Une initative de
Marie de Nazareth

Les Noces de Cana

lundi 15 mars 27
Cana
Giotto di Bondone

Dans les évangiles : Jn 2,1-11

Jean 2,1-11

Le troisième jour, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres). Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. »

Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

Vision de Maria Valtorta

       51.1 Je vois la cuisine de Pierre. En plus de Jésus, il y a Pierre, sa femme, Jacques et Jean. On dirait qu’ils viennent de finir de dîner ; ils conversent. Jésus s’intéresse à la pêche.

       André entre et dit :

       « Maître, il y a ici l’homme près duquel tu habites, avec quel­qu’un qui se dit ton cousin. »

       Jésus se lève et va vers la porte en disant :

       « Qu’ils entrent. »

       Et quand, à la lumière de la lampe à huile et à la clarté du foyer, il voit entrer Jude, il s’écrie :

       « Toi, Jude ?

       – Oui, Jésus », et ils s’embrassent.

       Jude est un bel homme, dans la plénitude de la beauté virile. Grand, bien que pas autant que Jésus, fort et bien proportionné, brun comme l’était saint Joseph lorsqu’il était jeune, le teint olivâtre sans être terreux, des yeux qui ont quelque chose de commun avec ceux de Jésus, car ils sont d’une couleur bleue qui tend vers le pervenche. Sa barbe, de forme carrée, est brune, ses cheveux sont ondulés, moins bouclés que ceux de Jésus, et bruns comme la barbe.

       « J’arrive de Capharnaüm. J’y suis allé en barque, puis j’ai continué jusqu’ici de la même façon, pour faire plus vite. Ta Mère m’envoie te dire : “ Suzanne se marie demain. Je te prie, mon Fils, d’assister à cette noce. ” Marie y sera, et avec elle ma mère et mes frères. Toute la famielle est invitée, tu serais le seul absent et eux, les parents, te demandent de faire plaisir aux époux. »

       51.2 Jésus s’incline légèrement en ouvrant un peu les bras.

       « Le désir de ma Mère est pour moi une loi, mais je viendrai pour Suzanne aussi et pour nos parents. Seulement… cela m’ennuie pour vous… » ; il regarde Pierre et les autres. « Ce sont mes amis », explique-t-il à son cousin. Puis il les nomme en commençant par Pierre. Et en dernier lieu, il dit : « Et celui-là, c’est Jean » en y mettant un ton particulier qui attire le regard plus attentif de Jude et fait rougir le disciple bien-aimé. Il termine la présentation ainsi :

       « Mes amis, voilà Jude, fils d’Alphée, mon frère cousin selon la façon de parler du monde, car il est le fils du frère de l’époux de ma Mère. C’est pour moi un ami, un bon compagnon de travail et de vie.

       – Ma maison t’est ouverte, comme au Maître. Assieds-toi. »

       Se tournant vers Jésus, Pierre ajoute :

       « Alors nous ne viendrons plus avec toi à Jérusalem ?

       – Bien sûr que si, vous viendrez. Je m’y rendrai après les noces. Seulement je ne m’arrêterai plus à Nazareth.

       – Tu fais bien, Jésus, parce que ta Mère est mon hôte pendant quelques jours. Entendu comme cela, et elle aussi viendra après les noces. »

       C’est ce que dit l’homme de Capharnaüm.

       « Alors voilà ce que nous allons faire : avec la barque de Jude, je vais aller maintenant à Tibériade et de là à Cana, et c’est toujours avec elle que je reviendrai à Capharnaüm avec ma Mère et toi. Le jour qui suivra le prochain sabbat, tu viendras, Simon, si tu y es toujours décidé, et nous irons à Jérusalem pour la Pâque.

       – Bien sûr que je viendrai. Et je viendrai aussi le sabbat pour t’entendre à la synagogue.

       51.3 – Tu enseignes déjà, Jésus ? demande Jude.

       – Oui, mon cousin.

       – Et quelles paroles ! Ah ! On ne les entend pas dans une autre bouche ! » explique Simon.

       Jude soupire. La tête appuyée sur la main, le coude sur le genou, il regarde Jésus et soupire. Il semble vouloir parler et n’ose pas.

       Jésus l’interpelle :

       « Qu’as-tu, Jude ? Pourquoi me regardes-tu en soupirant ?

       – Rien.

       – Non, il y a quelque chose. Je ne suis plus le Jésus que tu aimais, celui pour qui tu n’avais pas de secrets ?

       – Oh si, tu l’es, et comme tu me manques, toi, le Maître de ton cousin plus âgé…!

       – Alors ? Parle.

       – Je voulais te dire… Jésus… sois prudent… tu as une Mère… qui n’a que toi… Tu veux être un “ rabbi ” pas comme les autres et tu sais mieux que moi que… que les castes puissantes ne per­mettent pas des choses contraires aux coutumes qu’elles ont établies. Je connais ta façon de penser… elle est sainte… Mais le monde, lui, n’est pas saint… et il accable les saints… Jésus… Tu connais le sort de ton cousin Jean-Baptiste : il est en prison, et s’il n’est pas encore mort c’est parce que cet ignoble Tétrarque a peur de la foule et des foudres de Dieu. C’est un sale type, superstitieux, et en même temps cruel et libertin… Toi… Que feras-tu ? Au-devant de quel sort veux-tu aller ?

       – Jude : tu me demandes cela, toi qui connais si bien ma pensée ? Ces paroles viennent-elles de toi ? Non. Ne mens pas ! On t’a envoyé me dire ces choses… et ce n’est sûrement pas ma Mère. »

       Jude baisse la tête et se tait.

       « Parle, mon cousin.

       – C’est mon père… et avec lui Joseph et Simon… Tu sais… pour ton bien, par affection pour toi et pour Marie… ils ne voient pas d’un bon œil ce que tu te proposes de faire… et… et ils voudraient que tu penses à ta Mère.

       51.4 – Et toi, qu’en penses-tu ?

       – Moi… moi…

       – Tu te débats entre les voix d’en haut et celles de la terre. Je ne dis pas “ et celles d’en bas ”, je dis celles de la terre. Jacques aussi, et plus encore que toi. Mais moi je vous dis qu’au-dessus de la terre, il y a le Ciel, au-dessus des intérêts du monde, il y a la cause de Dieu. Vous avez besoin de changer votre façon de penser. Quand vous y arriverez, vous serez parfaits.

       – Mais… et ta Mère ?

       – Jude, il n’y a qu’elle qui aurait le droit de me rappeler à mes devoirs de fils, selon les lumières terrestres : c’est-à-dire à mon devoir de travailler pour elle pour subvenir à ses besoins matériels, à mon devoir d’assistance et de réconfort, en restant auprès d’elle. Or elle ne me demande rien de tout cela. Dès le moment où elle m’a eu, elle a su qu’elle devrait me perdre, pour me retrouver dans une dimension plus large que celle du petit cercle de la famille. Dès lors, elle s’y est préparée.

       Cette volonté absolue de don de soi à Dieu n’est pas une nouveauté, dans son sang. Sa mère l’a offerte au Temple avant même qu’elle ne sourie à la lumière. Elle m’a parlé une quantité innombrable de fois de son enfance sainte, quand elle me serrait sur son cœur durant les longues soirées d’hiver ou dans les claires nuits d’été où fourmillent les étoiles. Elle s’est donnée à Dieu dès les premières lueurs de l’aube de sa venue au monde. Et elle s’est encore davantage donnée quand elle m’a eu, pour être là où je suis, sur le chemin de la mission qui me vient de Dieu. Une heure viendra où tous m’abandonneront. Ce sera pour peu de minutes, mais la lâcheté vous dominera tous et vous penserez qu’il aurait mieux valu, pour votre sécurité, ne m’avoir jamais connu. Mais elle, qui a compris et qui sait, restera toujours avec moi. Et vous, vous reviendrez à moi grâce à elle. Par la force de sa foi assurée et aimante, elle vous attirera en elle et vous ramènera ainsi en moi, parce que je suis en ma Mère et elle en moi, et nous en Dieu.

       Cela, je voudrais que vous le compreniez, vous tous, mes parents selon le monde, mes amis et mes fils au point de vue surnaturel. Toi et les autres avec toi, vous ne savez pas qui est ma Mère. Si vous le saviez, vous ne la critiqueriez pas dans votre cœur de ne pas savoir me tenir assujetti à elle, mais vous la vénéreriez comme l’Amie la plus intime de Dieu, la Puissante qui peut tout sur le cœur du Père éternel et sur le Fils de son cœur. Bien sûr que je viendrai à Cana ! Je veux lui faire plaisir. Vous comprendrez mieux après cette heure-là. »

       Jésus est imposant et persuasif.

       Jude le regarde attentivement. Il réfléchit. Il dit :

       « Moi aussi, c’est certain, je viendrai avec toi et avec eux, si tu veux de moi… car je sens que ce que tu dis est juste. Pardonne mon aveuglement et celui de mes frères. Tu es tellement plus saint que nous…

       – Je n’ai aucune rancœur envers ceux qui ne me connaissent pas. Je n’en ai pas non plus envers ceux me haïssent. Mais j’en souffre pour le mal qu’ils se font à eux-mêmes. 51.5 Qu’est-ce que tu as dans ce sac ?

       – Le vêtement que ta Mère t’envoie. C’est une grande fête, demain, et elle pense que son Jésus en aura besoin, pour ne pas détonner au milieu des invités. Elle a filé sans relâche depuis le point du jour jusqu’à tard le soir, chaque jour, pour te préparer ce vêtement. Mais elle n’a pas fini le manteau. Il manque encore les franges. Elle en est toute désolée.

       – Ce n’est pas la peine. J’irai avec celui que j’ai et je garderai l’autre pour Jérusalem. Le Temple est encore plus important qu’une fête de mariage.

       – Elle en sera heureuse.

       – Si vous voulez être à l’aube sur la route de Cana, dit Pierre, il vous faut partir tout de suite. La lune se lève et la traversée sera bonne.

       – Alors allons-y. Viens, Jean. Je t’emmène avec moi. Simon-Pierre, Jacques, André, adieu. Je vous attends le soir du sabbat à Capharnaüm. Adieu, femme. Paix à toi et à ta maison. »

       Jésus sort en compagnie de Jude et de Jean. Pierre les suit jusqu’au rivage et aide à la manœuvre et au départ de la barque.

       Et la vision prend fin.  

       52.1 Je vois une maison, une maison orientale typique : un cube blanc plus large que haut, avec de rares ouvertures, surmonté, en guise de toit, d’une terrasse entourée d’un muret d’un mètre environ. Une tonnelle de vigne qui grimpe jusque là et étend ses rameaux, ombrage, sur plus de la moitié, cette terrasse ensoleillée.

       Un escalier extérieur monte le long de la façade au niveau d’une porte qui s’ouvre à mi-hauteur de la façade. Au-dessous, au niveau du sol, s’ouvrent des portes basses et rares, pas plus de deux de chaque côté, qui donnent accès à des pièces basses et sombres. La maison s’élève au milieu d’une espèce de cour – ou plutôt une étendue d’herbe –, au centre de laquelle se trouve un puits. Il y a des figuiers et des pommiers. La maison donne sur la route, mais en est un peu en retrait et un sentier traverse l’herbe jusqu’à la route qui semble être une voie importante.

       On dirait que la maison est à la périphérie de Cana : c’est une maison de paysans propriétaires qui vivent au milieu de leur petit domaine. La campagne s’étend au-delà de la maison et forme au loin une tranquille verdure. Il fait un beau soleil et l’azur du ciel est très pur. Au début, je ne vois rien d’autre. Il y a seulement la maison.

       52.2 Puis je vois deux femmes, portant de longs vêtements et un manteau qui sert aussi de voile, s’avancer sur la route puis prendre le sentier. L’une est plus âgée, cinquante ans environ, en habits foncés de couleur fauve marron, comme de laine naturelle. L’autre porte des vêtements plus clairs, avec un habit d’un jaune pâle et un manteau bleu. Elle semble avoir à peu près trente-cinq ans. Très belle, svelte, elle a une contenance pleine de dignité bien que toute gentillesse et humilité. Quand elle est plus proche, je remarque la couleur pâle de son visage, ses yeux bleus et les cheveux blonds qui sortent du voile sur son front. Je reconnais Marie la très sainte. Qui est l’autre, brune et plus âgée, je ne sais. Elles discutent et la Vierge sourit. Quand elles arrivent tout près de la maison, un homme sûrement chargé de guetter les arrivants va prévenir, et des hommes et des femmes, tous en habits de fête, viennent à leur rencontre. Tout le monde leur fait fête, et surtout à Marie la très sainte.

       L’heure semble matinale, je dirais vers les neuf heures, peut-être même plus tôt, car la campagne a encore cet aspect de fraîcheur des premières heures du jour : il reste de la rosée qui rend l’herbe plus verte et la poussière n’obscurcit pas encore l’air. La saison me paraît printanière car l’herbe des prés n’est pas brûlée par le soleil d’été et, dans les champs, les blés sont en herbe, sans épis, tout verts. Les feuilles du figuier et du pommier sont vertes et encore tendres, et la vigne de même. Mais je ne vois pas de fleurs sur le pommier et pas davantage de fruits, ni sur le figuier ni sur la vigne. C’est que le pommier a déjà fleuri depuis peu, mais on n’en voit pas encore les petits fruits.

       52.3 Marie, très fêtée et accompagnée par un homme âgé qui doit être le maître de maison, gravit l’escalier extérieur et pénètre dans une grande salle qui paraît occuper tout l’étage, ou du moins une grande partie.

       Je crois comprendre que les pièces du rez-de-chaussée sont les vraies pièces d’habitation, les garde-manger, les débarras et les celliers et que l’étage est réservé à des usages spéciaux comme des fêtes exceptionnelles ou à des travaux qui demandent beaucoup de place ou encore à l’entreposage de produits agricoles. Pour les fêtes on la débarrasse et on l’orne, comme aujourd’hui, de branches vertes, de nattes, de tables garnies.

       Au centre, il y en a une très riche, avec déjà des amphores et des plats garnis de fruits posés dessus. Le long du mur, à ma droite, se trouve une autre table garnie, mais moins richement. A ma gauche, une sorte de longue crédence porte des plats de fro­mages et d’autres aliments qui doivent être des galettes couvertes de miel et de friandises. Par terre, toujours près de ce mur, d’autres amphores et trois grands vases en cuivre, plus ou moins en forme de brocs. Pour ma part, je les appellerais des jarres.

       Marie écoute avec bienveillance ce que tous lui disent puis, gentiment, elle enlève son manteau et aide à terminer les préparatifs pour la table. Je la vois aller et venir, arranger les lits de table, redresser les guirlandes de fleurs, donner meilleur aspect aux coupes de fruits, veiller à ce que les lampes soient garnies d’huile. Elle sourit, et parle très peu et à voix très basse. En revanche, elle écoute beaucoup, et avec quelle patience !

       Un grand bruit d’instruments de musique (peu harmonieux, en vérité) se fait entendre sur la route. Tout le monde, à l’exception de Marie, court dehors. Je vois entrer l’épouse toute parée et heureuse, entourée de parents et d’amis, à côté de l’époux qui, le premier, s’est précipité à sa rencontre.

       52.4 Il se produit alors un changement dans la vision. Au lieu de la maison, je vois un village. Je ne sais si c’est Cana ou une autre bourgade voisine. Je vois aussi Jésus avec Jean et un autre qui pourrait être Jude, mais, pour ce dernier, je pourrais me tromper. Pour Jean, je ne me trompe pas. Jésus est vêtu de blanc et porte un manteau bleu foncé. En entendant le bruit de la musique, le compagnon de Jésus demande un renseignement à un homme du peuple et en fait part à Jésus.

       « Allons faire plaisir à ma Mère » dit Jésus en souriant.

       Il se met en route à travers champs avec ses deux compagnons, dans la direction de la maison. J’ai oublié de dire mon impression que Marie est, soit une parente, soit une grande amie des parents de l’époux, cela se voit à sa familiarité.

       Quand Jésus arrive, le veilleur habituel prévient les autres. Le maître de maison, accompagné de son fils, l’époux, et de Marie, descend à la rencontre de Jésus et le salue respectueusement. Il salue aussi les deux autres et l’époux en fait de même.

       Mais ce qui me plaît, c’est le salut rempli d’amour et de respect de Marie à son Fils, et réciproquement. Pas d’épanchements, mais un tel regard accompagne les mots de salutation : “ La paix soit avec toi ”, et un tel sourire qui vaut cent baisers et cent embrassements ! Le baiser tremble sur les lèvres de Marie, mais elle ne le donne pas. Elle pose seulement sa petite main blanche sur l’épaule de Jésus et effleure une boucle de sa longue chevelure. C’est la caresse d’une mère aimante mais pudique.

       52.5 Jésus monte à côté de sa Mère, suivi des deux disciples et du maître de maison, et il entre dans la salle du banquet où les femmes s’activent à ajouter sièges et couverts pour les trois hôtes qu’on n’attendait pas, me semble-t-il. Je dirais que la venue de Jésus était incertaine et celle de ses deux compagnons absolument imprévue.

       J’entends distinctement la voix pleine, virile, très douce du Maître dire en entrant dans la salle :

       « Que la paix soit dans cette maison, et la bénédiction de Dieu sur vous tous ! »

       Cette salutation pleine de majesté s’adresse à toutes les personnes présentes.

       Jésus domine tout le monde par sa taille et son aspect. Il est un hôte, inattendu qui plus est, mais il donne l’impression d’être le roi de la fête, plus que l’époux, plus que le maître de maison. Tout en restant humble et avenant, c’est lui qui en impose.

       Jésus prend place à la table centrale, avec l’époux, l’épouse, les parents des époux et les amis plus influents. Par respect pour le Maître, on donne des sièges aux deux disciples à la même table.

       Jésus tourne le dos au mur où se trouvent les jarres et les crédences. Il ne les voit donc pas, pas plus que l’affairement du majordome autour des plats de rôti qu’on amène par une petite porte près des crédences.

       J’observe une chose : hormis les mères des époux et Marie, au­cune femme ne siège à cette table. Toutes les femmes se trouvent à la table le long du mur – elles font d’ailleurs beaucoup de bruit. On les sert après les époux et les hôtes de marque. Jésus se trouve à côté du maître de maison et a en vis-à-vis Marie, qui est à côté de l’épouse.

       Le repas commence, et je vous assure que l’appétit ne manque pas et encore moins la soif. Deux convives mangent et boivent peu, ce sont Jésus et sa Mère, qui parle aussi très peu. Jésus parle un peu plus. Mais tout en parlant peu, il n’est, dans sa conversation, ni froid ni distant. C’est un homme courtois, mais pas bavard. Quand on l’interroge, il répond, s’intéresse à ce qu’on lui dit et donne son avis, mais ensuite il se recueille comme quelqu’un d’habitué à la méditation. Il sourit, mais ne rit jamais. S’il entend quelque plaisanterie trop osée, il fait celui qui n’entend pas. Marie se nourrit de la contemplation de son Jésus, de même que Jean, qui est au bout de la table et reste pendu aux lèvres de son Maître.

       52.6 Marie s’aperçoit que les serviteurs parlent à voix basse avec le majordome et que celui-ci est gêné. Elle comprend qu’il y a quelque chose de désagréable.

       « Mon Fils, dit-elle doucement en attirant l’attention de Jésus par ces mots, mon Fils, ils n’ont plus de vin.

       – Femme, qu’y a-t-il, désormais, entre toi et moi ? »

       Tout en disant ces mots, Jésus sourit encore plus doucement et Marie aussi, comme deux personnes qui connaissent une vérité qui est leur joyeux secret ignoré de tous.

 52.8 Marie ordonne aux serviteurs :

       « Faites ce qu’il vous dira. »

       Marie a lu dans les yeux souriants de son Fils l’assentiment, voilé d’un grand enseignement pour tous les “ appelés ”. Jésus ordonne alors aux serviteurs :

       « Remplissez d’eau les cruches. »

       Je vois les serviteurs emplir les jarres de l’eau apportée du puits. (J’entends le grincement de la poulie qui fait monter et descendre le seau qui déborde). Je vois le majordome se verser un peu de ce liquide avec un regard de stupeur, le goûter avec une mimique d’un plus grand étonnement, le déguster, et s’adresser au maître de maison et à l’époux, son voisin.

       Marie regarde encore son Fils et sourit ; puis, recevant un sourire de lui, elle incline la tête en rougissant légèrement. Elle est heureuse. 

       Un murmure traverse la salle. Les têtes se tournent vers Jésus et Marie. Certains se lèvent pour mieux voir, d’autres vont voir les jarres. Après un temps de silence, un chœur de louanges s’adresse à Jésus.

       Mais lui se lève et dit une seule parole : « Remerciez Marie », puis il quitte le repas. Les disciples le suivent. Sur le seuil, il répète :

       « Que la paix soit sur cette maison et la bénédiction de Dieu sur vous » et il ajoute : « Mère, je te salue. »

       La vision s’arrête là.

Enseignement de Jésus à Maria Valtorta

Le Fils, qui n’est plus assujetti à sa Mère, accomplit pour elle son premier miracle

       52.7 Jésus m’explique le sens de cette phrase ("Femme, qu’y a-t-il, désormais, entre toi et moi ?").

       « Ce “ désormais ”, que beaucoup de traducteurs passent sous silence, est la clé de la phrase et lui donne son vrai sens.

       Je fus un fils soumis à sa mère, jusqu’au moment où la volonté de mon Père m’a indiqué que l’heure était venue d’être le Maître. A partir du moment où ma mission a commencé, je ne fus plus le fils soumis à sa mère, mais le Serviteur de Dieu. Les liens moraux qui m’unissaient à celle qui m’avait engendré étaient rompus. Ils s’étaient transformés en liens plus élevés. Ils s’étaient tous réfugiés au niveau spirituel. Mon âme appelait toujours “ Maman ” Marie, ma Sainte. L’amour n’a pas connu d’arrêt, ne s’est pas attiédi ; bien au contraire, il n’a jamais été aussi parfait que lorsque, séparé d’elle pour une seconde naissance, elle m’a donné au monde, pour le monde, comme Messie, comme Evangélisateur. Sa troisième et sublime maternité mystique, ce fut quand, dans le déchirement du Golgotha, elle m’enfanta à la croix, en faisant de moi le Rédempteur du monde.

       “ Qu’y a-t-il désormais entre moi et toi ? ” J’étais d’abord à toi, rien qu’à toi. Tu m’ordonnais, je t’obéissais. Je t’étais “ soumis ”. Maintenant, j’appartiens à ma mission.

       Ne l’ai-je donc pas dit ? “ Quiconque a mis la main à la charrue et regarde en arrière, pour prendre congé des siens, est impropre au Royaume de Dieu. ” J’avais mis la main à la charrue pour ouvrir par le soc, non pas la terre mais les cœurs, pour y semer la parole de Dieu. Je n’ai enlevé cette main que lorsqu’on m’a arraché de là pour la clouer sur la croix et ouvrir par la torture de ce clou le cœur de mon Père en faisant sortir de la plaie le pardon pour l’humanité.

       Ce “ désormais ”, oublié par la plupart, voulait dire ceci : “ Mère, tu as été tout pour moi tant que j’étais Jésus, fils de Marie de Nazareth, et tu m’es tout spirituellement ; mais, depuis que je suis le Messie attendu, j’appartiens à mon Père. Attends encore un peu et, ma mission terminée, je serai de nouveau tout à toi. Tu me recevras encore dans tes bras comme quand j’étais petit et personne ne te le disputera plus, ce Fils qui est le tien et que l’on regardera comme la honte de l’humanité, dont on te jettera la dépouille pour te couvrir toi aussi de l’opprobre d’être la mère d’un criminel. Ensuite, tu m’auras de nouveau, triomphant et puis, tu m’auras pour toujours, triomphante toi aussi, au ciel. Mais, maintenant, j’appartiens à tous ces hommes et j’appartiens au Père qui m’a envoyé vers eux. ”

       Voilà ce que veut dire ce petit “ désormais ”, si chargé de signification. »      

Enseignement de Jésus à Maria Valtorta

       52.9 Jésus m’a donné cette instruction :

       « Quand j’ai dit aux disciples : “ Allons faire plaisir à ma Mère ”, j’avais donné à cette phrase un sens plus élevé qu’il ne le semblait. Je ne pensais pas à son plaisir de me voir, mais à celui d’être l’initiatrice de mon activité miraculeuse et la pre­mière bienfaitrice de l’humanité. Gardez-en toujours le souvenir. Mon premier miracle est arrivé grâce à Marie. Le premier. Cela symbolise que Marie est la clé du miracle. Je ne refuse rien à ma Mère et, grâce à sa prière, j’anticipe même le temps de la grâce. Je connais ma Mère, la seconde en bonté après Dieu. Je sais que vous faire grâce, c’est la rendre heureuse puisqu’elle est la “ Tout Amour ”. Voilà pourquoi j’ai dit, moi qui savais : “ Allons lui faire plaisir. ”

       En outre, j’ai voulu rendre manifeste au monde sa puissance en même temps que la mienne. Destinée à être unie à moi dans la chair – car nous fûmes une seule chair : moi en elle, et elle autour de moi, comme des pétales de lys autour d’un pistil odorant et plein de vie –, et unie à moi dans la douleur – car nous fûmes sur la croix, moi avec ma chair, elle spirituellement, de même que le lys exhale son parfum avec sa corolle et l’essence qu’on en tire –, il était juste qu’elle me soit unie dans la puissance qui se manifeste au monde.

       Je vous dis à vous ce que je disais aux invités : “ Remerciez Marie. C’est par elle que vous avez eu le Maître du miracle et que vous avez toutes mes grâces, spécialement celles du pardon. ”

       Repose en paix. Nous sommes avec toi. »

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