est fatigué et il dort. Allez-vous-en, revenez au prochain sabbat. ”
– Non, Simon. Il ne faut pas dire cela. Il n’y a pas qu’un seul jour pour la pitié. Je suis l’Amour, la Lumière, le Salut, tous les jours de la semaine.
– Mais… mais, jusqu’à présent, tu n’as parlé que le sabbat.
– Parce que j’étais encore inconnu. Mais au fur et à mesure que l’on va me connaître, il y aura chaque jour effusion de grâces et de la grâce. En vérité, je te dis qu’il viendra un temps où même l’espace de temps accordé au passereau pour se reposer sur une branche et se rassasier de graines, ne sera pas laissé au Fils de l’Homme pour prendre son repos et son repas.
– Mais alors tu tomberas malade ! Nous ne le permettrons pas. Il ne faut pas que ta bonté te rende malheureux.
– Tu t’imagines que cela pourrait me rendre malheureux, moi ? Ah ! Si le monde entier venait à moi pour m’écouter, pour pleurer sur ses péchés et reposer ses souffrances sur mon cœur, pour être guéri, dans son âme et dans son corps, si je m’épuisais à leur parler, à leur pardonner, à répandre ma bienfaisante puissance, je serais si heureux, Pierre, que je ne regretterais pas même le Ciel où j’étais dans le Père !… 62.4 D’où provenaient ces gens qui venaient à moi ?
– De Chorazeïn, de Bethsaïde, de Capharnaüm et jusque de Tibériade et de Guerguesa, comme de centaines de petits villages disséminés entre l’une ou l’autre ville.
– Allez leur dire que je serai à Chorazeïn, à Bethsaïde et dans les bourgades situées entre les unes et les autres.
– Pourquoi pas à Capharnaüm ?
– Parce que je suis venu pour tous et que tous doivent avoir l’occasion de me voir, et puis… il y a le vieil Isaac qui m’attend… Il ne faut pas que son espoir soit déçu.
– Tu nous attends ici, alors ?
– Non. Je pars et vous, vous restez à Capharnaüm pour m’envoyer les foules, puis je reviendrai.
– Nous restons seuls… »
Pierre est tout triste.
« Il ne faut pas t’attrister. Que l’obéissance fasse ta joie et qu’avec elle, tu sois persuadé d’être un disciple utile. Et les autres avec toi et comme toi. »
Pierre, André, Jacques et Jean se rassérènent. Jésus les bénit et ils se séparent.
Ainsi se termine la vision.