Une initative de
Marie de Nazareth

Visite de Zacharie

lundi 30 décembre de l'an -5
Bethléem
Zacharie (Lorenzo Ferri, d'après les descriptions de Maria Valtorta)

Vision de Maria Valtorta

       31.1 Je revois la longue pièce où j’avais vu la rencontre des Mages avec Jésus et leur adoration. Je comprends que je me trouve dans la maison hospitalière où la sainte Famille a été accueillie. J’assiste à l’arrivée de Zacharie, mais Elisabeth n’est pas avec lui.

       La maîtresse de maison sort en courant à la rencontre de l’hôte qui arrive, elle le conduit près d’une porte et frappe. Puis, discrètement, elle se retire.

       Joseph ouvre et pousse un cri de joie à la vue de Zacharie. Il le fait entrer dans une chambre aussi étroite qu’un couloir.

       « Marie donne le sein à l’Enfant. Attends un peu. Assieds-toi, tu dois être fatigué. »

       Il fait place à son hôte sur son lit et s’assied à côté de lui.

       J’entends Joseph lui demander des nouvelles de son petit Jean, et Zacharie répond :

       « Il grandit avec la vigueur d’un poulain. Mais en ce moment, il souffre un peu des dents, c’est la raison pour laquelle nous avons préféré ne pas l’amener. Il fait très froid, aussi Elisabeth n’est-elle pas venue elle non plus. Elle ne pouvait le laisser sans lait. Elle en est désolée, mais cette saison est tellement rigoureuse !

       – Le temps est en effet très sévère, répond Joseph.

       – L’homme que vous m’avez envoyé m’a appris que vous n’aviez pas de toit au moment de la naissance. Qui sait ce que vous avez dû souffrir…

       – Beaucoup, en effet. Mais notre peur était plus grande que notre inconfort. Nous redoutions que cela ne nuise à l’Enfant. Les premiers jours, nous avons dû rester sur place. Nous, nous n’avons manqué de rien, car les bergers ont annoncé cette bonne nouvelle aux habitants de Bethléem et beaucoup nous ont apporté des cadeaux. Mais il manquait une maison, il manquait une chambre bien abritée, et Jésus pleurait beaucoup, surtout la nuit, à cause du vent qui entrait de tous côtés… Je faisais bien du feu, mais peu, parce que la fumée faisait tousser le Bébé… et le froid demeurait. Deux animaux n’apportent que peu de chaleur, surtout là où l’air entre de partout ! Nous manquions d’eau chaude pour le laver, de linge propre pour le changer. Ah, il a beaucoup souffert ! Et Marie souffrait de le voir souffrir. Je souffrais moi aussi… Alors tu peux imaginer, elle qui est sa Mère ! Elle lui donnait son lait et ses larmes, son lait et son amour… Maintenant, ici, ça va mieux. J’avais préparé un berceau bien confortable et Marie l’avait garni d’un petit matelas douillet. Mais il est à Nazareth ! Ah, s’il avait été là, tout aurait été bien différent !

       – Mais le Christ devait naître à Bethléem. Les prophètes l’avaient annoncé. »

       31.2 Marie, qui les a entendus parler, entre. Elle est entièrement vêtue de laine blanche. Elle a retiré l’habit sombre qu’elle portait pour le voyage et dans la grotte, et elle porte un vêtement tout blanc que je lui ai déjà vu à d’autres reprises. Elle n’a rien sur la tête et tient dans ses bras Jésus, qui dort, rassasié de lait, dans ses langes blancs.

       Zacharie se lève respectueusement et s’incline avec vénération, puis il s’approche et regarde Jésus avec les marques du plus grand respect. S’il se tient penché, c’est moins pour mieux le voir que pour lui rendre hommage. Marie le lui présente, et Zacharie le prend avec une telle adoration qu’il semble soulever un ostensoir. Et c’est effectivement l’Hostie qu’il prend dans ses bras, l’Hostie déjà offerte et dont le sacrifice sera consommé lorsqu’elle se sera donnée aux hommes en nourriture d’amour et de rédemption. Puis Zacharie rend Jésus à Marie.

       31.3 Tous s’asseyent et Zacharie répète à Marie la raison pour laquelle Elisabeth n’est pas venue, et la peine qu’elle en éprouve.

       « Les mois derniers, elle avait préparé du linge pour ton Fils béni. Je te l’ai apporté. Il est sur le chariot, en bas. »

       Il se lève et sort, pour revenir avec un gros paquet accompagné d’un autre plus petit. Du premier – dont Joseph le débarrasse immédiatement comme du second - il tire aussitôt ses cadeaux : une couverture de laine bien moelleuse, tissée à la main, du linge et de petits vêtements. Du second, il sort du miel, de la farine très blanche, du beurre et des pommes pour Marie, ainsi que des galettes pétries et cuites par Elisabeth, et bien d’autres choses encore qui montrent l’affection maternelle de la reconnaissante cousine de Marie pour la jeune mère.

       « Tu diras à Elisabeth que je lui en suis très reconnaissante, tout comme je te le suis. J’aurais beaucoup aimé la voir, mais je comprends ses raisons. J’aurais aussi voulu revoir le petit Jean…

       – ­ Vous le verrez au printemps : nous viendrons chez vous.

       – Nazareth est trop loin, dit Joseph.

       31.4 – Nazareth ? Mais vous devez rester ici ! Le Messie doit grandir à Bethléem. C’est la cité de David. Le Très-Haut l’a conduit, par le biais de la volonté de César, à naître sur la terre de David, la terre sainte de Judée. Pourquoi l’emmener à Nazareth ? Vous savez comment les juifs jugent les Nazaréens. Demain, cet Enfant devra être le Sauveur de son peuple. Il ne faut pas que la capitale méprise son Roi sous prétexte qu’il vient d’une terre qu’ils dénigrent. Vous savez aussi bien que moi combien le Sanhédrin est susceptible et comme les trois castes principales sont méprisantes… D’ailleurs, en restant ici, non loin de moi, je pourrai vous aider quelque peu et mettre tout ce que j’ai au service du Nouveau-Né, moins en biens matériels qu’en dons moraux. Et lorsqu’il sera en âge de comprendre, je serai très heureux de lui servir de maître comme à mon enfant, pour que, une fois devenu grand, il me bénisse. Nous devons garder à l’esprit la grandeur de son destin et donc penser qu’il doit pouvoir se présenter au monde avec toutes les cartes en main pour gagner facilement sa partie. Certes, il possèdera la Sagesse. Mais le simple fait qu’un prêtre lui aura servi de maître le fera accepter plus aisément par les pharisiens difficiles à convaincre et par les scribes. Cela lui facilitera sa mission. »

       31.5 Marie regarde Joseph et Joseph regarde Marie. Un échange de questions muettes s’engage par-dessus la tête innocente de l’Enfant, qui dort, tout rose et ignorant. Et ce sont des questions empreintes de tristesse. Marie pense à sa petite maison, Joseph à son travail. Ici, tout est à recommencer, à un endroit où, il y a quelques jours à peine, ils étaient des inconnus. Il n’y a ici aucun de ces objets chers laissés là-bas et préparés avec tant d’amour pour l’Enfant.

       C’est bien ce que dit Marie :

       « Mais comment faire ? Nous avons tout laissé là-bas. Joseph a tellement travaillé pour mon Jésus, sans s’épargner ni effort ni argent ! Il le faisait de nuit pour pouvoir travailler pendant la journée pour les autres et gagner ainsi de quoi acheter les plus beaux bois, la laine la plus moelleuse, le lin le plus blanc pour tout préparer pour Jésus. Il avait construit des ruches et entrepris des travaux de maçonnerie pour organiser autrement la maison, afin que le berceau puisse être mis dans ma chambre et y rester jusqu’à ce que Jésus ait grandi, et pour pouvoir y créer de la place pour un lit, puisque Jésus couchera dans ma chambre tant qu’il sera un jeune garçon.

       – Joseph peut aller chercher ce que vous avez laissé là-bas.

       – Mais où le mettre ? Tu le sais, Zacharie, nous sommes pauvres. Nous n’avons que notre travail et notre maison. L’un et l’autre nous permettent d’aller de l’avant sans avoir faim. Mais ici… nous trouverons peut-être du travail. Mais il nous faudra toujours nous occuper de trouver une maison. Cette brave femme ne peut nous héberger continuellement. Et moi, je ne peux imposer à Joseph davantage de sacrifices qu’il n’en fait déjà pour moi !

       – Oh, moi ! Ce n’est rien pour moi… Je pense plutôt à la douleur de Marie de ne pas vivre chez elle… »

       Marie a deux grosses larmes aux yeux.

       « Je pense que cette maison doit lui être aussi chère que le Paradis en raison du miracle qui s’y est accompli… Même si je parle peu, je comprends beaucoup. Si ce n’était pas pour cela, je me sacrifierais volontiers. Je travaillerais deux fois plus, voilà tout. Je suis assez fort et jeune pour travailler le double de ce que je faisais et pourvoir à tout. Et si Marie n’en souffre pas trop… si tu dis qu’il est bien d’agir ainsi… pour ma part, me voici. Je fais ce qui vous semble le plus juste. Il me suffit que cela soit utile pour Jésus.

       – Cela lui sera sûrement utile. Pensez-y et vous en verrez les raisons.

       – On dit également que le Messie sera appelé Nazaréen…, objecte Marie.

       – C’est juste. Du moins, faites en sorte qu’il grandisse en Judée jusqu’à ce qu’il devienne adulte. Le prophète dit : “ Et toi, Bethléem Ephrata, tu seras la plus grande parce que de toi sortira le Sauveur. ” Il ne parle pas de Nazareth. Ce nom lui sera peut-être donné pour une raison que nous ignorons. Mais sa terre, c’est celle-ci.

       – C’est toi qui le dis, prêtre, et nous… nous… avec quelle douleur nous t’écoutons… et nous te donnons raison. Mais quelle souffrance ! Quand reverrai-je cette maison où je suis devenue mère ? »

       Marie pleure doucement. Comme je comprends son chagrin, ah, comme je le comprends !

       La vision s’arrête sur ces larmes de Marie.

Enseignement de la Vierge Marie à Maria Valtorta

       31.6 Marie me dit ensuite :

       « Tu le comprends. Je le sais. Mais tu me verras pleurer encore plus fort.

       Pour l’instant, j’élève ton âme en te montrant la sainteté de Joseph, qui était homme, c’est-à-dire qu’il n’avait pour son âme d’autre aide que sa sainteté. Moi, j’avais tous les dons de Dieu par ma condition d’Immaculée. J’ignorais que je l’étais, mais dans mon âme ces dons étaient actifs et me procuraient des forces spirituelles. Mais lui n’était pas immaculé. L’humanité pesait en lui de tout son poids, et c’est avec ce fardeau qu’il devait s’élever vers la perfection, au prix d’un effort continuel de toutes ses facultés pour avoir la volonté d’atteindre la perfection et de plaire à Dieu.

       Ah, mon saint époux ! Saint en tout, même dans les choses les plus humbles de l’existence. Saint par sa chasteté d’ange. Saint par son honnêteté d’homme. Saint par sa patience, par son ardeur au travail, par sa sérénité toujours égale, par sa modestie, par tout.

       Sa sainteté éclate aussi dans cet événement. Un prêtre lui dit : “ Il est bon que tu t’établisses ici ” et lui, qui sait pourtant quel sera son surcroît de travail, répond : “ Ce n’est rien pour moi… Je pense plutôt à la douleur de Marie. Si ce n’était pas pour cela, je me sacrifierais volontiers. Il me suffit que cela soit utile pour Jésus. ” Jésus, Marie : ce sont ses amours angéliques. Mon saint époux n’a rien aimé d’autre sur terre, et il s’est fait le serviteur de cet amour.

       On a fait de lui le protecteur des familles chrétiennes, des travailleurs et de bien d’autres catégories. Mais ce n’est pas seulement des agonisants, des époux, des ouvriers qu’il faudrait le faire protecteur, mais bien aussi des consacrés. Quel consacré de ce monde au service de Dieu, quel qu’il soit, s’est-il consacré comme lui au service de son Dieu, acceptant tout, renonçant à tout, supportant tout, accomplissant tout avec promptitude, gaieté, égalité d’humeur, comme il l’a fait ? Aucun.

       31.7 Je veux encore te faire remarquer une chose, ou même deux.

       Zacharie est un prêtre. Joseph ne l’est pas, mais vois comme celui qui ne l’est pas a le cœur tourné vers le Ciel plus que le prêtre. Zacharie pense humainement, et c’est humainement qu’il interprète les Ecritures : il se laisse trop guider par le bon sens humain ; ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il le fait­. Il en a déjà été puni, mais il retombe dans ce travers, bien que moins gravement. Au sujet de la naissance de Jean, il avait dit : “ Comment cela pourrait-il se produire puisque je suis vieux et que ma femme est stérile ? ” Il affirme maintenant : “ Pour aplanir son chemin, le Christ doit grandir ici ” et, avec cette racine d’orgueil qui persiste chez les meilleurs, il pense pouvoir être utile, lui, à Jésus. Non pas utile comme Joseph veut l’être en le servant, mais utile en lui servant de maître… Dieu le lui a pardonné parce que son intention était bonne. Mais le “ Maître ” avait-il donc besoin d’avoir des maîtres ?

       J’ai essayé de lui faire voir la lumière dans les prophéties. Mais il se sentait plus savant que moi et accommodait à sa façon son interprétation. J’aurais pu insister et l’emporter. Mais - et c’est là la seconde observation que je te fais faire - je fais preuve de respect envers le prêtre en raison de sa dignité, et non en raison de ses connaissances.

       31.8 Généralement, un prêtre est éclairé par Dieu. J’ai bien dit : “ généralement ”. Il l’est quand c’est un vrai prêtre. Ce n’est pas l’habit qui lui donne son caractère sacré, c’est son âme. Pour juger si un homme est un vrai prêtre, il faut juger de ce qui sort de son âme. Comme l’a dit mon Jésus, c’est de l’âme que sortent les choses qui sanctifient ou qui corrompent, celles qui révèlent tout de la manière d’agir d’un individu. Or, quand il s’agit d’un vrai prêtre, il est généralement inspiré par Dieu. A l’égard de ceux qui ne le sont pas, il faut faire preuve de charité surnaturelle et prier pour eux.

       Mais mon Fils t’a déjà mise au service de cette rédemption, et je n’ajoute rien. Sois heureuse de souffrir pour qu’augmente le nombre des vrais prêtres. Et toi, repose-toi sur la parole de celui qui te guide. Crois et obéis à ses conseils. 31.9Obéir sauve toujours. Même si le conseil qu’on reçoit n’est pas absolument parfait.

       Tu le vois : nous avons obéi, et ce fut une bonne chose. Il est vrai qu’Hérode s’est contenté de faire exterminer les enfants de Bethléem et des environs. Mais Satan n’aurait-il pas pu le pousser à étendre cette marée de haine bien plus loin, et inciter tous les puissants de Palestine à commettre pareil crime pour supprimer le futur Roi des Juifs ? Il l’aurait pu. Et cela serait arrivé dans les premiers temps du Christ, quand l’accumulation des prodiges avait attiré l’attention des foules et le regard des grands. Si cela s’était produit, comment aurions-nous pu traverser toute la Palestine pour aller de la lointaine Nazareth en Egypte, cette terre hospitalière pour les Hébreux persécutés, qui plus est avec un petit enfant et pendant le déchaînement d’une persécution ? Il était plus facile de s’enfuir de Bethléem, même si ce fut tout aussi douloureux.

       L’obéissance sauve toujours. Rappelle-le-toi.

       31.10 Et le respect du prêtre est toujours un signe de bonne formation chrétienne. Malheur ­– c’est Jésus qui l’a dit –­, malheur aux prêtres qui perdent leur flamme apostolique ! Mais malheur aussi à ceux qui se croient permis de les mépriser ! Car ce sont eux qui consacrent et distribuent le vrai Pain descendu du Ciel. Ce contact les rend aussi saints qu’un calice sacré, même si leur personne ne l’est pas. Ils en répondront devant Dieu. En ce qui vous concerne, considérez-les comme tels et ne vous souciez pas du reste. Ne soyez pas plus intransigeants que votre Seigneur Jésus qui, sur leur ordre, quitte le Ciel et descend pour être élevé par leurs mains. Imitez-le. S’ils sont aveugles ou sourds, si leur âme est paralysée et leur intelligence malade, s’ils ont la lèpre de fautes trop contraires à leur mission, s’ils sont des Lazare au tombeau, suppliez Jésus pour qu’il leur rende la santé et la vie.

       Appelez-le par votre prière et votre souffrance, ô âmes victimes. Sauver une âme, c’est prédestiner la sienne au Ciel. Mais sauver une âme sacerdotale, c’est sauver un grand nombre d’âmes, puisque chaque saint prêtre est un filet qui amène des âmes à Dieu. Et sauver un prêtre, autrement dit le sanctifier, le sanctifier à nouveau, c’est recréer ce filet mystique. Chacune de ses conquêtes est une lumière qui s’ajoute à votre couronne éternelle.

       Va en paix. »

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