Une initative de
Marie de Nazareth

Purification d’Anne et offrande de Marie

mardi 25 novembre de l'an -21
Jérusalem

Vision de Maria Valtorta

       6.1 Je vois Anne et Joachim, en compagnie de Zacharie et d’Elisabeth, sortir d’une maison de Jérusalem – certainement une maison d’amis ou de parents – et prendre la direction du Temple pour la cérémonie de la purification.

       Anne porte dans ses bras l’enfant, bien emmaillotée et même enveloppée dans une couverture de laine légère qui doit être douce et chaude. Avec quelle précaution et quel amour elle porte et surveille sa petite fille ! De temps à autre, elle soulève le bord du tissu fin et chaud pour voir si Marie respire bien, puis elle l’en recouvre pour la protéger de l’air vif d’une belle, mais froide journée de plein hiver.

       Elisabeth tient des paquets. Joachim traîne par une corde deux gros agneaux tout blancs, des moutons déjà plus que des agneaux. Zacharie ne porte rien. Il est bien beau dans son vêtement de lin, qu’un lourd manteau de laine, blanche elle aussi, laisse entrevoir. Un Zacharie beaucoup plus jeune que celui que j’ai déjà vu à l’occasion de la naissance de Jean-Baptiste, en pleine force de l’âge. De même, Elisabeth est une femme d’âge mûr, mais elle garde une certaine fraîcheur. Chaque fois qu’Anne regarde le bébé, elle se penche sur le petit visage endormi en s’extasiant. Elle aussi est très belle dans son vêtement d’un bleu qui tend vers le violet foncé, la tête couverte d’un voile qui lui tombe sur les épaules et sur le manteau, plus sombre que la robe.

       Pour ce qui est d’Anne et de Joachim, leurs habits de fête leur donnent l’air solennel. Contrairement à son habitude, Joachim ne porte pas sa tunique marron foncé, mais un long vêtement d’un rouge très sombre – nous le qualifierions aujourd’hui de “ rouge saint Joseph ” –, et les franges de son manteau sont toutes neuves et jolies. Lui aussi porte sur la tête une sorte de voile triangulaire entouré d’un cercle de cuir. Tous ces vêtements sont neufs et fins.

       Quant à Anne, il n’est pas question d’habit foncé aujourd’hui ! Elle porte une robe d’un jaune très pâle, presque couleur vieil ivoire, serrée à la ceinture, au cou et aux poignets par une bande qui semble d’argent et d’or. Elle a la tête couverte d’un voile très fin qui paraît damassé, lui aussi retenu sur le front par une lame mince mais précieuse. Elle a mis un collier de filigrane au cou ainsi que des bracelets aux poignets. Elle ressemble à une reine, ne serait-ce que par la dignité avec laquelle elle porte son vêtement et surtout son manteau, d’un jaune pâle bordé d’une grecque en belle broderie, teinte sur teinte.

       « J’ai l’impression de te voir le jour de ton mariage. Je n’étais alors qu’une fillette, mais je me rappelle encore comme tu étais belle et heureuse, dit Elisabeth.

       – Mais je le suis davantage aujourd’hui… et j’ai voulu mettre cette même robe pour cette cérémonie. Je l’avais gardée pour cela… et je n’espérais plus la mettre pour un jour pareil.

       6.2 – Le Seigneur t’a beaucoup aimée, soupire Elisabeth.

       – C’est pour cette raison que je lui offre ce que j’aime le plus : ma fleur.

       – Comment arriveras-tu à l’arracher de ton sein quand ce sera le moment ?

       – Je me rappellerai que je ne l’avais pas, et que c’est Dieu qui me l’a donnée. Je serai toujours plus heureuse maintenant qu’à cette époque-là. Quand je la saurai au Temple, je me dirai : “ Elle prie devant le tabernacle, elle prie le Dieu d’Israël en faveur de sa maman aussi ”, et je me sentirai en paix. Et j’éprouverai une paix encore plus grande en pensant : “ Elle est toute à lui. Lorsque les deux heureux vieillards qui l’ont reçue du Ciel ne seront plus, lui, l’Eternel, sera encore son Père. ” Crois-moi, j’en ai la ferme conviction, cette petite fille ne nous appartient pas. Je n’étais plus bonne à rien… C’est lui qui l’a déposée dans mon sein, comme un don divin pour essuyer mes larmes et affermir notre espérance ainsi que nos prières. C’est pourquoi elle est à lui. Nous en sommes, nous, les heureux gardiens… qu’il en soit béni ! »

       6.3 Ils parviennent aux murs du Temple.

       « Pendant que vous allez à la porte de Nicanore, je vais prévenir le prêtre. Je vous rejoindrai ensuite » annonce Zacharie. Il disparaît derrière une arcade qui donne accès à une grande cour entourée de portiques.

       Le groupe continue à traverser les terrasses successives. En effet – je ne sais pas si je l’ai jamais précisé – l’enceinte du Temple ne se trouve pas sur un terrain plat, mais elle monte par paliers successifs de plus en plus hauts. On accède à chaque palier par des marches et chacun d’eux comprend des cours, des portiques et des portails magnifiquement travaillés, en marbre, en bronze et en or.

       Avant d’atteindre le lieu du rendez-vous, ils s’arrêtent pour sortir des paquets ce qu’ils ont apporté : des galettes, me semble-t-il, larges, plates et bien beurrées, de la farine blanche, deux colombes dans une cage en osier ainsi que deux grosses pièces d’argent ; certaines pièces étaient en effet très lourdes mais, heureusement, les poches n’existaient pas à cette époque, car elles en auraient été trouées.

       Voici la belle porte de Nicanore, un chef-d’œuvre de broderie en bronze massif laminé d’argent. Zacharie est déjà là, aux côtés d’un prêtre en vêtement de lin somptueux.

       Anne est aspergée d’une eau que je suppose lustrale, puis reçoit l’ordre de s’avancer vers l’autel du sacrifice. L’enfant n’est plus dans les bras de sa mère. Elisabeth l’a prise, et elle reste au-dehors.

       En revanche, Joachim entre derrière sa femme, tirant der­rière lui un malheureux agneau bêlant. Moi… je fais comme pour la purification de Marie : je ferme les yeux pour ne pas le voir égorger.

       Anne est désormais purifiée.

       6.4 Zacharie dit quelques mots à voix basse à son collègue, qui acquiesce avec un sourire. Celui-ci s’approche ensuite du groupe recomposé et, félicitant le père et la mère pour leur joie et leur fidélité aux promesses, il reçoit le second agneau, la farine et les galettes.

       « Cette fillette est donc consacrée au Seigneur ? Que la bénédiction de Dieu soit sur elle et sur vous ! Voici venir Anne, ce sera l’une de ses maîtresses : Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Viens, femme : cette petite est offerte au Temple en hostie de louange. Tu seras sa maîtresse, et elle croîtra en sainteté sous ta protection. »

       Anne, fille de Phanuel, aux cheveux déjà tout blancs, cajole la petite fille, qui s’est éveillée et regarde de ses yeux innocents et étonnés toute cette blancheur, tout cet or qui brille au soleil.

       La cérémonie doit être achevée. Je n’ai pas vu de rite particulier pour l’offrande de Marie. Peut-être suffisait-il de le dire au prêtre, et surtout à Dieu, auprès du lieu sacré.

       6.5 « Je voudrais faire l’offrande au Temple et aller à l’endroit où j’ai vu la lumière, l’année dernière », dit Anne.

       Ils s’y rendent, accompagnés d’Anne, fille de Phanuel. Ils ne pénètrent pas dans le Temple proprement dit. Cela se comprend, car ce sont des femmes et il s’agit d’une fille. Ils ne vont même pas là où Marie ira offrir son Fils. Mais, tout près de la porte grande ouverte, ils regardent l’intérieur demi-obscur d’où parviennent de doux chants de jeunes filles et où brillent des lampes précieuses qui répandent une lumière dorée sur deux rangées de petites têtes voilées de blanc, deux vraies rangées de lys.

       « Dans trois ans, tu seras là, mon lys, promet Anne à Marie, qui regarde à l’intérieur, comme fascinée, et sourit en entendant ces chants psalmodiés.

       – On dirait qu’elle comprend, dit Anne, fille de Phanuel. C’est une belle petite fille ! Elle me sera aussi chère que si c’était la mienne. Je te le promets, femme, du moins si l’âge me le permet.

       – Tu seras encore là, femme, déclare Zacharie. Tu la recevras parmi les jeunes filles consacrées. Moi aussi, j’y serai. Je veux être présent ce jour-là pour lui recommander de prier pour nous dès le premier instant… »

       Il regarde sa femme, qui comprend et soupire.

       La cérémonie est terminée et Anne, fille de Phanuel, se retire, tandis que les autres sortent du Temple en discutant.

       J’entends Joachim dire :

       « J’aurais bien donné tous mes agneaux, et pas seulement les deux meilleurs, pour avoir cette joie et louer Dieu ! »

       Je ne vois rien de plus.

Enseignement de Jésus à Maria Valtorta

La petite Fille parfaite pour le Royaume des Cieux

       6.6 Jésus dit :

       « Salomon fait dire à la Sagesse : “ Que les enfants viennent à moi. ” C’est effectivement de la forteresse, des murs de sa cité, que l’éternelle Sagesse proposait à l’éternelle Enfant : “ Viens à moi. ” Elle brûlait de la posséder. Plus tard, le Fils de l’Enfant toute pure dira : “ Laissez venir à moi les petits enfants, car le Royaume des Cieux est à eux ; celui qui ne leur ressemble pas ne peut avoir part à mon Royaume. ” Les voix se poursuivent et, tandis que la voix du Ciel crie à la petite Marie : “ Viens à moi ”, celle de l’Homme dit, en pensant à sa Mère : “ Venez à moi si vous savez être de petits enfants. ”

       Le modèle que je vous donne, c’est ma Mère.

       Voyez la parfaite petite fille au cœur de colombe, simple et pur, voyez celle que les années et le contact du monde n’ont pas fait tomber dans la barbarie des âmes corrompues, tortueuses, menteuses. Parce qu’elle s’y refuse. Venez à moi en regardant Marie.

       6.7 Toi qui la vois, dis-moi : son regard d’enfant est-il si différent de celui que tu lui as vu au pied de la croix, ou dans la joie de la Pentecôte, ou encore à l’heure où ses paupières se fermèrent sur ses yeux de gazelle pour son dernier sommeil ? Non. Son regard est ici celui d’un enfant, incertain et étonné, puis elle aura le regard surpris et intimidé de l’Annonciation, plus tard encore celui, tout heureux, de la Mère à Bethléem ; elle aura ensuite le regard d’adoration de ma première et sublime disciple, qui se fera déchirant chez la femme torturée du Golgotha, pour devenir radieux à la Résurrection et à la Pentecôte ; il sera enfin voilé par le sommeil extatique de sa dernière vision. Mais, qu’ils s’ouvrent à son premier regard ou qu’ils se ferment avec lassitude sur la dernière lumière, ses yeux, après avoir vu tant de joie et d’horreur, restent ce morceau de ciel serein, pur et paisible qui resplendit, toujours pareil à lui-même, sur le visage de Marie. Colère, mensonge, orgueil, luxure, haine, curiosité, rien de tel ne les souille jamais de ses nuées fumeuses.

       Qu’ils rient ou qu’ils pleurent, ces yeux contemplent Dieu avec amour ; par amour pour Dieu, ils caressent, pardonnent et supportent tout, et cet amour pour Dieu les rend invulnérables aux assauts du Mal, qui se sert si souvent du regard pour pénétrer dans le cœur. Ce sont là les yeux purs, paisibles et bienveillants que possèdent les chastes, les saints, ceux qui aiment Dieu.

       Je l’ai dit : “ La lampe de ton corps, c’est l’œil. Si donc ton œil est sain, ton corps tout entier sera lumineux. Mais si ton œil est malade, ton corps tout entier sera ténébreux. ” Les saints ont eu cet œil qui est lumière pour l’âme et salut de la chair car, comme Marie, pendant toute leur vie ils n’ont regardé que Dieu. Plus encore, ils se sont souvenus de Dieu.

       Je t’expliquerai, ma petite voix, le sens de ce mot. »

Observation

Les sicles du Temple

Au tout début de l’œuvre, Maria Valtorta observe un échange de monnaie sur le parvis du Temple, et s’étonne : « Deux grosses pièces d’argent : certaines pièces de monnaies tellement lourdes qu’heureusement qu’à cette époque il n’y avait pas de poches, elles les auraient défoncées ». (EMV 6.3). Beaucoup plus loin dans l’œuvre, le synhédriste Chanania vient d’apprendre par Jésus qu’un de ses bois, sur les pentes du Petit Hermon est en feu. Il s’affole : « Mon bois le plus beau ! Des milliers de sicles en cendre ! » (EMV 335.13)

Sicle de Jérusalem (68 ap. J.-C.)

Le sicle (en hébreu shekel) était une lourde monnaie d’argent, valant deux didrachmes, et pesant environ 11,4g. Les pharisiens répugnaient à mentionner les monnaies romaines, et la pertinence de l’exclamation du scribe n’en est que plus forte, de même que l’observation toute féminine de Maria Valtorta sur le poids de cette monnaie.

Notons que pour sa trahison, Judas reçut trente sicles (Mt 26, 15 et 27,9), dans la monnaie du Temple (à l’époque des sicles de Tyr) ; et non pas trente deniers, comme on le lit si souvent. Cela est conforme aux prophéties de Zacharie (Za 11, 12) et de Jérémie (Jr 18,2-3 ; 19,1-2, et 32,6-15). C’était la somme fixée par la Loi comme compensation pour la mort accidentelle d’un esclave ou d’un serviteur (Exode 21, 32).

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